Chapitre 19 : Un pas de plus vers la liberté
Tyna, sur un petit nuage, regardait petit ange courir dans la neige, tentant d'attraper des flocons avec ses petites mains.
L'enfant riait, tournant sur lui même tandis que Wyatt lui confectionnait un bonhomme de neige, lui souriant, l'admirant.
C'était un magnifique tableau plein d'espoir qu'elle ne pensait jamais voir.
La journée d'hier semblait oubliée, et les confidences d'hier...renouvelées.
Tyna espérait seulement que rien n'entache le bonheur de leur petite famille.
Wyatt avait repris des couleurs : le jeune homme semblait avoir également repris du poids et un magnifique sourire ornait maintenant son visage.
Il revivait enfin.
La chambre de petit ange était installée, regorgeant de petites babioles ayant appartenu à Lucas.
Concernant sa relation avec Tyna, Wyatt ne se prononçait encore pas : il avait peur d'avoir de trop grandes attentes.
Que ressentait vraiment la jeune femme à son égard si ce n'était pas de la pitié ?
Il surprit son regard et le sonda. Que ressentait-elle à ce moment précis ?
Une attraction... -Pensa Tyna en regardant Wyatt.
Comment, en l'espace de quelques jours, un tel sentiment pouvait s'accroître au point de lui couper le souffle ?
C'était tout simplement impossible.
La jeune femme avait conscience que leur situation n'avait rien de normal mais qu'importe : sa vie n'avait rien de normal non plus.
Wyatt et petit ange avait ravivé la flamme, la joie de vivre qui l'avait désertée depuis longtemps.
Sans réellement en avoir conscience, Tyna avait baissé les bras, lasse et sous le joug d'un homme plus fort qu'elle. L'arrivée de ses deux personnes dans sa vie était inespérée, une vrai lueur d'espoir dans un paysage trop sombre.
Tyna avait su apprivoiser le silence, la solitude et le mépris de soi-même afin d'être celle qu'elle était aujourd'hui. Elle avait su survivre et aujourd'hui, la jeune femme n'était plus seule.
Plus jamais.
Wyatt regardait autour de lui, surpris de voir que les bourrasques glaciales qui le faisaient frémir ne le gênaient pas plus que ça.
Pas plus tard qu'une petite semaine, ce vent hivernal était synonyme de mort ; le jeune homme pouvait maintenant sortir sans craindre de subir le même sort que celui de milliers de personnes.
C'était plus que ce que Wyatt aurait pu imaginer.
Passant devant une dizaine de personnes joyeusement assises à la terrasse d'un restaurant, le jeune homme ne vit pas le regard des femmes qui le reluquait de la tête aux pieds, rougissant et ajustant leur coiffure.
Le Rubis était un endroit populaire qui enchantait la ville : Wyatt avait pu profiter d'un repas chaud, un jour, lorsqu'une touriste lui avait offert un ticket restaurant.
Son premier depuis de longues journées.
Un mot, accroché à la vitre du restaurant, retient son attention :
"Cherche serveur avec expérience pour un temps partiel.
Merci de contacter la propriétaire le plus rapidement possible."
Saisissant sa chance, Wyatt rentra à l'intérieur, pensant que de toute façon il n'était pas à un rejet de plus.
- Bonjour, Monsieur. Vous avez déjà pris commande ? -Demanda un jeune serveur, un calepin noir à la main.
- Bonjour... Non, j'aimerais m'entretenir avec la propriétaire.
- Ah oui : l'annonce. -Marmonna celui-ci dans sa barbe. Restez là, je vais la chercher.
Crispé, le jeune homme tambourina sa cuisse de ses longs doigts fins, cherchant l'apaisement.
Le serveur, - Noah - lut-il sur son badge-, revint avec une femme quinquagénaire au chignon haut et à l'uniforme strict mais aux traits encore délicats.
- Bonjour, vous souhaitez vous présenter pour l'annonce, c'est bien ça ? -Lui demanda-t-elle en lui tendant une main usée par le travail.
- Oui, Madame. -Lui répondit respectueusement Wyatt en la serrant à son tour.
- Venez, allons discuter dans mon bureau.
Le dit "bureau" était en réalité un vieux placard réaménagé où trônaient quelques documents et de vieilles chaises en bois.
Le jeune homme s'assit avec raideur, calme mais anxieux.
- Bien, Monsieur...?
- O'Conner.
- Monsieur O'Conner. Quel âge avez-vous ?
- Vingt huit ans, Madame.
- Jeune, donc. A quand remonte votre dernier emploi en temps que serveur ?
Wyatt ferma brièvement les yeux, sachant très bien que les choses risquaient de se corser.
- Je n'ai jamais été serveur.
Un froncement de sourcils plus tard, la femme enchaîna :
- Vous avez d'autres expériences dans la restauration, j'imagine ?
- Je n'en ai jamais eu.
La mine de la propriétaire se fit sévère.
- Pourquoi voulez vous ce job ? Il est clair que vous n'êtes pas fait pour cette branche et vos études vous permettent sûrement de faire autre chose.
Lance-toi, c'est le moment où jamais de prouver ton courage...
- Je suis un sans-abri. Où du moins, je ne le suis plus depuis plusieurs jours. Je vis chez une femme exceptionnelle et je n'ai rien à lui offrir. Elle m'a sauvé la vie. Je me suis dit que si... j'avais un emploi, elle me regarderait autrement qu'avec pitié. Je me suis dit que si je vivais chez elle, quelqu'un accepterait peut-être de m'accorder ma chance. – Chuchota-t-il, la gorge nouée.
Lui avouer ses espoirs provoquait en lui des salves de honte inavouées.
La femme semblait surprise, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, perdant ainsi son attitude purement professionnelle.
- Vous étiez à la rue ? -S'exclama-t-elle.
- Oui, et quelque part je le suis toujours : je dépends toujours de la générosité de certaines personnes. Ecoutez, je sais que je n'ai aucune expérience mais je peux apprendre. Je ne vous gênerai pas, je serai utile. Je ferais n'importe quoi pour sortir de cette situation. N'importe quoi.
La propriétaire jugeait Wyatt, l'air de le sonder intensément avant de se radoucir.
- C'est d'accord. Je vous offre votre chance. Vous commencerez par de petits horaires, puis, lorsque vous aurez acquis certaines connaissances de ce milieu, vous enchaînerez les heures.
Le soulagement s'abattit sur lui comme une pluie d'étincelles, le frappant comme la foudre, l'anesthésiant brutalement.
- Merci. Merci infiniment. –Souffla-t-il en dénouant ses muscles raides.
- Que les choses soient claires : je n'ai aucun jugement sur les sans-abris. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde : prenez garde à ne le dire à personne d'autre, cela nuirait à votre travail. Vous commencerez demain à sept heures tapantes. Bonne chance, petit.
Wyatt sentit que quelque chose n'allait pas avant même de passer la porte.
Il vit Tyna, angoissée, assise sur le canapé, en train de se ronger les ongles et s'approcha.
- Il y a des nouvelles. –Chuchota-t-elle en levant lesyeux sur son visage. De bien mauvaises nouvelles.
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Une revenante !
Je sais, je sais : ça fait longtemps.
Comment vous expliquez ? J'étais vraiment bloquée cette fois-ci, vraiment vraiment bloquée et d'autres projets m'attendait.
Vous me pardonnez ? ;)
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