Libre, mais seule
Installée dans un hôtel, je défis ma valise pour voir les vêtements que j'avais mis à la hâte. Je soupirai quand je me rendis compte que je n'avais pas pris beaucoup de sous-vêtements et que ma trousse de maquillage était introuvable. Des robes prenaient presque tout la place. Des tailleurs et des robes collantes.
Je soupirai une nouvelle fois et laissai mes larmes couler. Je les essuyai rageusement avant de me saisir de la feuille de divorce. Un papier qui déterminait la voie pour une nouvelle vie. Seule.
Je rangeai le papier dans la valise et essayai de dormir. Mais je restai les yeux ouverts sans trouver le sommeil. Je repensai à notre vie commune. Cette vie parfaite que nous partagions avant que cette femme ne vienne tout gâcher.
Le lendemain, je repartis vers mon travail avec une lettre de démission à la main. Je voulais partir, m'enfuir de cette ville, de ce lieu qui me rappelait trop ma vie d'avant. Ma vie que je croyais parfaite. Je travaillai comme si de rien n'était, mais mon manque de sommeil commençait à se faire ressentir vers la fin de la journée. Mon patron était même venu frapper à ma porte plusieurs fois, alors que c'était mon rôle de satisfaire ses besoins.
A la fin du travail, je toquai à sa porte et lui donnai ma lettre de démission. Il fut choqué par cette annonce. Je lui avouai que je voulais partir de cette ville, prendre un peu de vacances pour me reposer. Je le remerciai pour toutes ces années que j'avais passé à ses côtés. Il resta silencieux un long moment, en m'écoutant très sérieusement. A la fin de mon discours, il lâcha un soupir de frustration. Il savait que ma décision était prise. J'appréciai le fait qu'il ne lance pas d'arguments pour me retenir.
Quand je refermais la porte, je l'entendis jurer en passant une main dans les cheveux. Il secoua la tête en se levant. La porte se ferma, mais son attitude me laisser perplexe. Pourquoi était-il si touché par ma démission ? M'aimait-il ? Non, je ne pouvais pas retomber dans le piège de l'amour. Je préférai solidifier mon cœur avec des remparts en brique qu'aucun loup ne pourrait souffler.
Je pris toutes mes affaires au bureau et les mis dans une valise que j'avais apportée. J'embrassai mes collègues de travail qui se plaignait de n'avoir pas fait une fête de départ. Je les remerciai pour toutes ces dernières années puis sortis de l'immeuble en verre.
Je repartis à mon hôtel, et rangeai mes papiers dans l'unique valise que j'avais eu le temps de prendre. Je ne voulais pas rentrer dans cette maison. Je ne voulais pas le revoir. Mon portable était comblé d'appels manqués et de messages non lus de David. Trop curieuse, j'ouvris les messages pour voir qu'il s'inquiétait pour moi. Assise sur le lit en tailleur, je déposai le portable en face de moi et le regardai en espérant que quelqu'un me dise ce que je devais faire. Je soupirai et repris mon portable. Je composai son numéro et attendis qu'il décroche. Je torturai mes cheveux sous l'anxiété. Je ne savais pas du tout quoi lui dire. J'étais une idiote. Je voulus raccrocher, mais il décrocha à ce moment précis.
« Allô ? Alicia ? demanda-t-il. Sa voix semblait fatiguée, mais aussi pleine d'espoir.
– Oui, répondis-je en prenant un air le plus détaché possible.
– Oh seigneur ! Tu vas bien ? Où es-tu ?!
– Je suis une grande fille. Je sais me débrouiller toute seule.
– Oui, je sais, ce n'est pas ce que je voulais te dire. Je me faisais du souci pour toi, dit-il précipitamment.
– Eh bien, tu n'as pas à te faire du souci. Tu m'as juste brisée le cœur, mais ce n'est pas grave. Tu as juste couché avec cette pute chez nous, mais ce n'est pas gave. Tu m'as trompée pendant je ne sais combien de temps ! Tu m'as menti ! Tu m'as humiliée ! Tu m'as complètement brisée ! Mais c'est pas grave !
– Je suis...
– Dans deux mois, tu recevras un courrier du tribunal. On se reverra là-bas. »
Je raccrochai avant qu'il ne m'exprime un refus ou un pardon. Sous la rage, j'envoyai mon portable à l'autre bout de la pièce. Mais je regrettai mon geste dès que j'entendis le choc qu'il produisit ainsi que les différentes parties de l'appareil à terre.
Je me laissai tomber la tête contre les couvertures, et sanglotai toute ma peine. Les draps étouffèrent mes cris de détresse et essuyèrent mes larmes de tristesse. Je m'endormis sous la fatigue de mes émotions dévastatrices.
Deux mois plus tard, le juge valida notre demande de divorce à l'amiable. Heureusement, David a accepté ce jugement sans faire appel. Soulagée par la tournure des évènements, je repartis dans mon appartement que j'avais réussi à dénicher. Un logement décent et pas très cher en province. Je restai presque tous les jours cloîtré dans mon nouvel appartement. Je naviguai sur l'ordinateur sans but, je me promenai à travers la ville sans savoir ce que j'allais faire. Des journées longues et ennuyeuses.
J'étais connue comme la recluse, l'étrangère au sein du complexe où je vivais. Ça ne me dérangeait pas du moment qu'il ne me criait pas dessus. Devant la glace, je remis une mèche blonde dans mon chignon et espérai que mes yeux bouffis ne se verraient pas trop. J'avais beaucoup de mal à dormir, ce qui me valait de nombreux allers-retours chez le médecin. J'hésitai à aller voir un psychologue, mais j'avais vraiment besoin de parler à quelqu'un. Une amie, ou quelqu'un d'autre.
Le manque de contact se faisait sentir, alors je mis une robe à fleurs et partis dans le parc non loin de chez moi. Je m'installai sur un banc et regardai deux garçons jouer au ballon. Je ne voyais pas leurs parents, mais ils semblaient bien s'amuser.
Le plus grand tirait faiblement et visait les pieds du plus petit pour que celui-ci le rattrape avec facilité. Je souris à leur complicité. Cependant, je me rendis compte que j'avais posé une main sur mon ventre plat et sans vie.
Je ne savais même pas s'il était un garçon ou une fille. Et ne le serais jamais. Mes yeux piquèrent sous les souvenirs, je clignai plusieurs fois pour éviter que les larmes ne s'écoulent. Je respirai un bon coup pour me redonner du courage. Ce n'était pas la fin du monde. Je pouvais toujours enfanter. Si seulement je pouvais oublier David....
Je me levai et marchai en regardant les vitrines des magasins. Je ne comptais rien acheter, mais ça ne faisait pas de mal d'admirer les magnifiques robes. Pendant que je marchais la tête tournée, je vis un homme s'avancer devant moi. Il ne ralentit pas l'allure et ne semblait pas m'avoir vu. J'étais prête à l'éviter en marchant sur le côté, mais son visage me figea sur place.
Il ressemblait à mon ancien patron. Trait pour trait. Mais cet homme avait une barbe naissante et des cheveux non coiffés. Ses yeux bleus me scrutaient avec quelque chose qui ressemblait à de la colère. Il passa à côté de moi en jurant. Je me rendis compte que je m'étais arrêtée droit devant lui et donc que je lui gênais le passage.
Je bredouillai une excuse, mais il était déjà en train de traçer sa route. Je le regardai son dos, et me dis que je divaguais. C'était impossible de le voir comme cela en pleine rue. Il m'aurait sûrement reconnu de toute façon.
Je secouai la tête et repris la marche jusqu'à mon appartement. Je rentrai pour n'être accueillie par rien d'autre que le vide. Pas de voix, pas de personnes, pas d'enfants... Rien.
Les câlins, les sourires complices, tout commençait à me manquer. Et pourtant je devais continuer à vivre ainsi. Continuer à vivre seule. Sans un homme. C'était ma seule perspective en cet instant. Et j'espérais tenir cet engagement et ne plus jamais tomber amoureuse. L'amour est beau, mais a beaucoup trop de revers. Un tranchant qui vous brise le cœur et vous laisse meurtrie.
Chapitre un peu plus soft en émotions. J'espère qu'il vous plaira quand même ! Du coup, je compte continuer cette histoire et la faire évoluer en une histoire d'amour. Je n'ai pas de plan (comme toutes mes histoires -_-), mais elle ne fera qu'une dizaine de chapitres voire moins.
Merci de lire cette histoire et n'hésitez pas à commenter ! :3
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