Samuel

C'est sur mon V.T.T que je me rends chez mon meilleur ami. J'adore passer du temps chez lui. Ses parents sont presque les miens. La semaine je reste toujours chez eux, pour moi le weekend ce n'est pas forcément ce que je préfère. Sauf quand je peux m'y rendre comme c'est le cas vu que je gêne mes parents.

Une fois dans le jardin, je jette mon super Vélo à côté de celui de Dylan. La bicyclette de Mini-Lan traîne aussi.

Je sais que j'arrive à temps pour le gouter, et moi j'adore les gouter ! Surtout chez Dylan.

Des pleurs attirent mon attention, c'est sans grande surprise que je découvre Mini-Lan, la petite sœur de Dylan. Je l'aime bien et je n'aime pas la voir triste. Alors je me faufile dans sa cachette derrière les buissons. Il y a sa poupée préférée dans le même état qu'elle : les joues couvertes de terres, les cheveux en pagaille avec des épines de pins coincées entre les mèches.

« Pourquoi tu pleurs ? lui demandé-je en m'installant en tailleur à côté d'elle.

- Les autres ne veulent pas jouer avec moi... sanglote-t-elle la tête plongée entre ses bras potelés.

- Et pourquoi ça ?

- Ils disent que comme je m'appelle Maxime, je ne suis pas une fille parce que c'est un prénom de garçon.

- Ce sont des andouilles Mini-Lan, faut pas les écouter. »

Mini-Lan lève la tête, ses joues rebondies sont couvertes de larmes et de traces de terre. Elle renifle fort avant d'essuyer son nez à l'aide de son avant-bras.

« Mais il se moque tout le temps de moi Sam !

- Bah ils sont nuls ! Je te dis faut pas les écouter, tu es drôle et puis on s'en fout, un prénom c'est un prénom.

- Oui mais je suis toute seule.

- Bah non, je suis là moi. »

Mini-Lan fronce les sourcils en pinçant les lèvres puis elle secoue la tête vivement :

« Non ! Toi t'es moche, t'es vieux et en plus t'es le copain de mon frère ! »

Je ne peux qu'exploser de rire. Depuis sa naissance, Mini-Lan a toujours été impressionnante. Elle rit aussi jusqu'à ce que sa mère annonce l'heure du gouter. Elle se lève d'un bond et fonce contre moi :

« Bouge ton cul Sam ! J'ai faim ! Aller bouge tes grosses fesses, bon dieu ! »

Elle s'acharne tandis que je m'extirpe de son refuge. Une fois tous les deux sortis, Mini-Lan dégage son visage de ses cheveux bouclés en pagaille, étalant au passage encore plus de terre sur ses joues rougies. Elle essuie ses mains sur sa salopette avant de foncer comme une furie à l'intérieur de la maison.

Je la précède tandis qu'elle jette ses sandales n'importe comment, si bien que je m'en manque d'en prendre une en pleine tronche.

Sylvie est entrain de servir le jus d'orange qu'elle vient certainement de presser. Mini-Lan s'installe à table sans prendre la peine de se laver les mains.

« Maxime, vas te laver les mains. Regarde dans l'état que tu t'es mise ! râle sa mère »

Mini-Lan fait la grimace tout en s'exécutant dans le dos de sa mère. J'embrasse Sylvie qui, comme d'habitude, est contente de me voir. Dylan débarque et nous nous lavons tous les trois les mains.

« Hé ! proteste la petiote, visiblement à l'intention de son frère. Laisse-moi tranquille merdeux !

- Maxime ! la reprend Sylvie. Surveille ton langage !

- T'es content de toi Dylan ? se révolte-t-elle du haut de ses six ans. Je me fais gronder à ta place !

- Espèce de chieuse ! réattaque Dylan tandis que nous nous installons à table. »

Ils en viennent rapidement aux mains, ce n'est pas méchant mais Sylvie intervient rapidement : une tape derrière la tête de son fils aîné et une sur la main de sa fille.

« Ce n'est pas possible ! Vous allez me rendre chèvre tous les deux ! Je ne peux pas être tranquille avec tous mes enfants durant mon jour de repos ? C'est trop demandé. Heureusement que Sam reste sage !

- Je dois cogner qui ? gronde la voix d'Hervé en entrant dans la cuisine. »

Hervé est grand, il porte des petites lunettes rondes, son crâne se dégarni déjà, peut-être à cause de tous les soucis que nous lui causons. Il est médecin, à l'hôpital, et il n'est pas souvent à la maison, tout comme Sylvie qui est infirmière.

Ils s'embrassent tous les deux, souvent, et ça me fait toujours bizarre parce que mes parents ne le font jamais. Sylvie et Hervé s'aiment vraiment.

« Alors, qui je prends pour taper sur l'autre ?

- Tu blague papa, ricane Mini-Lan la bouche pleine de pomme.

- Un jour je ne blaguerais plus Max. Tu termine ton gouter et tu vas dans ton bain. Comment fais-tu pour te mettre dans un état pareil ?

- Elle se roule dans la terre comme les cochons ! s'exclame Dylan hilare. »

Ça me fait rire. La réaction de Mini-Lan ne se fait pas attendre : elle saute sur son frère pour certainement le mordre et lui tirer les cheveux. Je ne sais pas si c'est fait exprès mais je reçois un coup de pied de sa part au passage.

Hervé réagit aussitôt en s'emparant de sa fille par la taille :

« Puisque tu n'es pas disposée à prendre ton gouter tranquillement tu vas aller dans ton bain.

- Dylan, reprend Sylvie, tu n'as pas à chercher ta sœur comme ça. Tu es privé de console.

- Non mais maman...

- Pas de protestation ! »

Je donne un coup de pieds à Dylan, par sa faute on ne pourra pas jouer à la console alors que nous sommes samedi.

« T'es trop con comme mec sérieux ! murmuré-je une fois Sylvie partie.

- Ouais bah elle m'a soulée cette nuit ! Elle est chiante, elle veut dormir avec moi ! Elle m'a réveillé quatre fois !

- C'est pas une raison, on va se faire chier... »

Dylan me répond par un coup de poing dans l'épaule et nous terminons le gouter. On essaye de laisser tout en plan mais Sylvie nous rappelle et nous devons débarrasser la table.

« Abuela vient vous garder ce soir, nous prévient Sylvie en nous aidant aussi, ne la faîtes pas tourner en bourrique.

- C'est ta folle de fille qu'il faut prévenir. »

Des mots ne peuvent pas remplacer toute la fureur et la menace dans les yeux de Sylvie. Dylan ne bronche plus et nous pouvons monter dans sa chambre. Evidemment, pendant son absence dans la cuisine, Sylvie s'est occupée d'enlever la console...

Tant pis, ce soir c'est la Trilogie du Samedi sur M6 et nous ne voulons pas manquer nos séries préférées.