─ Jisung ?

Le noiraud se figea et ses talons pivotèrent alors que la prise des doigts de Minho autour des siens se resserrait. Ce dernier imita son ami et se tourna vers le détenteur de la voix, l'autre main dans la poche et les sourcils froncés. A la vue de Changbin au milieu des enfants qui se trouvaient là, Jisung lâcha automatiquement la main de Minho, fourrant la sienne dans sa poche en baissant la tête, gêné. Son ancien supérieur et lui n'étaient pas si proches que ça, et il se sentait encore mal à l'aise à l'idée que les gens qu'il côtoyait connaissaient son orientation sexuelle.

Changbin s'avança vers le plus jeune, esquivant les quelques clients qui se trouvaient sur son chemin et tenant fermement sa boîte à outils qui résonnait quand elle était en mouvement. Arrivé à sa hauteur, il souffla sur sa mèche de cheveux blonds qui lui tombait sur le visage avant d'adresser un grand sourire chaleureux à Jisung.

─ Qu'est-ce que tu fais là ? T'as eu des nouvelles ? Demanda-t-il, les sourcils légèrement froncés.

─ Euh n-non, ça fait presque un mois vous savez..., il lui lança un petit coup d'œil et détourna rapidement le regard vers Minho qui s'était légèrement mis sur le côté pour les laisser discuter. Je suis venu là avec un a-ami, en tant que clients. Les animaux me manquaient un peu.

Changbin adressa un signe de tête au grisé en signe de salutations avant de reporter son attention sur Jisung, lâchant un soupir.

─ J'imagine, je sais combien t'étais attaché à eux. T'as pu trouver autre chose au moins ?

─ Oui, dans une animalerie.

─ Tant mieux alors, je me suis un peu inquiété pour toi quand même.

─ Ah... Faut pas, il esquissa une petite grimace qui se voulait être un sourire à la base, gêné.

─ Si si, j'avais pas eu de gosse aussi passionné et doué avec les animaux que toi depuis très longtemps. C'est vraiment nul que tu sois plus là, je crois que tu manques à Hyunjin, Jeongin et Seungmin.

Les yeux de Jisung papillonèrent alors qu'il redressait la tête, cet éclat si nouveau dans ses prunelles que Minho apercevait quand il lui parlait de ces choses qu'il aimait. Inconsciemment, un sourire prit place sur les lèvres du grisé et ses yeux ne purent quitter l'expression si enthousiaste qu'arborait le noiraud. Il voulait graver cette image et ne jamais l'oublier, il était si précieux.

Minho les laissa discuter de l'état de santé des petits favoris de Jisung, restant à proximité pour ne pas s'éloigner de lui. Ses yeux se portèrent sur les aquariums qui se trouvaient là et les quelques animaux qui nageaient sans se soucier du regard émerveillé que portait les enfants qui venaient coller leur nez à la vitre. Il était comme ça avant, il se souvient qu'il voulait faire un métier qui avait un rapport avec les animaux quand il était petit... Jusqu'à ce qu'il voit ce vieux documentaire sur la maltraitance animale, il avait participé à plusieurs manifestations au collège puis au lycée suite à ça. Aujourd'hui, c'était une cause qui lui tenait toujours à cœur mais il savait se contenir. Si des gens comme Jisung s'occupaient des résidents de ce centre animalier, alors ils ne pouvaient qu'être en bonne santé.

En parlant du noiraud, celui-ci était toujours en grande discussion avec son ancien supérieur et Minho pouvait voir qu'il s'était détendu et qu'il était bien plus enjoué que quelques minutes auparavant. Il espérait qu'il ne ressorte pas de cet endroit déprimé parce qu'il n'avait pas de bonnes nouvelles concernant sa possible réaffectation.

─ Minho Minho ! Le voyant l'appeler avec ce sourire si grand aux lèvres, le dénommé ne put que se dépêcher de le rejoindre rapidement, se postant à ses côtés en faisant rencontrer leurs épaules. Je vais voir les pingouins, tu veux venir ?

─ Quelle question, j'te suivrais jusqu'au bout du monde, il lui sourit, heureux de mettre un peu plus les pieds dans l'univers du plus jeune.

Ce dernier gonfla ses joues légèrement rosées, embarrassé, avant d'attraper son poignet et de le tirer dans un couloir, saluant Changbin au passage qui leur fit un signe de la main en souriant. Les deux amis coururent presque entre les différentes sections, manquant de temps en temps de percuter des enfants qui couraient dans le sens inverse. Comme il y a presqu'un mois, Minho débarqua dans l'étage réservé aux animaux polaires, cette fois avec Jisung et sa joie excitée et contagieuse.

***

Minho soupira, sa main présente dans celle de Jisung alors qu'ils se tenaient en bas de l'immeuble de ce dernier. C'était la première fois qu'il le raccompagnait jusque là, le noiraud le forçant à chaque fois de le laisser devant le centre animalier. Il se sentait étrangement intimidé, comme si Jisung et lui partageaient quelque chose pour la première fois... Après tout, Minho se trouvait devant son habitation. Il avait l'impression qu'il ne savait pas quoi faire après, qu'il perdait peu à peu pieds et qu'il se trouvait complètement déstabilisé face à Jisung.

La nuit tombant de plus en plus tôt, les lampadaires s'étaient déjà allumés dans les rues malgré les dix-sept heures trente et le ciel s'assombrissait rapidement, passant du gris au noir intense. Les deux amis étaient restés jusqu'à la fermeture du centre animalier, Minho avait voulu que Jisung profite au maximum de ses retrouvailles avec son ancien lieu de travail qu'il affectionnait particulièrement. Son cœur s'était gonflé d'affection plus d'une fois en apercevant la joie débordante du noiraud qui passait d'animaux en animaux en sautillant et en les saluant. Minho l'avait suivit de près, les mains dans les poches et ce sourire attendrit qui ne voulait pas le lâcher, se fichant complètement des regards intrigués de certaines personnes.

Jisung allait mieux, Jisung était heureux et c'était tout ce qui comptait pour lui.

─ On est arrivés, soupira finalement le plus jeune tout bas, sa main toujours dans celle du grisé alors qu'ils étaient plantés là devant la porte depuis plusieurs minutes.

Il n'avait pas vraiment envie de se séparer maintenant de Minho. En fait, il ne voulait pas se détacher de lui tout court. Jisung était certain qu'il n'avait jamais passé une aussi belle journée depuis très longtemps. Et ce, grâce à Minho. Peu importait les activités qu'ils faisaient, tant qu'il était avec lui et que rien n'était pénible, juste ça faisait son bonheur.

Même s'il ne le montrait pas, toujours préférant rester un peu caché, Jisung souriait toujours sincèrement quand il s'agissait de Minho.

─ Rentre bien au chaud Jiji, je veux pas que tu attrapes froid, souffla le grisé, resserrant sa prise autour de la petite main de Jisung avant de la lâcher à contrecoeur.

─ Tu... Tu veux monter ? Demanda le noiraud après hésitation.

─ J'aurais bien aimé mais j'ai pas mal de trucs à faire demain, marmonna-t-il d'une voix ennuyée avant de s'approcher de son cadet pour poser ses mains fraîches sur ses joues brûlantes, le forçant à lever la tête vers lui. Mais maintenant que j'sais où t'habites, je viendrais très très souvent.

─ Tu connais même pas mon étage ni mon numéro, il sourit, sentant son cœur s'emballer une nouvelle fois et la chaleur de leur contact physique se diffuser dans son corps.

─ Je ferais tous les apparts, c'est pas un problème. C'est pour toi, c'est bien quelque chose que j'peux faire.

Jisung pinça ses lèvres entre elles et hocha la tête avant de passer ses bras autour de la taille de Minho, le serrant contre lui en fourrant son nez dans le col de sa veste. Il ne savait pas si des gens se trouvaient dans la rue, si d'autres étaient à leur fenêtre, à vrai dire pour une fois, Jisung n'en avait rien à foutre du regard et du jugement des autres. Il était heureux et rien ne pouvait lui gâcher le moral.

Minho passa à son tour ses bras autour de ses épaules pour poser son menton sur le haut de sa tête, laissant le bout de ses doigts toucher doucement sa nuque pour effectuer de petites caresses.

─ J'ai passé une super journée hyung, dit Jisung en fermant les yeux.

─ Moi aussi trésor, j'te laisserais prendre les commandes plus souvent.

─ Pourquoi ? C'est pas non plus comme si on faisait des trucs extravagants...

─ Tant que j'peux te découvrir, que tu souris et que t'es avec moi, je m'en fous de ce qu'on peut faire.

─ Oh...

Ils se séparèrent non sans se lâcher, se contemplant juste encore et encore comme ils en avaient l'habitude de le faire maintenant. Il faisait froid mais c'était doux et réconfortant. Jisung pourrait juré qu'il aurait pu rester là dans les bras de Minho encore très longtemps, peu importe la météo. Ils se souriaient, les lumières des lampadaire venant illuminer un peu plus l'étincelle qu'arboraient leurs visages.

Soudainement, Minho se pencha et embrassa tendrement la joue rebondie de Jisung. Ce dernier se figea et resserra inconsciemment sa prise autour de sa taille avant de baisser légèrement la tête, ne pouvant se débarrasser de son sourire béat.

─ Allez rentre maintenant, marmonna le grisé en passant une main dans ses cheveux. J'te regarde monter les escaliers.

─ Y'a un ascenseur...

─ Bah j'te regarde prendre l'ascenseur.

Jisung rit doucement avant de se mettre sur la pointe des pieds pour, à son tour, venir coller furtivement ses lèvres sur la joue du plus vieux. Un peu trop près de ses lèvres soit dit en passant... Minho ecarquilla les yeux et sentit son cœur chamboulé lui martèler la poitrine bien qu'il se doute que Jisung ne l'ait certainement pas fait exprès.

Ce dernier se sépara finalement de son aîné, une petite moue sur le visage avant de rapidement taper le code d'entrée de son immeuble pour entrer dans le hall. Il se retourna, observant Minho qui le regardait les joues rouge de l'autre coté de la porte, et lui fit un petit signe de la main, souriant, avant de se détourner pour se diriger vers son ascenseur. Le grisé le regarda patienter, la tête basse et son expression gaie toujours présente sur le visage. Puis Jisung disparu derrière la porte qu'il ouvrit, entrant sûrement dans l'ascenseur.

Minho attendit quelques minutes devant l'immeuble. Les pensées en vrac, le cœur battant un peu trop fort et le souvenir frais des lèvres de Jisung sur sa peau tout près des siennes. Et alors qu'il soupirait longuement et tournait enfin les talons pour prendre la route de son appartement, une phrase parmi toutes celles qui tournaient en bordel dans sa tête lui sauta aux yeux et ne put le quitter de tous les chemin qu'il fit.

Putain, j'crois j'aurai dû le rattraper et l'embrasser.