Chapitre 5
POV Dan
Mes mains sont crispées sur le volant alors que j'ai le regard fixé sur la route.
Je ne comprends plus rien, je suis perdu. Tout c'en quoi je croyais s'est effondré d'un seul coup, je ne sais même plus si je rêve ou non. Je ne suis même plus sûr de savoir qui je suis réellement, ma vie est bâtie sur un énorme mensonge.
J'ai une douleur dans la poitrine, insistante et lancinante. C'est comme si no mon corps, ni mon esprit n'acceptaient la nouvelle. D'un sens, comment fait-on pour se remettre du fait que la femme qu'on appelle maman depuis tant d'années, n'est finalement pas sa mère. Surtout qu'est-ce que je suis censé faire avec cette femme dont je ne connais même pas le nom, qui arrive du jour au lendemain pour balayer ma vie ?
J'ai réussis à surmonter tant d'épreuves, mon coming-out, ma relation caché avec Luke, son coming-out à lui, son accident, sa perte de mémoire. Et maintenant que tout semblait être stable et rassurant, je me retrouve de nouveau bouleversé, ne savant pas réellement quel chemin prend ma vie.
D'un seul coup je ressens le besoin d'hurler, je veux faire extérioriser ma douleur, pour la chasser la plus loin possible de moi. Je hurle encore et encore, mais la douleur est toujours là, persistante.
Rapidement des liens se font dans mon esprit, c'est donc pour ça que Luke paraissait si bizarre, il était au courant. Comment a-t-il pu me faire ça ? Me cacher une chose aussi énorme que cette merde. Il aurait dû m'en parler, pour pas que ça ne me tombe dessus de la sorte. Je pensais qu'il n'y avait plus de secret entre nous. Eh bien je me suis trompé.
A vrai dire je ne sais même pas à qui en vouloir. A Luke à cause du fait qu'il est été au courant et qu'il ne m'en est pas parlé ? A ma mère, enfin Helene, qui n'est pas vraiment ma mère ? A cette femme qui, en une seule apparition, a mis ma vie en bordel ? Ou bien à moi, qui n'arrive pas à gérer une telle connerie ?
Je pense que j'en veux à chaque personne. Tout le monde a foiré ce coup là, personne n'a eu la bonne attitude.
Est-ce que ça veut dire que si cette femme n'était pas venue ce soir, ma mère m'aurait menti toute ma vie et aurait continué de le faire encore et encore ?
Je ne sais pas ce qui aurait été le mieux, qu'elle me l'annonce dans un moment plus calme, ou qu'elle ne me le dise jamais ?
Comment peut-on garder un tel mensonge aussi longtemps et réussir à regarder son soit disant fils dans les yeux ? Je ne pourrais le faire.
Alors que je roule sans but depuis à peu près une vingtaine de minutes, j'observe à quel niveau de la ville je suis. Je fronce les yeux quand je reconnais la maison de Mickey. Je ne sais même pas pourquoi j'ai conduit jusqu'à chez lui, mais je sens que j'ai besoin de lui parler.
Je me gare devant chez lui et marche jusqu'à sa porte. Cette dernière s'ouvre quelques instants plus tard. Mickey écarquille les yeux de surprise puis un sourire apparaît sur ses lèvres.
- Dan ? Qu'est-ce que tu fous ici ? Je ne savais pas que tu étais de retour en ville.
Son sourire s'envole quand il aperçoit mes yeux rouges et qu'il lit la tristesse dans mes yeux. Il passe un bras par-dessus mes épaules et me fait entrer à l'intérieur.
Sans m'en rendre particulièrement compte je me retrouve dans la chambre de Mickey et il me tend une bouteille de Vodka. Je ne traine pas à l'ouvrir, et rapidement je laisse le liquide brulant couler dans ma gorge, me faisant grimacer au début.
Mickey s'assoit à côté de moi, un sourire triste sur les lèvres. Il serre le poing et se tourne vers moi.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne sais pas si tu veux savoir.
Alors que j'ai les yeux dans le vide, la main de Mickey se pose sur mon bras, provoquant un frisson dans tout mon bras.
- Raconte-moi.
J'acquiesce et commence à raconter le déroulement de ma soirée.
Alors que je finis de lui dire qu'Helene n'est pas ma mère, je commence à lui dire ce que je ressens vis-à-vis de Luke.
- Nous avons vécu tellement de chose lui et moi, mais là je ne sais pas quoi penser. Je me sens trahi, je-je pensais lui faire confiance, et au final il me cache une chose aussi importante que ça. Je ne sais pas quoi penser.
Je me tourne vers Mickey, des larmes sur les joues. Il me fait une moue un peu gêné, mais finit par répondre.
- Peut-être qu'il voulait te protéger de cette nouvelle.
Je suis surpris, Mickey n'est pas du tout du genre à défendre les autres, au contraire il préfère les rabaisser dans leurs fautes.
- Mais il aurait dû penser à ce que moi je voulais, au lieu de prendre la décision tout seul et d'agir de la sorte.
- Je pense que ça a été une décision difficile pour lui.
Je ris nerveusement et place le goulot de la bouteille à ma bouche avant d'avaler plusieurs gorgées brulantes.
- Qu'est-ce que tu en sais ?
- Je le sais parce qu'il ne veut pas te voir souffrir. Personne ne le veut.
Je ne comprends pas sa dernière phrase, je tourne alors la tête vers lui en fronçant les sourcils.
Ses yeux sont brumeux et sa bouche est entre-ouverte. Sans que j'ai le temps de réagir, il passe sa main derrière ma nuque et capture mes lèvres d'un geste assuré et sauvage. Sur le coup je ne sais pas comment réagir, mais lentement une douce chaleur se répand peu à peu dans l'ensemble de mon corps.
Une douce odeur que je connaissais autrefois s'insinue peu à peu dans mes narines, alors que la langue de brun vient caresser doucement la mienne. Je ne sais pas ce qui me prend, mais j'effleure la peau de son torse en passant une main sous son tee-shirt. Un soupir de plaisir s'échappe de ses lèvres alors que mon corps bascule par-dessus le siens.
C'est comme si je n'étais plus maître de mes mouvements, l'alcool brouillant ma vue et me faisant perdre peu à peu le contrôle et ma clarté d'esprit.
La langue de Mickey passe de mon oreille à ma gorge, me faisant retenir ma respiration, puis doucement il fait passer mon tee-shirt par-dessus ma tête, puis le siens vient bientôt rejoindre le miens au sol.
Je ne sais pas comment nous en sommes arrivé là, je sais que c'est mal, mais j'en veux tellement à Luke que je me laisse emporter. J'avais tellement l'habitude de coucher avec Mickey, que les mouvements me reviennent en mémoire avec une telle facilité que je n'arrive pas à m'arrêter.
Bientôt nous nous retrouvons seulement en sous-vêtements, et je ne cesse de me répéter que c'est mal, mais l'alcool me dit au contraire que j'en ai besoin, Luke a besoin d'une leçon, et lui m'a déjà trompé, n'est-ce pas à mon tour ?
Alors que mes mains sont ancrées dans les hanches de Mickey et que nos corps ne font plus qu'un, j'entends la porte s'ouvrir derrière moi. Je tourne la tête et je sens le monde me tomber dessus.
La sœur de Mickey est là, mais elle n'est pas seule. Luke et Aaron sont là. Et c'est à ce moment-là que je réalise à quel point j'ai merdé. Je me détache de Mickey et ramasse mes vêtements en vitesse, mais c'est trop tard je le sais bien.
Luke tremble, son regard est ombrageux, il regarde Mickey puis moi. J'ai envie de me jeter à ses pieds, mais il serre les poings et se tourne sans prononcer le moindre mot. Je me lève et lui attrape le bras en le suppliant de rester.
- Luke ce n'est pas ce que tu crois, j'ai bu, je ne sais pas ce que je faisais. Je suis désolé.
Mais Luke me repousse et me foudroie du regard. Je lis tant de haine dans ses yeux. Il me regarde de la même façon que la première fois où il a compris que c'est lui que j'aimais. Mais j'ai l'impression que c'est pire cette fois.
Il se passe une main sur le visage et s'adresse à moi sans même me regarder.
- Helene s'inquiétait pour toi, il vaut mieux que tu rentres.
Puis il sort.
Je veux le rattraper, lui dire que je m'en veux, que j'ai déconné. Mais Aaron m'attrape le bras, m'empêchant de rejoindre Luke.
- Laisse-le partir, il a besoin de temps.
Je jette un regard affolé à mon cousin, puis je finis par tomber sur mes genoux en pleurant. Putain mais qu'est-ce qu'il ne va pas chez moi, pourquoi j'ai tout fait foirer en couchant avec quelqu'un que je n'aime même pas.
Aaron s'accroupit près de moi, en me passant sa veste sur mes épaules.
- Dan, pourquoi est-ce que tu as fait ça...
J'ai la gorge nouée, je n'arrive pas à prononcer la moindre parole. Je me demande pourquoi. Pourquoi je suis aussi con. Certes je voulais me venger de lui, mais il ne méritait pas que ça soit de la sorte.
Comme ma mère biologique j'ai tout détruit en un seul et court instant. Après tout, je dois sûrement lui ressembler plus que je ne le savais.
Aaron soupir puis me tend mon tee-shirt avant de me murmurer à l'oreille.
- Habille-toi, on rentre.
Alors que j'enfile mon jean et mon tee-shirt, j'entends la voix de Mickey derrière moi. Il est énervé et hurle presque.
- Putain Sarah, tu ne pouvais pas frapper avant de les faire rentrer bordel !
Je reconnais enfin Mickey, j'ai été trop bête de me laisser berner par sa si soudaine compréhension envers mon copain. Ce n'était qu'une façon subtile de m'avoir de nouveau dans son lit, comme au bon vieux temps.
Une fois habillé, je me lève et sors de la chambre de Mickey sans le regarder. Il m'appelle mais je sors de chez lui en courant.
Aaron m'appelle lui aussi, mais je ne me retourne pas. Je sors et me mets à courir.
La voiture de ma mère n'est plus là, j'ai dû laisser les clés sur le contact, et Luke a dû partir avec étant donné que celle d'Aaron est toujours là.
Je commence à marcher, je ne sais pas vers où je marche, mais je le fais.
Je ne sais pas où je suis, mais je m'en fous. Je me sens brisé à l'intérieur, je ne comprends pas comment c'est arrivé, ce qui a tout fait basculé, ma mère peut-être, mais je n'en suis pas sûr.
Chaque fois que tout va bien, un séisme arrive et détruit tout sur son passage, j'ai l'impression que ça vient de moi, que je n'arriverais jamais à être heureux, que quoi qu'il arrive ça finit par foirer.
Pourtant je sais bien que c'est de ma faute, c'est moi qui aie joué au con, qui est partis baiser avec un autre mec alors que mon copain me cherchait, s'inquiétant sûrement. Mais au lieu d'être à ses côtés, j'étais dans le cul d'un autre mec.
Ça ne me ressemble pas, jamais je n'aurais fait ça avant, c'est comme si ma vie n'était plus la mienne, que peu importe mes choix, ça finirait quand même mal. Et je n'arrive plus à le contrôler.
J'arrive à un moment près d'un carrefour, je n'en peux plus, c'est trop. Je me mets à hurler et à donner un coup de pied dans un mur avant de m'effondrer sur le sol. Je plaque mes mains sur mon visage et pleure toutes les larmes de mon corps.
Je n'ai jamais autant pleuré depuis que j'ai rencontré Luke, mais je n'ai jamais autant été heureux qu'en étant avec lui.
Je souffle un bon coup, puis me redresse. Peut-être qu'il n'est pas trop tard, je peux peut-être tout réparer, et il pourra me pardonner. Parce que je l'aime et lui aussi il m'aime, je le sais au fond de moi.
C'est donc sans attendre, que je suis retourné chez moi.
Je ne sais pas depuis combien de temps j'ai été absent, mais le visage soulagé de ma mère me fait comprendre que ça fait quand même assez longtemps.
Je l'embrasse rapidement puis monte les marches deux à deux avant d'ouvrir la porte de ma chambre avec hâte. Mais je sens mon cœur me serrer en voyant que ma chambre est vide des affaires de Luke et lui-même.
Je reste bouche-bée durant un court instant, puis descend dans la cuisine à toute allure. Je vais vers ma mère, les joues couvertes de larmes, suppliant.
- Où est-ce qu'il est ?
Ma voix tremble, je n'arrive pas à contenir mes émotions. Il faut que je lui parle, il ne faut pas qu'il soit déjà partis, il faut qu'il me laisse ma chance de me rattraper.
Ma mère me fait un sourire triste, puis caresse ma joue de son pouce, j'en viens même à oublier le principal problème de la soirée.
- Il est parti dormir dans un hôtel. Qu'est-ce qui s'est passé Dany ?
- Je...
Alors que je m'apprête à tout dire à ma mère, la porte d'entrée s'ouvre. Mon cœur s'emballe et je fixe l'encadrement de la porte de la cuisine, en priant d'apercevoir le doux visage de mon beau blond. Mais la réalité me revient en pleine figure quand Aaron fait son entrer.
Mon corps devient lourd, et j'ai dû mal à rester debout.
Je m'approche de mon cousin, il me prend dans ses bras. Je me sens un peu mieux, mais ce n'est que très rapide.
- Il est parti dans un hôtel, tu veux bien m'y conduire ?
- Bien sûr. Dans lequel ?
Je me tourne vers ma mère, cette dernière hausse les épaules en m'accordant un regard désolé.
Je me sens de nouveau démuni, mais Aaron pose une main sur mon épaule avant de parler.
- On les fera tous.
Je le remercie et nous sortons de chez moi. Laissant ma mère dans la cuisine, ne comprenant pas réellement ce qui est en train de se passer.
Par chance il n'y a que deux hôtel dans la ville où ma mère vit. Et nous avons rapidement trouvé dans lequel Luke avait pris une chambre, surtout que la voiture de ma mère se trouvait sur l'un des parking.
Aaron a voulu m'accompagné à la chambre de Luke, mais j'ai refusé et lui ai dit de partir s'il ne me voyait pas revenir dans 15 minutes. Il a accepté et je suis sorti de la voiture.
Je suis tellement chanceux d'avoir Aaron, jamais quelqu'un ne m'a compris autant que lui le fait, il est si attentionné envers moi, il est comme mon frère, le perdre serait que trop douloureux.
Quelques minutes plus tard je me retrouve devant la chambre 33. Le garçon de l'accueil m'a donné le numéro de la chambre sans me poser de questions et j'en suis très reconnaissant.
Je reste plusieurs instants devant la porte, ne sachant pas si c'est la bonne chose à faire.
Mais rapidement mon côté égoïste prend le dessus et je finis par frapper à la porte. Quelques secondes plus tard la porte s'ouvre, Luke me voit et referme la porte immédiatement. J'arrive à la bloquer avec mon pied et plonge mes yeux dans les siens.
- S'il te plait, accorde-moi juste ce soir. Laisse-moi t'expliquer. Je ne suis plus moi-même. J'ai l'impression que plus rien ne va, je ne sais même plus qui je suis, j'ai l'impression que ma vie est un total mensonge, rien dont j'ai vécu n'est vrai. Tout est bâtis sur un mensonge. Je-je...
Alors que je pense tout espoir envolé, Luke ouvre la porte et me fait signe d'entrer. Je ne traine pas et entre à l'intérieur.
Luke ferme la porte et me regarde.
La terre s'ouvre et je commence à tomber. Je me sens tellement comme une merde, je tombe à genoux et mon corps tremble sans s'arrêter.
Je ne veux pas qu'il ait pitié de moi et donc qu'il me pardonne plus facilement. C'est seulement la vérité, je pleure et je n'arrive pas à m'arrêter. Je me sens si mal que je n'arrive pas à me contrôler.
Luke s'approche de moi, il me force à me lever puis m'allonge dans le lit. Alors que je suis sur le point de parler, il s'allonge contre mon dos et passe un bras par-dessus mes épaules. Je ferme enfin les yeux et mes spasmes se calment peu à peu.
Alors que je reprends une respiration un peu plus normale, la voix de Luke me parvient aux oreilles, comme une flèche en plein cœur.
- Tu as conscience que toi et moi c'est fini ?
J'essaye de me dégager de ses bras, mais il me maintient et colle sa tête dans le creux de mon épaule.
- Non reste. Juste pour cette nuit, on vivra avec cette merde demain, pas ce soir.
Je ne sais pas si c'est bien, mais je cesse de me débattre et ferme de nouveau les yeux, peut-être qu'il changera d'avis demain, du moins je l'espère tellement.
En contraste avec les éléments de la veille, ma nuit s'est révélée être calme et agréable, surement dû à la présence et les bras réconfortants de Luke.
Quand j'ouvre les yeux, je me sens seul. Mon infidélité de la veille me revient en pleine face et la douleur que j'éprouve dans mon ventre me ramène à la réalité, Luke n'est plus couché à côté de moi.
J'aurais dû rester éveillé toute la nuit, pour essayer de le convaincre que j'ai fait une terrible erreur, mais je n'ai pas pu, j'ai seulement voulu profiter de son contact avant qu'il ne me soit brusquement arraché.
Je me redresse soudainement en entendant la porte de la salle de bain s'ouvrir. Je me tourne et aperçoit Luke, le corps enveloppé dans une simple serviette blanche, le rendant pourtant si beau.
Je me rapproche de lui doucement, en essayant de me faire pardonner.
- Luke, je n'aurais jamais dû, j'ai déconné...
Il m'ordonne de me taire d'un geste de la main. Son regard est dur. Je l'ai perdu, c'est trop tard.
- C'est trop tard, ce qui est fait est fait. Va prendre une douche, je te ramène chez Helene.
Je hoche la tête et pars dans la salle de bain. Mais avant que je n'aie eu le temps de fermer la porte, Luke me jette un tee-shirt et un caleçon, puis il se détourne de moi.
J'enlève mes vêtements, entre dans la cabine de douche et m'assoie sur le sol avant de ramener mes jambes contre mon torse.
Je ne fais même pas le maximum pour le récupérer, mais j'ai l'intime conviction que ça serait d'aggraver mon cas que de le supplier encore et encore.
Je sors de la douche, Luke est assis sur le lit, son téléphone à la main. Je jette un coup d'œil à sa valise, elle est fermée.
Je lève les yeux vers lui, il me regarde un voile de tristesse recouvrant ses yeux, puis il se lève.
- Viens je te ramène.
J'acquiesce et le suis dehors. J'ai juste envie de disparaître, de ne plus avoir affaire à son regard déçu et hargneux. Je ne veux plus voir la haine qu'il a pour moi, je n'en peux plus, je me sens déjà trop mal.
Le trajet jusqu'à chez moi c'est fait dans un silence pesant, mais je n'avais rien à dire, je ne voulais pas gâcher la moindre chance qu'il me pardonne, enfin si il y en avait au moins une.
Alors que nous arrivons devant chez moi. Le ciel s'acharne sur moi. Mickey est là, les mains dans les poches.
Je me tourne vers Luke, lui aussi a vu Mickey. Il se gare brusquement et sort de la voiture. Je comprends immédiatement ce qu'il compte faire.
Je sors en vitesse de la voiture et me précipite vers eux. Mais c'est trop tard, le poing de Luke s'est abattu sur le visage Mickey. Sous l'effet de la surprise il tombe au sol, et Luke lui assène un coup de pied dans les côtes.
Je tire Luke en arrière pour qu'il arrête, il ne fera pas le poids contre Mickey, je le sais. Et je ne laisserais pas Mickey toucher la moindre la parcelle de la peau de Luke.
Mickey se relève et commence à avancer vers Luke, mais je le repousse en arrière et lui hurle de ne rien faire. Mickey me jette un regard noir, mais obéis. Je me retourne et Luke crache quelques paroles au visage de Mickey.
- Il est tout à toi maintenant.
Il m'adresse un regard de haine puis entre dans la maison.
Je reste sous le choc. Mickey serre les poings et se tourne vers moi en criant.
- Mais putain pourquoi tu ne m'as pas laissé le frapper !
- Rentre chez toi Mickey.
Puis sans un mot de plus je rentre chez moi, m'attendant à affronter la pire des confrontations que je n'ai jamais eu.
Luke est assis sur le canapé dans ma salle. Ça me fait bizarre car il y a à peine une journée, nous étions tous les deux dans ce canapé à nous embrasser, alors que maintenant je marche sur des œufs pour qu'il me pardonne.
Je m'assois sur un fauteuil en face de lui et me lance enfin.
- Ecoute Luke, je sais que j'ai merdé. Mais je n'étais pas moi-même, je t'en prie pardonne moi, ça n'arrivera plus jamais.
Luke plonge ses yeux dans les miens, puis se lève brusquement. Il s'approche de moi et me demande de me lever. Je le fais avec tout de même de l'appréhension, puis je le fixe.
Sans m'y attendre il pose ses mains sur mes joues, puis sa bouche capture la mienne avec douceur.
Je ne comprends pas ce qu'il se passe, et je suis trop surpris pour apprécier ce doux baiser de sa part.
- Je ne peux pas te pardonner. C'est trop dur. Je vais retourner chez moi.
- Non...
Il pose un doigt sur mes lèvres et continu d'une voix douce et pleine d'amour, contrastant avec ses yeux ombrageux.
- J'ai commandé un taxi, il va arriver d'une minute à l'autre. Je vais retourner chez moi, et dès que je franchirais le pas de ta porte, il n'y aura plus rien entre nous. Ça sera finit.
- Je t'en supplie.
Ma voix tremble, je le perds, même si c'était déjà le cas.
- Quand tu reviendras, n'essaye pas de me voir. Je ne veux plus. Je t'aime tellement, mais j'ai besoin de temps.
- Combien de temps.
- Beaucoup trop. Je pense qu'il n'y aura plus jamais de nous. Ça ne marche pas, c'est comme si l'univers nous envoyait des messages, nous ne sommes pas fait pour être ensemble, pourquoi s'acharner ?
- Mais je t'aime.
- Dan...
- Je t'aime tellement.
Luke sourit alors que des larmes roulent sur mes joues. Il chasse une larme de son pouce puis il me chuchote doucement.
- Si c'est le cas, laisse-moi partir.
Je ne sais pas quoi répondre. Est-ce que c'est vraiment ce qu'il souhaite ?
Un bruit de klaxon nous parvient de l'extérieur, il m'embrasse le front, puis attrape ses valises avant de se diriger vers la porte.
Mon cœur s'accélère, je me tourne vers lui et court dans ses bras. Sa voix me caresse les cheveux alors que mon cœur se brise de plus en plus.
- Je t'aime Dan, mais laisse-moi partir.
J'acquiesce, et il embrasse mes lèvres pour une toute dernière fois, avant de disparaitre de ma vie.
Je suis resté plusieurs heures à me morfondre, c'était fini, et je ne pouvais rien y faire. Il m'a dit qu'il m'aimait mais il a quand même décidé de partir, de chez moi mais aussi de ma vie. Je n'étais pas près et je ne le suis toujours pas.
J'essuie mes larmes d'un revers de la manche et descends rejoindre ma mère dans la cuisine. Je m'assois en face d'elle en silence. Elle me jette un regard mi gêné, mi désolé. Puis elle pose sa main sur la mienne.
- Il est parti ?
Un moment de court silence, il est temps que je réalise.
Je hoche la tête. Mais je ne suis pas descendu pour parler du départ de Luke, je refuse de croire que tout est perdu, mais je préfère me concentrer sur un autre problème pour le moment.
- Je veux que tu me parles de ma mère.
Elle ouvre grand les yeux et secoue la tête.
- Dany...
- Parle-moi d'elle.
- Je ne peux pas.
Je serre le poing et pousse un soupir.
- Eh bien j'irais la voir. Mais au moins dit moi pourquoi tu m'as caché ça pendant toutes ces années.
Elle continue de secouer la tête, alors qu'elle commence doucement à pleurer.
Je me lève et me rapproche d'elle, je passe une main dans ses cheveux châtains, puis ses grands yeux marrons me détaillent subitement.
- S'il te plait, parle-moi.
- Je ne sais pas, je...
- Maman, je t'en prie, dis-le moi.
Elle inspire puis se lance enfin.
- Je voulais te protéger. Tu ne méritais pas d'une telle femme qu'est ta mère dans ta vie. Elle ne fait que détruire ce qu'elle touche, elle ne t'aurait apporté que du mauvais dans ta vie, je voulais t'en protéger.
- Mais pourquoi ne pas me l'avoir dit, je suis assez grand pour comprendre.
- Tu es peut-être assez grand, mais tu n'es pas prêt à recevoir un tel problème comme elle. Crois-moi, elle ne t'apporterait que du mauvais.
- Mais c'est ma mère. Et celle de Sophia ?
Ma mère, enfin Helene, je ne sais comment l'appeler, retient un hoquet de surprise mais finit par parler.
- Oui c'est sa fille. Mais je vous ai élevé comme les miens, vous êtes mes enfants, tu es mon fils, les liens que nous avons créés sont bien plus important que les liens du sang que tu partages avec elle.
J'acquiesce et me rends compte que c'est vrai. Helene a été une mère formidable pour moi, même si la perte de mon père et de Sophia l'ont brisé, elle est toujours resté debout pour moi, et je serais ingrat que de la blâmer de m'avoir protégé.
Je la prends dans mes bras et la serre contre moi.
- Oui je sais, et tu es ma mère, je suis désolé d'avoir réagis de la sorte.
Elle tremble contre moi, puis s'écarte avant de feindre un petit sourire. Mais je brise sa joie en une seule et unique phrase.
- Je voudrais la voir.
- Quoi ?
Elle ne semble pas comprendre, à vrai dire moi non plus. Je sais juste qu'il faut que je parle à cette femme qui me ressemble tant, que je sache sa version de l'histoire, celle d'une mère abandonnant son fils.
- Dany ce n'est pas une bonne idée.
- J'en ai besoin. Comment s'appelle-t-elle ?
Elle hésite, mais je fais une douce pression sur sa main droite pour la convaincre de me répondre. Elle inspire.
- Dahlia, elle s'appelle Dahlia.
- Comment est-ce que je peux la joindre ?
Ma mère semble hésiter, puis elle se lève et attrape son sac. Elle ouvre son porte-monnaie et en sort un bout de papier. Elle le triture entre ses doigts en le fixant.
- Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? Tu ne veux pas réfléchir un peu avant ?
- C'est ce que je veux.
Ma voix est ferme et déterminée, c'est ce que je veux, enfin je le pense.
Elle pousse un petit soupir puis me tend le bout de papier. Je l'ouvre et y lis un numéro de téléphone.
Je me lève et me dirige vers ma chambre, mais je m'arrête à l'entrée de la cuisine avant de me tourner vers ma mère.
- Merci. Saches que tu seras toujours celle que je considère comme ma mère, peu importe qui elle est.
Ma mère me sourit et je monte dans ma chambre.
Je fais les cents pas, puis finalement je tape le numéro sur mon téléphone.
Plus les tonalités résonnent plus je me demande si j'ai fait le bon choix. Est-ce que j'ai vraiment envie de rencontrer quelqu'un qui m'a abandonné ?
Mais je n'ai pas le temps de me poser plus de question, une voix parvient à mes oreilles et me ramène au présent.
- Allo ?
- Dahlia ?
- Oui qui c'est ?
- C'est Dan, ton fils.
J'entends une inspiration brusque, sûrement dû à la surprise de m'avoir au téléphone. Puis Dahlia me répond enfin.
- Oui bien sûr, qu'est-ce que tu veux ?
- Te rencontrer.
- Oh et bien, d'accord. Quand est-ce que ça t'arrange ?
- Maintenant. Enfin dans 10 minutes, si tu es disponible.
- Oui je suis libre. Où est-ce que tu veux qu'on se voit ?
- Au café de l'hôtel de ville.
- D'accord. Je serais là.
Je ne sais pas trop quoi dire. Je pense que c'est le nécessaire, ça ne sert à rien de prolonger cette conversation, je lui poserais autant de questions que je le souhaite tout à l'heure, quand elle sera en face de moi.
Je raccroche sans rien rajouter de plus, puis j'enfile une veste avant de descendre les escaliers.
Ma mère est là, le regard triste. J'aimerais ne pas lui parler, mais elle s'interpose entre la porte et moi avant de me prendre dans ses bras.
- Tu vas la voir ?
- Oui, je préfère ne pas tourner en rond. J'ai besoin de réponse à mes questions, je ne veux pas me torturer l'esprit plus que je ne le fais déjà.
Ma mère hoche la tête puis me reprend dans ses bras. Je la serre contre moi, lui embrasse le front, puis me détache d'elle pour sortir de la maison en prenant ses clefs de voiture au passage.
Sur la route menant au café je sens une boule d'angoisse se former dans mon estomac. Je suis anxieux et c'est compréhensible étant donné que je vais rencontrer plus en détail cette femme qui se dit ma mère. Je ne sais pas à quoi m'attendre et c'est ça le plus angoissant. Je n'aime pas l'inconnu.
Je suis arrivé assez vite à l'hôtel de ville, je me suis garé puis me suis rendu dans le café comme prévu. J'étais le premier arrivé, donc je me suis assis à une table et j'ai attendu son arrivé.
Je ne sais pas combien de temps j'ai attendu. Par contre ce que je suis sûr c'est que les 10 minutes prévues ont été largement dépassées. Certes un retard imprévu peut arriver, mais au bout d'une demi-heure, je commence à me demander si je n'attends pas pour rien.
Alors que je me lève, m'apprêtant à partir, une femme entre dans le café, et je la reconnais instinctivement.
Elle secoue ses cheveux bouclés puis s'avance vers moi. Je me rassois après lui avoir serré la main et fixe mon regard dans le siens.
- Je suis désolé pour mon retard, mon copain avait besoin de moi, donc je l'aie aidé.
- Pas de problème, tu es là maintenant donc c'est bon.
Je lui fais un faux sourire, alors qu'une serveuse arrive à notre table.
- Bonjour, que désiriez-vous ?
- Un café s'il vous plait. Qu'est-ce que tu veux Dahlia ?
- Oh non c'est bon, je n'ai pas soif.
Elle triture un trou à la manche de son manteau. Je me demande si elle refuse car elle a vraiment pas soir, ou si c'est un problème d'argent. J'opte pour la deuxième possibilité et décide de l'inviter.
- Prends quelque chose, c'est moi qui t'invite.
Un sourire s'installe sur ses lèvres alors qu'elle se tourne de nouveau vers la serveuse.
- Eh bien je prendrais un café et une part de tarte au citron.
Donc j'ai bien raison, c'est un problème d'argent.
Je secoue la tête et décide de ne pas y penser.
Je ne sais pas par où commencer et par chance c'est elle qui brise la glace et engage la conversation.
- Eh bien, quelles questions tu voulais me poser ?
Tant de questions se bousculent, je ne sais même pas par où commencer, chacune à de l'importance et je ne sais pas s'il y a un ordre dans ce type de situation.
Finalement je décide de commencer par la plus importance de toute, par la raison de tout cela.
- Pourquoi est-ce que tu reviens maintenant ?
Elle paraît surprise, mais ne vacille pas. Elle passe une main dans ses cheveux avant de pousser une petite respiration sifflante.
- J'avais envie de connaître mon fils. Je n'aurais jamais du te laisser à cette femme, et j'aimerais rattraper toutes ses années perdues.
Je fronce les sourcils, je ne suis pas trop convaincu. Je continu donc mon petit interrogatoire pour avoir plus de réponse.
- Pourquoi m'avoir abandonné dans ce cas-là ?
- Je ne t'ai pas abandonné, c'est Aiden et Helene qui vous ont arraché à moi.
Elle ne me regarde pas droit dans les yeux et sa voix est trop sûre d'elle pour démontrer du chagrin. Je n'y crois pas une seule seconde.
- Dis-moi la vérité. Pourquoi mon père sera parti avec une autre femme et vos enfants ?
Elle soupir et se frotte le visage d'un mouvement las et lent.
- Tu ne te laisses pas avoir facilement. Tu lui ressembles beaucoup, à ton père. Il était comme toi quand il était jeune.
- Raconte-moi la vérité. De toute façon si je ne suis pas convaincu je partirai et tu ne me reverras plus jamais.
Elle se mord la lèvre, puis un sourire franc apparaît sur ses lèvres alors qu'elle passe sa main une nouvelle fois dans ses cheveux.
- D'accord je vais être franche avec toi. Quand j'ai rencontré Aiden, il était déjà en couple avec Helene. Il était désespéré car il voulait absolument des enfants mais Helene n'arrivait pas à lui en donné. C'est donc là que je rentre en jeu.
Elle m'adresse un rapide sourire, puis avale une gorgée de son café avant de continuer sa petite histoire.
- J'étais une droguée et une pute. Ton père était venu me voir plusieurs fois étant donné qu'Helene ne lui apportait que des problèmes, ce qui n'est pas surprenant. Enfin bref, j'avais énormément besoin d'argent donc je lui ai proposé de porter son enfant. Il n'a pas attendu une éternité avant de me donner sa réponse, il m'a interdit de me droguer pendant la grossesse, ce que j'ai fait vu qu'à la clef il y avait de l'argent. Et c'est donc comme ça que Sophia est née.
Je ne comprends pas, mon père avait enfin ce qu'il voulait, un enfant, alors pourquoi je suis aussi l'enfant de Dahlia, je ne comprends pas.
Je me passe une main dans les cheveux faisant tomber quelques boucles sur mon front, puis je plonge mes yeux verts dans les siens.
- Qu'est-ce qui s'est passé par la suite ?
- Ils étaient heureux, moi aussi car j'avais de l'argent. Mais Aiden venait toujours me voir pour passer du bon temps. Helene ne se doutait de rien, trop occupée à changer les couches de Sophia et de lui apprendre à marcher pendant que son mari me sautait. Au fur et à mesure notre relation est passée d'une pute avec son client, à un homme et sa maîtresse. Il m'entretenait dons je n'avais plus besoin de me prostituer. Et c'est arrivé.
- Qu'est-ce qui est arrivé ?
- Toi bien sûr. Je suis tombé enceinte quelques années après avoir eu Sophia, je ne voulais pas avorter, c'était là l'occasion pour avoir Aiden à moi toute seule. Je comptais donc sur toi comme une assurance par rapport à mon avenir, mais ça ne s'est pas passé comme je le voulais.
J'ai donc été un putain d'accident entre mon père et sa pute.
Je sens la colère monter très rapidement, mais j'essaye de respirer et de prendre sur moi pour que cette histoire ne me touche pas trop.
Dahlia me jette un coup d'œil puis reprend le fil de son histoire.
- Ta mère a attendu que tu naisses, puis elle m'a proposé de l'argent contre ta garde, beaucoup d'argent. Je pensais qu'Aiden allait quitter Helene pour moi, mais il m'a brisé en me disant que ça n'arriverais jamais. Je voulais te garder, mais j'étais tombé plus bas que terre, et je passais mes journées à me droguer et à boire, mais je t'aimais. Tu étais mon bébé.
Elle tend sa main vers ma joue, mais je me recule d'un mouvement brusque. Elle hausse les épaules et continu.
- Nous étions heureux tous les deux, jusqu'au jour où cette salope d'Helene à appeler les services sociaux et t'a arracher à moi. J'ai perdu tous mes droits parentaux et ils t'ont adopté, m'interdisant de venir te voir. Mais je n'ai jamais arrêté de t'aimer et de penser à toi.
Elle a été franche avec moi, à moi de l'être.
- Et tu ne penses pas que c'était la meilleure solution ? J'ai eu une bonne éducation et je m'en sors très bien. Tu penses que tu aurais pu m'en donner une meilleure ?
- Mais je t'aimais, je suis ta mère.
Elle m'adresse non pas un regard triste, mais un regard de haine, que je ne comprends pas. Si elle m'aimait comme elle le dit, elle aurait su que c'était la meilleure solution pour moi, une meilleure vie qu'elle n'aurait jamais pu m'offrir. Mais au lieu de ça, j'ai devant moi une femme qui ne supporte pas qu'une femme étrangère ait été une meilleure mère qu'elle, elle aurait préféré me voir malheureux et sans avenir que comme je suis aujourd'hui.
Sur un coup de tête je me lève et commence à partir.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Je lui jette le même regard de haine qu'elle m'a jeté il y a à peine quelques instants puis je m'adresse à elle sur un ton froid et dur.
- Je ne pense pas que tu m'aimes, tu veux juste trouver un moyen de faire chier la femme que tu détestes le plus au monde, car elle t'a pris celui que tu aimais et qui te permettait d'avoir enfin une situation agréable.
- Je la déteste parce qu'elle m'a pris ce qui m'était le plus précieux au monde, mon fils.
Sa voix tremble. Je pense qu'elle joue la comédie ; mais cette fois-ci ça semble réel. Je ne sais pas quoi penser, j'ai l'impression que si je reste, je risque de le regretter. Mais en même temps j'ai l'impression aussi que si je pars je le regretterais de même.
Je la regarde, son visage est neutre, mais ses yeux verts sont très expressifs. J'ai l'impression de me voir dans un miroir durant un court instant, mais je finis par secouer la tête et m'assoir de nouveau à ma place.
- Prouve-moi que c'est pour moi que tu es revenu, et pour ne pas foutre en l'air ma vie juste pour faire chier Helene.
Elle acquiesce et sourit.
- Je ne compte pas d'abandonner une nouvelle fois, je veux apprendre à te connaître si tu le permets.
- Et bien laisse-moi te connaître d'abord. Où vis-tu ?
- Dans un appartement avec mon copain.
- Comment est-ce qui s'appelle ?
- Brian, il est gentil, même si parfois il a tendance à s'énerver assez vite.
Elle fait un rire nerveux, puis touche sans réfléchir son poignet. Je fronce les sourcils et m'approche d'elle pour soulever sa manche. Elle trésaille mais se laisse faire. Je soulève sa manche et découvre des marques bleues et violettes sur ses poignets. Je lui jette un coup d'œil et lui demande d'une voix neutre.
- Il te frappe.
- Parfois, mais je lui rends l'appareil.
Je hoche simplement la tête, je n'ai pas besoin de me mêler de ça, ça ne me regarde pas du tout, j'ai déjà assez de mes problèmes que de me rajouter ceux d'une inconnue.
Si elle est franche, c'est l'occasion d'avoir des détails la concernant.
- Est-ce que tu es toujours accro à la drogue ?
J'ai dit cela d'une traite, mais d'air un air tout autant assuré.
Dahlia est resté souriante, ne se laissant pas déstabiliser par une question aussi indiscrète que la mienne, mais je pense qu'elle hésite à me dire la vérité, je peux le lire dans ses grands yeux verts.
- Oui toujours. C'est la seule la chose qui ne m'ait pas déçue dans toute ma vie. C'est normal que je lui sois fidèle.
- Je vois.
Elle m'observe en détail, comme si elle évalue à quel point elle peut se confier à moi et si je suis une assez bonne personne pour ne pas la juger. C'est alors qu'elle sort une phrase dont je ne m'attendais pas, sans me ménager.
- Et je suis toujours une pute.
Son franc parler est étonnant, mais c'est ce que je voulais. Je ne voulais pas rencontrer une fausse personne, faite de mensonge juste pour épater son fils qui ignore tout d'elle. Je voulais rencontrer quelqu'un de vrai, avec de vraies raisons à mon abandon, et j'ai l'ai trouvé.
- Par obligation ou par choix ?
- Un peu des deux. C'est un domaine dans lequel j'excelle, et à vrai dire je ne pourrais faire autrement, j'ai besoin d'argent pour vivre.
Je hoche la tête. Elle n'a pas l'air d'une personne si méchante au fond, juste quelqu'un qui essaye de se débrouiller avec ses addictions et qui n'a pas honte de ce qu'elle est ou bien de ce qu'elle fait.
Je ne pensais pas en arriver là, mais j'ai envie de connaître la personne qui est en face de moi, de vraiment la connaitre.
- Je te propose que nous nous posions des questions pour nous connaitre, qu'en dis-tu Dahlia ?
- Je suis d'accord. Qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Tu as des frères et sœurs ?
- Je n'en sais rien.
- Comment ça ?
- J'ai été transporté de maisons d'accueil en maison d'accueil, je n'ai jamais connu mes parents, ils m'ont abandonné peu après ma naissance. Je pense donc que je dois avoir des frères et sœurs un peu partout. Enfin je n'en sais rien.
Je réalise à quel point sa vie a dû être difficile. Elle était à peine née, que sa vie était déjà à chier.
- Je suis désolé.
- Il n'y a pas de quoi. Ça a formé la femme de caractère que je suis aujourd'hui, je ne leur en veux pas.
- Ça a quand même dû être compliqué pour toi.
- Ça l'a été, mais j'en suis fière, je n'ai eu besoin de personne et je suis toujours comme ça.
- A toi de me poser une question.
Elle semble réfléchir, puis me fait un sourire adorable, il ressemble beaucoup au miens et celui que faisait ma sœur quand elle était encore en vie.
- Tu as une copine ?
Un rire m'échappe. Elle ne semble pas comprendre et secoue la tête.
- Qu'est-ce qui est si drôle ?
- Rien, c'est juste que je n'aime pas les filles. Je suis gay.
Elle ne semble pas si surprise que ça, elle se contente seulement de hocher la tête, comme si ça lui était indifférent.
- Tu sors avec le garçon qui était chez ta mère ?
Je ressens un pincement au cœur. A vrai dire je n'avais pas pensé à Luke de tout mon rendez-vous avec Dahlia, et donc parler de lui me fait me souvenir que nous ne sommes dorénavant plus ensemble, et ça me fait mal.
- Plus maintenant.
- Oh, qui a rompu avec qui ?
- Lui, j'ai déconné. Mais je ne veux pas en parler.
Dahlia se gratte négligemment la joue arborant une mine un peu vexé. Je l'interroge du regard.
- Je pensais que nous parlions tous les deux sans nous mentir ou bien se cacher des choses.
- Je ne te cache rien, c'est juste que c'est récent et que c'est délicat pour moi d'en parler, rien contre toi.
Elle acquiesce et se penche pour attraper son sac. Je ne comprends pas pourquoi elle fait ça, jusqu'au moment où elle sort un bout de papier et un crayon, puis elle me tend le papier en souriant.
- C'est mon numéro, si jamais un jour tu voudrais me parler, sans mettre un filtre de politesse ou bien sans avoir peur d'être jugé.
- Merci.
Je prends le papier et le range dans la poche de mon jean. Je ne sais pas si je l'appellerais un jour, mais au moins si j'en ai besoin je sais que je peux le faire.
- Mais je l'avais déjà, enfin Helene a déjà ton numéro.
- Oui mais comme ça c'est moi qui te l'aie donné et je sais que tu l'as.
Un petit silence s'installe, mais il est de courte durée car Dahlia reprend la parole en prenant soin de ne pas revenir sur le sujet Luke.
- Qu'est-ce que tu veux savoir d'autres sur ma vie ?
- Quel est ton nom de famille ?
- Morisson, je m'appelle Dahlia Morisson. Qu'est-ce que tu fais de ta vie ?
- Je suis en faculté de psychologie, je voudrais être psychologue, mais en attendant pour m'aider à payer mon loyer, je travaille comme serveur dans un restaurant.
- Oh, et pourquoi tu ne travailles pas dans un cabinet de psychologue en tant que stagiaire ou je ne sais pas quoi, pour te faire un bon dossier. Enfin je pense que c'est ce qu'on fait non ?
- J'y avais déjà pensé, je pense essayer pour l'année prochaine, si j'arrive à trouver un cabinet qui veut bien de moi.
- Je suis sûre que tu trouveras. Je suis sûr que tu es une personne extrêmement doué pour ça.
- Je ne sais pas. Je verrais bien.
- Je le sais.
Elle pose sa main sur la mienne, un sourire magnifique sur les lèvres. Je me sens bien, c'est un peu étrange mais j'ai l'impression d'être avec quelqu'un que je connais depuis déjà des années.
- Qu'est-ce que tu aurais aimé faire, quand tu étais jeune ?
Elle soupir et hausse les épaules, elle y réfléchit comme si sa jeunesse et ses rêves étaient déjà bien loin derrière elle.
- Je ne sais pas, je n'ai jamais eu d'ambition ou bien de rêve. J'ai toujours été terre à terre en quelques sortes.
- Il y a bien quelques choses pour lequel tu es doué ?
- La pipe.
Elle plaque ses mains sur sa bouche en s'excusant. Mais c'est sorti si spontanément que je ne peux pas m'empêcher de rire.
- Je suis désolé, c'est sorti tout seul.
- Ce n'est pas grave, mais il n'y a pas autre chose ?
- La cuisine, j'adore cuisiner, même si je ne peux pas m'acheter tous les ingrédients que je le souhaite, j'arrive à me débrouiller et à vrai de bonne chose. Mais je pense que ça ne doit pas être si exceptionnel que ça.
- J'aimerais que tu me fasses goûter un jour. En tout cas je n'ai pas hérité ça, je suis très nul.
- Pour la pipe ?
Je lève les yeux au ciel en étant un peu gêné mais tout de fois toujours aussi amusé. Je ris franchement en secouant la tête.
- Non, pour la cuisine.
Elle me fait un clin d'œil et se joint à moi dans mon hilarité.
Finalement ça s'est passé assez bien. J'étais anxieux de rencontrer un personne qui voulait se faire passer pour ce qu'elle n'était pas, mais au contraire j'ai rencontré une personne vraie et franche, qui malgré ses erreurs passées et présentes assume totalement qui elle est.
Même si je ne suis pas fou d'elle, je l'accepte un peu. Je pense rester en contact avec elle, j'aimerais la connaître un peu plus, sans pour autant lui donner trop d'espace dans ma vie, pour ne pas risquer qu'elle ne la détruise.
Quand nous nous sommes dit au revoir, elle a voulu me prendre dans ses bras et j'ai accepté. Je ne voyais pas en quoi ça pourrait changer quelque chose au point où nous en étions, mais ça avait l'air de lui tenir à cœur.
Je ne m'attendais pas à vivre autant de chose en venant en vacances un semaine chez ma mère, même si je me sens terriblement mal par rapport à Luke, avec le fait que j'ai tout fait foirer entre nous, j'ai découvert une personne qui malgré les apparences n'a pas l'air aussi méchante que ça.
Je ne sais pas à quoi m'attendre en rentrant chez moi, comment je devrais agir par rapport à Luke. Est-ce que je devrais aller le voir pour essayer d'arranger les choses ou bien le laisser tranquille ?
Je ne sais pas quoi faire, c'est si perturbant, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je m'en veux terriblement, mais je ne peux pas revenir en arrière, malgré le fait que je le voudrais fortement, c'est trop tard.
Je ne sais pas si j'avais le choix de revenir en arrière sur le fait d'être venu ou pas en vacances, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Je n'aurais jamais su pour ma mère biologique, mais je serais toujours avec Luke. Je ne sais pas ce qui est le plus important, la vérité ou l'amour que je lui porte ?
J'étais pourtant venu pour me vider la tête, pour passer une semaine à ne penser qu'à Luke et moi, mais ça ne m'a apporté encore plus de problèmes et de mal de crâne.
En plus de tout cela, j'ai peur que le retour chez moi soit encore plus compliqué que ça ne l'était à mon départ. Mais il ne reste plus qu'une chose à faire : assumer ses erreurs. Et bien sûr réussir à récupérer l'amour de ma vie, si toute fois c'est encore possible.
Et voilà pour le chapitre 5 ! J'ai eu le temps d'écrire un peu, mes examens continus étant passés. Malheureusement je vais devoir commencer à travailler pour mes examens de fin de trimestre ! J'espère pouvoir écrire un peu d'ici là ! Enfin bref, j'espère que ce chapitre vous a plu, même si le sort pour Dan et Luke paraît bien sombre... Mais il y a toujours de la lumière dans l'obscurité !
Ah oui! Il me reste que 7 chapitres à écrire avant de dire définitivement au revoir à Dan et Luke. Mais une fin signifie un début ! J'ai déjà plusieurs idées d'autres histoires à écrire, et j'ai hâte de les commencer. En espérant que vous me suivrez encore !
Je vous embrasse,
AudreyPh18
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