Une fois arrivés au Centre - le quartier général des Gardiens - Marie ne lâcha pas d'une semelle son soi-disant protecteur, Gabriel. Elle était encore sous le choc de ce qu'il lui avait révélé dans la voiture: Marie était effectivement morte, le 11 avril, électrocutée dans sa baignoire. Elle était ensuite revenue à la vie. Et elle n'était pas la seule dans ce cas. Cette nuit-là, ils étaient 5 miraculés à n'avoir fait qu'un aller-retour dans les profondeurs des limbes.

- " Il semblerait que le Directeur se soit absenté. En attendant son retour, tu n'as qu'à prendre tes aises dans le salon pour digérer toutes les informations que je t'ai données." Proposa Gabriel, sans vraiment lui laisser le choix.

Après avoir serpenté quelques minutes dans la pénombre des couloirs, ils firent leur entrée dans une pièce vivement éclairée. La salle était décorée avec beaucoup de goût, tout était fait pour qu'on se sente chez soi: une cheminée en pierres apparentes, un gigantesque billard, un écran TV dernier cri... et même un coin open-bar.

- " Je reviendrai quand le Directeur sera disponible. A tout à l'heure!" Déclara Gabriel en repartant aussitôt.

- "Ok, sympa....." Lâcha Marie, dans le vide.

Deux personnes discutaient au comptoir du bar. Il y avait une jeune fille qui riait aux éclats et qui faisait de grands gestes en parlant, manquant à chaque mouvement brusque de renverser le cocktail qu'elle avait à la main. Son look de rebelle - avec ses tatouages, piercings et ses cheveux multicolores - lui allait divinement bien. C'est le genre de fille, très jolie mais marginale, qu'on aime critiquer mais qu'on admire secrètement.

A ses côtés se tenait un jeune homme qui affichait une posture plus posée. Marie le trouvait séduisant, avec sa barbe de 2 jours, ses yeux bleus perçant et ses cheveux blonds un brin décoiffés. En le dévisageant de la sorte Marie sentit son pouls s'accélérer et ses joues rougir. Elle se sentait idiote de réagir ainsi. Elle avait l'impression de redevenir une adolescente pré-pubert en pleine poussée d'hormones. Elle a 25 ans maintenant, il était peut-être temps qu'elle arrête de perdre ses moyens face aux hommes et qu'elle prenne un peu d'assurance.

Marie réfléchît à quelque chose d'intelligent à dire mais rien ne lui vînt spontanément à l'esprit. C'est donc la jeune femme qui s'exprima la première, d'une voix affirmée: " Salut, moi c'est Füji! L'autre, là, c'est Jord. Fait pas gaffe à lui, c'est un gros snob!" dit-elle en faisant un clin d'œil à Jord qui le lui rendit par un grand sourire. 

- " Salut, moi c'est Marie. Je... Contente de vous connaître tous les deux".

Marie se surprit à être jalouse de la complicité évidente entre Füji et Jord. Elle aurait aimé faire partie de la troupe. Elle se sentait un peu bête du coup, plantée là, face à eux deux qui se connaissaient déjà et qui semblaient si bien s'entendre.

- " Et donc toi t'es morte comment?" Lança Füji. 

- " Comment je..? Ouaw, ok...Morte électrocutée." Cette question sortie de nul part désarma Marie. Füji ne pouvait pas faire plus abrupte comme premier contact.

- " Cooool!" Les yeux envieurs de Füji étaient des plus dérangeants.

- " Euh, non, pas cool... C'est pas très agréable comme façon de mourir ." Répliqua Marie, en faisant la grimace.

- "Ahah mais je me doute bien! Mais ça veut dire que c'est toi qui a le pouvoir de l'énergie, c'est toi qui nous rassemble tous!" Répondit Füji.

-" Pouvoir de l'énergie?... Alors de toute évidence vous avez déjà eu le petit discours de bienvenue, mais pas moi. Ça n'a aucun sens ce que tu dis là. 

- Ca n'a aucun sens de ressusciter. 

- C'pas faux."

Marie jeta de nouveau un coup œil à Jord qui n'avait pas du tout participé à la conversation. Il sirotait son verre d'alcool sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui. De toute évidence il s'en fichait complètement. 

Une femme entra en trombe dans le salon, en s'exclamant: " Füji, Jord, il est temps de repartir à l'entraînement. Allez! Oust! 

- Ahah, Jord, je te parie que je maitriserai mes pouvoirs avant toi! " Lança Füji en boxant l'épaule de Jord, puis en lui prenant le bras pour sortir de la pièce. 

- "Au fait, bonjour Marie. Moi c'est Maëlle. J'ai le privilège d'être la Gardienne de Füji. Je suis très heureuse de faire ta connaissance. J'imagine que tout ça va sûrement un peu trop vite pour toi." Dit l'inconnue en serrant la main de Marie. 

- "Oui. Je comprends pas bien ce qui m'arrive. Je me sens complètement paumée. 

- Où est Gabriel, ton Gardien?

- Je sais pas... Il m'a laissée ici en attendant le Directeur." Dit Marie sur un ton amère.

- " Aaaah, Gabriel... Très gentil mais jamais là quand il faut... Bref. Moi je suis là si tu veux. Tu peux compter sur moi. Qu'est-ce que tu veux savoir?

- Merci Maëlle. J'ai tellement de questions à te poser que je ne sais pas pour où commencer... Que peux-tu me dire sur les Faucheurs?

- Ahah. En plein dans le mille! Figure-toi que j'ai été une Faucheuse pendant plusieurs années. En réalité je travaillais secrètement pour le compte des Gardiens. C'est comme ça que j'ai réussi à récupérer Füji. 

- Ouah! T'étais une espionne? Mais dis-moi alors, à quel point sont-ils dangereux? Ils ont réussi à prendre Tara, c'est l'une des nôtres. Je veux la sauver!

- Oh non, ils ont réussi... ça change beaucoup de choses... Marie, il faut que tu comprennes que le but des Faucheurs, leur unique raison de vivre, c'est de vous tuer. Tous les 5. Ils vous appellent même les Aberrations, c'est pour dire!

- Quoi? Mais... Mais il faut se dépêcher d'aller sauver Tara alors!" Dit Marie en se levant de sa chaise.

- "Marie... Ce que j'essaie de te dire, c'est qu'il est trop tard. Tara est déjà morte à l'heure qu'il est. Les Faucheurs sont intransigeants." 

Marie fondît en larmes, le visage camouflé au creux de ses mains tremblantes. Le salon tomba alors dans un noir aveuglant et un silence étourdissant. L'électricité avait disparu, tout comme l'espoir de retrouver Tara vivante.  Marie ferma les yeux et souffla bruyamment. Elle se massa la nuque, ce qui l'aida, lentement, à reprendre son calme.La lumière alors réapparut et la musique reprit le cours de sa partition. 

Maëlle, qui ne se formalisa pas sur cette épisode jour/nuit, posa sa main sur l'épaule de Marie : " Je suis désolée, ma belle. J'aurais peut-être dû me taire... Je suis désolée.

- Non, tu as bien fait. Merci. Au moins, tu essaies de m'aider, toi."

Comme Maelle dû rejoindre Füji et Jord à l'entraînement, Marie se retrouva seule face à sa tristesse et sa culpabilité. Elle s'en voulait terriblement pour la mort probable de Tara, même si elle gardait l'espoir de la revoir vivante. Après tout, les Faucheurs ne l'avaient pas tuée sur le coup. Pourquoi la kidnapper si c'était pour la tuer juste après?

>> Petit mot aux lecteurs <<

J'ai ma trame de l'histoire jusqu'à la fin... mais n'hésitez pas à réagir à l'histoire, chapitre après chapitre, car ça m'aide à me poser les bonnes questions et à peaufiner l'intrigue :)