Personnages :

BADBOY, garçon ténébreux et en apparence sans cœur, délinquant et coureur de jupons

FILLE TIMIDE, fille peu assurée, intellote, qui n'ose jamais aller vers les garçons, souvent cœur brisé

Acte I scène 1

BADBOY, bouscule la fille timide dans un couloir : Oh, tu fais quoi là ? Sérieux, tu sais pas marcher droit ?

FILLE TIMIDE, les joues rouge vif : Je... Je n'ai pas fait exprès.

BADBOY : Je m'en fiche, t'as taché mon sweat magnifique avec ces foutus pinceaux que tu tiens dans tes mains ! Tu te prends pour qui ?

FILLE TIMIDE : Désolée, ce n'était pas voulu. Je me prends pour ce que je suis.

BADBOY : Pfff... Je déteste les filles comme toi, bonnes à rien, même pas vraiment bonnes pour la plupart du temps (en jaugeant son corps du regard), qui apportent que des emmerdes.

FILLE TIMIDE : C'est faux.

BADBOY, en colère : Non ! Je te hais, comme je hais toutes les autres. Je hais vos manières délicates et tendres, qui sont si faibles. Je hais votre jalousie pathétique dès qu'un homme ne garde plus les yeux fixés sur vous, je hais votre timidité par rapport à la moindre chose qui arrive dans votre vie. Je hais vos yeux doux suppliants qui nous demandent d'être tendres et de s'assagir pour vous, je hais votre sourire lumineux illusoire, qui se demande toujours quand arrivera le garçon de votre vie, je hais votre croyance pitoyable au prince charmant, je hais votre amour d'enfant toujours innocent, je hais votre beauté délicate, je hais votre capacité à charmer même les cœurs brisés. Je vous hais.

FILLE TIMIDE, avec un sourire figé et factice : C'est faux. Tu nous aimes.

BADBOY plus calme, troublé : C'est faux, j'aime personne, j'ai pas de cœur. Je l'ai enrobé dans une carapace de glace, rien ne pourra le faire dégeler. Je n'aime pas, je n'ai jamais aimé et je n'aimerai jamais. Je ne veux pas d'histoire d'amour dans ma vie, de toute façon, je suis trop dark et dangereux pour ça.

FILLE TIMIDE : Tu n'as jamais aimé, réellement ? Qui est cette fille timide qui hante tes pensées en permanence ? Pourquoi ta lèvre tremble, pourquoi tes yeux se baissent et s'embuent comme des vitres en hiver ?

BADBOY : Ce n'est personne. Il n'y a rien dans ma tête et dans ma poitrine. Arrête.

FILLE TIMIDE : Réponds-moi, pourquoi je hante ton esprit si tu n'as jamais aimé ? Pourquoi les images de notre rencontre dans ce couloir te reviennent ? Pourquoi j'ai encore taché ton sweat avec mes pinceaux, alors que ce sweat a brûlé car il avait mon odeur ? Pourquoi les souvenirs de nos baisers tournent encore dans ta tête comme des feuilles mortes ? Si tu n'as pas de cœur, pourquoi est-ce que tu pleures ?

BADBOY en hurlant : ARRÊTE ! Je ne sais pas de quel sweat tu parles, je ne sais pas quels sentiments tu penses projeter sur moi mais tu as faux sur toute la ligne ! Je n'aimera… Je n'ai jamais aimé !

FILLE TIMIDE : Tu devrais arrêter de crier et de t'énerver. Tu dois te rappeler de ce qui s'est passé la dernière fois que tu t'es énervé. Les plus grands monstres sont des hommes emplis de rage. (s'avance vers lui, lève sa main pour caresser sa joue, renonce) Tu causes ton propre malheur, comme si tu serrais au creux de ta main une lame qui entaille ta peau. Arrête d'essayer d'oublier, c'est plus simple après, accepte-le. Accepte-moi.

BADBOY : Je ne suis pas un monstre ! (explose, en pleurs) C'est faux, arrête-toi, tais-toi, je veux plus t'entendre ! Tu n'existes pas, tu n'as jamais existé, j'ai pas de sentiments, je refuse, j'ai jamais eu de sentiments ! Cette fille est une illusion, je la hais, je te hais, je vous hais... (se roule en boule contre le mur) Je veux pas que tu sois réelle, je veux pas que tu aies déjà été réelle... Si tu n'existais pas, tu ne serais jamais morte... Si tu n'existais pas, je ne t'aurais jamais tuée...

***

Voici un nouveau texte ! C'est une pièce de théâtre, comme vous avez pu le remarquer, et c'est ma première ! C'est parti d'un défi de réécrire le cliché badboy x fille timide, ainsi que de Shad_Eau (hésitez pas à aller la voir elle écrit super bien !) qui m'a poussé à écrire du théâtre ! C'était un exercice plaisant que je vais probablement réitérer.