De bon matin, la sonnette retentit dans la petite maison de Jack. Celui-ci se leva, enfila une paire de pantoufle et un vieux peignoir, et alla ouvrir, mais ne trouva rien de plus qu'une boîte. Celle-ci, entourée d'un papier de soie bleu pâle et d'un ruban bleu nuit, faisait bien la taille d'un homme et dépassait d'une bonne tête celle de Jack. Sa découverte le laissa pantois quelques instants, avant qu'il n'aperçoive un post-it, sur lequel était écrit « Pour Jack ». L'écriture stylisée tout autant que l'encre noire ne lui rappelait personne de son entourage, mais savoir que quelqu'un pensait encore à lui, malgré son âge avancé, lui réchauffait le cœur. Difficilement, il entreprit de traîner le lourd paquet dans son salon et veilla à bien refermer la porte, avant de tirer sur le ruban qui décorait le colis. Il lui fallut aller chercher l'escabeau dans la cuisine afin de pouvoir enlever le couvercle. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant une seconde boîte à l'intérieur de la première ! Celle-ci, contrairement à la précédente, était entourée d'un papier chartreux que tenait un ruban de couleur vert forêt. Il réitéra la précédente opération, impatient de découvrir quel précieux cadeau pouvait être aussi bien emballé, mais ne trouva qu'une troisième boîte, aussi élégamment décorée que les deux autres. La surprise le tenait lorsqu'il déballa cette nouvelle boîte, y découvrant encore une suivante, dont la couleur passait du jaune à l'orangé. Il continua ainsi de déballer des boîtes, chacune venant les unes après les autres, les couleurs défilant dans un parfait cercle chromatique. Il fut finalement forcé d'entrer dans les boîtes au bout d'un moment, car celles-ci se faisaient de plus en plus petites et il ne pouvait les atteindre, simplement perché sur son escabeau. Une fois à l'intérieur, Jack reprit sa tâche, s'acharnant à ouvrir les boîtes et à en découvrir d'autres en dedans. En son for intérieur, il se disait qu'après tout, ce devait être quelque chose de sacrément précieux pour être ainsi protégé, et que la taille l'importait alors peu. Les boîtes se faisaient de plus en plus petites, mais les emballages étaient toujours présents et fait avec soin. Il tomba enfin sur une boîte de la taille de sa main, entourée d'un papier noir et où reposait une délicate rose rouge. Il prit la fleur entre ses doigts et la posa doucement près de lui, faisant tomber un de ses pétales soyeux, mais n'y prêta pas attention, ouvrant fébrilement le dernier paquet. Aucun papier n'entourait celui-ci, et la boîte s'ouvrait différemment. Un mécanisme lui permettait de s'ouvrir sur le côté, laissant ainsi le couvercle rattaché à la boîte par une charnière. La curiosité de Jack avait atteint son paroxysme, et il observa sa trouvaille. Une petite poupée reposait sur un fin drapé de soie rouge, enveloppée dans un carcan de dentelle noire. Jack regarda la poupée, ébahit. C'était ça la surprise ? Une poupée dans un cercueil ? Quel macabre cadeau ! Une ombre se dessina dans son champ de vision, l'obligeant à relever la tête. Alors que son corps reposait dans son linceul, une main se promenait lentement au-dessus de son front tandis qu'une voix calme et caverneuse soufflait « requiescat in pace* ».

*Repose en paix