Chapitre 17 - Nina
Nina
Le front écrasé sur le mur froid de l'entrée, la main d'Adam devant ma bouche quand l'autre est encore entre mes cuisses, je peine à retrouver un semblant de sérénité alors que mon cœur palpite comme un dingue au fond de ma poitrine. À la fois extatique et mortifiée, la confusion me paralyse. Jouir, au milieu du hall, au risque d'être surpris par mes voisins, juste parce que mon désir était trop intense pour attendre de monter trois pauvres étages... Je réalise à peine ce qui vient de se passer.
Je n'ai jamais ressenti une telle urgence. Pour personne.
Toujours plaqué contre mon dos, Adam ne bouge pas. Son souffle me chatouille là où il m'a léchée. Je frissonne.
D'une voix étouffée, je l'interpelle :
— Adam ?
Muet, il hoche la tête, le menton appuyé sur mon épaule.
— Euh.. Enfin, tu as... je bafouille, presque inaudible, incapable de prononcer à voix haute la question qui me taraude.
Son corps se crispe contre le mien, puis il pousse un long soupir douloureux avant de se reculer. J'entends le claquement caractéristique d'un préservatif qu'on retire. Je me retourne, embarrassée, ne sachant pas trop où poser mon regard.
Adam boutonne son jean, étrangement concentré.
— Désolé, marmonne-t-il en ramassant mon manteau au sol.
Il me le tend sans me regarder. Je plaque le vêtement contre moi pour me protéger du sentiment de honte qui m'envahit.
— T'es désolé ? je répète, perdue.
Il hoche la tête, le regard toujours fuyant.
Mes yeux s'embuent d'incompréhension. Je cherche à l'interroger mais c'est un sanglot qui s'échappe de ma gorge.
— Putain Nina, je me sens tellement con, se lamente-t-il. Je peux me contrôler normalement, désolé...
Adam pose enfin les yeux sur moi, son regard intense plonge dans le mien. Ses émotions font échos aux miennes, au-delà du sexe, et réveillent une sensation diffuse sous mon plexus solaire, aussi douce que douloureuse.
Je me jette sur lui, pour retrouver ma place entre ses bras.
— Oui Adam, t'es trop con, je murmure en souriant, le nez contre le sien. Moi, je ne suis pas désolée. Et j'apprécie particulièrement ton incapacité à te contrôler.
— Arrête de te moquer, répond-il en m'embrassant furtivement à la commissure des lèvres. Préserve mon égo de mec, même s'il est dans mon caleçon !
Je glisse les mains dans son dos pour me coller à lui.
— Ton égo devrait se loger dans ton index, il fait très bien l'affaire après tout.
Adam explose d'un rire léger, qui me rassure.
— Nina, ma douce, la nuit n'est pas finie, murmure-t-il d'une voix faussement lascive, en mordillant mon oreille. Laisse-moi une dernière chance.
Une joie débordante me submerge alors qu'il caresse du bout de la langue l'arrête de ma mâchoire.
— Même des dizaines, peut-être même des centaines si tu veux !
Adam frémit, secoue légèrement le menton, puis se détache de moi en douceur.
— On monte, propose-t-il d'une voix neutre.
L'appartement sent encore l'alcool, la transpiration et le tabac froid. Des bouteilles de bière, canettes de soda et emballages de paquets de chips remplissent notre poubelle de tri dans la cuisine. J'ouvre la fenêtre. La fraîcheur de la nuit se répand dans la pièce.
Je ressens le besoin de temporiser avant d'emmener Adam dans ma chambre. J'ai peur qu'il s'agisse de notre « dernier rendez-vous ». Et même si je ne parviens pas à imaginer un « nous » dans le futur, je refuse un lendemain « sans lui ».
— Tu veux boire un truc ? je propose, la tête dans le frigo.
— Pourquoi pas, répond-il, laconique.
Appuyé contre le mur du couloir, bras croisés, il semble maintenir une distance de sécurité.
— Bière, coca, jus de pomme ?
— De l'eau, ça ira.
Sa voix est froide, sans pointe d'humour ou d'ironie comme il m'y a habituée jusqu'à présent.
— Je peux te laisser cinq minutes ? J'ai besoin d'une douche.
Il se contente d'acquiescer en silence avant de boire. Pas une remarque moqueuse ou une provocation indécente.
Je pensais avoir désamorcé sa gêne d'avoir, selon lui, joui trop vite. Il a ri, m'a embrassée... Pourquoi ce brusque changement d'humeur ?
Pendant que je prends une tenue propre dans ma chambre, Adam s'installe dans mon canapé. Absorbé par l'écran de son téléphone, il ne jette pas un coup d'œil quand je passe à la salle de bain.
Sous le rideau d'eau chaude, mes muscles se détendent, libérant la fatigue accumulée de la journée et de la nuit. Mais dès que je ferme les yeux, Adam me hante. Les souvenirs de sa main sur moi résuscite mon désir, électrisant mon sexe, et l'envie de le sentir en moi devient pressante.
Je relève le visage face au jet. Plus rien n'a de sens ce soir, c'est surréaliste. Ce qui ne devait être qu'une petite pause dans mon planning de révision a pris de trop grandes proportions. Je me sens incapable de dire adieu à Adam après une nuit aussi magique, peu importe si je lui ai promis le contraire. Même lui a dû changer d'avis, c'est évident. Si le problème vient de sa situation personnelle, il y a forcément une solution. Il pourrait reprendre ses études. Je pourrais l'aider à préparer son bac en candidat libre.
Je sors de la douche et attrape une serviette. La vapeur a occulté le miroir. Je l'essuie avec l'avant-bras. Face à moi-même, je m'interroge : est-ce que c'est raisonnable de me projeter autant dans cette histoire ? Tim m'avait fait des promesses, il ne les a pas tenues. On était sans doute trop jeunes quand on s'est engagé, on n'avait pas conscience de ce qu'une relation sérieuse impliquait. Des concessions, des compromis. Tracer un chemin ensemble plutôt que chacun de son côté.
Peut-être qu'avec Adam, ce serait différent ?
Quand je sors de la salle de bain, Adam fume une cigarette à la fenêtre, appuyé contre le garde-corps. Il est si beau, ça me noue le ventre.
— Ça te dérange si je prends une douche moi aussi, me demande-t-il sans se retourner.
Sa froideur me glace. Il commence à m'échapper, je le sens.
— Non, aucun problème. Tu peux choisir une serviette sous le lavabo.
Une part de moi s'imagine le séquestrer, l'autre se dit qu'il va changer d'avis.
Lui et moi, ça ne peut pas être que pour une nuit...
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