'Après tout, ce n'est pas grave, je peux rester un petit moment comme ça...'

Dream émerge lentement, il se redresse et réalise qu'il est toujours allongé sur le lit de George. Son propriétaire dort actuellement dans une position singulière : les bras et les jambes écartées comme une étoile de mer, il prend toute la place, si bien que le blond se retrouve coincé au bord du précipice.
Le rose aux joues, il se lève et sort discrètement de la chambre pour se diriger vers la cuisine.

'Tient, je pourrais cuisiner des pancakes, ça lui fera une bonne surprise."

Il sort les ingrédients et commence la préparation lorsqu'un George ensommeillé descend les escaliers.

"Il est quelle heure ? J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité !" baille-t-il.

"À vrai dire, il n'est que dix heures du matin, tu aurais pu dormir encore. Je suis content que tu aies bien dormi !" fait Dream avec un sourire chaleureux. "Je fais des pancakes, ils devraient être près dans un quart d'heure."

"D'accord, je pense que je vais prendre une douche en attendant."

Et il remonte à l'étage. Quand il réapparaît, ses cheveux mouillés sont en bataille et il porte un jean noir et un ample tee-shirt de la même couleur.

"Comment tu fais pour être beau dans n'importe quelle condition ?" ne peux s'empêcher de demander Dream.

"Je peux te retourner la question ?" répond le brun dans un rire nerveux, les joues roses.

Clay vire aussitôt au rouge. Draguer George est une activité qu'il adore, notamment parce que ça l'embête, mais quand celui-ci répond, son cerveau lance une alarme et il se met à bégayer. Un silence lourd pèse et ils se regardent, jusqu'à que Dream lui tende une assiette.

"Tiens, prends-en pendant qu'ils sont encore chauds."

Les deux compagnons s'installent et dégustent leur petit déjeuné.

"Merci, c'était très bon." le félicite le plus petit.

"Est-ce que j'ai le droit à un bisou alors ?" l'interroge son ami en tendant sa joue. "S'il te plaît." ajoute-t-il avec un regard de chien battu.

"Non." refuse le brun d'un ton suffisant. "Par contre, tu as le droit de me dire ce qu'on fait aujourd'hui."

Dream souffle, déçu. Il sort son téléphone. "On pourrait aller à la petite plage ici." Il montre un endroit sur Google Mapp. "C'est peu touristique mais il y a plein de petits commerces."

Les yeux de George brillent d'excitation. "On part quand ?"

"Je ne sais pas... Je pense qu'on peut partir ce matin et manger sur place. On pourrait y aller en vélo, ce n'est vraiment pas loin... mais je suis bête je n'ai qu'un seul vélo..." Il se frappe la main sur le front.

"Ce n'est pas grave, je peux toujours monter sur le porte-bagage si tu en a un."

"Bonne idée."

Et les voilà partis sous le soleil du matin, accrochés à un vélo bleu à la peinture écaillée, le vent tiède leur fouettant le visage. Heureusement, c'est un matin plutôt frais, mais malgré ça, ils arrivent là-bas tout transpirants.

"J'ai chaaauuuud !" gémit George. "On peut acheter des glaces ?" ajoute-il en désignant la camionnette d'un artisan.

Ils s'approchent de la pancarte pour lire les différents goûts et le brun croise les bras, embêté. "Je n'arrive pas à choisir. Chocolat-Vanille ou Chocolat-Fraise ? Quoique celle au cookie me tente beaucoup..."

"Prends ce que tu veux, c'est moi qui paie." fait le blond avec un sourire.

Après s'être enfin décidés, ils s'asseyent tous les deux sur un banc, face à la mer calme. Dream regarde George déguster sa glace et lécher ses doigts un à un pour ne pas en perdre une miette.

"Attends... tu en as là..." fait-il en essuyant une marque sur sa joue.

Leurs visages sont tellement proches... Trop proches... Il voit les yeux marrons de George briller d'une question invisible...

"Viens, on va s'assoir sur les balançoires ?" demande-t-il à la place.

C'est ce qu'ils font. Et ils y restent longtemps, parlant de tout et de rien, de souvenir ensemble, de choses qu'ils voudraient faire. Autour, l'aire de jeux est calme. Là, un gamin au cheveux noirs comme le jais court après les papillons, un bandeau blanc attaché autour de la tête.

"Regarde Dream, c'est ton meilleur copain. Je suis sûr que dans une autre vie, vous auriez courser les papillons ensemble à l'école." George a un sourire narquois.

Dream lui saute dessus et l'attaque, profondément choqué d'être ainsi comparé à un enfant. Il le balance par-dessus son épaule et commence à courir à travers la plage.

"Dream lâche moi ! Dream j'ai un pantalon long ne me jette pas dans la mère ! Dreaaaaaaam !" crie George.

Dream avance dans l'eau jusqu'à en avoir jusqu'aux chevilles et essaie de faire tomber le plus petit dans l'eau, mais celui-ci s'accroche à sa taille comme un koala. Tout à coup, un temps de tonnerre retentit et en moins de temps qu'il faut pour le dire, un déluge s'abat sur eux.

"Merde !" jure le blond. "J'avais oublié que c'était là saison des orages !"

Ils se précipitent pour récupérer leurs chaussures laissées sur le sable et courent à la recherche d'un abri. Ils se réfugient finalement dans la petite cabane du toboggan de l'aire de jeu, essoufflés et trempés jusqu'aux os.

"J'ai froid." fait George en se blottissant contre Dream.

Pour toute réponse, le grand ouvre son sac et en sort un sweet noir à peu près sec et lui tend. Le brun l'enfile sans discuter et retourne se coller au torse du blond. Celui-ci caresse son dos, le visage enfoui dans ses cheveux mouillés.

"Tu es beau." pense-t-il à voix haute.

"Vraiment ?" réagit George en relevant la tête pour planter ses yeux dans les siens.

Son visage n'est qu'à quelques centimètres du sien. Dream ferme les yeux. Il savoure ce contact, cette chaleur entre leur corps. Il sent les lèvres du petit effleurer les siennes. Il l'entend murmurer 'Je t'aime' dans son cou.

"Moi aussi.", il répond.

Il ouvre les yeux. Son visage est trempé. Dans sa poitrine, quelque chose s'est brisé.