Chapitre-sept

Collioure, n'est-elle pas magique avec son clocher surplombant la baie tranquille ? La mer calme comme la plupart du temps brille de mille feux grâce aux rayons du soleil bien haut dans le ciel.

Comme souvent le mardi en fin d'après-midi, je rejoins Dylan pour déguster une sangria bien fraîche sur la terrasse d'une brasserie près de la plage de galet. Il est temps de profiter avant que mon frère évite les spots touristiques durant la période estivale.

J'ai beau observer ce paysage depuis plus de vingt ans, je ne m'en lasse pas, chaque recoin cache une magnifique vue toute aussi différente qu'une autre. Collioure me fait rêver avec la même intensité chaque fois que je viens.

« Salut frangin ! m'exclamé-je en l'embrassant avant de m'assoir à la place ensoleillée.

- Salut frangine, la sangria arrive.

- Géniale, je suis assoiffée ! »

Je déniche mon paquet de cigarette au fond de mon sac à main, j'en allume une rapidement et lorsque je relève la tête, le serveur dépose nos deux verres devant nous.

« Je vais peut-être avoir une promotion au boulot.

- Sérieux ? Il serait peut-être temps tu me diras. Pedro te l'a proposée ?

- Non, il a voulu changer mon planning et j'ai pété un léger plomb en le menaçant de démissionner.

- Il aurait été dans la merde. Tu sauras la réponse quand ?

- Rapidement je pense, je lui ai déposé mon préavis de démission ce matin.

- Jolie coup de poker petite sœur ! »

Nous trinquons tous les deux. La sangria est comme toujours délicieuse et bien fraîche. Nous avons l'habitude de venir ici parce qu'ils la préparent comme je l'aime : pas trop sucrée et fruitée juste assez pour faire danser les papilles, leur touche de cannelle en fin de bouche est la cerise sur le gâteau.

« Pourquoi tu ne m'as pas dit quand Sam est revenu ?

- Je voulais te faire la surprise et puis je l'ai su la veille seulement. Et il n'est pas arrivé depuis si longtemps. Tu l'as trouvé changé ?

- Oui et non, un peu comme nous tous. »

Je me garde de lui demander ce qu'il s'est passé l'autre nuit quand Samuel s'est mis à hurler.

« J'ai l'impression d'avoir vraiment retrouvé mon vieux frère, reprend Dylan après avoir bu une gorgée, avec toutes ses qualités comme tous ses travers. Je ne suis pas sûr qu'il a été plus heureux là-bas que s'il était resté ici.

- Ça on ne pourra pas le savoir. L'important est qu'il est revenu. Tu sais où il crèche ?

- Il a passé deux nuits dans la maison de sa grand-mère, mais son père a débarqué alors il s'est tiré.

- Ça ne me dit pas où il passe ses nuits.

- Je ne crois pas que Samuel dorme encore à la belle étoile comme il le faisait.

Je dévisage un instant mon frère qui ignore donc où Samuel est hébergé.

- T'es con ou quoi ?

- Non je ne suis pas con... répond-il agacé. Il dort sur son bateau.

D'accord, j'ignorais que Samuel avait un bateau.

- Depuis quand il a un bateau ?

- Je ne suis pas d'humeur à répondre à ton interrogatoire Max !

- Oh ça va, si on ne peut plus s'inquiéter ! »

J'écrase mon mégot dans le cendrier puis apporte mon verre à mes lèvres quand on m'empoigne fermement par la nuque :

« Arrête de bouder Mini-Lan ! »

Je ne réponds pas à Samuel qui s'installe entre Dylan et moi. Il porte une paire de solaire Ray-ban rétro à monture noire et dorée qui lui vont très bien.

« Qu'est ce qu'elle a à bouder encore ? demande Sam à mon frère.

- Tu peux tout aussi bien m'adresser la parole ! m'écrié-je.

- Je sais pas tu ne dis pas bonjour.

- Toi non plus, tu veux quoi Sam ? Une révérence ? »

Un large sourire s'empare de sa bouche charnue, si bien qu'il dévoile une légère fossette sur sa joue droite. L'avait-il avant ?

Je suis surprise par un mouvement brusque de sa part, son bras s'enroule autour de ma nuque et il m'attire vers lui pour m'embrasser sur la joue :

« Bonjour tête de mule. dit-il en relâchant sa prise.

- Bonjour tête de con.

- Euh les gars, intervient Dylan, Tiphaine doit me parler, faut que je rentre. Vous n'allez pas vous entretuer ?

- Non, répond Sam avant moi, et ne t'inquiète pas pour ton verre je vais le terminer.

- Merci du soutien frèrot, ça me va droit au cœur. »

Sam lui fait un simple salut. Dylan vient m'embrasser sur le front et nous quitte définitivement pour cette fin de journée. Me voilà toute seule en compagnie d'un Samuel qui ne lâche pas son sourire joyeux :

« Ne fais pas cette tête Mini-Lan, on dirait que tu n'es pas ravie de me voir.

- Depuis quand tu as un bateau ?

- Un bout de temps, alors tu n'es pas contente de me voir ?

- Je n'ai pas dit ça. J'ignorais que tu avais un bateau.

- Je l'ai depuis un peu plus de dix ans, m'explique-t-il, mon oncle me l'a légué à sa mort, j'ai réussi à la préserver de mes parents.

- C'était là que vous alliez pour que je ne vous retrouve pas ? »

Sam hoche la tête, son sourire est toujours aussi éclatant. Même s'il m'agace avec ce côté énigmatique alors qu'il semble me dire tout ce que je veux savoir.

« Tu n'as pas répondu à ma question, réattaque-t-il, je t'ai manqué ?

- Pourquoi tu veux le savoir ?

- Parce que je n'ai pas la sensation que tu es contente de me revoir. Alors que moi je suis vraiment heureux.

- Sam, bien sûr que je suis contente que tu sois là et bien sûr que tu m'as manqué.

- Super ! s'exclame-t-il en tapant dans ses mains, attirant ainsi l'intention sur nous. »

Nous terminons nos verres en discutant de Dylan et Tiphaine et de leur début tumultueux. Je n'ai pas non plus accepté tout de suite ma belle-sœur mais avec le temps nous arrivons à tisser des liens.

« Tu es garée où ? m'interroge Sam alors que nous passons par les ruelles colorées de Collioure.

- Au torrent, comme d'hab.

- Pareil.

- Tu n'as pas peur pour ta super voiture ?

- Ce n'est pas la mienne, mais non. Dis-moi, Tino est toujours ouvert ?

- Bien sûr.

- Ça te dit d'y faire un tour ? Je n'ai pas encore eu le temps d'y aller. »

J'acquiesce simplement, essayant de dissimuler ma joie à l'idée de passer la soirée avec lui. Moi qui pensais rentrer à la maison après l'unique sangria en compagnie de mon frère, me voilà avec des perspectives de déguster l'un des meilleurs américains steack du coin !

Nous rejoignons les voitures, j'ignore comment Samuel va pouvoir sortir facilement d'ici avec son gros SUV. Même avec ma golf il est difficile de faire demi-tour.

« Tu as besoin d'aide pour manœuvrer ?

- Je vais me le faire tranquille. »

Je reste tout de même sur le haut de la rive alors qu'il grimpe dans le bolide de location. J'observe sa manœuvre parfaite pour sortir de sa place puis il s'enfonce un peu plus dans le torrent qui s'allonge légèrement à un endroit. Je le suis pour le guider vu qu'une voiture s'est mal stationnée. Il est même obligé de rabattre ses rétroviseurs pour passer.

Et comme il me l'avait dit, il n'a pas besoin de moi pour l'aider à s'extirper d'ici alors je retourne rapidement près de ma voiture. Les deux cons qui se sont garés de chaque côté ne m'ont pas laissé une grande zone de manœuvre. Je m'en débrouillerais et puis, au pire, ma voiture ne craint rien par rapport à la leur.

Alors que j'en suis à ma troisième marche-arrière, on frappe à ma vitre. Je l'ouvre à Samuel qui se penche un peu à l'intérieur :

« Alors, on est adepte du sandwich ? me taquine-t-il.

- Je t'emmerde Sam ! Aide-moi plutôt.

- Sérieux Max, défonce leur pare-choc ça leur donnera une bonne leçon.

- Ok ».

Il ne faut pas me le dire deux fois. Je recule jusqu'à buter la voiture derrière moi. Samuel est effaré, peut-être ne s'attendait-il pas à ce que je le fasse réellement et de si bon cœur ? Je réitère sur la voiture devant moi, deux fois chacune en fait et puis j'arrive à me positionner pour sortir.

Mais je tiens à laisser un mot aux deux abrutis stationnés alors je trouve une enveloppe et un stylo dans ma boite à gant et je griffonne quelques mots « La prochaine fois, pensez à laisser une place correcte pour ceux qui veulent sortir, signé : une locale qui vous veut du bien, ou presque. ». Je coince ces deux bouts de papiers sous leurs essuie-glaces et nous pouvons partir.

Ma Catalunya, Ma Collioure

Coucou !
Ça fait un bail !
Bonne nouvelle pour moi, j'ai eu un entretien d'embauche ce matin en maison de retraite, job qui pourrait débuter jeudi. J'attends mon entretien pour un poste aux Urgences qui est beaucoup plus intéressant niveau apprentissage, pratique et perfectionnement dans les soins.
Ce sera un choix à faire entre mon envie de travailler avec les vieux ou de choisir mon option A qui est les urgences pour devenir par la suite Infirmière Anesthésiste (SMUR je te veux).

Bref ! Finis de raconter ma life ! Cela fait un moment que je ne suis pas revenue alors, s'il vous plaît, dites-moi si je vous avais dit que je passerai lire durant mon séjour au Mexique. Je suis un peu perdue dans tout ça !

Je vous embrasse,
Wilanya.

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