Sur la falaise
Un mur de roche plongeait vers l'océan, s'élevait jusqu'au ciel. L'herbe verdoyante tout là-haut ondulait selon les souffles. Les vagues montaient puis se jetaient sur la paroi rocailleuse devant elles, comme comme des lames cherchant à vaincre ce colosse de pierre. Le reflux des vagues formait le chant le plus doux et le plus violent qu'on puisse imaginer. Le fracas assourdissant de l'eau s'écrasant sur la paroi puis les gouttelettes qui en jaillissaient. Ces myriades de particules d'eau s'envolaient comme les plumes délaissées par un oiseau hâtif. Des goélands tournaient et plongeaient autour de cet endroit, venant nidifier dans la moindre aspérité de la falaise. Les piaillements résonnaient dans l'air marin comme un concert inharmonieux mais pourtant si beau. Des rochers coupants déchiraient la surface des flots, perçant la surface de cette peau mouvante comme des épines. L'air salé emplissait les narines de la moindre personne passant par là, libérant les poumons par un vent de liberté. Les bourrasques jouaient avec le moindre des éléments, emportant les casquettes perdues par des enfants qui sautaient sur la côte et les faisant danser au gré des courants. Ce genre de vent vivifiant qui ébouriffe les cheveux et qui donne l'espoir de pouvoir un jour voler.
Une fille se tenait là, au bord de la falaise, jambes pendantes dans le vide. Elle y venait tous les jours. Ses cheveux blonds virevoltaient comme un halo de lumière et les gouttelettes d'écume les paraient d'une myriade d'éclats étincelants. Dans ces yeux qui rivés sur cette mer qu'elle affectionnait tant se mouvaient des litres d'eau. Le même fracas, la même intensité, la même douceur, la même violence. Dans ces deux perles grises qui se fondaient dans l'horizon vivait un monde, un monde fait d’embruns, d'eau et de vent.
~~~
Jour 1
Je me tiens sur la falaise, prête. J'ai tout de même choisi la partie la moins haute, aucun risque si j'échoue. Mais je suis assurée, les mots chuchotés par le vent m'ont convaincu. Je fais un pas vers l'avant et ouvre mes ailes. Le vent s'y engouffre immédiatement, me faisant planer au-dessus de l'eau. Je laisse derrière moi une famille, des amis, aucun amour. La mer a été ma seule amante, et cela pour toujours. Je le laisse aussi derrière, lui.
Jour 2
Voilà deux jours que je vogue vivement sur les vagues et les vents vivifiants. Je suis restée longtemps parmi les goélands de la falaise. Je les ai toujours entendu, aussi longuement écouté. Aujourd'hui, je les comprends enfin. Ces piaillements sont devenus des paroles, des cris et des chants.
Jour 3
Troisième jour. Je ne me lasse d’effleurer la surface de la frontière entre le monde aérien et marin. Ils me cherchent je crois. J'entends les klaxons, je vois les lumières, je sens les odeurs de goudron. Ils pensent sûrement que j'ai dérapé un beau jour lors d'une de mes balades solitaires. Dommage. Certains savent, le vent sait. Lui s'en doute. Il va me rejoindre et nous voguerons ensemble sur les courants de temps.
Jour 4
Il me rejoint demain, je le sais. Cette nuit, je n'ai pas résisté à l'envie de venir me poser sur sa fenêtre. Des plumes parsemaient le sol. Il me rejoint demain, j'en suis sûre. Il a peur, il ne sait pas ce qui lui arrive. Je n'aime pas le savoir inquiet mais quand il se rendra compte du pourquoi, de la chance qu'il a, il sera heureux.
Jour 5
Il est là. Tu es là. Je suis comblée. Je ne suis pas libre, je suis liberté.
***
Hello hello ! J'ai décidé de me fixer un jour de sortie régulier, c'est-à-dire le samedi ^^ (que j'ai lamentablement oublié cette semaine)
C'est un texte que j'ai écrit lors d'un atelier d'écriture en 2018-2019. Pour le texte du début, il fallait décrire un endroit puis ajouter un personnage qui s'intègre parfaitement dans ce milieu. Pour le second, on devait écrire le journal de ce personnage.
J'espère que ça vous a plu !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top