2. Le kidnapping

- T'es pas resté plus de 5 minutes dans la même pièce que lui sérieux ! J'suis sûre t'aurais tenu 2 minutes de plus, rien que 2 petites minutes, et c'est lui qui mettait fin au rendez-vous... Se lamente encore Xiumin.

- ... 2 minutes tu dis ? J'ai au moins une quinzaine d'arguments à te fournir et manque de bol, ils le conduisent tous à l'hôpital le plus proche en moins de temps que ça. 

Il s'accoude à la rambarde du toit et croque avec férocité dans son sandwich jambon beurre. Son air contrarié est à la fois pas convaincant et légèrement inquiétant. J'ose pas trop lui demander pour son père, j'ai peur des problèmes que mon comportement d'hier a bien pu lui causer au boulot. Si ça se trouve il s'est même peut-être fait virer à cause de moi...

- Ahhh... soupire t-il finalement en trouvant la force de traîner son corps jusqu'au banc où Kang et Suho nous ont rejoint pour la pause déjeuné.

Les gars discutent entre eux de la soirée que j'ai raté la vieille, pendant que j'offre à Xiumin, son dessert préféré, pour me faire pardonner de mon échec. Je pense qu'on rappelle pas assez aux gens que de nous deux, c'est quand même moi qui me suis travesti en meuf pour lui sauver le cul à cet idiot. Ou du moins "essayer" de lui sauver le cul, parce que le résultat était pas ouf, je l'accorde.

- T'aurais pu te mettre à chialer ou une autre connerie dans le genre, ça aurait mis fin au rendez-vous...

- J'ai une gueule à chialer sur commande, franchement ?

Il croque une nouvelle fois dans son sandwich et me détaille avec des yeux plus vides que jamais.

- Faut dire que t'as pas une gueule à faire grand chose en règle général...

Je lui file une tape sur l'arrière du crâne et il se recroqueville sur lui même, formant une parfaite carapace pour pallier mes attaques. Un véritable petit cloporte ce gars.

- Peu importe ce que tu diras, j'ai gain de cause dans cette affaire de toute façon. J'te rappelle que j'me suis habillé en fille, et j'suis pas prêt de l'oublier, crois-moi !

Derrière nous, Kang éclate de rire.

- Qu'est-ce que t'as encore fait Kook ? Demande t-il en engloutissant le dernier morceau de son sandwich.

Il se rapproche de Xiumin et moi pour mieux participer à la conversation.

- Pas ma faute, dis-je en avalant une gorgée d'eau pour tasser mon repas.

Xiumin toussote, comme pour me contredire. 

- Les insectes n'ont pas droit à la parole, dis-je.

Après tout, ce n'est vraiment pas ma faute. Ce gars aurait été courtois, l'entrevue sée serait sûrement fini normalement.

- Je suis beaucoup trop curieux, il faut que tu nous racontes tout ! Insiste Kang, ce qui aiguise la curiosité de Suho, qui se rapproche pour pouvoir écouter notre mésaventure.

Alors que je m'apprête à tout leur raconter, un attroupement de jeune fille qui braillent à la rambarde me stoppe dans mon explication. C'est vrai qu'en plus de chialer tout le temps, ça gueule aussi pas mal... 

Mais ce n'est pas le plus préoccupant dans cette histoire, car de base, il n'y a aucune animation dans ce bahut de malheur -à part la fois où c'était hamburger et frites à la cantine, là d'accord y a eut émeute-, alors qu'est-ce qui peut bien les mettre dans cet état là ?

C'est Kang, le plus curieux d'entre nous, qui file à travers la masse d'étudiantes en transes pour aller voir ce qui se trame. À peine à t-il disparu dans la foule, que celle-ci se met à remuer davantage.

Mouais. Autant se jeter dans une mer super agitée à dix mètres de rocher, en somme. Alors que je falsifie le testament de mon ami, certain de ne plus le revoir de si tôt, une voix dédaigneuse et fière au possible résonne dans la cour.

Non. Impossible. Cette voix, ne me dit pas que...

- JEOOON JUNGKOOOOK ! Sors immédiatement de ta cachette, les mains en l'air et il ne te sera fait aucun mal.

Putain j'y crois pas...

Quelques secondes plus tard, Kang s'extirpe de l'agitation, un peu sonné par les gens qui le bousculent sans ménagement et se précipite vers moi. 

C'était du rapide, j'ai même pas encore eu le temps de me léguer sa play.

- Je sais pas qui c'est, mais y'a un gars en bas, devant une voiture de luxe, qui hurle dans un mégaphone..., dit-il légèrement essoufflé. Et apparemment il te cherche. Mais qu'est-ce que t'as encore fait, mec ? 

- Tu crois que ça a un rapport avec hier ? S'inquiète Xiumin.

Bah j'sais pas, à ton avis ? Étant donné que j'ai pas braqué de banque depuis, j'ai comme envie de te répondre... PROBABLEMENT !

Au même moment, le téléphone du cloporte vibre, un message de son père.

- Euh... Kook, j'crois que ça va pas te plaire... Préviens Xiumin en relisant le texto qu'il vient de recevoir.

Je sais pas trop pourquoi, je m'en doutais un peu.

- JUNGKOOK, MONTRE-TOI ! J'ai pas toute la journée ! Continue d'hurler l'autre crétin.

- Mon père vient de m'envoyer un texto, et apparemment, ce gars a une dent contre toi.

Visiblement, il a pas juste une simple dent, mais plutôt le dentier complet.

- Sans rire ? Tu m'apprends vraiment quelque chose ! D'ailleurs, heureusement que tu me le dis avant qu'il ne se ramène vénère au bahut pour me foutre la honte, c'est vraiment trop gentil de ta part, lui réponds-je avec sarcasme.

Les gens autour de nous commencent à nous dévisager et c'est presque une haie d'honneur qu'ils érigent en mon nom jusqu'à la rambarde. Bien que l'expression couloir de la mort soit légèrement plus appropriée à ce niveau.

Je m'approche du bord, méfiant. Et effectivement ce type est bien en bas, continuant sans cesse d'hurler dans son mégaphone à la noix pour que je descende le rejoindre. Et comme s'il avait senti que je l'observais, il lève les yeux dans ma direction, nos regards se croisent et je vois un sourire diabolique se dessiner sur son visage à des kilomètres.

- Je t'ai enfin trouvé petit cachotier... murmure t-il dans son mégaphone. 

Mais lâche ton mégaphone mec ! Lâche-le ! Il vivra très bien sans toi, tu peux me croire !

Je le vois claquer des doigts au loin et quelques secondes plus tard,  six hommes baraqués, en costard-cravate, débarquent sur le toit pour nous encercler.

- Jeon Jungkook, suivez-nous s'il vous plaît, m'ordonne l'un des sbires de l'autre richous.

Les gars restent polis, j'apprécie.

- Alors je sais pas pourquoi, mais j'suis pas chaud, chaud... Mais vous pouvez toujours revenir plus tard, pour en parler autour d'un thé camomille si vous voulez !

Visiblement pas un brin amusé par ma blague, ils s'avancent dangereusement vers moi, les manches relevées et leurs regards dignes de tueurs en série.

- Bon, j'aurais au moins essayé...

Sans plus attendre, je file en vitesse, esquivant les deux premiers gorilles qui me bloquaient la route jusqu'à la porte de sortie. Les trois suivants sont plus coriaces, mais aussi plus grands, alors je profite de ma petite taille pour leur passer entre les jambes, les surprenants autant que je me surprends.

Trop fière de moi, je m'avance dans les escaliers, pensant avoir évité tous les obstacles à ma fuite. Quand j'arrive devant la porte du couloir, des bras robustes me soulèvent du sol et m'emprisonnent.

La lévitation n'étant pas dans la liste des nombreuses choses que je pratique au quotidien, j'en déduis donc, que j'ai oublié qu'il y en avait un sixième. Bordel...

Je m'agite comme une anguille pour essayer de me libérer, mais sans succès. Ce mec a sans aucun doute passé plus d'heures à la salle de muscu, que moi devant la console, il déconne pas.

- Mais lâche moi bordel !

Je me remue dans tous les sens, le rouant de coups, ce qui ne semble pas l'émouvoir plus que ça. Je dois littéralement lui faire l'effet de petites pichenettes à ce gars. La porte que je n'ai pas réussi à franchir s'ouvre sur un Taehyung, accompagné d'une vingtaine d'hommes de main en plus de ceux déjà présent sur le toit. 

OK. Je n'aurais de toute façon, pas pu aller bien loin.

- On peut dire que tu nous auras donné du fil à retorde, toi, dit-il en applaudissant par la même occasion son ego.

Vraiment ? Cette expression n'a pas déjà été reniée du dictionnaire ? Improbable.

Il approche sa main de mon visage. Trop près. Je tente de le mordre, mais il réussit à m'éviter à la dernière seconde.

- Hum ! Tu n'as pas changé, lâche t-il dans un soupir.

Quoi ? Depuis hier, il veut dire ? Mais il est encore plus con que ce que je pensais ce gars ou bien ? Je m'appelle pas Martin Matin, je change pas de gueules tous les jours !

- Qu'est-ce que tu m'veux encore ? Demandé-je alors que le gars derrière moi ressert sa poigne autour de mes épaules, comme pour me faire comprendre que je dois surveiller mon langage.

Non mais y'a pas des professeurs, ou même des élèves susceptibles de passer dans le coin pour venir me filer un coup de main ? Je tourne légèrement la tête en direction de la porte de sortie du toit, qui contre toute attente est gardée par un autre de ses gars. 

Ah.

- Personne ne viendra t'aider, j'ai soudoyé le proviseur et les profs et bizarrement, ça n'a pas été trop dur de les convaincre.

Mais quelle bande de faux-cul ! J'pense qu'il y a moyen de porter plainte pour "non-assistance à personne en danger" ou quelque chose comme ça, non ?

- Et tes parents aussi d'ailleurs, ils n'ont pas été trop durs à convaincre, rajoute t-il en haussant les épaules, comme si c'était juste un détail parmi tant d'autres.

- Attends, quoi ? Qu'est-ce que viennent foutre mes parents dans cette histoire ?

- Tu vas vite comprendre, me sourit-il. Emmenez-le, ordonne t-il à ses gars en ouvrant la marche.

- QUOI ?!

Comme des automates, ils lui obéissent et me traînent hors du bahut par, plus ou moins, la peau du cul. Il me jette sur la banquette arrière de la voiture de luxe de tout à l'heure, avant de m'attacher. Le fameux Taehyung s'installe à mes côtés, comme si la situation était tout à fait normale.

 Après, il a peut-être l'habitude d'enlever des gens, je sais pas, mais il me paraît quand même bien calme. Et perso, je jugerais pas cette lubie relativement chelou, si cette fois, c'était pas moi qu'on était en train de kidnapper, putain !

- Mais attend, j'ai pas signé pour ça moi ? Et puis vous m'emmenez où exactement ? T'es au courant qu'on appelle ça du kidnapping c'que t'es en train de faire !?

- On t'as jamais dit que tu parlais beaucoup trop ?

- Quoi ? Mais je-

- Shhht ! M'interrompt-il pour ensuite détourner les yeux et regarder par la fenêtre.

Dès que je me retrouve seul avec ce gars, je le bute. Et ça prendra moins de 2 minutes, c'est certain.

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