Le temps d'une cigarette
La fumée s'élevait maladroitement à travers la pluie qui chutait du ciel gris. Une lueur rougeâtre apparaissait faiblement et guida Elias comme un phare jusqu'à la jeune fille qui la tenait.
- Pourquoi est-ce que t'es partie de la soirée ?
- Pourquoi t'es parti de nos vies ? rétorqua la jeune fille d'une voix éraillée.
Soupir.
- Les autres s'amusent à l'intérieur, viens, rentre et on oublie ça.
- Non, lâcha-t-telle avec lourdeur. Mon meilleur ami, mon confident, mon pilier s'est barré au moment où j'avais le plus besoin de lui, et il réapparaît un an et demi comme une fleur. Sérieux, ne me dis pas que tu pensais que je me contenterais d'avoir aucune explication.
Il baissa la tête avec un air de culpabilité. Les excuses pathétiques qu'il avait avancées pour faire face aux questions de ses amis n'avaient évidemment pas réussi à brider la tornade qui portait le nom d'Alice.
- C'est une longue histoire, tu sais...
- T'as cinq minutes. Le temps de ma cigarette.
- Bon... Ok. Ma mère est morte, lâcha-t-il en tentant en vain de masquer les tremblements de sa voix.
- Merde...
- Elle était malade, très atteinte et ça s'est très vite dégradé. Elle avait une maladie dégénérative avec un nom compliqué mais elle se guérit pas, on n'a encore aucun traitement. Quand elle est.. partie, les gars ne voulaient pas me laisser tranquille, surtout avec ma petite sœur. Donc...
- Bordel ne me dit pas qu'ils t'ont renvoyé chez ton enfoiré de père ? fit-elle, les yeux écarquillés et humides.
- Si. Autant te dire qu'il n'était pas ravi de nous revoir. Mais si ça peut te rassurer, il a presque jamais levé la main sur nous.
- Presque... Merde, ils sont cons ! s'énerva la jeune fille. Désolée... Ça va là ?
- T'inquiète pas. Je me suis barré l'autre soir, quand je suis revenu pour Noël. Je l'aurais fait avant s'il y avait pas eu ma sœur, mais je veux pas la laisser seule avec ce connard. Comme il habite en Bretagne, j'ai été obligé de partir jusque là-bas, et donc de changer de lycée. Autant te dire que j'ai raté beaucoup de cours au départ, je séchais, je me rendais malade, etc.
Alice ne répondit pas tout de suite. Elle gardait sa tête baissée, puis le prit dans ses bras avec douceur, sans rien dire. Des gouttes d'eau glissaient le long de leurs joues, sans qu'ils ne puissent savoir si c'était des larmes ou bien la pluie.
- T'as fini ta cigarette, dit Elias d'une voix tremblante. On rentre ? J'ai froid.
***
Bonjour, bonsoir, que sais-je, voilà un nouveau texte ! Je l'ai écrit pour un défi : l'action devait se dérouler en cinq minutes ou moins. J'ai repris les personnages du premier texte posté dans ce recueil, Elias et Alice, et c'est en quelques sortes une explication de la raison de son absence. Je sais pas si j'écrirais encore avec ces personnes (très probablement oui) mais je les aime beaucoup !
Je vous remercie pour votre lecture et je vous souhaite tout le bonheur du monde !
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