Passage
Le battement lourd de mon coeur.
Le claquement sec de mes pas sur le sol nu.
Le murmure de ma respiration légèrement fébrile.
Silence.
Obscurité.
Solitude.
Je m'installe, les pieds à plat contre le sol, bien droite malgré mes jambes tremblantes. La peur tapie en moi essaye de reprendre le dessus. Sale petite bête qui gratte et essaye de sortir entre mon estomac et mes poumons.
Je prend une longue inspiration, et commence. Les premiers mots tanguent un peu mais soudain, ma voix se pose.
Soudain, c'est magique.
Les mots si souvent lus, les mots si souvent dits et répétés, soudain, les mots coulent, vivants et vrais.
Les mots coulent, depuis le fond de mes tripes, depuis le fond de mon coeur, depuis le fond de mon âme.
Et je vibre chaque mot tant de fois répétés.
Et chaque mot, je le vis.
Soudain, c'est magique.
Je n'ai plus peur, ces mots ce sont les miens et je les offres au public.
Je ne pense plus, légitimité ou non, valeur ou non.
Je ne pense plus, je vis.
Je ne pense plus, je suis.
Je suis.
Enfin, je suis à ma place. Je me sens exactement là où je dois être. À ma place, il n'y a pas d'autres mots.
Je me sens à ma place comme je ne l'ai jamais été. Non pas jamais. Je me sens à ma place comme je le fut dans tes bras.
Je suis bien.
Je suis bien.
Le brouillard qui m'assaille perpétuellement a disparu.
Je suis bien.
La douleur absurde et sans raisons, la douleur intenable a disparue.
Je suis bien.
Les projecteurs percent la brume, et je vois plus clair dans l'obscurité qui s'étend devant moi que je n'ai vu le monde durant des mois.
Je suis bien.
Enfin, je respire.
Je suis bien.
Je suis.
C'est magique.
Il y a l'obscurité à laquelle je parle.
Il y a le bruissement discret de la foule devant moi.
Il y a le poids du micro dans ma main.
Il y a mes jambes qui menacent de me lâcher à tout moment.
Foule de perceptions, profusion de détails.
Mais tout ce qu'il y a, ce sont ces mots que j'offre et ce sentiment de paix.
Mots lancés au silence
Ouverture et paix
Renaissance.
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