Chapitre 7 : Une atmosphère aux morsures de glace...
-Ne fais pas cette tête, Wyatt...
-Comment voudrais-tu que je réagisse ? –Marmonna-t-il en la suivant docilement.
-Souris et tais-toi : tu t'y habitueras.
Longeant les rayons du magasin vestimentaire où Tyna s'était arrêtée (et Wyatt, contraint de la suivre), le jeune homme tentait de garder la tête haute : une femme lui payait des vêtements.
Ce n'était pas la mer à boire...si ?
Sauf que ce n'était ni sa femme, ni son devoir de le faire.
Ne voulant pas s'attirer les foudres de son amie féministe, Wyatt préférait se taire.
-Regarde ce manteau ! -S'exclama-elle d'un ton enjoué.
Le vêtement en question était de couleur beige, assez simple à l'exception d'une fourrure soyeuse qui recouvrait sa capuche.
-Qu'est ce que tu en penses ?
-Il est...beau.
-C'est tout ce que tu trouves à dire ?
-As-tu regardé le prix, Tyna ?
-Oh...Quarante-cinq euros. Tout va bien, Wyatt, ce n'est pas excessif.
Quarante-cinq euros ?
Lui qui gardait précieusement chaque centime en remerciant le ciel que ceux-ci lui soient offerts, ne put s'empêcher de se renfrogner.
Cette somme lui semblait faramineuse, aussi excessive qu'intouchable...
Débourser cet argent pour un inconnu ? Était-il tombé sur une espèce de Mère Theresa ?
-Wyatt ? Regarde-moi. Je peux me le permettre, je te le promets. Allez, range-moi cet air triste et viens m'aider à te choisir des pulls...!
Des pulls ?
Depuis combien de temps n'avait-il pas mis un pullover ?
-Tu viens ?
Wyatt la suivit, jetant parfois un léger coup d'œil derrière lui : les personnes étaient toutes trop occupées pour lui prêter attention.
-Dis-moi ce que tu préfères : bleu, jaune, à pois ?
Le jeune homme clignait des yeux, déboussolé.
-Hmm...Bleu ?
-Parfait, on avance ! -Fit-elle en décrochant un pull bleu royal du cintre. XS,
XL ? Quelle taille fais-tu au juste ? Quelle idiote ! J'ai oublié de te demander ta taille alors que je souhaite t'acheter des vêtements ! Idiote, idiote...
Amusé, le jeune sans-abri lui répondit :
-Je fais un mètre quatre-vingt-cinq.
Les yeux de Tyna s'agrandirent.
-Oh la vache ! Oublie le XS mon grand...
Ils passèrent plus de deux heures à sillonner le magasin, le petit gabarit de Tyna disparaissant devant une montagne de vêtements.
Même si Wyatt lui avait proposé son aide, la demoiselle n'en démordait pas : une femme moderne n'avait pas besoin d'un homme pour porter ses affaires.
Au total, c'était plus d'une vingtaine d'affaires différentes qui pendaient aux bras de la jeune femme : chaussettes, sous-vêtements, T-Shirt, gilet, pulls, pantalon...
Le bruit de la caisse résonnait encore dans les oreilles de Wyatt.
-Votre tiket, Madame.
-Merci, excellente journée à vous ! -S'exclama Tyna en essayant de soulever ses quatre sacs.
Levant les yeux au ciel, le jeune homme les prit d'une poigne de fer, suivant le sifflement joyeux de la jeune femme.
Arrivée à bon port, Tyna ne put s'empêcher de jeter un bref coup d'œil sur le pauvre sans-abri perturbé.
Une fois à la caisse, la jeune femme avait pu percevoir sa gène et l'ombre d'un regard morne que le reflet des touches lui renvoyait.
Bien décidée à lui faire retrouver le goût de vivre, Tyna échafauda un plan dans un coin de son esprit
Le sourire aux bords des lèvres, elle sut qu'elle serait sa mission : lui apporter tout ce dont la vie l'avait privé.
Assis, le dos droit comme un piquet, Wyatt attendait que le sommeil le gagne.
En vain.
Les vestiges d'un passé sombre et destructeur ne lui laissaient aucune chance.
Soucieuse, Tyna s'était assurée qu'il ne manquait de rien : le frigo était plein, la TV allumée, une couverture à ses pieds...
Sauf que rien ne marchait.
Craignant de fermer les yeux, Wyatt regardait un point non existant au delà du mur, soufflant doucement.
Ce silence était déconcertant : pas de crissement de pneus, de voix trop bavardes, de chuchotement d'enfant, de cri de femme perdue, de sirène de police, d'ivrogne aux poings acérés, d'insultes à la volée...
Juste la voix basse et rauque d'un présentateur télévisé.
Wyatt observait parfois ce visage devant les boutiques multimédia, rêvant d'avoir un endroit pour occuper ses journées solitaires...
Maintenant que le moment se présentait, il n'osait bouger, ses mains sagement posées sur les genoux.
Les minutes passèrent ainsi, sans que le jeune homme ne daigne changer la situation.
Tendu, Wyatt se remémora le visage de la seule personne pour qui tout ça valait la peine : Ailìs.
Un tendre sourire fleurissait sur ses lèvres : qu'était-elle devenue ? Était-elle la même femme pétillante et extravertie dont il avait le souvenir ?
Son ange au regard kaléidoscopique.
Cette nuit-là et jusqu'à ce que les roses s'inclinent devant la beauté du soleil levé, Wyatt revit ces moments de pur bonheur à une époque alors si prometteuse que le revers n'aurait jamais dû exister.
Une époque si belle que Wyatt sut que rien ne l'égalerait.
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Me revoici avec un Wyatt tristounet, le pauvre...
Qui est donc cet "ange au regard kaléidoscopique" ?
(Petite question qui me trottine dans la tête....Trouvez-vous dérangeant mes textes ? Je prends par exemple ma nouvelle sur l'homosexualité, la violence envers les enfants etc...
Si oui, qu'est-ce qui vous fait continuer ?
J'espère de donner une prise de conscience et je voulais savoir si ce genre de chose vous arrives en me lisant.)
Dite moi ce que vous en avez pensés :)
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