One shot Steddie
Pour Dustin, ça tenait presque du miracle qu'ils s'en soient tous sorti. Bon, Max était toujours dans le coma, Eddie marchait à peine et ils avaient tous une bonne dose de traumatismes en plus mais il n'aurait pas pu être plus reconnaissant de voir tout le monde vivant, encore plus en apprenant ce qu'il s'était passé en Californie et en Russie par les autres après leur retour et en voyant qu'ils allaient bien ou du moins, aussi bien que c'est humainement possible après des expériences pareilles.
Hopper était même vivant, ce dont il n'aurait pas osé rêver, alors comme tout le monde avait encore tous leurs membres et qu'ils étaient de nouveau tous ensembles, Dustin pensait être en droit de dire que ça tenait du miracle.
Ils avaient même réussi à tuer Vecna, « brûlé comme du petit bois » selon Steve et les Byers étaient de retour à Hawkins alors Dustin ne voyait vraiment pas ce qui les retenait de retourner à une vie plus normale pour enfin oublier l'upside down et juste se concentrer sur leurs examens de fin d'année et des longues parties DnD.
Il n'est pas stupide et sait bien au fond de lui même que le flagelleur mental est toujours vivant et qu'il faudra bien s'en occuper un jour mais pour le moment il veut juste passer à autre chose et quoi de mieux pour ça qu'introduire Will à leur nouveau groupe de jeu de rôle.
C'est pour ça qu'il est là, avec Will à sa gauche et Mike à sa droite dans la cuisine de Steve qui leur fait un petit déjeuner « parce que je suis un bon hôte moi, Henderson » en l'écoutant expliquer pourquoi c'est une très bonne idée d'introduire Will à Eddie pour qu'il l'intègre à leur prochaine campagne.
Will ne dit pas grand chose à ses côtés, remerciant poliment Steve qui lui passe son assiette mais il sait que son idée lui a plus dès qu'il l'a mentionné la veille, son sourire gigantesque lui prouvant un peu plus que ça ne peut leur faire que du bien et merde, qu'est-ce que ça lui avait manqué de voir Will sourire.
Steve d'un autre côté à l'air moins qu'emballé par son idée, ses sourcils froncés lui indiquant déjà sa réponse avant même qu'il lui dise non.
- Mais pourquoi? dit-il en posant ses couverts. Il n'avait pas prévu que Steve soit un obstacle à son plan pour remettre tout le monde sur pieds et pensait même qu'ils pourraient tous jouer toute la journée pour bien commencer leur retour au monde normal. C'est pour ça qu'il s'était levé aussi tôt et qu'ils étaient tous les trois chez Steve à huit heures tapantes.
- Parce que- il s'interrompt avant de reprendre plus bas. Je ne pense pas que Eddie ait vraiment la tête à ça.
- T'es pas dans sa tête, répond Mike en regardant Steve comme il le fait à son habitude, comme s'il ne pouvait pas dire quelque chose de sensé.
- Non mais je vis avec lui depuis trois semaines et je vous demande de laisser tomber parce qu'il n'est pas en état pour le moment. Il a vraiment l'air d'essayer de clore cette discussion le plus vite possible et Dustin trouve ça un peu étrange.
Dustin voit Will ouvrir la bouche, certainement pour acquiescer et se préparer à partir et il n'a pas envie de voir son idée partir en fumée comme ça alors il lui coupe l'herbe sous le pied.
- Si c'est juste parce qu'il est alité on peut faire ça ici, non? Il aura même pas besoin de bouger et on pourra même faire une toute petite séance si ça l'arrange, ajoute-t-il en regardant Steve de ses yeux les plus suppliants, essayant de lui transmettre à quel point ça lui tient à cœur.
Il sourit intérieurement en le voyant soupirer et poser son torchon à vaisselle.
- Je vais lui en parler mais tu ne pourras pas dire que je ne t'ai pas prévenu, dit-il en lui faisant le fameux regard qu'il ne lui lance que lorsqu'il est persuadé qu'il a raison.
Steve quitte la cuisine pour aller en direction des chambres et dès qu'il entend le bruit des pas dans les marches, Dustin mange ses œufs à toute vitesse et dit aux deux autres de l'attendre ici pour le suivre le plus discrètement possible, prêt à intervenir dans leur discussion et faire tout un discours pour convaincre Eddie, sachant pertinemment que Steve ne va pas y mettre toute sa passion parce qu'il n'aime pas DnD et risque de tout foutre en l'air juste pour avoir le dernier mot. Ça lui ressemblerait bien.
Il se fait discret sur les marches, ralentissant pour ne pas se faire trahir par un parquet grinçant et s'avance jusqu'à la chambre d'ami... et la dépasse quand il se rend compte que la voix de Steve vient de plus loin dans le couloir.
Il ne pensait pas que Steve faisait dormir Eddie dans sa chambre et garde cette information dans le coin de sa tête pour le charrier plus tard et se rapproche de la porte entrouverte pour entendre ce qu'il se dit.
Son sourire se fane pourtant très vite. Il n'entend pas vraiment leur discussion dans la chambre mais reconnaît la voix rassurante de Steve qui parle doucement, presque à deux doigts de chuchoter puis celle d'Eddie qui tremble trop pour qu'il ne soit pas en train de pleurer et qui lui répond avec un ton de détresse très présent qui lui brise le cœur.
Il n'a pas besoin d'en entendre plus pour comprendre pourquoi Steve disait qu'il n'est pas en état de jouer avec eux et franchement ça lui suffit mais il ne peut pas s'empêcher de tendre l'oreille un peu plus, peut-être parce qu'il est un peu curieux et peut-être aussi parce qu'il s'inquiète pour son ami.
- ...sûr que tu ne veux rien manger? dit la voix de Steve. Il entend un mouvement de tissu et jette un coup d'œil dans l'ouverture de la porte pour voir ce dernier à genoux à côté de son lit, bordant maladroitement Eddie d'une main, l'autre tenant l'une de celles du garçon qui lui répond d'un signe de tête en pleurant toujours, une petite peluche usée coincée entre les bras.
- J'ai pas la force de les voir Steve, je peux pas... et sa voix se brise encore alors qu'il entend l'autre lui murmurer des « chut », « c'est pas grave, ne t'en fait pas » et des « hey, personne ne t'en veut Eddie ».
Il se recule un peu pour ne pas se faire voir quand Steve bouge pour lui tendre un verre d'eau et entend l'autre le boire en se demandant comment il a pu penser que Eddie irait bien après tout ce qu'il a vécu.
- Voilà, doucement... La voix de Steve est apaisante même pour lui, remarque Dustin. C'est fini Eddie, tout va bien...
Il entend l'autre acquiescer avec un gros trémolos dans la voix, essayant sûrement de se persuader lui même qu'il a raison.
- Tu veux que je reste un peu?
- Ça va aller, dit la voix peu confiante de Eddie même si Dustin a l'impression que ce n'est pas la première fois qu'ils ont cette discussion.
- Je remonte dès qu'ils partent, ok? Tu peux dormir encore un peu ou alors même lire un livre. Dustin t'a apporté le Hobbit.
Et c'est vrai qu'il l'a fait. Il n'a vu Eddie qu'une seule fois depuis son réveil - ça aurait dû lui indiquer que quelque chose n'allait pas- et comme il dormait à cause des médicaments, il a donné le livre à Steve en arrivant ce matin.
- Vais voir, marmonne Eddie, suivit d'un bruit de mouchoir et de reniflement.
- Eddie, et la voix de Steve est encore plus douce, ce qu'il ne pensait pas possible. Ne t'empêche pas de dormir, ok? S'il faut que je change les draps après c'est pas grave, ça me dérange pas.
Et c'est là que Dustin se recule de la porte, ayant l'impression d'envahir l'intimité des deux hommes. Il n'est pas stupide et a bien remarqué que Steve fait beaucoup plus de lessives de linge de lit ces derniers temps. Oui, ça aurait pu être à cause des blessures de Eddie mais il n'est pas naïf au point de voir un nouveau set de literie sécher sur les cordes à linge tous les matins et ne pas se douter de ce qui se trame.
Ce n'est pas quelque chose qu'il a besoin de savoir de toute façon et si Eddie veut lui en parler, il le fera.
Il redescend dans la cuisine et hoche la tête quand Will lui demande si tout va bien.
- Je pense juste qu'on va devoir attendre un peu avant de proposer ça à Eddie de nouveau. Il doit avoir l'air un peu trop fermé parce que les deux autres se contentent d'acquiescer sans lui poser de questions, ce qui est inhabituel pour eux mais il les remercie intérieurement.
Steve est un peu surpris du manque de réparti des garçons quand il les prévient que la rencontre entre lui et Byers devra attendre encore un peu mais ne s'en préoccupe pas trop non plus, assez occupé pour profiter des choses quand elles vont dans son sens.
Les adolescents ne traînent pas trop, remerciant Steve pour le petit déjeuner et s'en vont sans demander leur reste, Dustin lui tapant un peu sur le bras, comme pour l'encourager.
Il ne comprend pas vraiment pourquoi il fait ça mais, encore une fois, il a beaucoup à faire.
Il reprend sa vaisselle là où l'avait laissé puis fait un peu de ménage, débarrassant les bouteilles de bières de la veille qui traînent devant la télé.
- Tu vas aller travailler aujourd'hui? Il lâche instinctivement ses affaires pour aller aider l'autre qui descend les escaliers.
Eddie n'aime pas trop se faire assister alors ils ont décidé sans vraiment se le dire de faire comme si c'était normal quand c'est vraiment nécessaire, laissant Eddie se débrouiller pour se déplacer la plupart du temps. Steve n'aime pas l'idée qu'il se fasse mal pour sauver un peu de sa dignité mais il ne veut pas rentrer en conflit avec lui pour ça et c'est pour ça que l'ancien nageur lui répond ses horaires de la journée en passant un bras autour des côtes de l'autre pour le soutenir jusqu'à ce qu'il soit sur un tabouret en face de l'îlot de la cuisine.
- Tu veux manger quelque chose?
Il le voit hausser les épaules, jouant avec les manches trop longues du pull de Steve. Ce n'est pas vraiment son style mais il est confortable alors il l'a un peu adopté sans lui demander.
Pas que ça dérange Steve mais Eddie n'a pas besoin de tout savoir.
Il lui prépare deux œufs et une tranche de toast, habitué à son estomac encore fragile qui rejette tout ce qu'il mange si les quantités sont trop grandes et Eddie le remercie doucement en perçant un des œufs pour libérer le jaune.
Steve peut à peine voir ses yeux, cachés entre ses cernes et ses cheveux emmêlés qu'il chasse seulement du bout des doigts avant d'abandonner, poussant l'autre à aller chercher un peigne et à se placer derrière lui alors qu'il continue son petit déjeuner.
Ça fait partie d'une routine agréable, rassurante parce qu'elle est invariable, maintenant et Eddie sait qu'il ne fait pas ça par pitié mais parce que l'ancien sportif a besoin de s'occuper les mains et que les cheveux de Eddie sont bien pratiques pour ça. Ça a commencé parce qu'il avait découvert d'horribles noeuds quand il avait pu enfin s'assoir dans le lit et qu'il avait dit qu'il devrait les couper, plaisantant à moitié parce qu'il pouvait à peine lever les bras et passer un peigne dans ses boucles n'était pas une priorité.
Alors Steve lui avait peigné les cheveux en silence, refusant de croire Eddie qui disait que ce n'était pas la peine, la familiarité et la délicatesse de ses coups de poignets lui faisant presque croire que Steve tenait à lui, et peut-être qu'il avait senti quelques larmes couler très vite sur ses joues parce que ça faisait longtemps que personne ne lui avait porté ce genre d'attention.
Ça avait commencé par un service, puis une routine presque tout les matins quand il n'était pas déjà au travail et maintenant Steve passait ses doigts dans les cheveux de l'autre plusieurs fois par jour, jouant avec ou juste passant sa main dedans distraitement, comme pour se rappeler qu'il était bien là et Eddie ne sait pas comment il doit se sentir.
- Comment va ton ventre? demande Steve en commençant par brosser le bas de ses cheveux, y allant très doucement pour ne pas lui faire mal en tirant sur un nœud.
- Ça va. Mieux que la semaine dernière, ajoute-t-il en avalant une bouchée de ses œufs.
Instinctivement, il pose une main sur le front de l'autre, rencontrant sa frange et une peau un peu chaude.
- Ta fièvre a baissé. C'est bien. Il retire sa main et reprend sa tâche, brossant maintenant une bonne partie de sa chevelure bouclée.
- Hm.
Et un silence confortable s'installe jusqu'à ce que Eddie finisse son petit déjeuner et que Steve lui attache les cheveux avec un élastique, lui faisant une queue de cheval basse.
Le silence n'est pas désagréable, surtout après le départ des enfants. Il a toujours détesté le silence dans cette maison mais depuis que Eddie est là, il est moins souvent oppressant et plus régulièrement apaisant. Présent parce qu'ils n'ont pas grand chose à se dire, contentés dans la présence de l'autre.
Eddie clopine rapidement vers le canapé où il s'étend, pas tout à fait allongé mais indubitablement pas droit, ses flancs trop sensibles pour être à la verticale plus de quelques minutes sans le faire souffrir.
Steve calcule combien de temps il faut attendre avant de pouvoir de nouveau donner un antidouleur au métalleux, grimaçant à l'idée de le laisser souffrir sans pouvoir rien faire. Il a hâte que Murray revienne pour faire les bandages de Munson, peut-être qu'il pourra lui toucher deux mots au sujet de ses doses de morphine.
Steve coupe le robinet qu'il regardait couler en silence, revenant dans le salon pour s'approcher de l'adolescent qui s'est finalement allongé sur le dos, les yeux fermés. Il bouge trop pour dormir alors Steve se rapproche de lui sans faire attention aux bruits de ses pas et commence a rembobiner la cassette du film qu'ils ont regardé la veille.
- Comment ça va, Munson? dit-il en remarquant la grimace sur son visage, se demandant si ce n'est pas à cause de la lumière juste au dessus de lui.
Dans le doute il éteint les lumières du salon.
- J'ai froid et j'ai chaud... en même temps.
Ça a l'air de lui coûter de parler et Steve s'approche du canapé, se penche et pose une main sur son front, le trouvant moite de sueur et plus chaud qu'une demi-heure auparavant.
- Ça va finir par passer, chuchote le sportif pour ne pas lui donner un mal de tête en plus du reste. Il faut que tu transpires, ajoute-t-il en le couvrant d'une couverture assez large pour qu'elle l'entoure bien, ignorant le bruit de protestation de Eddie.
- Je déteste être malade.
Steve repense aux nombreuses crises de paniques que sa fièvre lui a causé depuis son arrivée ici et s'assoit à côté de lui sans l'écraser, espérant que sa présence peut en éviter une nouvelle et sécuriser le jeune homme, lui donnant quelque chose auquel se raccrocher.
Ils restent un moment comme ça, la main de Steve posée faiblement sur l'avant-bras de Eddie. Juste pour qu'il puisse la sentir sans qu'elle ne l'envoie en spirale dans un coin de sa tête malade, puis Eddie ouvre les yeux et se relève et Steve le laisse faire en récupérant sa main.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant? grogne la voix de Eddie qui frotte son visage avec une de ses mains, engourdi par la fatigue, la fièvre ou la douleur. Steve espère que c'est la fatigue et ses yeux vont de nouveau jusqu'aux cernes du garçon.
- Je vais aller m'habiller, répond Steve en remarquant qu'il est toujours en pyjama, sans doute préparer quelque chose pour le repas de ce midi et ensuite je vais aller travailler. Il n'y a pas grand chose de prévu aujourd'hui si tu veux te reposer ou faire quelque chose et mon emploi du temps est léger alors je serai de retour tôt.
- Non, je parle pas de ça... Et Eddie le regarde avec quelque chose de trop sérieux et défaitiste. Maintenant que c'est fini, Vecna et toutes ces conneries, qu'est-ce qu'on fait?
Steve ne sait pas s'il a le cœur de lui dire que ce n'est pas exactement fini -pour l'amour de Dieu il ne sait pas lui-même si ça se finira un jour- mais il est dans un tel état en face de lui, même pas totalement remis de ce qu'il a vécu qu'il ne se sent pas en droit de le traîner de nouveau dans une merde pareille.
Malheureusement, Eddie est un jeune homme très intelligent et comprend très bien ce que veut dire l'air qu'il doit avoir sur le visage avant qu'il ne puisse le rassurer.
- Merde, et ses yeux marrons lisent presque dans son âme, c'est pas fini c'est ça?
Il n'a pas envie d'en parler tout de suite, il n'a pas envie de lui lâcher tout ça sur les épaules ou plutôt de lui enlever le soulagement qu'il mérite tellement.
- Pas exactement non, mais il y a peu de chance qu'on en entende parler avant un bon moment.
Il ne sait pas s'il peut présenter ça d'une meilleure manière et l'autre ne lui a pas tellement donné le temps de trouver une phrase exactement apaisante mais au moins il ne part pas dans une crise de fou rire hystérique et ne pleure pas non plus. Il hoche juste la tête en regardant quelque chose qui n'existe pas, ou alors pas dans le plan d'existence de Steve.
- Et pendant notre sursis, qu'est-ce qu'on fait? Il le regarde d'une telle façon que Steve sait que sa réponse va être décevante.
- On vit, dit-il doucement parce que même pour lui c'est une solution qui ne lui apporte que bien peu de satisfaction. On fait avec pour pas se noyer dans des réflexions qui mènent à rien. Tu t'occupes: tu vas à l'école, tu cherches un travail, tu trouves quelqu'un... Tu fais semblant jusqu'à ce que ça soit vrai pour garder la tête hors de l'eau et pas finir taré ou torturé par les remords. C'est pas comme si on pouvait vraiment en parler à qui que ce soit, pas vrai?
Eddie lui lance un regard presque blessé, comme s'il attendait vraiment quelque chose de cet échange et Steve sait que ce sont des questions qu'il s'est aussi beaucoup posé depuis trois ans et que ça a dû travailler l'autre depuis au moins quelques jours. Il sait aussi que sa réponse était plus que décevante mais il a pas trouvé mieux et se mord la langue en pensant même qu'il en a presque profité pour lâcher quelques choses qu'il aurait peut-être dû retenir. Il n'en est pas vraiment sûr mais ce qu'il sait, c'est qu'il ne devrait pas avoir la sensation d'en avoir moins sur le cœur.
- C'est vrai qu'ils attendraient que ça pour m'interner, sa voix et un peu amère et ils savent qu'il a raison.
- Je sais pas si j'aurais la force de retourner au lycée. Eddie lui fait une tentative de sourire quand il sent ses yeux sur lui avant de se perdre de nouveau dans le vide du salon. J'ai l'impression que ça sert plus à rien, ça a l'air tellement futile après tout...ça. Il fait un mouvement de main assez vague mais ils ont tous les deux des images assez claires de ce que c'est que « ça ».
Steve a envie de le rassurer mais ne sait pas par où commencer. Il a presque l'impression d'entendre Nancy, juste avant leur rupture.
- Je me sens déjà à peine moi-même...murmure Eddie et Steve voit une larme dévaler sa joue. Il doit la sentir aussi parce qu'il l'écrase presque violemment.
Ça remue quelque chose en Steve qu'il est obligé de combattre pour ne pas prendre l'autre garçon dans ses bras. Ça lui arrive souvent ces derniers temps de vouloir serrer Eddie dans ses bras.
- Ça m'est arrivé aussi, marmonne Steve sans savoir si c'est égoïste de ramener ça à lui. Après la disparition de Will, après que je sois venu chez les Byers pour m'excuser. J'avais plus l'impression d'être la même personne, et je me demandais « comment j'ai fait pour être aussi con, aussi naïf avant? », tu vois?
Il regarde le garçon aux cheveux longs en lui lançant un sourire grimaçant.
- J'avais envie de revenir dans le passé et de me gifler de me plaindre autant de ma vie alors qu'elle était tranquille et que j'étais en sécurité. Je me détestais parce qu'avant tout ça la pire chose qui pouvait m'arriver c'était d'avoir trop de devoirs ou des choses aussi simples.
Eddie hoche la tête en silence, les yeux toujours perdus mais semblant plus que comprendre ce qu'il dit.
- Mais tu sais Eddie, dit l'autre en osant enfin poser sa main sur la sienne, peinte d'un vernis noir qui déborde autour de ses ongles courts, tu ne peux pas faire autrement que d'être toi-même, même si tu changes parce que tu vis des trucs pas marrants.
C'est un bel euphémisme ça, pas marrants. Il sent ses doigts bouger un peu sous les siens, créant un peu de contact en plus entre eux.
- Et puis tu sais, je suis content maintenant d'avoir pu être aussi naïf et innocent avant. Ça serait cruel d'en vouloir au Steve du lycée d'avoir été heureux d'être normal et insouciant juste parce que je ne peux plus exactement l'être.
Il déteste vraiment voir Eddie pleurer parce qu'il a toujours l'impression que ses pupilles se noient dans ses yeux quand ça arrive mais il sait qu'il ne peut pas juste le consoler comme Dustin ou Lucas ou le bercer doucement comme il l'a fait plus d'une fois avec Max, bien qu'elle ne l'avouerait jamais, et même si ça lui semble être une terrible et cruelle idée de partir et de le laisser dans cet état, il sait aussi que Eddie n'a pas envie de craquer devant lui alors il se lève et décide d'enfin quitter son pyjama.
Quand il redescend dans une tenue plus sortable -un jean bleu et un polo rayé rouge et jaune-, Eddie est sur un des tabourets devant le comptoir de la cuisine. Il s'est ouvert une bière et Steve peut voir que la bouteille est déjà à moitié vide.
Il a toujours les yeux rouges et Steve se demande soudain s'il aurait préféré qu'il reste avec lui. Il n'a pas envie que Eddie pense que ça le dérange qu'il pleure et qu'il s'en empêche par conséquent mais il ne sait pas trop comment et s'il doit aborder le sujet au risque de le mettre mal à l'aise.
Il a envie de lui demander comment il se sent mais il lui demande déjà si souvent qu'il ne veut pas l'agacer ou que ça perde tout son sens quand il attend vraiment une réponse. Pas qu'il ne veuille pas que Eddie lui réponde mais il veut qu'il le fasse honnêtement et là, s'il lui demande comment il va c'est plus pour lui parler et lui faire savoir qu'il n'est pas seul. Alors il le dit.
- Je sais qu'on ne se connaît pas encore très bien mais tu fais partie du groupe maintenant, tu sais? Eddie roule des yeux et même si ça le peine qu'il ne le croit pas ça lui fait aussi quelque chose dans le ventre quand il fait cette tête et il a l'étrange envie de le mordre sur les joues.
Il sait qu'il devrait peut-être se poser un moment pour y réfléchir vraiment à la place de simplement laisser ses pensées intrusives faire leurs vies dans sa tête mais, hey, il a déjà faillit mourir trop de fois ces trois dernières années pour en plus avoir une crise existentielle.
- Je suis sérieux Eddie, dit-il simplement en ouvrant le frigo pour prendre la crème.
Il va leur faire des pâtes et c'est toujours mieux avec de la crème. Ouais, ça leur remontera le moral.
- Si tu veux Stevie.
- Bien sûr que je veux! Il ne se tourne pas vers lui parce qu'il sait qu'il a les joues un peu chaudes. Et je suis pas le seul, ajoute-t-il en allumant le gaz. On est passé par l'enfer et on s'en remettra sans doute jamais complètement mais on est passé par là ensemble. Tous ensemble. Et on se garde la tête hors de l'eau les uns les autres.
Il se sent stupide de reprendre sa stupide métaphore mais il n'a rien de mieux à lui offrir.
- Mais je peux pas- Je peux même pas- Il entend sa voix se coincer dans sa gorge et se tourne vers le jeune homme qui fait un geste qui doit vouloir dire « tu vois bien?! » dans sa direction, agacé qu'il ne puisse même pas finir une phrase.
- Ça va aller Eddie, et il veut vraiment qu'il le croit alors il s'approche plus près. Il sait que ça le tue de ne pas pouvoir faire face aux autres sans tomber dans des spirales d'angoisses, se sentant incapable de faire autre chose dès que l'idée de voir le groupe est mentionnée, la crise de panique qu'il a fait plus tôt dans la matinée leur revenant simultanément en tête.
Ce que Steve ne sait pas c'est qu'il a peur que ça ne s'arrange pas et qu'ils se lassent tous tout doucement de lui parce qu'il n'est pas aussi fort qu'eux, aussi fort que Steve alors c'est plus simple de les éloigner de lui-même plutôt que d'attendre et d'espérer quelque chose qui n'arrivera pas.
- Eddie, la voix de Steve est presque suppliante parce qu'il se doute des choses qu'il doit se murmurer la nuit. Ça va s'arranger, les cauchemars vont se calmer, s'espacer, les jours normaux et un peu pénibles parce que rien ne se passe vont revenir et ça va aller parce qu'on est tous ensemble. Même si tu as peur ou que tu ne te sens pas encore prêt pour les voir, tu manques à tout le monde et pas juste parce que tu nous as aidé mais parce qu'on aime bien t'avoir dans le coin. Heureux ou pas.
Il essaie de sourire pour qu'il arrête d'essayer de lui remonter le moral mais Steve ne semble pas recevoir le mémo.
- Ça sera aussi plus simple quand tu pourras te déplacer comme tu veux et que tu n'auras plus de fièvre. Vraiment, je te jure. Il est penché au dessus du comptoir, leurs doigts encore une fois pas très loin les uns des autres et Steve lui fait un vrai petit sourire et il a presque envie d'y croire.
- Qu'est-ce que tu voudrais faire, toi? demande sa voix à peine plus claire, surprenant l'hôte de la maison qui se retourne pour ne pas rater ses pâtes.
- Je sais pas vraiment... J'aimerai bien trouver la bonne personne. Il rit de sa propre phrase et continue de cuisiner doucement. Il n'a pas vraiment besoin d'autant remuer les pâtes mais Eddie ne va pas lui dire.
- Ce n'est pas vraiment une priorité et c'est vrai qu'il y a bien quelqu'un qui me plaît mais j'ai vraiment l'impression qu'en dehors des personnes qui ont vécu toutes ces conneries de Vecna, dit-il en reprenant son phrasé de plus tôt, les relations ne tiennent pas vraiment et ne valent pas vraiment le coup. C'est comme partir avec un fossé dès le départ qui ne fait que se creuser parce qu'on ne peut pas vraiment expliquer ce qui ne va pas sans expliquer la vérité.
- Il ne reste plus grand monde pour toi alors, plaisante doucement Eddie.
- Ouais mais c'est pas si grave. Il hausse ses épaules avant de se tourner vers lui.
- Tu sais quoi? Je veux changer ma réponse. Je crois que ce qui est vraiment important pour moi tout de suite c'est de faire en sorte que tous les gens que j'aime soient en sécurité. J'ai pas vraiment besoin d'une fille à mes côtés si j'y pense vraiment et je suis pas sûr d'en avoir vraiment envie non plus.
- Et ils vont bien les gens que tu aimes? Steve le regarde dans les yeux et lui rend son sourire.
- Pas tous, mais on travaille dessus, dit-il sans le lâcher des yeux.
Il laisse leur repas refroidir quand il est prêt, se mettant une portion de côté à emporter et mettant celle de Eddie au frigo parce qu'il est définitivement trop tôt pour manger. Il enfile déjà sa veste d'uniforme, assez étourdi pour l'oublier s'il ne l'a pas sur lui et regarde l'horloge qui lui indique qu'il a encore du temps avant de partir.
Eddie fini sa bière toujours sur son tabouret, les médicaments devant faire effet sinon il ne resterait pas dans cette position.
Il se met dans celui à sa gauche, dans l'angle, et attend qu'il finisse sa gorgée pour lui parler.
- Oui mon grand? lui demande Eddie parce qu'il le fixe et qu'il n'est toujours pas stupide.
Il espère qu'il ne rougit pas trop.
- Et toi? Qu'est-ce que tu veux faire? Il se sent tellement détendu qu'il s'affale presque sur le comptoir devant lui. Je sais que tu m'as dit que t'y pensais pas trop mais si tu voulais quelque chose, ça serait quoi?
- La réponse sage serait de dire que je veux mon diplôme, dit Eddie après une longue pause, ses sourcils froncés faisant presque regretter sa question à Steve. Ou alors une bonne nuit de sommeil.
- Et la réponse moins sage?
- Certainement un piercing sur la langue, rit Eddie en jouant avec sa bouteille.
- Ça t'irait bien, très métal, dit Steve pour aller dans son sens et aussi parce que l'image mentale lui fait quelque chose dans le creux de son ventre. Mais tu ne veux pas me dire la vérité?
Il ne sait pas s'il pousse un peu trop sa chance mais il veut vraiment savoir s'il peut aider son nouvel ami à aller mieux.
Son sourire se fane et il croise un regard incertain qui le fait se lever pour se mettre face au garçon, prenant une de ses mains dans la sienne. Peut-être qu'il pousse vraiment sa chance, pense Steve en sentant les doigts chauds contre les siens.
- Être heureux? Il le dit comme si c'était trop demandé, presque prêt à s'excuser d'avoir pensé quelque chose d'aussi stupide tout en essayant de lui annoncer comme quelque chose qui vient juste de lui passer par la tête et ça lui sert le cœur.
- Et je peux faire quelque chose pour aider? Eddie se perd un peu dans la bienveillance de son expression, espérant presque qu'il ne regarde personne d'autre avec ses yeux là.
- Je sais pas, dit-il avec un rire un peu nerveux parce qu'il sait très bien ce qu'il va dire en suite. C'est vrai que ton idée de trouver quelqu'un a l'air plaisante au final.
Parce qu'il ne peut pas lui dire qu'il a envie qu'il l'embrasse là, dans sa cuisine ouverte comme si c'était une bonne idée. Qu'il a envie qu'il le tienne contre lui et pas seulement quand il se réveille en hurlant de ses cauchemars comme un petit garçon apeuré mais juste quand il veut et parce qu'il a envie de sentir Eddie proche de lui.
- Je peux te présenter toutes les filles que je connais pour commencer si tu veux, Steve le dit légèrement mais Eddie sait qu'il le propose vraiment et ça lui fait un peu mal au cœur.
En plus il lui tient toujours la main. Et Steve aime quelqu'un.
- Nan, il laisse encore un rire lui échapper. Je suis pas sûr de vouloir ça. Les mensonges c'est pas mon truc, dit-il en reprenant l'argument du sportif qui acquiesce en passant son pouce sur le dos de la main de Eddie, peut-être pour le conforter, peut-être parce qu'apparemment il fait partie des gens qu'il aime.
Mais est-ce qu'il l'aime assez?
- T'inquiète pas Eddie, ça viendra quand tu t'y attendras pas et tu trouveras la plus jolie fille du monde rien que pour toi.
Eddie rit un peu plus, l'envie de le corriger rampant sous sa peau de plus en plus fortement.
- Je suis pas sûr de vouloir la plus belle fille du monde, répond-t-il finalement, la gorge serrée. Je te la laisse. Et Steve laisse échapper un bruit amusé qui lui fait du bien dans le ventre.
- C'est gentil mais j'ai déjà essayé de sortir avec des filles ou même de ressentir quoi que ce soit mais il semblerait que je revienne toujours vers les gens du groupe alors...
Il fait un mouvement d'épaules amusé.
- Et à en voir ton statut de célibataire endurci, ça a porté ses fruits. Steve le pousse gentiment de sa main qui ne tient pas la sienne.
- Deux tentatives, deux échecs, qu'est-ce que tu veux que je te dise? Le charme Harrington.
Steve espère que sa troisième tentative sera différente mais il en doute.
- Tu vas bientôt devoir te rabattre sur Argyle ou moi.
- Tu parles souvent de toi comme d'un second choix? Eddie n'arrive pas à comprendre s'il est juste joueur ou s'il doit chercher quelque chose de plus dans ses mots.
- Je suis pas ton premier choix, si?
Bordel à quoi tu joues Eddie? Steve n'est peut-être pas l'abruti qu'il était au lycée mais jouer avec le feu comme ça ne peut que lui causer des problèmes. Mais après tout est-ce qu'il n'a pas déjà décidé de saboter toutes les relations que le groupe d'adolescents essaient de créer avec lui? C'est juste une grosse blague qui va lui exploser dans la figure alors autant en finir au plus plus vite.
- Tous les matins, chéri. Steve lui fait un clin d'œil joueur, répondant sur le même ton blagueur qu'il lui a lancé alors c'est vraiment sa faute s'il a mal en imaginant ce que ça pourrait lui faire si c'était la vérité.
- Vraiment?
Peut-être qu'il est stupide de vouloir se faire mal comme ça et de le dire avant tant d'espoir dans la voix et même s'il sourit comme pour le chercher, Steve doit voir quelque chose d'autre dans ses yeux parce que son expression change du tout au tout et qu'il devient beaucoup plus sérieux. Parce que Eddie veut qu'il lui dise oui et qu'il doit le crier avec ses pupilles.
- Vraiment. Et il n'y a plus rien d'amusé dans sa voix et là Eddie a peur que ça soit un piège, jusqu'à ce qu'il s'avance encore un peu entre eux et qu'il pose sa main sur sa mâchoire, l'autre tenant toujours ses doigts fermement dans les siens.
Et Eddie pense que ça serait vraiment cruel comme blague quand il le regarde déglutir avant qu'il ne s'approche plus et l'embrasse, lui faisant fermer les yeux et sentir ses lèvres se poser doucement sur les siennes.
Eddie s'accroche à sa veste d'uniforme de sa main libre parce qu'il n'a pas la force de se reculer et de trouver une d'excuse stupide en disant qu'il s'est laissé emporter, parce que Steve pousse un léger soupire contenté contre sa bouche et qu'il avance sa main dans ses cheveux pour le rapprocher encore plus près de lui.
Eddie ne sait pas comment lui expliquer que c'est son premier baiser et il ne sait vraiment pas ce qu'il est sensé faire, se laissant guider un peu maladroitement par Steve qui sait apparemment très bien ce qu'il fait, caressant sa nuque doucement de son pouce en posant ses lèvres à répétition contre les siennes. Sentant sûrement qu'il est un peu tendu -Eddie n'en est pas certain et n'a pas le courage d'ouvrir les yeux pour vérifier-, Steve se recule, laissant sa main glisser de sa nuque pour tomber sur la cuisse de Eddie.
Il a mis quelques horribles centimètres entre eux et ça ressemble beaucoup à la largeur du grand canyon du point de vue du métalleux.
- Est-ce que tu voulais ça? demande Steve avec une respiration un peu courte, la peur de quelque chose teintant clairement ses mots. Eddie je suis désolé, tellement désolé- mais il se fait couper.
Eddie hoche la tête, ses cordes vocales ayant apparemment quitté leur poste.
Il le voit pousser le plus gros soupire de soulagement qu'il ait vu de toute sa vie, son corps se détendant d'un coup avec une force presque comique.
- Cool, cool. Moi aussi, précise-t-il comme si ce n'était pas lui qui avait fait le premier pas. J'ai juste eu peur. Je me suis douté que c'était pas une blague? Que t'étais sérieux - t'avais l'air sérieux. Mais après j'ai douté et tu bougeais pas vraiment- et tu sais c'est pas quelque chose que je fais avec mes amis et- Pourquoi tu bougeais pas? J'embrasse mal? J'ai fait quelque chose de mal?
Il redevient inquiet et rassurant et Eddie ne peut pas s'empêcher de rire -peut-être qu'il est aussi un peu tendu- et prend le visage de l'autre garçon dans ses mains pleines de bagues avant qu'il ne puisse être hors de portée et qu'il s'imagine d'autres choses. Il oublie presque que Steve aime quelqu'un. Genre, amoureux.
- Harrington.
- Oui? Il sent son souffle contre son visage et pense un moment qu'il doit sentir la bière.
- Tu es en train de boire la tasse.
- Oui. Il voit les pupilles du nageur le regarder et passer d'un de ses yeux à l'autre frénétiquement. Mais j'embrasse pas mes amis et je sais pas si j'ai tout gâché et si tu as détesté ça et t'es un garçon.
Eddie pose doucement et très rapidement ses lèvres contre celles de Steve et ça semble le calmer. Il a presque l'impression de le sentir fondre contre la peau chaude de ses mains. Il espère qu'il ne va pas le rendre malade.
- Moi non plus j'embrasse pas mes amis. Steve acquiesce et pose ses mains sur ses cuisses couvertes d'un survêtement qu'il a eu la gentillesse de lui prêter en prenant plus appuie sur lui. Et excuse mon inexpérience, c'est assez difficile de trouver un autre mec gay dans Hawkins sans risquer de se faire lyncher.
Ses sourcils montent comiquement haut sur son visage et il se relève un peu, un air de surprise et de tristesse passant sur son visage.
Oh, peut-être qu'il voulait quelqu'un avec de l'expérience. C'est ça, il aime quelqu'un et veut juste Eddie pour se soulager.
- Je suis ton premier baiser? Il hoche la tête en essayant de ne pas pleurer, ses émotions suivant difficilement les montagnes russes par lesquelles Steve le fait passer depuis ce matin.
- Tu ne regrettes pas? Je ne t'ai pas vraiment- ça aurait dû être plus spécial.
- Non! Et il retient mal le sourire de soulagement qui passe de nouveau sur son visage. C'était très bien comme ça. Vraiment, Stevie.
Pourquoi c'est si compliqué?
- Cool. Et Steve sourit et Eddie pense que ça ne doit pas forcément être compliqué. Le sportif l'embrasse de nouveau un peu partout sur la bouche, passant délicatement ses mains autour de sa taille après avoir mis ses jambes autour de la sienne, le faisant rire par son empressement alors qu'il dévie sur ses joues et son menton juste pour le mordre tout doucement, ses mains serrant son pull comme pour s'empêcher de faire plus alors qu'Eddie a perdu les siennes dans les cheveux tout doux de Steve.
Peut-être que c'est lui qu'il aime mais ça semble trop beau et le doute continue de gratter sa tête alors il détache son visage du sien en lui disant d'attendre, sentant ses lèvres être agréablement gonflées et sensibles. Il essaie de ne pas trop s'attacher aux sensations qu'il découvre, n'ayant pas la force de jouer les amants de placards même s'il tombe tous les jours un peu plus amoureux de son hôte. C'est peut-être pour ça d'ailleurs.
- Tu as dit que tu aimes quelqu'un, Steve. Que quelqu'un te plaît. Il déglutit en le regardant, les yeux hazels du garçon le regardant avec quelque chose qui lui fait un peu peur.
- Oui, c'est toi. Il sent le souffle de Steve contre ses lèvres quand il le dit et n'a pas le temps de comprendre vraiment ses mots qu'il sent de nouveau sa bouche contre la sienne.
Steve se recule encore doucement, son manque de réaction lui indiquant qu'il a besoin d'un peu plus de temps.
- Moi?!
- Oui toi, rit l'autre en le tenant proche de son corps. Wow, Steve a beaucoup de grains de beauté dans le cou, pense Eddie. Tu m'es tombé sur le coin de la gueule sans que je m'en rende compte et j'arrive même pas à mal vivre le fait que j'aime apparemment les garçons parce que je peux pas m'empêcher de me sentir mieux quand je te vois sourire, quand tu parles de tes jeux auxquels je comprend rien ou que tu écoutes ta musique qui me donne mal à la tête.
- Ça ressemble beaucoup à une confession Harrington, fait attention, marmonne Eddie parce qu'il n'arrive pas à croire un seul mot qui sort de la bouche de l'homme en face de lui.
- C'est un peu le but Munson, mets-toi à la page. La nervosité de sa voix réussit à le faire revenir à l'instant présent et il cherche un doute ou du regret dans les yeux de Steve mais n'en trouve pas.
- Alors c'est pas pour de faux? Tu fais pas semblant juste pour oublier le reste?
Steve secoue sa tête violemment, comprenant soudain d'où viennent les hésitations de Eddie et le sert de nouveau contre lui, sentant cette fois avec quelle force l'autre l'attire contre son corps.
Eddie gémi un peu quand il pose sa bouche contre la sienne, se laissant enfin mener complètement en penchant sa tête confortablement pour qu'il puisse sucer sa lèvre du bas avec les siennes et il lui répond de la même façon, perdant agréablement la notion du temps.
Ils continuent de s'embrasser assez longtemps, Eddie étant un très bon élève quand ça n'a rien à voir avec l'école et Steve se voit forcé de retirer sa langue de la bouche d'Eddie quand la montre à son poignet sonne, lui indiquant que s'il ne part pas dans la minute, il va arriver en retard au travail. Petit cadeau de Robin qui en a marre de ses retards.
Eddie le comprend aussi et grogne quand leurs bouches se séparent, essuyant seulement son menton trempé de bave avec sa manche.
- Merde, s'agite Steve en éteignant l'appareil qui bipe, lançant un regard d'excuse au garçon, n'ayant pas prévu d'être coupé par le temps le jour où il se déciderait à tenter sa chance. Je dois vraiment y aller mais on peut en parler quand je rentre?
- Si tu veux, dit Eddie qui ne sait pas trop ce qu'il reste à dire.
Steve lui lance un regard qui se veut rassurant - pas nécessaire mais franchement apprécié- et pose ses lèvres sur sa joue en prenant son temps avant de filer dans la hall d'entrée.
- Oublie pas ton repas, guignol. Eddie se sent rougir, pris par surprise par son geste doux.
Steve revient presque en courant dans la cuisine pour prendre la boîte en plastique et s'arrête de nouveau devant Eddie pour cette fois embrasser sa bouche de deux bécots consécutifs.
- Merci, je t'aime, soupire Steve comme s'il venait de lui sauver la vie.
Techniquement il vient de sauver son estomac mais se contente de le voir partir en rougissant, croisant même le regard satisfait du jeune homme quand il se retourne une dernière fois vers lui.
Oh le petit con, il sait très bien ce qu'il vient de faire, pense Eddie en se cachant sans succès derrière une mèche qui s'est libérée quand le susnommé petit con jouait avec ses cheveux quelques minutes avant.
Il lui fait un geste de la main avant de fermer la porte qu'il lui rend et reste immobile dans la maison silencieuse pendant un bon moment avant de se rendre compte qu'il commence à avoir une crampe à force de trop sourire.
Peut-être que 86 est vraiment son année au final. Il repense à leur discussion plus tôt et prend une grande inspiration dans son pull pour sentir le parfum de Steve.
Peut-être qu'il devrait essayer de retourner en cours d'ici une semaine ou deux.
FIN
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