Il courait dans les rues, slalomant avec aisance entre les passants. Les pas précipités derrière lui ainsi que les souffles erratiques lui indiquait qu'ils le suivait toujours. Un sourire sournois s'installa sur ses lèvres fines tandis qu'il saisissait un poteau entre ses longs doigts, l'utilisant pour tourner dans une ruelle. Qu'a cela ne tienne, il allait leur jouer un sacré tour. Serrant la besace contre son torse, il évita les poubelles et bouteilles vides qui jonchaient le sol. Ses pieds martelaient le sol humide, soulevant des gerbes translucides dès qu'il écrasait une flaque. Sa respiration était sourde, lui brûlant la gorge à chaque pas, mais son sourire ne le quittait pas. Il jeta d'un seul coup la besace derrière une poubelle, sautant avec facilité sur le muret de pierre qui s'était dressé devant lui.

Les policiers suivaient ce voleur à la trace. Oser dérober les bijoux de la reine ! Le voyant prendre une ruelle, ils s'aventurèrent à l'intérieur, chacun leur tour. Leur lourds équipements les gênaient pour courir, leur donnant une allure pataude. Finalement, le voyant sauter au-delà le mur, les policiers écarquillèrent les yeux avant de s'arrêter, stupéfaits. Posant leurs mains sur leurs genoux, ils tentèrent de reprendre leur respiration, essoufflés. Quelques minutes plus tard, déçus, ils s'éloignèrent, la tête basse, honteux. L'un des policiers se retourna, jetant un regard triste sur ce maudit mur et croisa le regard ambre d'un chat noir. Frissonnant, il s'éloigna au pas de course. Les chats noirs portent malheur et il n'avait pas besoin de ça.

Le chat le regarda partir, avant de sourire de toutes ses babines, ses canines sortant légèrement de sa petite bouche rosée. Il sauta lestement du mur avant de se diriger vers une poubelle, sa queue se balançant doucement dans l'air du soir. Il saisit la sacoche entre ses crocs nacré et s'éloigna, les vibrisses frémissantes, disparaissant dans le noir de la nuit...