Nuage


Mes écouteurs dans les oreilles, j'inspire profondément et souffle tout aussi doucement pour me calmer et me laisser porter par la voix enchanteresse d'Indila. Je me met en route, les mains dans les poches pour protéger le bout de mes doigts du froid mordant. Je ne suis pas sortie depuis plusieurs jours, depuis ce qui est arrivé, et je veux me prouver à moi-même que je peux le faire, que même si d'apparence je suis seule, ton esprit me suis partout comme un petit fantôme sur mon épaule. Un bourrasque soulève mes cheveux et je me dirige vers le centre ville. Je me souviens de la toute première fois que je t'ai emmené avec moi là-bas, pour tout te faire découvrir. C'était à cette même période, au tout début de notre relation. Un matin, je m'en souviens, il faisait froid, comme aujourd'hui. Mes pas me guident sans que je cherche à comprendre où ils me mènent, et le passé se mêle au présent avec aisance, comme une aquarelle intemporelle qui dépeint notre histoire. Je passe devant la cabine téléphone que j'avais insisté pour te montrer, et je m'y arrête un instant. Je me revoit enlacée dans tes bras, à l'intérieur, pour nous protéger des intempéries. A mes oreilles résonne les chants et les bruits du marché de Noël de l'année dernière que nous avons parcourut ensemble et je souris, les larmes aux yeux. Je pourrais jurer sentir les odeurs d'épice et de chocolat chaud qui nous avait tant plus. Je ne sais si nous pourrons y retourner ensemble cette année, mais je garde espoir que nous pourrons partager une crêpe comme nous le faisions, du chocolat barbouillé sur nos lèvres. 

Mon ventre gargouille à cette pensée, et je glousse un peu en ravalant un sanglot, et les larmes qui vont avec. L'appétit m'a coupé depuis ce jour, et j'ai déjà commencé à perdre du poids. Je sais que tu ne serais pas en colère, mais j'entend ta voix à mon oreille me dire qu'il est important de manger, que tu aimes mes formes, et qu'il faut que je me remplisse le ventre pour aller bien. Je secoue la tête, soupire, mais laisse mes pas me conduire vers les boutiques. Je sais que tu as raison. Manger n'en est pas plus facile, mais je m'arrête tout de même à la boutique de donuts. Le choix est difficile, tout à l'air bon. J'en prend un qui me fait penser à nous, au chocolat, à la noisette et à la guimauve. Je me prend un chocolat chaud, tu t'en doute, et je reprend ma route en dégustant mon goûter de timides bouchées. Dans ma poche, mon téléphone vibre et mon cœur loupe un battement. Non, ce n'est pas toi, évidemment. Rien qu'une alerte météo qui m'annonce que le soleil ne reviendra pas maintenant. Le temps est à la mesure de mon humeur, un parfait miroir des sentiments qui m'habitent. Je m'arrête sur un banc et j'admire la vie défiler devant mes yeux ambués. Tu me manque, et je force mon esprit à t'imaginer près de moi. Tu me manque, et tu n'es pas la seule. Ma gorge se serre et mes larmes peuplent mes yeux, menaçant de débordées sous leurs nombres croissant. Tu me manques, et tu manques à ta Sayangku. Elle est blessée et se sent punie pour quelque chose qu'elle n'a pas commis. J'aimerais réparer, mais je ne sais pas comment. Mon souffle se coupe dans ma poitrine et je me penche en avant sous la douleur qui me frappe le ventre, tâchant de garder la nourriture que je viens à peine d'avaler. 

Oh mon amour, que j'aimerais que tu sois là, et que j'aimerais que ma grande soeur revienne aussi. Je me dis que tout ceci est de ma faute, que c'est ma punition pour avoir voulu être heureuse. Je me dis que c'est à cause de moi si tout ce malheur s'abat sur nous, que c'est à cause de moi si tu es loin à présent, que c'est à cause de moi si je perd les gens que j'aime, et si à présent je perd une amie chère également. Le froid m'envahis et je n'entend plus les chants de Noël. Je ne sens plus que le froid et je n'entend plus ta voix. Les nuages dans ma tête se font plus sombres et je m'efforce de ne pas subir les éclairs qui les habitent. Je me dis que tout ceci est de ma faute, et le plus effroyable c'est que je n'arrive pas à regretter. Comment pourrais je jamais regretter chaque instant à tes côtés ? Comment pourrais je jamais regretter l'amitié que nous partageons toutes deux avec Sayangku ? Je ne regrette rien, mais je me sens coupable, et les démons de mon esprit n'ont de cesse de me souffler que je suis la seule à blâmer pour tout ce qui arrive. Je me retrouve seule, pour un temps indéfinit encore, et je suis seule coupable de mes malheurs. 

Qu'en dit tu mon amour ? Suis-je en faute ? Mes démons disent ils la vérité ? Mon cœur saigne et mon esprit bataille contre lui-même. Tu le sais, tu l'as toujours su, je me déteste à la hauteur de mon amour pour toi. Je te vénère à la même intensité que je me détruit. Mes mains sont tâchées de poison, noir et visqueux et j'abandonne les restes de mon goûter sur ce banc. Pourras tu jamais me pardonner, mon amour ? Et toi, grande soeur, pourras tu jamais me pardonner ? 

Je me lève et quitte la ville, pleine de joie et de lumière, pour retourner dans le tombeau de mon cœur. J'ai si peur que tu me haïsse mon amour, j'ai si peur que le monde entier me tourne le dos. Mes projets et mes rêves s'effondrent un à un. J'ai eu des explications de l'UL. Sais-tu ce qu'ils m'ont dit ? Je n'ai pas le niveau requis, mon histoire, mes mots, n'ont pas le niveau requis. Ma plume ne vaut rien, peut-être même devrais je arrêter d'écrire. J'ai l'impression que ma vie à fait naufrage et que je me noie sans bouée de sauvetage. Mon amour, guide moi. Tout ceci est-il de ma faute ? Me déteste tu ? Que dois-je faire à présent ? Je ne peux céder mes démons, je sais combien tu m'en voudrais. Alors dit moi, comment avancer ? Je t'en prie, mon ange, rentre chez nous, il fait si froid et noir ici. Je t'en prie, ramène les couleurs, ramène la lumière. Mon amour, je t'aime. Reviens moi. 

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1.4.3

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