7. La photo

Il n'y a pas de mot pour décrire cette situation, si ce n'est : Gênante.

- Tu mâtes.

Je souffle. Ce débat est sans fin.

- Toujours pas, réponds-je blaser.

- Ne mens pas, je sens tes yeux sur mes fesses ! S'offusque Taehyung.

Pourquoi je lui ai sauvé la vie, à lui, déjà ? Soit j'aime souffrir, soit je suis con. Genre, bien bien con. Un haut level dans la catégorie des boloss intrépides.

- Écoute moi bien Jackcouilles, lui dis-je fermement. Il est en face de moi ton cul ! Je peux rien y faire si je l'ai en plein dans le viseur OK ? Je vais quand même pas m'arracher les yeux parce que tu fais un caprice, non plus !

- Et pourquoi pas ! Pleurniche t-il.

Madre De Dios. On aura tout vu, voilà qu'il est pudique maintenant.

Ça doit bien faire une quinzaine de minutes maintenant qu'on rampe, à moitié affalés sur le sol, fuyant les flammes, couverts de sueur de la tête aux pieds et lui, il vient me péter les testicules pour une simple histoire de cul ?

C'est décidé j'vais me le faire.

- Si tu veux vraiment tout savoir Taehyung, je reprends. À force de ramper comme des limaces à même le sol, c'est davantage un tête à tête avec tes couilles que je me tape, alors si t'es gêné, un conseil : Accélère !

Et il obtempère. Tout en marmonnant un très charmant " trou du cul ", attentionné à mon égard. Mais à cet instant j'en ai vraiment rien à foutre. Et puis c'est pas pour dire, mais je trouve que cette phase à 4 pattes commence sérieusement à devenir longue !

D'ailleurs, à force de me déplacer sur les genoux j'ai fini par trouer mon pantalon. Et je saigne. Enfin, non.

Je pisse littéralement le sang !

En plus j'ai paumé ma chaussure droite. Si je n'avais que 4 questions, ce serait : Où ? Quand ? Comment ? Et est-ce que ma chaussette est partie avec ou je rêve ?

- La sortie ! Crie Taehyung.

Un jet de lumière nous aveugle.

- Enfin ! Je hurle presque en le poussant pour le faire sortir plus vite.

Quand je pose un premier pied à l'extérieur, j'ai envie de pleurer. Mais je préfère inspirer à fond, parce que j'ai retenu ma respiration si longtemps que je suis à 2 doigts de m'évanouir.

Quant à Taehyung, il s'écroule à côté de moi, en soufflant comme un boeuf. Comme si on n'avait pas suffisamment rampé pour le restant de nos jours...

Dans le couloir, les gens ne nous accordent pas un regard. Alors qu'on vient quand même de sortir de la porte d'un placard !

Je veux dire, même-moi j'aurais été surpris !

Alors soit ils sont vraiment trop paniqués pour s'en préoccuper, soit ils sont habitués.

Derrière moi, je sens un regard me brûler la nuque, à la limite de me transpercer le crâne de part et d'autre. Avant que je ne me retourne pour vérifier, je suis interrompu par le garde du corps de Taehyung.

Qui nous fonce dessus.

En courant.

J'ai besoin de changer de pantalon.

- Oh putain...

Je me décale de justesse pour échapper à l'impact. Mais j'ai quand même le droit à un bon gros coup de coude dans les côtes. Nickel, merci. Ça fait toujours plaisir...

Comme si me prendre la chaise de l'autre ver de terre tout à l'heure, ne m'avait pas suffit...

- Monsieur ! S'empresse t-il de l'appeler. Est-ce que vous allez bien ?

Terriblement drôle.

Il est à terre, en train de se vider de sa sueur, il a échappé aux flammes, emprunté un passage secret de la largeur d'un hamster anorexique sur 3 kilomètres et tu demandes s'il va bien ? Je suis presque tenté de répondre à sa place, là tu vois.

Pourtant il ne fait même pas mine de lui filer un coup de main. Il contemple juste son corps épuisé, affaler sur la moquette du couloir. Les gens de ce manoir sont définitivement très gênants.

- Euh... Je dis ça comme ça, mais.. J'sais pas, tu voudrais pas l'aider par hasard ?

Il me regarde comme si j'avais eu l'idée la plus brillante du siècle avant de le relever d'un seul bras.

Ouah. Si sa décroissance intellectuel est en lien directe avec sa musculature, ça peut expliquer pas mal de chose.

Mec, j'ai galéré à le transporter sur 10 mètres, et toi tu le soulèves à un bras ? Respecte moi un minimum je te prie.

- Je vous raccompagne à vos appartements, lui dit-il.

Je les regarde s'éloigner.

Enfin débarrassé ! Je vais pouvoir prendre mes jambes à mon cou et me casser d'ici ! À reculons, je m'éloigne petit à petit d'eux, un air coupable peint en gras sur mon front, quand tout à coup...

- Toi, m'ordonne le gorille en se retournant pour me fixer sévèrement. Suis-moi.

Nan mais sérieux ? On peut même pas fuguer tranquille 2 minutes ici, ça me saoule !

J'enfonce mes mains dans mes poches et le suis, en trainant des pieds.

Pendant qu'on marche dans le couloir, des sirènes de pompiers retentissent dans la cour. À vrai dire, je ne sais pas qui a -ENFIN- eut la brillante idée d'appeler les secours, mais c'est pas trop tôt.

Le garde du corps ouvre, pour ne pas dire qu'il enfonce à grand coup de panard, la porte de la chambre de Taehyung, pour ensuite s'empresser de l'asseoir sur le lit.

- J'appelle tout de suite une infirmière, annonce t-il en se dirigeant vers la porte.

- Pas la peine, Kai, affirme Taehyung.

Alors comme ça il s'appelle Kai... C'est fou comme cette information ne m'est absolument d'aucune utilité. Mouais.

- J'ai déjà une trousse de soin dans ma salle de bain, assures-toi plutôt que tout le monde est bien sain et sauf, et que monsieur Jung va bien.

Quoi ? Le vieux dégueu ? Mais qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire ? C'était lui sont rendez-vous de 17h30 ?

- Entendu, acquiesce Kai avant de quitter la pièce, en prenant grand soin de refermer la porte derrière lui.

Bon. Si je veux lui arracher les yeux, je pense que c'est maintenant. Je me retourne vers lui, et il en fait de même.

- Tu as entendu ? Me demande t-il. Va chercher la trousse de soin dans la salle de bain, m'ordonne t-il.

T'as de la chance que je sois pas musclé, parce que sinon je t'aurais bien enfoncé mon doigts entre les deux yeux.

- Sérieux ? Je te ferais dire que j'ai bravé la foule, les flammes et ramper au sol pour sauver ta salle petite gueule d'amour, tu pourrais au moins être un minimum reconnaissant, non ?

Il hausse un sourcil.

- Ah parce que tu veux de la reconnaissance ?

- Oui !

Il me regarde quelques instants, l'air de réfléchir avant de me sortir la plus grosse blague de tout les temps.

- Hum...Merci ? Demande t-il comme si le mot pouvait lui écorcher la gorge.

- Sérieusement ? Un simple merci ?

- Qu'est-ce que tu espérais ? Se renfrogne t-il en croisant les bras. Une embrassade ?

Plutôt mourir sur le champ, oui.

- Non, un ticket de sortie, dis-je en ouvrant grand les bras. Une putain d'autorisation, pour pouvoir enfin décamper de cet endroit, et ne plus jamais revoir ta sale gueule de con prétentieux !

Son regard est indéchiffrable. L'espace d'un instant j'ai vraiment l'impression que mes paroles l'ont blessés. Les yeux dans les yeux, je n'arrive pas à savoir à quoi il pense.

- Va chercher la trousse à pharmacie, lâche t-il après quelques secondes.

Je lève les yeux au ciel, mais obtempère. Plus vite je le lui aurai apporté, plus vite je pourrais me barrer.

Je fouille dans chacune des armoires -et Dieu sait qu'il y en a- de sa gigantesque salle de bain avant de mettre enfin la main dessus. Quand je retourne dans la chambre, Taehyung s'est allongé sur son lit. Ses paupières sont closes et sa respiration régulière.

J'ai pas pris plus de 10 minutes, mais ça lui a suffi pour taper un petit somme.

Je m'assieds sur les bords du lit, et réfléchie. Quelle est la probabilité pour qu'il y ait un gorille aux dents acérées qui m'attende de pied ferme de l'autre côté de la porte ?

Je frissonne d'épouvante en imaginant la scène. La réponse est trop évidente, je ne préfère même pas y penser.

Mon regard fait le tour de la pièce. Elle est étrangement sobre. Au vu de son bureau, où trônent des dizaines de cadres de lui, je m'attendais au moins à voir une sculpture en marbre à son effigie, une fontaine en rubis ou une connerie dans le genre. Je pose la trousse sur sa commode, juste à côté d'un cadre photo.

La seule décoration de la pièce.

Curiosité oblige, j'y jette un coup d'oeil. Le cliché est celui de deux enfants en tenues de soirée qui se tiennent par la main en souriant. Je reconnais tout de suite le petit garçon de droite. Il ne doit pas avoir plus de 10 ans, mais son sourire est exactement le même : atrocement supérieur et imbu de lui-même.

- C'est dingue comme t'as pas changé...

Par contre, le garçon de gauche, j'hésite. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part, mais je ne sais plus où.

Alors que je vais pour reposer le cadre photo, je sens qu'on m'agrippe la manche et me tire jusqu'à me renverser sur le matelas. Fort confortable, soit dit entre nous.

- Toi, grogne Taehyung en se frottant les yeux. Je peux savoir ce que tu fous au juste ?

Il se place à califourchon au dessus de moi, ses jambes de part et d'autre de mon bassin. C'est une prise de catch ?

- C'est bizarre, j'allais justement te poser la même question !

Je tente de m'extirper de sa prise.

L'épisode du bureau me revient à l'esprit. Je ne peux pas m'empêcher de rougir en y repensant. Dîtes moi que ça ne va pas recommencer quand même ?

Il me regarde me gesticuler sous lui.

- Tu peux vraiment pas rester en place, toi, souffle t-il en passant une main dans ses cheveux.

- Lâche-moi...

- Ça va, détend toi, c'est pas comme si j'allais te manger tu sais.

J'entrevois l'éclair d'une très mauvaise idée passer dans ses yeux. Putain que j'aime pas ça.

- Quoique... Reprend t-il en faisant glisser ses doigts sur ma chemise tremper de sueur. On pourrait peut-être reprendre là où on s'est arrêté tout à l'heure si tu veux.


Donc le gars est pudique quand ça l'arrange en somme.

Il se penche dangereusement vers moi. D'ici, je peux voir que le sang sur son front est en train de sécher et commence lentement à s'écailler. Il commence à s'attaquer aux boutons de ma chemise, mais je le bouscule.

- Non merci, ça ira, dis-je en le maintenant à distance.

Il hausse un sourcil.

- Ça avait pourtant l'air de te plaire tout à l'heure, je me trompe ?

- Absolument, j'affirme.

- Je ne te crois pas, me rétorque t-il.

- Pourtant tu devrais.

Putain mais c'est quoi cette conversation de sourd, là ?

Il s'approche à nouveau, mais je continue de le repousser.

- Pourquoi est-ce que tu résistes à ce point ? Je ne suis pas à ton goût ?

Je ne réponds pas à sa provocation et me redresse. Son bassin est assis sur le mien.

- À moins que tu ne préfères être au-dessus ?

Pour accompagner ses mots, il m'attrape par la cravate et me bascule en arrière avec lui, me laissant le surplomber. En dessous de moi, il sourit lorsqu'il fait glisser ses doigts sur mon vêtement, et s'arrête à hauteur de mes tétons.

Oh non, pas encore...

Il me caresse tout autour sans jamais les toucher, comme pour se jouer de moi. Je l'observe faire. Ses mouvements sont étrangement lents et sensuels et j'en viens presque à oublier la situation dans laquelle on se trouve.

- Tu dis que ça ne te plaît pas, mais pourtant tu pointes.

Je manque de m'étouffer.

Plait t-il ? Je quoi ? J'ai peur de ne pas avoir bien entendu...

Pourtant, quand il finit enfin par dépasser la limite pour venir effleurer du bout des doigts ma surface de chair, je sens comme un frisson me parcourir la colonne.

- Que-?!

- Alors ? Me provoque Taehyung.

J'avale difficilement ma salive et inspire un grand coup. Bon ça va ! Je suis sensible des tétons et des gratouilles, on va pas en faire toute une histoire non plus !

- Toujours rien, je lâche. Et puis ça suffit maintenant.

Je m'empresse de quitter le lit et de remettre ma cravate en ordre. Sur le matelas, Taehyung fait la moue. Il boude.

- T'es pas drôle... Se plaint-il.

Il s'affale sur les draps et souffle.


- On pourrait passer du bon temps ensemble, mais tu fuis.

- Je laisse tout le loisir de s'occuper de toi, à ton garde du corps, je dis en terminant d'arranger ma cravate.

Tout d'un coup, Taehyung se relève d'un bond du lit. Tout sourire. Il s'approche lentement de moi et prends mon visage en coupe entre ses mains.

- Alors c'est bon, si tu deviens mon garde du corps ?

Bordel, mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

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