Dimanche 28 décembre, une heure du matin

Un cri de rage s'expulse du fin fond de ma poitrine. Non, ce n'est pas possible, pas moi ! Je ne veux pas y croire. Mon corps tangue, flotte dans une autre réalité. Pourtant, le moindre gramme d'alcool présent dans mes veines s'est volatilisé en un éclair.

Je détourne les yeux de cet objet qui, en un instant, a bouleversé mon existence pour fixer la lune se reflétant sur l'asphalte du parking détrempé. La pluie a cessé, toutefois l'humidité s'infiltre dans mes os au rythme de cette angoisse qui me ronge. Le constat est implacable : ma vie est foutue. À 27 ans, quel gâchis !

Tandis que l'atmosphère pesante m'écrase de tout son poids, mes muscles fébriles ne me soutiennent plus. C'est au-dessus de mes forces. Je me rattrape trop tard à un poteau, et mes fesses atterrissent au ralenti dans une flaque d'eau brunâtre.

Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale lorsque le liquide glacé s'infiltre à travers mon jean. Mon poing tape avec violence sur ma cuisse. J'ai besoin d'évacuer, de hurler... La douleur irradie ma peau. Cela m'est égal, ce n'est rien comparé au tourment que j'éprouve dans tout mon être. Le vent frais se met à souffler et me transperce à vif. Les nuages se déplacent jusqu'à masquer les astres. Plus rien ne brille là-haut. Le ciel est noir, menaçant.

Soudain, une main rassurante se pose sur mon épaule. Mon frère.

— Témo lève-toi, tu trembles de froid.

Aucun son ne sort de ma bouche, noyé par cette vague d'émotions. Il s'accroupit, accompagné du craquement de ses genoux. Les traits de son visage sont crispés.

— À trois, je t'aide à te relever. Tu es prêt ?

Je hoche la tête. Le décompte écoulé, il m'empoigne fermement et me soulève. Debout face à moi, il ne dit rien, puis m'enlace avec intensité. Il sait et partage ma peine. Mes bras entourent son cou, je le serre encore plus fort contre moi. Tandis que je pose mon front sur son épaule, deux mots s'étranglent dans ma gorge.

— J'ai peur...

Mon souffle se bloque, son étreinte se renforce. Un certain temps s'écoule avant que je ne relève la tête et recule d'un pas. Ma sœur se tient à côté de nous. Dans la nuit, sa silhouette me murmure :

— On t'aimera quoi qu'il arrive, Témo. On sera toujours là pour toi, quel que soit le verdict.

Ses mots remplis de compassion me secouent. Elle s'approche pour essuyer avec son pouce les larmes que je n'avais pas senties rouler le long de mes joues.

— Toi comme moi, on sait qu'il sera à 99 % sans appel...

Oui, je me suis condamné à perpétuité.

— Alors, on surmontera ça ensemble, me répond mon frère.

— Viens vite, on rentre chez nous, tu es trempé jusqu'à l'os, ajoute ma sœur, la main tendue dans ma direction.

J'ai confiance en eux, ils ne me laisseront jamais tomber. Ils sont et seront mes piliers.

__________________________

Merci pour votre lecture 💜💜