- La police a appelé... -Commença Tyna d'une voix hésitante.

Wyatt fut aussitôt sur ses gardes.
- Quoi ?

- Jackson a été libéré, la plainte n'a pas été concluante.

Le jeune homme se figea, les poings serrés.
- Comment....?

- La menace n'était pas assez explicite.

Les incapables..., songea Wyatt en se pinçant l'arrête du nez, un geste récurant lorsqu'il était énervé.
- Que...?

- Ce que je compte faire ? Rien, comme toujours. Jackson a toujours réussi à avoir ce qu'il voulait.

- Depuis combien de temps levait-il la main sur toi ?

Les épaules de Tyna s'affaissèrent.
- C'est si évident ? –Soupira-t-elle d'une voix éteinte.

- Je suis un bon observateur.

Un silence de plomb brisa le mur impénétrable qui les séparait, faisant tomber toutes les barrières d'un coup habile et audacieux.

- C'est un sujet dont je n'aime pas parler. - Répondit la jeune femme d'un ton brusque.

- Je ne te force en rien. Je suppose seulement que tu n'en as jamais parlé à personne. Peut être qu'extérioriser tout ça te ferait du bien.

- Lucas est courant... Des grandes lignes en tout cas.

Wyatt haussa les épaules, s'essayant à ses côtés.
- Mon offre tient toujours, tu te rappelles ? Je suis tout ouïe.

Tyna sembla indécise : prendra-elle le risque d'avouer à Wyatt sa plus grande erreur ? Elle prit sa décision et songea finalement que cela valait la peine d'être dit.

- J'ai commencée à fréquenter Jackson au lycée. A l'époque, c'était quelqu'un de bien. Le seul problème était qu'il était possessif. Bien vite, cette obsession de me tenir à l'écart des autres s'est soldée en une paranoïa incontrôlable. Jackson devenait violent, jaloux et excessif. Je ne pouvais plus rien faire sans sa permission, tout devait passer par lui. Mon entourage s'est détourné de moi et je me suis renfermée sur moi-même. Je pensais que c'était de l'amour, qu'il avait besoin de me sentir en sécurité. (Elle se mit à rire) Mon dieu, je n'étais pas au courant de ce qu'il trafiquait : je ne savais pas qu'il était à la tête d'un des plus grands trafics de la ville.

"- Jackson ? Jackson ?
La voix de Tyna résonna dans l'appartement.
Où était-il ?

Des chuchotements se firent entendre à l'étage.
Le sourire aux lèvres, Tyna montait silencieusement les escaliers, pensant lui faire une surprise.

- Ecoute Damien, je sais que la commande devait arriver il y a deux jours, mais j'ai eu un petit problème de contretemps. Je te promets qu'elle arrivera aujourd'hui. Ma cocaïne est la meilleure du marché et tu le sais. Cette erreur ne se reproduira plus. -Fit la voix de Jackson de l'autre côté de la porte.

Ma main se figea sur la poignée.
Jackson à la tête d'un trafic ?
C'était surement faux mais comment nier ses paroles ?
L'homme qui partageait sa vie venait de la trahir.

Fuir.... Elle devait fuir au plus vite."

- J'ai préféré me taire. Mon dieu, j'aurais dû le dénoncer dès que les preuves étaient suffisantes, mais j'avais peur. Je ne savais pas de quoi il était capable : j'ai attendu six mois avant de fuir. Les coups étaient devenus trop durs à supporter : je veux dire qu'avant, ses coups avaient un semblant de sens. Maintenant, je savais que c'était pour une toute autre raison. Je savais que c'était son seul moyen de me tenir à l'écart de ses magouilles et de me faire taire. J'ai trouvé refuge chez Lucas et je pensais cette histoire bouclée... J'étais vraiment stupide. La reine des cruches.

- Ne te dénigre pas, Tyna. -Lui reprocha Wyatt, les traits durs. Tu ne pouvais pas savoir.

- J'aurais dû, pourtant.

Wyatt posa sa tête contre l'épaule de Tyna, frictionnant son épaule avec douceur.
- Non, tu n'as rien à te reprocher.

- Je savais qu'il était différent et tu sais quoi ? C'est ce qui m'avait tout de suite plu chez lui...

- As-tu prévenu ton frère ? Il doit pouvoir faire quelque chose !

Tyna eut un pauvre sourire et secoua négativement la tête, les larmes aux yeux.

- Il doit bien avoir un moyen. - Insista le jeune homme. Ne lâche pas l'affaire, Tyna. Pas maintenant.

- Et quel autre choix ai-je exactement ? Je ne fais pas le poids, il faut que je l'accepte.

Le jeune irlandais se redressa, prenant avec douceur la mâchoire de Tyna de ses doigts.
- On va réessayer, on fera tout ce qu'il faudra pour le coincer. On ne lui laissera aucune seconde de répit, tu ne seras jamais seule et...

- Et je cesserai de vivre pleinement ma vie ? J'arrêterai mes cours pour être sûre de ne jamais avoir à le croiser ? Ce n'est pas ce que je souhaite. - Le coupa t-elle brusquement en fronçant ses jolis sourcils.

Wyatt passa une main dans ses cheveux, soupirant lentement.
- Tu n'auras pas besoin d'arrêter de vivre, tu devras seulement persévérer, encore et toujours jusqu'à ce que Jackson finisse à la place qu'il mérite. Tu te sens capable de faire ça ? -Lui demanda t-il d'un ton doux en s'emparant de ses mains.

Le regard de Tyna se fit farouche.
- Evidemment que oui.

- Alors retournons au poste.

- Mademoiselle Favre, vous savez très bien que le suspect a été relâché... -Soupira Charles en tambourinant son bureau du bout des doigts, clairement ennuyé.

- Je le sais bien mais j'aimerais que vous reconsidériez l'affaire, s' il vous plait.

- C'est impossible, Mademoiselle.

Wyatt qui les observait depuis tout à l'heure, se décida à agir.
- J'aimerai porter plainte, à mon tour.

Leurs deux visages se tournèrent vers lui, surpris.

- Vous n'avez pas été victime de quoi que ce soit, à ce qu'il me semble. -Fit le policier avec raideur.

- Parce qu'avoir un homme violent devant le domicile de mon amie, menaçant et agressif, n'est rien pour vous ?

L'homme eut le mérite de paraître gêné.
- Ecoutez...

- Je. Veux. Porter. Plainte. -Articula lentement Wyatt, les traits durs.

Un unième soupir plus tard, le policier abdiqua.
- Bien... Votre nom, je vous prie ?

- Wyatt O'Conner.

Le bruit du clavier meubla le silence, jusqu'à ce que Charles se retourne, regardant Wyatt avec de grands yeux écarquillés.
- Vous êtes fiché. -Lança t-il d'une voix glaciale.

Wyatt ne fut pas surpris.
- C'est exact. Lisez jusqu'au bout.

- Pour meurtre. Meurtre.

Tyna se figea à son tour et le jeune homme se maudit de provoquer une telle réaction. Il aurait voulu lui expliquer.

- Tyna...

Blanche, celle-ci refusa de le regarder.
Comment avait-elle pu lui faire confiance ?
Combien d'innocents avait-il tués ?
Quelle idiote faisait-elle ! Il l'avait prévenu pourtant !

- Tyna... Je t'en prie.

- Ne lui parlez pas. Je dois vous arrêter... -Commença Charles en se levant.

- J'ai déjà purgé ma peine. Je suis un citoyen tout ce qu'il y a de plus normal à présent.

- Vous êtes une ordure, un monstre de la pire espèce !
Wyatt éclata d'un rire jaune.

- J'ai déjà vu pire, croyez moi ! Tyna, accorde-moi une minute, une petite minute pour t'expliquer. –Plaida-t-il en la suppliant.

Elle le regardait, les yeux rouges et gonflés.

- Je t'en conjure, une minute. Rien qu'une minute. Pitié.

- Vos victimes vous ont-elles imploré, Wyatt ?

Le jeune irlandais fusilla le policier du regard avant de reporter son attention sur Tyna.
- Pitié. -Répéta t-il. Je n'ai jamais voulu te faire de mal. Jamais.

La jeune femme hocha sa tête, marchant vers lui en veillant à laisser une distance de sécurité.
Le cœur de Wyatt se brisa en la voyant si peinée.
Il se promit de tout faire pour réparer ses erreurs.

- Je t'écoute : une minute, pas une de plus. -Fit Tyna en ne cessant de regarder la porte.

- Je ne vais pas te faire de mal, Tyna. Je te le promets.

- Que me vaut la parole d'un meurtrier, hum ? Je te faisais confiance ! Je t'ai accueilli chez moi, je t'ai nourri et merde, je t'ai embrassé ! –Hurla-t-elle en perdant soudainement son calme.

- Je sais. Crois-moi, je ne te remercierai jamais assez.

- C'est un jeu pour toi ? Tu t'amuses à les séduire avant de les tuer ?

Il fut abasourdit.
- Quoi ? Non !

- Alors quoi ? C'était un traitement spécial pour moi ?

Wyatt se força à respirer avec calme, sentant le désespoir prendre le dessus sur sa raison.
- Quoi que tu puisses penser... crois-moi. D'accord ? Je n'ai tué qu'une personne, un homme et j'avais d'excellentes raisons. Ton frère est au courant, je ne lui ai rien caché. Crois-tu que je parlerais de mon passé si j'avais l'intention de te tuer? J'aurais pu te tuer de mille et une façons lorsque nous étions seuls. Je t'ai protégée.

- La minute est écoulée ! -S'exclama le policier en ouvrant la porte.

Le jeune irlandais ne lâcha pas Tyna du regard et, en le voyant, la jeune femme fut indécise.
Il avait l'air de tellement souffrir... Son visage n'était pas celui d'un assassin sanguinaire, mais celui d'un homme blessé qui payait maintenant pour son erreur.
Elle suivit donc Wyatt jusqu'au bureau de Charles et s'assit lourdement, croisant les bras sur sa poitrine.

- Mademoiselle, voulez-vous porter plainte contre cet homme ? -Demanda le policier en désignant Wyatt d'un signe de tête.

Tyna était complètement perdue.
- Pardon ?

- Je pourrais le faire disparaître de votre vie et faire en sorte qu'il ne sorte jamais de prison.

Le jeune irlandais ne quittait pas des yeux sa sauveuse, les pupilles brillant de regret. Il ne dit rien pour se défendre et Tyna en fut étrangement émue.
Que lui avait-il fait ? Rien.

- Non. Accepter sa plainte.

Charles battit des paupières, ne s'attendant pas à cette réponse. Wyatt, quant à lui, la regardait avec cette même intensité, ne se préoccupant nullement de son sort.

- Si le suspect est peut-être innocent, Monsieur O'Conner ne l'est sûrement pas.

La voix de Tyna se fit ferme.
- Jackson n'a rien d'un innocent. Je répète donc ce que j'ai dis : accepter la plainte de Monsieur O'Conner.

- Vous a-t-il menacé pour que vous puissiez prendre sa défense ?

Les yeux de Wyatt se fermèrent.

- Peut-être vous a-t-il fait de belles promesses pour vous faire taire. Vous a-t-il séduite, Mademoiselle ?

- Non, mais de quoi vous mêlez-vous ?

- A-t-il de quoi vous faire chanter ? Vous a-t-il volé quelque chose ? -Continua Charles, imperturbable.

- Non, non et non ! Je veux que vous déposiez sa plainte !

- Vous êtes sûre ?

- Déposez moi sa fichue plainte, bon sang !

Charles s'exécuta lentement, martelant les touches du clavier de ses gros doigts, fronçant ses sourcils.
Pendant qu'il déposait la plainte, Tyna vit que Wyatt ne l'avait pas quittée du regard, pas une seule fois. La jeune femme articula soigneusement à son intention :
"Tu me dois des explications."
Tendu, celui-ci hocha la tête.
Les révélations viendraient assez vite.

- Lâche le morceau. -Fit Tyna, assise en face de lui.

Ils s'étaient réfugiés dans la chambre, cherchant à être entendus sans être interrompus.

- Tu te rappelles quand je t'ai dit que je pouvais être un tueur ? C'est ce que je suis. Il y a longtemps, l'homme que je considérais comme mon meilleur ami m'a trahi de la pire des façons : il a touché la personne la plus importante de ma vie. Ailìs. J'ai donc fait ce que je devais faire : je me suis vengé et l'ai tué de sang froid. Sans l'ombre d'un regret. Je ne regretterai jamais mes actes et si c'était à refaire, je le referais. Sans hésiter. Je protège les miens, Tyna. Ailìs ne pouvait se défendre, tu comprends ? Je lui avais promis qu'elle pouvait toujours compter sur moi. J'ai purgé ma peine, quatre interminables années dans une prison au fin fond de l'Irlande, puis... je suis venu ici. Je pensais prendre un nouveau départ...

- Où est Ailìs à présent ? La voix de Tyna s'était radoucie.

- À Waterford, je suppose. C'était notre ville de naissance... Ecoute, je sais que tu as toutes les raisons de me haïr, que tu te sens trahie mais j'avais peur. Aurais-tu hébergé un criminel ?

La jeune femme garda le silence.

- C'est bien ce que je pensais. Je ne peux rien changer à ce que je suis mais... je suis désolé. Je ne voulais pas te faire de la peine.

- Je comprends. Je ne dis pas que j'accepte ce que tu as fait, je suis une pacifiste dans l'âme, mais la notion de protection ne m'est pas inconnue.

- Bien.

Le silence qui suivit les troubla tous les deux et, pour la seconde fois en moins de deux jours, Tyna fut subjuguée par la beauté sauvage de Wyatt.

Comme hypnotisée, la jeune femme ne put s'empêcher de caresser sa joue avec douceur, appréciant la rudesse de sa peau sur ses doigts. Entrouvrant les lèvres, celui-ci la laissa faire, observant ses joues rosirent devant son regard pénétrant.
Des lèvres soyeuses effleurèrent les siennes avant d'intensifier le baiser.
Attrapant Tyna par les hanches, Wyatt explora son cou du bout des lèvres, caressant son dos.
La jeune femme poussa un petit soupir ravi, fourrageant ses cheveux ébouriffés de la main tandis qu'une douce chaleur se répondait dans tout son corps.

- Je ne crois pas que ce soit le bon moment... -Commença le jeune homme en tentant de faire abstraction du désir qui menaçait de le faire craquer.
- Tais-toi et fais-moi plaisir. -Répondit Tyna en s'accrochant aux pans de sa chemise.

Si c'est ce que la demoiselle désire..., songea Wyatt en se laissant totalement aller.

Tyna bascula en arrière, les paupières closes, le sourire aux lèvres.
La chaleur cuisante de la pièce ne faisait qu'accroire les sensations que lui procurait Wyatt. Les lèvres du jeune homme se refermèrent autour de son sein, la faisant gémir. Presque inconsciemment, les mains de la jeune femme s'accrochèrent à ses épaules, essayant de rapprocher son corps du sien.
Elle sentit le jeune irlandais sourire et le maudit d'être aussi séduisant. Comment pouvait-elle espérer lui reprocher quoi que ce soit s'il demeurait parfait ?
Les doigts de Tyna glissèrent le long de son dos, coulissant lentement tandis qu'il la débarrassait de ce qui les séparait.

- Dis-moi si tu veux que l'on arrête, haleta t-il. Tu n'as qu'un mot à dire.

- Tais-toi donc ! -lui répondit-elle en embrassant son cou, laissant des traînées brûlantes sur sa peau aux reflets dorés.

La seconde d'après, Tyna ne put retenir un cri deplénitude, caressant le visage de Wyatt au-dessus d'elle. Celui-ci lui laissaune petite minute afin de s'adapter et accéléra la cadence, se mordant la lèvred'extase.
Ce moment était tout simplement parfait, une symbiose qui les changerait àjamais.
Leurs vies venaient de prendre un tout autre tournant.    

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Et voilà pour ce chapitre de 2400 mots ! (J'ai bien bosser on dirait ^^)
Quant avez vous pensées ? Qui est réellement Ailìs et pourquoi Charles était il si réfractaire à les aider ?
À vos commentaires ;)