Hebdocriture du 17 juillet -- Pinus strobus
Bonjour!
Voici l'heure de l'Hebdocriture!
Cette semaine, le thème est la pomme de pin. Il faut donc développer une histoire à partir de cet objet.
Dans cette histoire, j'utilise le terme "cône" qui est un synonyme.
J'ai plus ou moins 3500 mots, alors, je vous laisse à la découverte de cette aventure.
Bonne lecture!!!!!!
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Pinus strobus*1
"Il monte haut dans le ciel pour qu'on puisse le voir de loin et ses racines affleurantes courent loin sur le sol pour que quelqu'un puisse facilement trouver le chemin pour venir jusqu'à l'arbre de la paix." — André Dudemaine*2
Été 1843
Nos pas résonnaient comme des caresses sur l'herbe un peu sèche tandis que papa nous guidaient à travers la prairie. Nous le suivions, tentant de nous faire le plus silencieux possible, ce qui n'était pas facile, alourdis que nous étions par nos bagages. Nous avions marché et voyagé longtemps, en suivant des dizaines de rivières. Nous avions traversé des forêts infinies, escaladés des montagnes et descendus au creux de vallées à la recherche d'un nouvel endroit pour nous faire une vie.
Heureusement, nous savions maintenant tous comment faire des abris à l'aide de branches même si des fois, j'avais besoin d'aide pour soulever les branches les plus lourdes.
D'autres fois, lorsqu'il n'y avait pas assez d'arbres, il fallait dormir à la belle étoile.
Je n'avais jamais compris pourquoi les grandes personnes disaient ça, "à la belle étoile". C'était un peu comme si ce n'étaient pas toutes les étoiles qui étaient belles! Ils étaient bizarres, ces grandes personnes, moi, je les trouvais toutes très jolies. Lorsque j'avais demandé à ma dernière maîtresse, Miss Wimbleton, elle avait hésité un moment avant de me répondre sèchement d'arrêter de déranger les autres et de continuer à pratiquer mes calculs. Après sa classe ce jour-là, je l'avais entendue dire à une autre femme du camp que je parlais trop pour une petite fille, que papa m'élevait comme un garçon.
Depuis que nous avions quitté le camp du chantier ferroviaire, je me demandais si ce n'était pas à cause de Miss Wimbleton que l'accident qui nous avait forcé à fuir était arrivé. Mais je n'osais pas le demander à papa, j'avais beaucoup trop peur de la réponse. Et si c'était ma faute? Si nous avions dû quitter le camp parce que je parlais trop pour une petite fille? Si c'était parce que je voulais comprendre pourquoi on disait "la belle étoile" que le reste était arrivé?
Depuis la mort de maman avec ses bébés dans le ventre, il n'y avait plus que nous. Lewis, Adrian et moi, Charlie. Avec papa, bien sûr!... et Courage, notre berger.
Papa l'avait renommé berger d'enfants, puisqu'il n'y avait pas de moutons ni de chèvres à garder. J'aimais ça, moi, qu'il soit mon berger d'enfance.
— Papa, où va-t-on? demandai-je pour la centième fois.
Le soleil descendait à l'horizon et nous ne nous étions pas encore arrêtés pour préparer de campement. J'avais tellement mal aux pieds, aux épaules et au dos que je devais serrer les dents et les poings pour avancer.
J'étais la plus petite, alors j'étais obligée de marcher juste derrière lui, devant Lewis. Mon frère me poussait toujours un peu pour que j'avance plus vite, jusqu'à ce que Courage lui grogne dessus, énervé par ses mouvements brusques.
— Nous sommes bientôt arrivé, ma sauterelle, répondit papa de sa voix calme. Courage.
À côté de moi, croyant qu'on l'interpelait, le berger gris et blanc dressa une oreille en agitant sa queue touffue. Lorsqu'il comprit qu'on ne s'adressait pas à lui, il poursuivit son chemin, l'air triste. Je mis ma main dans son cou, profitant de la chaleur de son pelage pour réchauffer mes doigts glacés.
— C'est que... je suis aussi lourde que la pierre, dis-je tout bas.
Cela n'empêcha pas papa de m'entendre. D'un ton qui ordonne, il dit:
— Lew, prends le sac de ta soeur.
— Non! C'est lourd! J'ai déjà le plus gros sac de nous trois.
— C'est parce que tu es le plus grand, dit Adrian, avant de me tendre la main.
Comprenant son geste, je lui tendit mon sac en le remerciant d'un sourire. Adrian était comme ça, il voulait toujours aider. Il était l'enfant du milieu, mais il était beaucoup plus raisonnable que Lewis.
— Merci, Ady, fit papa. Tu es très serviable.
Alors, il posa un genoux par terre et me fit signe de grimper sur son dos. J'avais soudainement honte d'être la plus petite et de me fatiguer aussi vite. Une fois que je fus bien accrochée, papa se releva et poursuivit son chemin.
— Tu n'es pas lourde comme une pierre, me taquina-t-il pour tenter de me redonner le sourire. Tu pèses à peine plus qu'un lièvre.
Je ne répondis rien, me contentant d'appuyer ma tête sur son épaule, respirant son odeur rassurante de foin d'odeur, de sauge, de cèdre, de tabac et de feu de bois.
J'espérais très fort que la prochaine fois que nous choisirions de nous installer quelque part, tout irait bien et que nous ne finirions pas par devoir partir encore une fois.
Au début de l'été, papa rapportait du gibier pour les travailleurs du chantier de chemin de fer tandis que Lewis servait d'assistant un peu à tous les hommes et qu'Adrian et moi apprenions avec Miss Wimbleton. Nous aidions aussi, à notre mesure et on pouvait avoir un toit et un peu d'argent. Mais, comme souvent, les travailleurs - sauf les Chinois - ne nous aimaient pas beaucoup car nous étions différents. Surtout papa, qui était un Métisse.
Un jour, des gens d'église étaient arrivés et les travailleurs ont commencé à leur raconter qu'il était un voleur d'enfants.
Au début, papa avait voulu rester, prouver que nous étions ses enfants. Nous étions supposés rester à la cabane en attendant qu'il règle la situation mais une soeur de l'église était venue nous rejoindre. Elle avait poussé des cris horribles en réalisant que je m'habillais comme mes frères et que je ne couvrais pas mes cheveux "comme les sauvages", qu'elle disait.
Ses paroles étaient blessantes, mais je ne voulais pas pleurer. J'attendrais, avec Adrian et Lewis que papa règle tout.
Sauf qu'en réalisant que nous ne connaissions pas très bien nos prières, elle a eu l'air très fâché et m'a agrippée par le bras pour m'emmener avec elle. J'ai hurlé très fort et lui ai donné des coups de pieds, mais elle était très grande et il a fallu que Lewis la menace avec le fusil de chasse pour qu'elle me libère. Pendant qu'elle hurlait que nous étions des démons et qu'il fallait nous exorciser à l'eau bénite, Adrian et moi nous sommes enfuis dans les bois, Courage sur les talons.
Mon frère, le chien et moi étions resté caché dans la forêt plusieurs jours. Je ne pouvais plus revenir au camp, j'avais bien trop peur que les soeurs et leur curé m'emportent avec eux ou encore qu'ils nous noient dans l'eau bénite. Il fallait être patients et attendre le temps que papa aide Lewis à se sortir de ses problèmes. Le shérif Carter voulait le faire emprisonner parce qu'il avait pointé un fusil sur une soeur, mais je crois que monsieur Morris de la compagnie de chemins de fer a intercédé pour lui. Il n'avait pas le choix, après que mon grand frère ait sauvé sa fille d'une mort certaine dans l'eau de la rivière Rouge.
Lorsque Lewis et papa nous ont retrouvé, ils avaient emporté tout ce qu'ils pouvaient. Ils n'avaient plus le fusil et Lewis boitait. Adrian a demandé comment nous allions chasser sans fusil et papa a répondu que nous allions apprendre à fabriquer et utiliser un arc. Comme ça, même si les Anglais nous privaient de nos armes, nous saurions toujours nous débrouiller.
Ce jour-là, il m'avait donné un objet étrange, qui ressemblait à un drôle d'oiseaux à la grande queue brillante duquel pouvait sortir une lame très coupante.
— Je voulais attendre pour te le donner, Meiling disait que je devais le garder jusqu'à ce que tu aies 10 ans, mais je pense que là où elle est, elle est d'accord avec moi.
Meiling, c'était maman. La mienne uniquement. Lewis et Adrian avaient eu une autre maman qui était morte en donnant naissance à mon frère. Papa ne m'a jamais dit comment maman et lui se sont rencontrés, mais Lewis racontait que c'était sur un autre chantier ferroviaire plus bas dans le Sud. Maman soignait les gens qui travaillaient à la construction des chemins de fer. Papa s'était fait mordre à la chasse par une bête et maman l'avait soignée. Pour la remercier, il lui avait demandé si elle voulait venir avec lui. Et, comme maman n'était pas vraiment la bienvenue non plus en tant que femme chinoise, elle a choisi de partir avec lui.
J'en avais très peu de souvenir. Lewis et Adrian disaient souvent qu'elle leur manquait. Pour Adrian, c'était la seule maman qu'il avait connue.
De mon côté, la seule chose dont je me souvenait c'était qu'elle avait la peau dorée comme la mienne et qu'elle m'appelait Fenghuang ou Gongji*3 mais je ne me souvenais plus de ce que ça voulait dire. Elle disait que ça avait à voir avec ma naissance. Désormais, je me demandais si ça avait à voir avec l'oiseau-lame. Peut-être...
Lorsque la lune se leva à l'horizon, papa s'arrêta et s'agenouilla pour me laisser descendre. Je le serrai très fort pour le remercier de m'avoir porté.
— Ce n'est rien, ma sauterelle. Je serai toujours là quand tu auras besoin de moi.
À côté, Lewis et Adrian laissèrent tomber les bagages par terre et Adrian se mit à créer un cercle pour faire un feu tandis que Lewis ramassait du bois sec.
— Il fait beau et chaud, ce soir, décida papa. Nous n'allons pas construire d'abris.
Le soulagement se lut sur les visages de tout le monde. Sans abri, nous pourrions nous reposer plus vite.
Comme la rivière était encore proche, papa alla chercher de l'eau pendant que je sortais les provisions. Il allait bientôt nous manquer de tout et nous allions devoir chasser et pêcher, et peut-être même trouver un village. L'idée me faisait un peu peur, je ne voulais pas qu'une autre soeur essaie de m'emmener dans son orphelinat.
Une fois le campement prêt, papa se racla la gorge, attirant notre attention. Il avait son air de conteur d'histoire et un drôle d'objet dans les mains.
— Qu'est-ce que c'est, demanda Adrian.
Mon frère avait les mêmes cheveux et les mêmes yeux noirs que papa, tandis que Lewis avait hérité des cheveux roux de leur mère Jolleen. Nous faisions un drôle de trio d'enfants, mais même si Lewis me malmenait un peu, je savais que nous nous aimions tous très fort.
— C'est un cône de pin blanc, dit papa en le faisant passer à la ronde. Il contient le passé et notre futur.
D'un drôle de vert un peu gris, très sec, dur et couvert d'écailles tranchantes, ce cône était le plus gros du monde, c'était certain. Légèrement incurvé, il me faisait penser à un croc géant. J'essayai de regarder par les fentes, me demandant comment il pouvait contenir le passé. Ça me paraissait beaucoup. Je me souvenais de l'avoir vu sur la tablette au-dessus du feu dans notre dernière cabane, avec le couteau-oiseau et les flûtes que Jolleen avait taillées pour Lewis et Adrian. Je me pris à espérer que Lewis et papa avaient pensé à les prendre avant de partir. Aucun de mes frères n'avaient jamais sorti de flûte depuis notre départ, ce qui m'inquiétait un peu. Ce serait dommage qu'ils aient perdu les derniers cadeaux de leur maman. Je rendit le cône à papa qui débuta son histoire.
— Je ne crois pas que vous ayez jamais vu de pin blanc, car il n'y en avait pas dans le territoire que nous avons quitté, débuta-t-il de sa voix douce et égale. Ce sont des arbres magnifiques, tellement grands qu'on pourrait croire qu'ils touchent le ciel. Ils forment un beau cône au pied rond et lorsqu'ils vieillissent, leur écorce forment des rides profondes. On dit qu'ils peuvent vivre plusieurs vies d'hommes et qu'ils veillent ainsi sur eux pour plusieurs générations.
Papa racontait si bien les histoires que même Lewis, dans son état de révolte du moment écoutait. Moi, j'espérais pouvoir raconter aussi bien que lui lorsque j'aurais son âge.
— Le pin blanc est l'arbre de la paix. Il rassemble les hommes en cercle autour de son pied et les provoquent les discussions car son odeur est apaisante.
Nous écoutions en silence. Je voyais bien qu'Adrian avait des questions car il remuait la bouche comme s'il devait se battre pour ravaler les mots qui tentaient d'en sortir. Moi aussi j'en avais, mais je savais que les réponses viendraient. Avec les histoires de papa, elles arrivaient toujours, soit dans ses mots, soit dans nos coeur. C'était que, nous, les enfants, savions bien davantage de choses que nous le croyions et les histoires de papa nous aidaient à fouiller à l'intérieur et à résoudre ces énigmes.
— Le pin fait toute sorte d'autre chose. Ses épines et son écorce, une fois bouillies font un thé qui guéri la toux. On s'en sert aussi dans une tente médicinale pour que ses vapeurs aident les malades à mieux respirer. Sa résine, mêlée à celle d'autres arbres aide à imperméabiliser les canaux et ses plus belles branches peuvent nous abriter du mauvais temps. Mais je parie que vous n'avez pas envie de mieux connaître le pin blanc ce soir. Et de toute façon, je crois que vous aurez la chance d'en rencontrer bientôt.
Là, j'avais bien failli bondir sur mes pieds et chercher ce fameux pin dont nous allions faire la rencontre bientôt. Mais je me retins et patientai. Papa leva le cône pour que nous le voyions bien.
— Dans ce cône, il y a des graines qui deviendront un jour un grand pin blanc. C'est votre grand mère, qui a marié un Anglais qui m'a donné ce cône avant mon départ. Elle disait qu'un jour, lorsque j'aurais trouvé ma maison, je n'aurais qu'à faire un grand cercle de feu, assez grand pour y coucher deux hommes bout à bout et d'y jeter le cône. Ce sont comme les oeufs des oiseaux, la vie se trouve à l'intérieur.
— Mais! ne put s'empêcher de s'inquiéter Adrian. Le cône, dans le feu, il va brûler!
C'était vraiment une nuit spéciale, car pour une fois, papa ne commenta pas sur sa curiosité en lui recommandant de rester attentif et d'écouter. Il eut un sourire mystérieux avant de poser le cône à côté de lui.
— Les cônes de pin sont très particuliers, ils sont si durs, une fois gorgés de pollen que seul le feu peut les ouvrir*4. Également, les pins, puisqu'ils deviennent très grands, ont besoin d'espace pour naître et grandir. Les flammes, en détruisant la végétation dans le cercle de feu font le ménage et préparent la Terre mère a accueillir son petit.
J'étais complètement impressionnée. Mes frères aussi. Lorsque Lewis remarqua que je le regardais, il s'empressa de fermer la bouche et de reprendre son air nonchalant. Adrian, toujours aussi impatient, trépignait sur place. Papa laissa s'écouler un moment de silence afin que nous puissions assimiler ses explications. Une fois qu'Adrian eut fini de se tortiller, papa poursuivit.
— Votre grand-mère était une femme-médecine. Elle connaissait beaucoup de choses sur la nature et les hommes et c'est pourquoi, peu importe où j'allais, j'ai gardé son cadeau avec moi. Ce soir, je le partage avec vous. Nous sommes une famille tous les quatre et je pense que nous devons choisir ensemble quand et où faire pousser notre pin blanc.
Il nous regarda tour à tour dans les yeux, cherchant notre assentiment et surtout, vérifiant que nous étions bien conscient de l'importance qu'aurait ce choix. Une fois satisfait, il rangea le cône et peu après, nous nous installâmes pour dormir.
Automne 1843
Nous avions voyagé tout l'été, cueillant des fruits et apprenant à vivre en harmonie avec la Terre au fil du voyage. Papa nous apprenait à observer la Nature, à l'apprivoiser. Il savait reconnaître ce que Terre maman nous offrait pour nous nourrir ou pour nous soigner. Nous apprenions à observer les animaux, écouter ce qu'ils avaient à nous dire.
Désormais, j'arrivais à marcher plus longtemps, même si des fois, papa devait encore me porter en fin de journée. D'autres fois, c'était Lewis qui s'offrait pour me transporter. Je savais qu'Adrian voulait le faire aussi, mais papa disait qu'il était encore un peu trop jeune pour ça. Qu'il devrait attendre d'avoir l'âge de Lewis, mais que d'ici là, je serais certainement assez forte et endurante pour ne plus avoir besoin d'être transportée.
Ce soir-là, nous avions grimpé une colline dans l'obscurité et nous avions monté un campement au sommet. Papa nous avait raconté l'histoire de la Fée blanche tombée du monde d'en haut sur la Grande Tortue et nous nous étions couchée, la tête pleine d'images d'animaux merveilleux.
Le soleil s'était levé, éclairant une vallée qui descendait en pente douce vers une rivière que nous n'avions pas entendu la veille, trop fatigués que nous étions. Au loin, il y avait la forêt et pour la première fois, nous apercevions des pins blancs!
D'une beauté majestueuse, ils nous invitaient à les rejoindre de leur taille gigantesque, brillants comme des joyaux au milieu de l'étendu verte de la forêt.
Excités comme des puces - même Lewis souriait à pleine bouche, nous savions qu'en fin, notre voyage s'achevait.
— Regardez! s'écria Adrian en pointant. Il y a du monde là-bas!
En contrebas dans la vallée s'étirait une longue rivière qui se remplissait d'or sous les rayons du soleil. Souriant fièrement, papa ébouriffa les cheveux d'Adrien.
— C'est là que nous allons.
— Va-t-on pouvoir faire pousser notre pin blanc? s'enquit Lewis.
— Bien sûr, répondit papa. D'ici, la vallée paraît petite, mais vous verrez, c'est très grand.
D'un pas solennel, nous descendîmes vers le point final de notre périple. Plus nous nous rapprochions, plus nous apercevions de détails. Des gens naviguaient sur la rivière en canot, tandis que d'autres préparaient de la nourriture. De vieilles personnes toutes ridées surveillaient des enfants qui jouaient, garçons et filles mélangés. C'était un village, je pouvais le comprendre, même si c'était le village le plus unique que j'avais vu de toute ma jeune vie!
Lorsque nous arrivâmes près des campements, on nous accueilli comme d'anciens amis. Il y avait même des vieux qui se rappelaient de papa lorsqu'il était jeune.
Le cône avait réussi, il nous avait ramenés à la maison.
Au printemps suivant, après tous les gels, nous avions choisi l'endroit idéal pour y planter notre pin. Tous ensemble, nous dessinâmes le cercle de feu, puis pendant que l'homme médecine jouait du tambour et que Lewis et Adrian jouaient de leur flûte, papa me souleva dans ses bras et m'aida à lancer le cône dans les flammes.
Ce soir-là, il y eut une grande fête.
Automne 1899
Je suis assise aux pieds de notre pin blanc. et maintenant, c'est moi qui raconte l'histoire aux enfants. Je suis devenue une femme-médecine, comme ma grand-mère. Papa, Lewis et Adrian sont morts, me laissant derrière avec mon compagnon, mes enfants et mes petits enfants. Papa n'a pas repris d'autre épouse, mais parmi les nôtres, personne ne lui reprochait. D'autant qu'il y avait toujours quelqu'un pour veiller sur nous, puisque c'est là la beauté de la communauté. Chaque membre veille sur les autres.
Désormais, je n'ai plus besoin d'aller bien loin avant d'avoir mal aux jambes, mais depuis notre arrivé sur le Territoire, je n'ai plus jamais eu besoin qu'on me porte.
Dernièrement, je rêve d'un grand oiseau de feu qui vient m'emporter. C'est celui de la lame qu'avait rapportée Meiling de Chine. Je n'ai jamais vraiment pu rencontrer d'autres représentant de son peuple. Il n'y en a jamais vraiment eu au fond des terres. Je ne suis pas déçu, enfin, pas trop. La Vie n'a pas voulu que je renoue avec cette partie de mon héritage. J'ai donné mon oiseau-lame à celui de mes petits enfants qui m'a posé des questions sur cette partie de notre sang. Il est aussi curieux qu'Adrian, peut-être partira-t-il sur les traces de ce mystérieux objets?
Le monde a beaucoup changé depuis le temps où je voyageais avec mes frères et mon père. Nous arrivons à un nouveau siècles dans quelques semaines et j'espère qu'il sera bon pour les miens. J'ai offert des cônes de notre pin à chacun de mes petits enfants lorsqu'ils sont devenus adultes et j'espère de tout coeur qu'ils trouveront un endroit où le semer.
Je n'ai aucun regrets, je suis prête à quitter cette belle aventure qu'à été ma vie sur le dos de mon oiseau doré. Il est venu le temps pour d'autres de prendre ma place car le Cercle n'est pas brisé.
Charlie Meiling Randall Sioui
Notes et Références
1. Pin blanc
2. https://www.ledevoir.com/environnement/583531/un-imposant-symbole-de-paix
3. Phénix et Coq, qui sont le même signe astrologique dépendant des régions dans l'astrologie chinoise. J'ai retiré les lettres accentuées volontairement, puisque la narratrice est très jeune.
4. Ici, j'ai pris des libertés. C'est plutôt du domaine du sequoia d'avoir besoin du feu pour se reproduire, mais je trouvais que ça ajoutais du mysticisme à l'histoire. :)
5. https://espacepourlavie.ca/flore-biodome/pin-blanc
6. https://monjardinmamaison.maison-travaux.fr/mon-jardin-ma-maison/conseils-jardinage/utiliser-pommes-de-pin-jardin-292549.html#item=1
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