Chapitre 12 - Nina

Nina

Je retourne là où j'ai laissé Adam, mais le banc est vide.

Assis sur les balançoires du square, trois jeunes partagent une bouteille de rosé en riant. Plus loin, un grand-père promène un adorable Spitz nain, qui se soulage derrière les buissons. Des passants se croisent sur le trottoir, des voitures circulent sur la route. Une nuit parisienne comme une autre. Ce quartier, à deux pas de République, est bien plus animé que ceux qu'on a traversés depuis chez moi.

Où est Adam ?

Je ne connais ni son nom ni son numéro... S'il disparaît maintenant, je ne le reverrai jamais.

Jamais.

Cette prise de conscience me foudroie. Sa main dans la mienne me manque. Demain est un autre jour, mais cette nuit est la nôtre. Si elle n'est qu'éphémère, je veux vivre cette relation jusqu'à l'aube.

Et puis, peut-être qu'il changera d'avis. Même si j'ai hurlé l'inverse à Annelise, je redoute qu'Adam se volatilise aussi subitement qu'il est apparu.

Je le cherche quelques instants, puis j'entends des bruits sourds du côté des agrès de sport.

Torse nu, Adam s'exerce sur une barre fixe. Le retrouver me soulage d'une boule au fond de la gorge qui menaçait de m'étouffer.

Les muscles de son dos se dessinent alors qu'il se soulève en rythme pour poser le menton au-dessus de la barre. Ses mouvements fluides donnent l'illusion qu'il ne subit pas la gravité.

Je le contourne pour lui faire face, son visage n'est pas même pas déformé par l'effort. Seules quelques gouttes de sueur font briller sa peau sous la lumière du réverbère.

Adam repère enfin ma présence et me sourit.

— Tu cherches à m'impressionner ?

— Peut-être... T'as envie de moi ? demande-t-il à peine essoufflé.

— Oui, je réponds sans réfléchir.

— Je m'en doutais quand j'ai vu ta langue se dérouler jusqu'au sol.

Je me marre et lève les yeux au ciel.

Alors il effectue une nouvelle traction, s'élevant comme s'il gravissait les degrés d'une échelle invisible, un pied après l'autre, jusqu'à ce que, les bras en extension, la barre lui arrive au niveau des cuisses. Il s'y assoit après avoir pivoté.

— Je vais attendre d'être certain que tu peux te contrôler avant de redescendre, m'annonce-t-il. Que tu ne me sautes pas dessus comme tout à l'heure. Y a pas mal de monde qui traîne ici...

Je hausse les mains en signe de reddition.

— Promis, je saurai me tenir.

Il se lève, debout en équilibre sur la barre à deux mètres du sol, puis saute en effectuant un salto avant. Il se réceptionne avec quelques pas de course, puis revient vers moi.

Quand je vois ses biceps et ses pectoraux gonflés par l'effort et les profonds sillons entre ses abdominaux, la seule chose qui tourne en rond dans ma tête, c'est la réplique « Fuck ! Seriously? It's like you're Photoshopped! »

Adam se plante devant moi, le regard déterminé.

— Interdit de bouger, OK ? exige-t-il.

Je murmure un oui tout juste audible.

Adam se rapproche. L'étoffe de mon manteau frôle son torse en sueur. II pose ses lèvres, légèrement salées, sur les miennes et m'embrasse avec une douceur infinie qui contraste douloureusement avec la puissance de mon désir. Je retrouve le goût de sa langue, mêlant tabac et chewing-gum aux fruits.

Je lève une main pour le plaquer contre moi, sentir la pression solide de son corps.

— Ne bouge pas, murmure-t-il.

Je rabats mes bras le long de mes flancs et gémit de frustration. Chaque parcelle de ma peau réclame son contact et je dois me contenter de sa langue. Je me consume de l'intérieur, et lui, calme et serein, mordille ma lèvre inférieure avec langueur. Mes muscles fondent un à un, me laissant pantelante.

Adam arrête de m'embrasser et caresse mes cheveux d'un geste tendre. J'appuie ma joue contre sa main, comme si c'est la seule chose qui pouvait m'éviter de défaillir.

Il enfouit sa tête au creux de mon cou pour étouffer un cri de frustration.

— Putain, s'il n'y avait pas autant de monde autour de nous, je ne sais pas ce que je ferais !

Il frissonne, grogne puis lâche :

— En fait, si, je sais exactement ce que je te ferai...

À ces mots, toutes mes cellules se chargent d'une puissante énergie qui demande à être libérée, mais Adam fait un pas en arrière et se retourne sans me jeter un regard avant de s'éloigner.

À quelques mètres de nous, il actionne une fontaine et entrouvre la bouche sous le jet pour boire, puis asperge son torse d'eau.

J'inspire très lentement pour me contenir, moi aussi j'aurais besoin d'une douche froide.


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