Chapitre 20: Sandy


Voilà quelques jours que ma rencontre avec ce fameux Nick avait eu lieu, j'y repensai comme un mauvais rêve. Comme si cela n'avait pas pu avoir lieu, comme un mirage que mon esprit aurait créé de toutes pièces en s'inspirant de ma peur. Ce souvenir me paraissait beaucoup trop jurer avec l'environnement dans lequel j'avais toujours vécu. Un bouleversement de situation beaucoup trop important pour que cela ne me perturbe pas. J'avais fait face à un tueur qui m'avait épargnée. Je ne nourrissais aucun espoir quant à la situation dans laquelle je me trouvais, jamais il n'aurait pu mettre en doute son autorité pour moi, simple jeune fille insignifiante qui n'avait pas vu les bonnes choses au bon moment.

J'avais abordé le sujet avec Jake. Il ne s'était pas défilé et m'avait fait comprendre que non, son patron n'était pas habituel de ce genre de procédure et que cela signifiait sûrement quelques jours de répit.

Au moment où je repensais à cette scène j'attendais patiemment le retour de Jake. Je n'étais pas retourné au lycée sous les directives de ce dernier qui ne voulais pas non plus que je sois une cible facile. Alors j'étais resté encore une fois seule dans la maison et ayant épuisé mon quota d'idées pour ne pas m'ennuyer je m'étais retrouvé à broyer du noir, seule, assise dans le canapé, attendant le son de la porte qui s'ouvrirait sur Jake.

Cela eut bien lieu mais la porte ne s'ouvrit pas que sur Jake, plusieurs hommes l'encadrant, deux le soutenait et le jetèrent sans vergogne au sol. Il était dans un piteux état. Ils commencèrent à le rouer de coups, ce qui ne semblait pas être la première fois de la soirée. Dans un élan de courage et de stupidité je tentais de m'interposer mais une gifle phénoménale m'envoya moi aussi au sol, le corps endolori je ne me relevais pas et ce spectacle s'imposa à mes yeux, impuissante. Je sanglotais et me recroquevillée sur moi-même afin de cacher cette réalité à mes yeux. Je ne voyais plus, mais j'entendais les bruits de leurs coups qui pleuvaient en masse sur son corps. Ne plus voir était encore pire car mon imagination faisait office de vue, me représentant tout d'un point de vue encore plus horrible. Je me mis à me balancer d'avant en arrière en leur psalmodiant d'arrêter, tentant de couvrir ces bruits sinistres par ma litanie.

Je continuais mes lamentations jusqu'à tard dans la nuit. Je dus m'endormir mais une douleur me réveilla et les souvenirs de la veille affluèrent en masse de ma mémoire comme des invités non désirés et je dus prendre sur le peu de force qu'il me restait pour ne pas retomber dans ma transe. Je me trainais quasiment jusqu'à Jake pour voir son état. Je ravalais douloureusement un sanglot et détournai le visage pour vomir de la bile. Le visage de Jake était ensanglanté et quasiment méconnaissable tant par le sang séché qui recouvrait partiellement son visage que par son nez probablement cassé vu la forme et l'hématome noirâtre qu'il commençait à arborer. Je tentais doucement de secouer son corps toujours immobile pour le ranimer. Seul une respiration sifflante sortait de ses poumons. Une peur sourde me vrilla les tympans. Et s'il mourrait ?

Je devais accepter sa proposition, je n'avais pas le choix, en fait je n'avais jamais eu le choix. J'avais juste voulu m'en donner l'illusion, ou plutôt il m'avait laissé en avoir l'illusion.

J'avais juste voulu recouvrer une vie normale, banale après toutes ces révélations. Je m'étais bercée dans l'illusion que tout serait comme un mauvais rêve que l'on oublierait aussitôt réveillée. Mais comment cela aurait-il pu en être ainsi ? C'était illégal et quelqu'un qui connaissait leur secret était un danger. Comme une bombe dont on n'aurait pas le minuteur, pouvant exploser a n'importe quel moment avec des conséquences considérables et indésirables.

Je retentais une nouvelle fois ma chance auprès de Jake en le secouant de nouveau. À ma grande surprise il gémit, faiblement, mais il gémit. Ce réconfort moral me redonna quelques forces qui me permirent de me lever et de le soutenir pour qu'il s'allonge sur le canapé.
Dans sa semi-conscience il m'attira à lui et je m'allongeai à ses côtés. Nous étions étroitement collés l'un à l'autre mais son étreinte était réconfortante et aucunement gênante.

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