Hebdocriture du 18 septembre | Les corbeaux
Salut!
Encore une Hebdocriture, j'espère que vous allez aimer.
Consigne:
"Inspirez-vous de l'image ci-jointe pour rédiger votre texte. Vous pouvez évidemment faire des recherches s'il le faut, mais ça n'est pas nécessaire. Vous êtes libres d'utiliser le point de vue, le genre et le temps que vous souhaitez."
Description de l'image:
"Il s'agit d'une illustration d'un docteur de la peste. Il est habillé de manière classique pour quelque de sa profession : son masque est d'un blanc crème, sali. Ses yeux ont un peu de noir autour (c'est léger). A sa ceinture il porte quatre fiole remplies d'une liquide vert. Il en tient également une dans sa main gauche. Sur son dos est attaché la partie inférieure d'un cercueil/ L'autre partie, le couvercle, lui sert de bouclier. Un crâne humain est attaché sur le devant à l'aide de ficelles marron (de la même couleur que sa ceinture et les sangles qui tiennent le cercueil. De la partie inférieure s'émane un gaz verdâtre. Pour ce qui est de sa posture : il se protège avec le couvercle, potion en main. Il a l'air d'être sur ses gardes, en attente de quelque chose."
Bonne lecture!
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Les corbeaux
Lord Nathaniel Drake, seigneur de Black Hill était un nécromancien ordinaire. Il habitait un château sinistre peuplé par des hordes de zombies de toute sorte, il s'adonnait à la création d'êtres cauchemardesques tous plus effrayants les uns que les autres et il veillait sur les terres de son domaine du mieux qu'il pouvait.
En fait, c'était peut-être là les seuls traits communs qu'il avait avec ses semblables car Nathaniel Drake ne voulais pas conquérir le monde, il ne souhaitait pas non plus y faire régner la terreur et cherchait encore moins à déclencher le prochain apocalypse.
Non, les apocalypses étaient salissants, coûteux et insupportables. À cause d'eux, les civilisations tombaient et il fallait tout reconstruire, ce qui était franchement épuisant!
En vérité, tout ce dont rêvait Nathaniel Drake était d'avoir une vie tranquille et de mourir très vieux et en santé, idéalement sur une île paradisiaque entouré de sa descendance.
Ce n'était pas sa faute si le Destin – ou un dieu cruellement en manque de divertissement – avait cru bon de le doter de dons nécromantiques. À vrai dire, il aurait probablement cent fois préféré ne pas posséder de pouvoirs magiques et devenir éleveur de porcs comme son père, quoi que... pas tellement. C'était justement parce qu'il ne pouvait pas accepter que les animaux soient abattus qu'on avait découvert ses capacités.
Il se rappellerait toujours de la raclée qu'il avait prise après que la dizaine de cochons prêts à partir vers la boucherie se soit mise a remuer en couinant et que les porcs soient descendus l'un après l'autre de la charrette du boucher pour retourner vers la marre afin de folâtrer joyeusement. Il se souvenait avoir été super heureux que pour une fois, ses voeux aient été exaucer.
Mais sa joie n'avait pas durée longtemps. Son père et ses frères aînés avaient du abattre les porcs zombies à coup de pelle et sacrifier dix autres animaux pour le boucher car la viande zombifiée était certainement devenue invendable. Peu après, son père l'avait abandonné, avec son baluchon, devant la sinistre grille de fer forgé de Black Hill Castle.
— Maître! Maître, s'écria soudain Sofia, son apprentie en dévalant les escaliers menant à son laboratoire de travaux majeurs.
Nathaniel sursauta et failli se trouer la main avec l'aiguille qu'il utilisait pour assembler son nouveau Griffon-gorgone-hydre zombie. Sofia était très intelligente et très douée, mais elle restait une enfant, elle était énergique et excitable.
— Sof... soupira-t-il. je t'ai déjà dit de ne pas courir dans les escaliers, surtout si c'est pour venir me rejoindre dans mon labo.
— Mais vous m'avez également dit, Maître, que je devais vous avertir si des villageois s'approchaient du château avec des piques, des fourches et des torches. Et... c'est le cas.
— Très bien, je laisse passer pour cette fois, mais désormais, tâche de te souvenir de ne pas courir dans les escaliers.
— J'essaierai d'y penser la prochaine fois, fit Sofia en faisant un geste vers ses lunettes de protection et sa chienne de travail. Vous n'allez pas vous présenter devant les paysans comme ça, Maître! Ce n'est pas sérieux, vous avez l'air... l'air... d'un boucher psychopathe!
— Non, c'est vrai, ironisa Nathaniel, tu crois que tu peux aller les prier d'attendre une heure que je fasse une toilette complète et que Murdock ait le temps de repasser mon plus beau costume?
Sofia poussa un feulement exaspéré qui était beaucoup trop mature pour ses onze ans. Elle secoua la tête vigoureusement et grimpa les escaliers à toute vitesse.
— Prenez au moins le temps d'enlever vos vêtements protecteurs! Ça fera un peu plus sérieux.
N'empêche qu'elle avait raison. Comment pourrait-il convaincre les villageois qu'il ne leur voulait aucun mal s'il avait l'air d'avoir éventré des vierges tout l'avant-midi? Nathaniel prit le temps de bien se laver les mains et le visage, rattacha ses cheveux sur sa nuque et estima que sa chemise et que son pantalon n'avaient pas l'air trop froissé. Finalement, il troqua ses bottes de travail pour une paire de chaussure plus propre et se dirigea vers la muraille du château.
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— À mort! À mort!
— Mort aux nécromanciens!
— C'est de votre faute!
— Qu'on les pende! Qu'on les écartèle!
— Qu'on les égorge!!!
La petite vingtaine de paysans armés de fourches, de piques et de torche s'agitaient, s'encourageant les uns les autres, devenant de plus en plus furieux et véhéments.
Fort inutilement d'ailleurs car ils ne pouvaient pas grand chose contre les protections puissantes du château et les deux lions-python zombies perchés sur la muraille qui n'attendaient que le signal de Sofia pour fondre sur eux.
— Corrupteurs d'innocente!
— Vio...
— Bon, bon, ça va faire, s'écria Nathaniel, amplifiant sa voix à l'aide d'un porte-voix tout à fait ordinaire.
Il fut forcé de se répéter à plusieurs reprises avant qu'un homme d'environ son âge, un peu mieux vêtu que la moyenne des paysans ne se détache de la masse, faisant taire tous les autres.
— Attendez, attendez! Ce n'est pas ce que nous devions faire, fit-il.
— La ferme, Arturson, t'es corrompu, c'est sûr, riposta un colosse.
— Non, non... soeur Cha...
Mais un homme énorme bâillonna le pauvre Arturson de sa gigantesque paluche avant de planter un regard haineux dans celui de Nathaniel.
— Vous avez emmener la peste sur nos terres avec vos monstres terrifiants, accusa le baraqué. Qu'avez-vous à dire pour votre défense?
Nathaniel soupesa ses mots avant de répondre. La tension était à son comble et bien que Sofia et lui, ainsi que les membres de son personnel qui n'étaient pas des zombies étaient en sécurité derrière les murs du château, il tenait à préserver le calme et la paix.
— D'abord, j'aimerais que vous relâchiez monsieur Arturson, débuta-t-il posément. Il ne mérite pas de se faire malmener ainsi.
Puisque son captif restait immobile, le colosse eut l'air embarrassé avant de finalement le relâcher. L'autre s'écarta et vint se coller à la grille qui barrait toujours l'entrée du château.
— Il faut nous aider, lord Drake, souffla monsieur Arturson. Nous allons tous mourir...
— La peste, dites-vous? réitéra Nathaniel, soulagé que la foule semble plus calme.
— Oui! Ça ne peut être que... que vous avec vos monstres et vos... créations aberrantes qui tue les habitants de la région, attaqua bravement une jeune femme. Tous les habitants de Michobourg sont morts et maintenant, vous comptez détruire ceux de Fridobourg! Mais, sachez, lord Drake, que nous ne vous laisserons pas faire!
— Si je peux me permettre, Maître, débuta Sofia et Nathaniel ne dit rien car il savait que quoiqu'il fasse, son apprentie se permettrait. Ce n'est pas du tout de cette façon que la nécromancie fonctionne. Faire mourir des gens de la peste rendrait les corps inutilisables... ou du moins, très difficile à ram...
Appréhendant la monté de frayeur de leurs vis-à-vis, Nathaniel plaqua sa main sur la bouche de son apprentie et se racla la gorge.
— Ce que ma très brillante apprentie essaie de vous expliquer, mes braves, tempéra-t-il, c'est que nous allons nous joindre à vous pour combattre et enrayer la maladie et que nous ne vous laisserons pas périr sans rien faire. Je suis le Seigneur de ces terres et je suis là pour vous aider.
— Vraiment? fit une vieille dame dans l'assemblée. Parce que l'ancien maniaque qui habitait le château ne nous aidait pas beaucoup! Il avait plutôt tendance à nous nuire...
Nathaniel tenta de prendre son air le plus inoffensif. L'"ancien maniaque" dont il était question avait été son mentor et il avait beau avoir quitté le monde depuis bientôt dix ans, son souvenir terrifiant hantait toujours l'esprit des plus âgés.
— Croyez-vous que si mon Maître était aussi cruel que vous le prétendez, il aurait acquis une apprentie aussi mignonne que moi, demanda Sofia, offrant son sourire le plus adorable. De plus, si vous regardez attentivement, il n'y a aucun humain zombie ici, nous ne nous attaquerions jamais à nos semblables.
De l'autre côté de la grille, les paysans se tournèrent les uns vers les autres et débattirent entre eux. Puisque personne ne s'occupaient plus d'eux, Nathaniel se tourna vers son apprentie.
— Va te préparer, Sofia. Il nous faudra des masques, des trousses médicales et peut-être même du matériel chirurgical. Nous sommes peut-être nécromanciens, mais les chances sont fortes pour que nous en sachions davantage sur l'anatomie et les mesures d'hygiène que la plupart des médecins de la région. Peu importe ce que ces gens décideront, nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser périr sans tenter de les aider.
— Oui, Maître. Et vous, qu'allez-vous faire?
— Je vais faire un tour dans le labo d'alchimie. Il y a peut-être de l'équipement qui pourrait nous être utile pour tenter d'en apprendre plus sur cette fameuse peste.
Sofia lui lança un regard dubitatif mais ne commenta pas, se contentant de s'occuper de leur équipement de protection.
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tandis qu'ils parcouraient la distance séparant la Coline Noire du village de Fridobourg, Nathaniel et Sofia tentèrent d'en apprendre davantage sur la crise en cours. C'est ainsi qu'il comprirent qu'on avait déjà la situation bien en main.
— Il s'agit d'un trio d'aventuriers, expliqua Arturson. Il y a une prêtresse d'une divinité qui m'est inconnue, et ses deux escortes je suppose. Dès que les premiers cas ont été déclarés, ils ont réquisitionné mon auberge qu'ils ont transformé en hôpital et où ils soignaient les malades. Ça semblait bien aller... bien sûr, les aventuriers étaient épuisés et la sage-femme et ses apprenties faisaient de leur mieux pour leur venir en aide. On pensait même que ça progressait, qu'on était en train d'avoir le dessus.
L'aubergiste osait à peine regarder Nathaniel, honteux de quelque chose que le nécromancien ne comprenait pas.
— Il nous faudra rencontrer ces aventuriers. Mais dites-moi, monsieur Arturson, depuis combien de temps cette maladie est-elle apparue? Pourquoi n'êtes-vous pas venu me demander mon aide avant?
Arturson hésita un instant, sembla chercher aide et soutient dans l'horizon qui se teintait d'orange et de rose en raison du coucher de soleil et admit:
— C'est qu'avant... enfin, l'ancien Seigneur a enlever mon frère, lord Black Hill et... il n'est jamais revenu.
— Mon maître n'est pas comme ça, monsieur, défendit vaillamment Sofia! Il n'enlève personne.
— La confiance est une chose très fragile, Sofia. Elle se détruit beaucoup plus facilement qu'elle se gagne ou se reconstruit, fit Nathaniel, désolé que même disparu, son ancien mentor terrorisait encore les gens de son domaine. Je ne vois qu'une solution pour remédier à la situation.
— Laquelle, Maître?
— Il nous faudra travailler davantage pour prouver notre bonne foie et ne pas uniquement nous retrancher au château pour faire nos petites affaires sans ennuyer les habitants de la région.
Sofia resta songeuse, formulant probablement déjà des plans pour améliorer leur réputation.
— Revenons au problème du moment, si vous le permettez, reprit Nathaniel. J'aimerais bien comprendre ce qui vous a poussé à vous rendre jusqu'au château avec ces accusations.
— Ce sont les corbeaux, souffla Arturson d'une voix effrayée.
— Les corbeaux?
— Oui... Soeur Chandra et ses amis sont arrivés il y a trois semaines. Ils allaient reprendre la route lorsque le premier cas de maladie a été déclaré. Étant donné que trois autres cas sont apparus dans la même journée, ils ont décidé de rester et de nous aider. Et, comme je vous disais, ça allait de mieux en mieux. Mais les corbeaux sont arrivés. Vêtus de leurs robes noires, avec des fichus pour retenir leurs cheveux, des gants et leurs masques pointus, ils ont l'air de corbeaux. Ils nous ont présenté une lettre du roi qui stipule qu'ils sont docteurs de la peste et qu'ils ont autorité sur les populations infestées. Ils sont venus avec des gardes et ont chassé soeur Chandra et ses compagnons de mon auberge.
Il y avait anguille sous roche, c'était plus qu'évident. Dans le carrosse devant Sofia et Nathaniel, Arturson était agité. Il hésitait à dire quelque chose, craignant une mauvaise réaction de la part de lord Black Hill.
Au même moment, près de Fridobourg
Soeur Chandra était épuisée. Ses compagnons et elle s'étaient dévoué corps et âme à soigner les habitants de Fridobourg pour finir par se faire chasser comme des malpropres et des voleurs.
— Faut pas pleurer, Chandie..., roucoula Écume, frottant sa tête contre ses genoux tel un gros chat. Maman va tout arranger!
Comment un être doté d'aussi grandes dents et d'autant de cornes pouvait-il être aussi mignon? Chandra avait beau être à bout de force, elle ne put s'empêcher de sourire en apercevant le regard plein d'espoir que lançait le dragoneau à celle qu'il avait adoptée comme mère. Heureusement qu'Aïla et Dietrich étaient avec elle, pensa Chandra en réalisant que son amie transportait un enfant malade de plus dans ses bras.
— J'ai réussi à en dérober un autre, déclara l'alchimiste une fois qu'elle fut à portée de voix.
— C'est mon nouveau frère? osa Écume, en tendant le museau pour renifler les pieds de l'enfant.
— Non, mon chaton, répondit Aïla. C'est un nouveau patient pour Chandie. Il a déjà un papa et une maman.
Une voix rauque s'éleva derrière le trio, faisant geindre l'enfant dans les bras de l'alchimiste.
— Il y a un lit pour lui. Ça sera pas aussi confortable que l'auberge, mais au moins, on a tout ce qu'il faut.
Apparaissant au travers d'une haie de cèdres, l'Orc chaman dévoila l'entrée d'une grotte souterraine d'un large mouvement de bras. Aussitôt, Chandra reprit courage et délivra Aïla de son fardeau pour recommencer les soins.
Après avoir été chassés par les docteurs de la peste, Chandra n'avait pu se résigner à abandonner les malades de Fridobourg. Elle avait prié sa déesse et médité, mais comme bien souvent, les réponses étaient déjà en elle.
Ce fut donc ainsi que, sous le couvert de la nuit, Dietrich commença un rituel auprès des esprits de la nature ainsi que des défunts qui l'aidèrent à creuser ce caveau qui leur servirait de nouvel hospice. Avec l'aide d'Écume qui, malgré sa taille réduite, savait déjà fort bien creuser, ils arrivèrent à leurs fins en moins de douze heures.
Ce n'est qu'ensuite, après que Dietrich ait commencé à préparer des couchettes qu'Aïla se mit à dérober des patients sous le nez de ces sinistres hommes qui semaient bien davantage la mort que la guérison.
Chandra était allée plaider auprès du maire Arturson afin qu'il les autorise à poursuivre leurs oeuvres, mais celui-ci avait les mains liées à cause du sceau royal.
Il y avait maintenant trois jours que le manège durait et à chaque fois que la maladie faisait de nouvelles victimes, les nouveaux venus accusaient le "terrible nécromancien de la Coline Noire!" sur un ton parfait pour effrayer les paysans.
Les quatre aventuriers se disaient que cette mascarade devait cesser. Ils ne connaissaient rien aux méthodes de soins utilisés dans le royaume de Darlonne, mais chez eux, lorsqu'on se disait guérisseur, c'était pour soigner les gens, pas pour les faire mourir.
— Faudrait bien qu'on se décide à aller voir ce fameux "terrible nécromancien", dit Dietrich après avoir administré une potion apaisante au dernier malade récolté.
— Le problème, c'est qu'on n'a pas vraiment le temps, répondit Aïla en examinant le contenu d'une fiole avec une loupe. Nous sommes de plus en plus fatigué, je ne sais pas si cette maladie peut affecter ceux de nos espèce, mais Chandra est aussi humaine qu'eux.
— Divine me protège des maladies. Après tout, elle est la Mère des malades et des pauvres et elle envoie ses soldats dans des zones dangereuses, il faut donc qu'elle nous protège si elle veut que nous accomplissions son oeuvre, rétorqua Chandra, confiante.
— Des chevaux! Des chevaux! s'égaya Écume en bondissant sur place et en battant des ailes.
— Je vais voir de qui il s'agit, décida Chandra, restez derrière.
Aïla et Dietrich poursuivirent leur travail et Écume se roula en boule au milieu de la pièce, émettant un genre de miaulement déçu. Les gens de Darlonne n'avaient pas l'habitudes des non humains et Aïla et ses tatouages et surtout Dietrich et sa peau bleutée, ses énormes dents et sa stature imposante inquiétaient.
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Ils approchaient de Fridobourg lorsqu'on arrêta le carrosse de lord Nathaniel Drake. Ils entendirent Murdock protester puis tout de suite après, la porte s'ouvrit sur une femme à la peau noire et aux cheveux retenus en chignon désordonné.
— Ah, enfin, vous êtes là!
— S-s-s-soeur Chandra! bégaya Arturson. Je ne m'attendais pas à vous voir ici...
— Quoi, vous croyiez que j'allais abandonner cette mission? Ce n'est pas parce que vos docteurs sont arrivés que je vais lâcher prise. Divine m'a choisi pour soigner et guérir les malades en situation critique, je serais bien mal venue d'abandonner au premier obstacle!
Tout sourire, Nathaniel descendit de carrosse, bientôt suivi de Sofia et Arturson.
De taille moyenne, et un peu fin, à la musculature nerveuse, Chandra trouva que l'homme dans la fin vingtaine qui se tenait devant elle n'avait pas du tout l'air d'un seigneur et encore moins d'un nécromancien. Et la fillette aux boucles rousses qui se tenait près de lui avait beau arborer une robe de mage noire, son sourire franc et son regard confiant inspiraient confiance à la prêtresse de Divine. Sa déesse avait eu raison, de l'aide viendrait.
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Le petit hôpital clandestin devint vite trop petit pour le nombre de patients qui grandissait. Nathaniel n'aurait jamais pensé faire équipe avec un Orc chaman, une femme mystérieuse aux talents d'alchimiste et d'artificière qu'un dragon avait adopté comme mère et une Paladin. À Darlonne, ceux-ci n'appréciaient pas les nécromanciens et avaient tendance à les chasser et les accuser d'hérésie. Évidemment, la déesse que suivait soeur Chandra n'était pas connue à Darlonne et ils n'avaient pas vraiment le temps de discuter philosophie.
— Hey, fit Aïla en rentrant avec une mère infectée et son enfant. C'est bien à vous le giga château qu'on voit sur la colline là-bas?
— Oui, dit Nathaniel en levant la tête de son patient.
Chandra était allée dormir, épuisée. Elle avait beau dire que sa déesse la protégeait de la maladie, elle avait besoin de sommeil comme tout le monde. Aïla et Dietrich avaient dû s'obstiner un peu avec elle, mais puisque Nathaniel et Sofia étaient là pour les aider, elle n'avait pas résisté bien longtemps. D'ailleurs, au départ, elle s'était inquiété du fait que Sofia n'ait que onze ans. Elle l'avait suivie partout et observé attentivement lorsqu'elle exécutait ses soins. La petite n'administrait pas de potions ou de soins, mais elle humectait les lèvres gercées, épongeait les fronts en sueur et apportait surtout du réconfort aux pestiférés.
— Les bubons et le pue ne te dégoûtent pas, avait demandé soeur Chandra.
— Madame, je suis une apprentie nécromancienne, si vous croyez que ça c'est répugnant, je ne vous conseille pas d'assister à la préparation de zombies.
Satisfaite que Sofia pouvait faire sa part sans se contaminer, Chandra l'avait laissée faire, heureuse de voir le sourire des malades lorsque Sofia venait leur offrir de l'eau et un petit mot gentil.
Nathaniel était très fier de sa brillante apprentie. Il essayait de lui donner le plus de chances possible d'être une enfant, et Sofia le lui rendait bien en agissant comme une championne lorsqu'on avait besoin d'elle.
— Dans ce cas, quelqu'un peut m'expliquer ce qu'on fout encore ici dans une tanière à peine plus grosse qu'un terrier de renard?
Le ton d'Aïla l'arrêta dans son mouvement et le ramena à la réalité. Il se retourna, un cruchon d'eau à la main.
— Est-ce que cette eau a été testé, demanda l'alchimiste. Je ne vois pas de confirmation sur la jarre.
— Je viens de le faire, dit Nathaniel. De toute manière, l'eau n'est pas le problème.
— Tant que nous n'aurons pas trouvé la source de la contamination, je continuerai à tout tester.
Pendant un moment, le regard bleu du nécromancien et le vert de l'alchimiste s'affrontèrent. Dietrich et Chandra avaient été rassurants au sujet de leur amie. Aïla prenait son temps avant de faire confiance aux gens, mais lorsque vous gagniez sa confiance et son respect, si vous n'étiez pas un imbécile et que vous en preniez soin, Aïla devenait d'une loyauté infaillible. Avant que cet affrontement ne s'éternise, Dietrich intervint, interrompant le duel silencieux.
— Il l'a testé, je l'ai vu.
Satisfaite de ce qu'elle avait décelé dans l'attitude du nécromancien, ou faisant simplement confiance à son ami, Aïla hocha la tête et déposa la jeune mère sur un lit de fortune, prenant gentiment son enfant dans ses bras.
— Il n'est pas malade, mais je n'ai personne pour veiller sur lui... promettez-moi que vous ne l'abandonnerez pas.
— Nous allons veiller sur lui, c'est une promesse, fit Aïla d'un ton doux qui révélait sa sensibilité. Mais nous allons vous soigner, vous ne mourrez pas et vous pourrez vivre avec votre petit garçon. Laissez mon ami vous soigner, je m'occupe de votre bébé.
Dietrich prit place près de la nouvelle venue tandis qu'Aïla venait porter le bébé près d'Écume.
— C'est mon nouveau frère? demanda le petit dragon.
— Pour l'instant oui. Mais lorsque sa maman sera guérie, il repartira avec elle.
Sofia était songeuse et troublée. Les paroles prononcées par Aïla résonnaient encore dans sa tête et elle se disait qu'au fond l'alchimiste avait raison. Elle s'approcha de Nathaniel et souffla:
— Je pense que ça pourrait fonctionner, maître.
— Qu'est-ce qui pourrait fonctionner, Sofia?
— On a l'aile sud du château qui est complètement rénovée et presque vide. Il y a l'eau courante et un système de chauffage runique qui pourrait accueillir tous les malades.
— Tu vois, Sofia, c'est pour ça que tu es la meilleure des apprentie.
Le regard bleu du nécromancien se perdit dans le vague, signe qu'il communiquait via un de ses Zombies. Il resta un moment immobile avant de revenir à lui.
— C'est bon. Murdock va envoyer du transport. J'ai demandé au personnel de préparer l'aile sud et de ne pas y mettre les pieds à partir du moment où des malades seront arrivés. J'ai assez de mal à me trouver des employés comme ça, il est hors de question que je risque leur santé. Des zombies feront la liaison entre les cuisines et l'aile sud, ils ne peuvent pas être contaminés.
Sans plus attendre, on se mit en marche. Aïla et Dietrich rassemblèrent le matériel qu'ils avaient dans l'hôpital de fortune tandis qu'Écume s'occupait des quelques enfants qui n'étaient pas malade dans le coin le plus reculé de la grotte. Il faudrait bientôt trouver des solutions, il risquait d'y avoir d'autres enfants dans la même situation, peut-être même des orphelins.
On réveilla Chandra juste avant de quitter les lieux. Elle sourit, satisfaite que la proposition d'Aïla ait été acceptée.
Ils étaient sur le point de partir, les carrosses remplis à ras bord lorsque trois sinistres figures firent leur apparition, précédées par Arturson qui avait l'air terrifié.
— Ah ah! Vous ne vous contentez plus de les tuer, vous les enlevez carrément maintenant, fit le plus grand des trois docteurs de la peste, pointant un doigt accusateur vers eux.
Un grondement sourd et menaçant fit s'arrêter tout le monde, sauf Aïla, qui n'avait pas du tout l'air concerné. Écume grognait, ses yeux noirs traversés d'éclairs fixés sur les docteurs de la peste.
Les trois silhouette s'immobilisèrent. Écume ne faisait peut-être pas encore deux mètres de la tête à la queue, il n'en restait pas moins l'être le plus dangereux de toute l'assemblée.
— Nous n'enlevons personne, cracha Chandra, dégainant son épée. Laissez nous passer.
— Non.
La situation était particulièrement tendue, songea Nathaniel. Mais il lui semblait que cette voix lui disait quelque chose. Il devait réfléchir, et peut-être encore le faire parler.
— Docteur, dit-il, de son ton le plus courtois, j'aimerais voir la lettre ainsi que le sceau royal qui vous a autorisé à chasser ces gens.
— Vous n'avez pas besoin de le voir, monsieur le maire a confirmé notre légitimité, c'est suffisant.
— Je suis le seigneur de Black Hill et si je dis que ce n'est pas suffisant, il serait plus sage que vous me montriez cette lettre. Je possède une stèle de communication au château et aucun avertissement d'épidémie n'a été émis.
Le docteur face à lui était de plus en plus nerveux, et tous semblaient convaincus qu'il s'agissait d'un imposteur. Du coin de l'oeil, Nathaniel remarqua que soeur Chandra et ses trois compagnons se déplaçaient de façon à encercler les trois charlatans. Pour sa part, Sofia bloquait discrètement les issues à l'aide de zombie.
Il n'arrivait toujours pas à reconnaître la voix de ce docteur imposteur, mais il avait une idée de qui il pouvait s'agir.
— Sofia, demanda-t-il, l'air détaché, comment appellerais-tu une créature qui aurait comme base un ours, des ailes de drake et quelques têtes d'hydre?
— Est-ce qu'on aurait transféré les glandes productrices d'acide, demanda Sofia, pertinente.
— Comme tu veux.
— Bien sûr que je veux, maître! À quoi bon perdre du temps à mettre des têtes d'hydre sur un ours si elles ne peuvent plus cracher d'acide? Dans ce cas, la proportion d'hydre serait supérieure à celle de Drake, cela donnerait donc un ours-hydre-drake zombie. Sans les glandes acides, l'intérêt de ce zombie serait sa capacité à voler, ce qui en ferait un ours-drake-hydre zombie.
Devant eux, le docteur mystérieux fulminait. Tous pouvaient voir qu'il se retenait pour ne pas dire quelque chose. Nathaniel, toujours détendu, poussa le bouchon plus loin.
— Et si je prenais un requin et que je lui ajoutais les organes électriques d'une angui...
— Ça donnerait une anguille-REQUIN zombie, espèce d'imbécile prétentieux, éructa le docteur en chef. Hydre-drake-OURS! Drake-hydre-OURS! de toute façon, qui serait assez imbécile pour utiliser un simple ours comme base pour un zombie. Toi, je suppose. Mais ton règne est fini, Nathaniel Drake, je vais te réduire à néant!
Il le savait! La nomenclature de zombie était un éternel point de conflit entre les nécromanciens et un des plus fervents détracteurs de Nathaniel croyait mordicus qu'on nommait les zombies en terminant par leur base, ce qui était totalement absurde! Nathaniel échangea un sourire victorieux avec son apprentie qui leva la main pour un high five.
Lasse de ce petit jeu, Chandra s'avança et retira son masque au docteur, révélant un visage que Nathaniel connaissait bien. Le nécromancien hocha la tête, satisfait.
— Soeur Chandra, Aïla, Dietrich, je vous présente Elzéar Quenneville. Comme vous pouvez maintenant le comprendre, il n'est pas du tout docteur de la peste, mais bien nécromancien de piètre qualité.
— Et vous vous amusez souvent comme ça, à Darlonne, demanda Aïla.
Elle retira le masque du docteur près d'elle, découvrant le visage d'un adolescent terrifié. De son côté, Dietrich fit de même, découvrant le deuxième apprenti d'Elzéar.
— On y est pour rien, monsieur... fit l'un des adolescents, les larmes aux yeux.
— Toi, espèce d'abruti, ragea Elzéar, si tu dis quelque chose, tu vas le regretter.
— Désolé, maître... mais pour l'instant, on n'a bien plus peur de lui que de vous, gémit l'autre. Moi, si on me questionne, je dis ce que je sais.
— Sage décision, fit Nathaniel en se retournant Si nous allions installer tous ses patients dans leur chambre afin de poursuivre leurs soins. Nous pourrons discuter ensuite.
En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Chandra et ses compagnons entravèrent Elzéar et ses apprentis et la caravane parti en direction du château.
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Le groupe laissa les prisonniers patienter tandis qu'ils installaient les malades et s'assuraient qu'il n'en reste plus au village. Ce n'est qu'ensuite que deux énormes troll des montagnes zombies vinrent les chercher pour les emmener dans ce qui jadis avait été une salle du trône, mais que Nathaniel avait transformé en poste de contrôle. La stèle de communication était illuminée, projetant les images d'officiers de la justice royale.
Ce ne fut pas un après-midi agréable pour Elzéar et ses apprentis. Ils furent accusé de contrefaçon et de génocide lorsqu'on apprit qu'ils avaient provoqué eux-même l'épidémie de peste. Elzéar Quenneville refusa de révéler la source de la maladie, mais un des apprentis, un certain Clovis osa parler:
— Il a acquis une Corne d'Infection, monsieur. C'est avec ça qu'il a envoyé la maladie sur les terres du seigneur Drake.
— Savez-vous où est cette corne, jeune homme, demanda l'officier.
— Non, monsieur. Il ne nous l'a pas dit. Pour pas qu'on le trahisse, je suppose.
— J'ai bien fait, apparemment, espèce de minable, cracha Elzéar.
La Corne d'Infection fonctionnait, selon les légendes, comme la Corne d'Abondance, sauf qu'au lieu de distribuer des richesses, elle distribuait des maladies.
— Il vous faudra tout mettre en oeuvre pour trouver cette Corne et la détruire, lord Black Hill, dit l'officier de la couronne. Veuillez détenir les prisonniers, un détachement de soldat viendra les chercher dès que possible.
— Avec plaisir, fit Nathaniel.
— Qu'est-ce qui va nous arriver, renifla Archibald, l'autre apprenti d'Elzéar.
— Vous allez subir un procès et recevrez une sentence que le roi jugera juste. Il ne vous arrivera probablement pas grand chose car vous êtes mineurs, mais votre maître sera durement punis. Utiliser le pouvoir royal pour ses desseins personnels sans autorisation est un crime grave.
La réunion fut rapidement conclus car Nathaniel et ses invités avaient beaucoup de travail à faire. Chandra proposa que Dietrich et Aïla partent à la recherche de la Corne d'Infections tandis que Nathaniel et elle continuait de soigner les malades qui arrivaient, toujours plus nombreux. Elzéar et ses apprenties furent isolés dans des chambres différentes. Nathaniel ne voulait pas que son ennemi influence encore ses adolescents. Il comptait leur laisser le temps de réfléchir et s'il croyait qu'ils puissent regretter et comprendre la gravité de leurs actes, il plaiderait en leur faveur afin qu'ils soient épargnés. Il ne croyait pas que ces deux garçons aient le même genre de talent que Sofia, mais une part de lui se doutait que leur histoire étaient similaire à la sienne et à celle de Sofia. C'était généralement le cas avec les nécromanciens. Les pouvoirs se développaient après un traumatisme, généralement la mort d'un être cher ou d'un animal domestique, les parents prenaient peur, convaincus que leur progéniture étaient maléfique, voire démoniaque et hop, ledit enfant se faisait abandonner à la porte d'un de ses semblables. Sauf que ce n'était pas tous les nécromanciens qui s'occupaient adéquatement de leur apprenti.
Nathaniel espérait que ceux-là soient encore assez jeunes pour retrouver le droit chemin. Il espérait, aussi, qu'Aïla et Dietrich trouveraient rapidement l'artefact maléfique et que la maladie pourrait être arrêtée. On s'était vite aperçu, après qu'il eut été emprisonné que les soldats dont avait parlé Arturson étaient en fait des zombies. Nathaniel s'occupa personnellement de les désanimer et rassembla leurs armes, armures et effets personnels. Il comptait bien trouver un moyen de les rendre à leurs familles. On ajouta leurs cadavres à ceux des nombreux malades qui avaient péris et Écume se chargea du brasier funéraire. Personne n'avait envie de risquer la propagation d'encore plus de maladie et il n'y avait rien de plus puissant sur terre que le feu d'un dragon. Bien qu'il n'était âgé que d'à peine quelques mois, le souffle d'Écume était déjà supérieur à n'importe quel flambée naturelle.
Chandra organisa une grande cérémonie funéraire et chanta des chants de son pays que personne sauf Dietrich, Aïla et Écume comprirent, mais qui rejoignit les coeurs.
Lorsque le chaman et l'alchimiste revinrent enfin, transportant une affreuse corne verdâtre dégoulinante de pue dans une sphère de protection magique, Écume la regarda d'un oeil incertain.
— Maman, est-ce que je dois manger ça?
— Non, chaton. Nous allons trouver un autre moyen de la détruire.
Chandra s'avança et observa la Corne au centre de la sphère d'un oeil critique. Sans quitter l'objet des yeux, elle demanda:
— Lord Drake, votre roi a bien ordonné que la Corne soit détruite?
— Oui, soeur Chandra.
— Dans ce cas, laissez-moi faire.
Tous s'écartèrent, la laissant seule face à la sphère et à son contenu horrible. À nouveau, elle se mit à chanter, effectuant une danse gracieuse. Au fur et à mesure que la mélodie se complexifiait, la prêtresse guerrière s'illuminait de l'intérieur, scintillant d'une lumière céleste. Plus elle chantait et dansait plus le pouvoir de sa déesse se concentrait en elle. Autour, tous s'étaient tut. Ils regardaient, impressionnés, fascinés. Même Aïla et Dietrich qui avaient déjà vu leur amie invoquer les pouvoirs de sa déesse ne se lassaient pas du spectacle.
Une fois tellement gorgée de pouvoirs qu'elle se cru sur le point d'exploser, Chandra s'arrêta et écarta les mains de façon à ce que la sphère se retrouve en plein centre et elle relâcha l'énergie divine. D'abord doucement, délicatement, afin de percer la sphère de protection et d'attraper la Corne avant qu'elle ne heurte le sol, puis de plus en plus rapidement. La Corne maudite se mit à vibrer, émettant un son discordant et agressant qui fit couiner Écume d'inconfort. Aïla le prit dans ses bras pour le réconforter. La tâche devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure qu'il grandissait, mais il était encore si jeune, il avait besoin qu'on le rassure.
Petit à petit, le son discordant devint mélodieux, harmonieux, un peu comme celui de ces bols que les moines des montagnes utilisaient pour purifier l'air et les énergies.
Lorsque tout l'énergie divine eut terminé sa filtration, la Corne était maintenant d'un magnifique bleu ciel très radieux.
— Voilà. Divine l'a transformée en Corne de Santé. Je dois maintenant l'utiliser pour soigner tous les malades.
Corne à la main, Chandra retourna dans l'aile sud et alla offrir une ration du nectar que produisait désormais la Corne à chaque malades. La guérison n'était pas instantanée, mais avec des mesures strictes d'isolement et beaucoup de patience, tous les malades s'en sortiraient. Et un mois après le début de cette épidémie foudroyante, il n'y avait plus un seul malade sur les terres de lord Nathaniel Drake.
Une fois son travail achevé, la Corne de Santé cessa de produire son nectar. Elle avait accompli son travail et pouvait s'endormir jusqu'à ce qu'on ait à nouveau besoin d'elle.
Il restait encore beaucoup à faire sur les terres du domaine de Black Hill. Il fallait reconstruire des maisons brûlées avec leurs habitants infectés, trouver de nouvelles familles aux orphelins, reprendre une vie normale. Mais quelques chose avait changé chez les paysans. Ils ne craignaient plus leur seigneur Drake. Après tout, c'était grâce à lui et aux étrangers que la peste avait été vaincue.
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