6. L'attentat

J'ai envie de rire, mais surtout de le cogner.

Parce que j'ai pas rêvé ? Ce gars a vraiment fait semblant d'être bourré pour me tripoter ? Putain, nan mais j'y crois pas ! Bordel, mais c'est quoi son problème à lui ? Je pensais pas avoir à rajouter "prédateur sexuel" à la longue liste de ses défauts...

En tout cas super ! Emploi d'esclave, patron pervers... Papa, maman, merci beaucoup. On peut vraiment dire que vous avez trouvé la perle rare avec ce job à la con.

- Pour qui il se prend cet espèce d'enfoiré ?!

De rage, je shoote dans la chaise de bureau de Taehyung qui part à la renverse et s'écroule par terre. Tout à coup, le sol se met à trembler dans un bruit fracassant.

Option numéro 1 : J'ai pris un peu de muscle.

Option numéro 2 : Ce tremblement n'a absolument rien à voir avec moi.

Mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus amplement, que je m'étale de tout mon long et évite, de justesse, de me prendre le coin du bureau en pleine gueule.

Malheureusement, je n'ai pas autant de chance avec la chaise, que je me prends en plein dans les côtes.

Joie et coton-tige. Merci le karma : Je m'en souviendrais...

- Bordel mais on peut pas avoir la paix 2 minutes ici ? Dis-je en me redressant sur mes coudes.

Alors que je recompte mes côtes pour vérifier que tout va bien de ce côté là, des cries s'échappent du couloir. Je me relève sans perdre de temps, ramasse ma volonté et sors en courant du bureau.

De l'autre côté, c'est la panique. Les domestiques s'affolent et courent dans tous les sens, en hurlant, tandis que de la fumée s'échappe de la cage d'escalier.

- Une explosion ! Il y a eu une explosion ! Hurle une femme de chambre.

- Vite ! Il faut calmer l'incendie avant qu'il ne se propage ! En hurle une autre.

J'observe la scène, les sourcils froncés, un peu déboussolé.

- Mais qu'est-ce qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Me demandé-je.

Je reste quelques instants immobile, à me faire bousculer par les va et vient incessant des gens. Aucun respect je vous jure.

- Monsieur Kim ? Hurle une voix grave. Est-ce que quelqu'un a vu monsieur Kim ?

Le garde du corps de l'autre pervers.

Quand son regard croise le mien, il accoure dans ma direction et je suis tenté de faire pareil.

Mais dans l'autre sens.

- Toi ! M'hurle t-il dessus en me pointant du doigt. Est-ce que tu sais où est Monsieur Kim ?

Il m'attrape par les épaules, manque de me péter la clavicule, avant de me secouer d'avant en arrière, tout en me posant mille et une questions à la fois. Le gars est complètement paniqué, et je suis à deux doigts de lui gerber dessus.

Bref, on n'est pas sorti de l'auberge.

Quand je commence à sentir la bile me monter à la gorge, à force de me faire brinquebaler dans tous les sens, je me dégage une bonne fois pour toute de sa prise.

- Putain mais comment t'as pu perdre ton patron, alors que tu le stalk, jusqu'à aller aux chiottes avec lui, bordel de merde ?

Les larmes aux yeux, il se met à chouiner des excuses plus boiteuses les unes que les autres.

- Mais arrête ! Te met pas à chialer, toi ! C'est pas ça qui va faire avancer la situation, lui dis-je en le secouant à mon tour.

De la morve commence à couler de son nez, et là, s'en est trop. Très peu pour moi les fluides corporels.

- Bon, dis-moi où tu l'as vu pour la dernière fois ? Lui demandé-je.

Plutôt qu'une réponse articulée, j'ai droit à un regard de chien victime de harcèlement scolaire et d'un doigt tremblotant en direction de la cage d'escalier. D'où il émane, je le rappelle, de la PUTAIN de fumée.

Hum... J'suis pas convaincu de ouf.

- Et alors ? Qu'est-ce que t'attends pour aller le chercher au juste ? Un carton d'invitation, genre "Au secours, je brûle, ce serait gentil de venir m'chercher" ?

Comme seule répartie, les torrents sur ses joues triplent de volumes et il se recroqueville sur lui-même.

Il fait donc lui aussi partie de la famille des cloportes... Nickel.

Je souffle. Visiblement il faut tout faire soi-même ici.

- Non mais c'te poisse je vous jure !

Sans perdre plus de temps, je plonge dans le bain de foule et tente de me frayer un chemin jusqu'à l'étage inférieur. Je lutte contre les corps qui se précipitent tous, dans le sens inverse. Évidemment...

- Poussez-vous ! Laissez-moi passer, faut que j'aille chercher l'autre con, je hurle dans le brouhaha.

Mon charisme naturel et mon autorité innée, ne jouent pas en ma faveur, car ils continuent de me bousculer comme si je n'existais même pas.

Littéralement, je me sens aussi insignifiant qu'une côté de porc en promotion, un mois de ramadan.

Dieu que la vie m'en veut.

En descendant les marches de l'escalier, je n'y vois absolument rien. La fumée est si dense que je ne discerne même pas ce qui se trouve à plus d'un mètre de moi.

Dans la précipitation, je heurte quelqu'un. Chamboulé, je me retourne en espérant voir la tronche de l'autre con.

- Taehyung, c'est toi ? Demandé-je en plissant les yeux.

Au travers de la fumée, je distingue vaguement ce qui ressemble à une chevelure verte. Le reste de son visage est camouflé par le pan de sa veste. Définitivement, ce n'est pas lui.

Il se retourne et part en courant, tandis que je poursuis ma descente aux enfers, me camouflant le nez et la bouche avec ma veste, pour respirer le moins possible les toxines de la fumée.

Au fur et à mesure de ma progression, la température augmente, et mes auréoles aussi.

Quand j'arrive à l'étage inférieur, j'imagine vaguement ce que pourrait ressentir un poulet en train de rôtir s'il était encore vivant. Et très franchement c'est pas dingue comme sensation...

Je parcours plusieurs couloirs en courant, mais tous sont inoccupés. Le feu a déjà pris possession de la plupart des pièces.

Le craquement strident du bois en train de s'affaisser me fait tourner la tête. Derrière moi, une poutre enflammée vient de s'effondrer, obstruant le passage.

J'ai rarement vu moins encourageant comme situation.

- Taehyung ! Taehyung ! Je crie au travers du crépitement des flammes.

Aucune réponse. Je réessaie.

- WOOOH !! S'pèce de sac à merde ambulant, tu vas la ramener ta gueule ouais !

Toujours pas de réponse.

Je tousse de plus en plus. La fumée des flammes me monte à la tête et je commence à avoir des vertiges.

- Taehyung ! Je hurle en ouvrant à la volée une rangée de porte.

Et c'est là que je le vois. Allongé par terre, la tête recouverte de sang. Je me précipite à ses côtés et cogne dans des morceaux de céramiques, éparpillés tout autour de lui.

- Taehyung ! Hey mec, réveilles-toi, le secoué-je. C'est pas le moment de roupiller, il faut qu'on se barre d'ici en vitesse.

Il n'ouvre pas les yeux.

Bon bah, il me semble que c'est le moment idéal pour paniquer.

- Taehyung ! L'appelé-je en le secouant plus fort.

Putain... Si ça se trouve il est déjà mort et je suis descendu pour rien ! La loose...

- Hum... Gigote t-il en balayant mes mains. Encore 5 minutes papy, je suis fatigué... Geint-il avant de se retourner, comme s'il était dans un lit.

Plaît-il ?

Je lui assène 2 grosses claques sur chacune des joues. Je veux bien rire, mais faut pas déconner. Il se redresse en sursaut, me gratifiant d'un regard noir.

Et franchement si j'avais 2 minutes de ma vie à perdre, je l'aurai provoqué en duel, mais quel dommage, là, on a pas vraiment le temps.

- Que- ?! Non mais qu'est-ce qui te prend à toi ? Dit-il en se frottant les joues.

Certainement les premières claques qu'il reçoit de sa vie. Amen.

- J'allais te poser la même question ! Je peux savoir ce que tu fous à pioncer en plein milieu d'une pièce en feu ?

Il fronce les sourcils avant de jeter un coup d'oeil à ce qui nous entoure. Son expression est... léthargique.

- Hum...Taehyung ?

J'agite ma main devant ses yeux et visiblement ça semble rebrancher quelque chose dans son cerveau, car il finit enfin par se redresser sur ses jambes.

- Est-ce que tu sais si les flammes ont pris d'assaut tout l'étage ? Me demande t-il avec un air ultra sérieux.

- Euh... J'ai jamais accroché avec les haricots rouges ? Je lui réponds.

Il reste muet un pendant quelques secondes. Et lorsqu'il me dévisage, ses yeux expriment tout le désespoir du monde.

- Mais à quoi tu sers au juste ?

À sauver ton petit cul de bouffon prétentieux, principalement. Sinon, à temps partiel je fais aussi des crêpes.

- Bon, essaie t-il de reprendre sérieusement. Si le feu ne s'est pas propagé à travers l'étage tout entier, on a encore une chance de pouvoir s'en sortir, me dit-il avec un sourire en coin.

Youpi. C'est tellement pas rassurant.

- Euh... t'es sûr de ton coup ? Tu sais, t'as l'air d'avoir pris un sacré coup sur la tête et puis...

Il n'y a pas de fin à cette phrase.

Il se tâte le front à l'endroit recouvert de sang et en imbibe sa main avant de l'apporter ses yeux. Il grimace. Apparemment c'est seulement de dégoût. Soit ça, soit il a une sacrée détente à la douleur.

Il secoue la tête en éloignant sa main de son visage.

- Peu importe, on va s'en sortir, je contrôle la situation, me dit-il en brandissant fièrement son pouce en l'air.

- Je te jure, et c'est solennel crois-moi, que si tu brandis, ne serait-ce qu'une fois, je dis bien "une seule fois", ton putain de pouce en l'air, je te l'enfonce tellement loin dans le cul qu'il ira faire la bise à ta rate, c'est bien compris ?

- Ce que tu peux être vulgaire... Peste Taehyung en se retournant vers le mur à sa gauche.

Il se met alors à tâter un à un, les livres et manuels de la bibliothèque. Une pose lecture ? Bon bah on va mourir.

- Tu fais quoi au juste, là ?

- Je cherche une issue, me répond-il comme si c'était évident.

Alors comment dire... Non ?

Et pourtant il a l'air sérieux. Il s'attend vraiment à ouvrir un passage secret, en farfouillant entre les rayons "Légumes BIO" et "Libérés conditionnels" de son étagère ? J'ai presque envie de pleurer, ce gars me fait de la peine. Et il croit encore au père Noël je présume...

- Tu sais, y a aucune chance que tu trouves un-

Il abaisse un nouveau livre, qui cette fois-ci, produit un bruit mécanique. La bibliothèque tout entière se met à bouger.

- Mais quel fils de..., dis-je.

Taehyung me regarde tout sourire pendant qu'une porte est en train de se former derrière la bibliothèque. Bon. Pas haute la porte, à peine un mètre, mais indéniablement : c'est une porte.

J'hésite entre rire, pleurer, le cogner, manger des frosties ou faire ma liste au père Noël. Dilemme.

Taehyung ne perd pas de temps pour s'accroupir et s'engouffrer dans le passage.

- Les hommes riches d'abord, dit-il sans se retourner.

- Ça m'aurait étonné...

Je ne perds pas mon temps moi non plus et m'engage à sa suite. Je referme la porte derrière moi, me retourne et me prend le cul de Taehyung en pleine face.

Je sens que le trajet va être long.

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