Chapitre 78


PDv Shane


Dans la voiture, on parlait ne pas vraiment. Je ne savais pas où on allait, enfin si, je savais où on allait car j'étais au volant mais je ne savais pas pourquoi nous y allions. On était juste tout les trois, dans la voiture, et j'avais cette étrange sensation, comme si quelque chose allait arriver ...

- Alors, avec Amber, ça va ?

Andrew m'avait dit ça en s'avançant depuis l'arrière, je savais très bien que c'était un genre de fausse question, je ne pouvais que dire que tout allait bien, même si ça n'aurait pas été le cas, mais ce n'est pas le cas, car tout va bien, enfin d'après moi.

- Ouais, ça va ...

- Cool.

" Cool " ?

Il fallait qu'on trouve un truc, un sujet, parce-que là, c'était trop ... froid. Quelque chose qui ne ramenerait pas à Amber et moi, ou à Amber tout court, ou à n'importe quel relation que je pourrais avoir avec elle.

- Et qu'est-ce qu'on va faire 50 Avenue Roose-Street ?

- Récupérer un paquet, qu'on devra ensuite garder jusqu'à ce qu'on doive le rendre.

- Et qu'est-ce qui est dangereux au point qu'on doive y aller à trois ?

- J'ai pas trop confiance en ceux qui vont nous livrer le paquet, ils pourraient très bien essayer de nous la faire à l'envers.

J'hochai la tête, et me concentrai sur la route. Je pouvais pas arrêter de penser à Amber, dans mon lit ... Amber que j'avais laissée à la maison ... Amber qui, la connaissant, pourrait essayer de partir à pieds jusque chez elle ! Amber dans mon putain de t-shirt bordel ... 

- Arrête toi !

J'appuyai d'un coup sec sur la pédale de frein, on avança tous jusqu'à l'avant, mon front heurta même le volant quelque peu, heureusement qu'il n'y avait personne derrière nous, un peut normal à cette heure-ci.

- Qu'est-ce qu'il y a ? criais-je, surpris, et un peu secoué par l'arrêt brutal que je venais d'effectuer.

Andrew ne répondit pas, il descendit de la voiture. Je regarda par la fenêtre, je le vis se diriger vers un homme, à moitier accroupit sur le sol. Lorsqu'il regarda vers le haut, je me rendis compte que c'était le père d'Andrew. Ah bah super.

Je croisais bien trop le chemin de cet homme à mon goût. 

Noah descendit de la voiture à son tour, me laissant seul comme un con dans la voiture.

Je démarrai, et alla me garer juste à côté. Comme si j'allais rester dans la voiture, franchement.

Je sortis, et me dirigeai vers Noah et Andrew, ce dernier étant penché vers son père. Il y avait des cannettes de bière par terre, et une bouteille en verre d'un truc que je n'avais jamais vu, et pourtant - sans m'en vanter - je m'y connais en alcools.

- Aller, lève toi, on va te ramener chez toi !

Je le comprends, on peut pas laisser son père sur le bord de la route, complétement bourré.

Sortant ça de nul part, son père leva la main sur Andrew, comme si il allait le frapper. J'étais surpris et choqué qu'il ose faire ça. Andrew attrapa son poignet. J'étais sous le choc. Noah aussi.

- Ne me touche pas !

Il se mit à rire, le genre de rire sadique que je n'aime pas entendre dans ce genre de situations.

- C'est pas ce que ta soeur disait ! articula-t-il avec difficultés. 

Quoi ? Pardon ... Quoi ?

- Quoi ?

- Elle adorait que j'aille la voir pendant la nuit quand vous dormiez tous ...

Il se mit à rire, puis à tousser violement on aurait dit qu'il allait mourir. Et ça ne m'aurais pas dérangé. 

Je sentais la colère monter en moi, stade par stade, et même si je n'avais pas envie d'entendre la suite, j'avais envie d'entendre la suite. Je ne savais juste pas si j'allais le supporter.

- Qu'est-ce que t'as fait à ma soeur espèce de fils de pute !

Andrew attrapa son père par le t-shirt, et le balança violement contre le mur. 

- Arrête Andrew, elle va très bien ta soeur, je l'ai pas tromatisée !

Andrew le laissa s'échouer au sol, et fit un tour sur lui-même en passant ses mains sur son visage. Je comprenais qu'il veuille rester calme, mais moi je n'avais pas l'intention de suivre son exemple. Je m'avançai vers son père, et l'attrapai par la nuque.

- Alors écoute moi bien espèce d'ivrogne, tu vas tout raconter, tout ce que t'as fait à Amber d'accord ? Sinon, je vais te ramener jusqu'à chez nous, te ratacher à une chaise, et je te jure sur tout ce que j'ai de plus chère au monde que je vais te torturer jusqu'à ce que tu me dise tout. Et ensuite, je te tuerais, et de mes propres mains.

Putain, mais ça fait tellement de bien !

- C'est pas parce-que tu te tape ma fille que ...

Je sentis quelqu'un venir juste à côté de moi.

- Et je l'aiderais volontier, alors maintenant parle avant qu'on perde patience.

Il nous regarda tour à tour. Noah, puis moi, puis Andrew derrière nous, avant de soupirer.

- Vous allez me tuer de toutes façons, alors pourquoi pas garder ces petits moments pour moi hein ?

Il arrivait à parler de mieux en mieux. Je ressera mon emprise autour de son cou.

- Ou je pourrais directement t'emmener jusqu'à ma voiture non ?

Je commençai à le trainer derrière moi, jusque sur le bord du trottoir. Noah était en train de surveiller si personne n'arrivait. J'en avais complétement rien à foutre. 

- Non c'est bon, c'est bon, je vais tout vous raconter !

Je le lâchai violement, espérant secrètement écraser sa sale gueule au sol. Je commençais à perdre patience. 

- Alors parle putain !

- Quand ... Quand Andrew partait pour tes entraînements de foot, sa mère et Amber restaient à la maison et ...

J'essayais de garder le contrôle. 

- Putain joue pas avec mes nerfs, parle sinon je te tue ici, et tout de suite. J'en ai complétement rien à foutre, lâcha Andy. 

Andrew avait sorti son arme, j'avais un peu peur qu'il s'en serve ... On pouvait pas se permettre de tuer quelqu'un, comme ça en pleine rue. Il le prit par le bras, lui fit une sorte de prise de je ne sais pas quel art martial en lui retournant le bras dans son dos - comme dans les séries policières là - et l'entraîna jusqu'à la petite ruelle en parrallèle à la rue principale. Il n'y avait que des poubelles, c'était bien plus sombre et plus tranquille. Noah se mit à l'entrer de la rue, toujours pour faire le guet, même si je le voyais tourner sa tête dans notre direction plusieurs fois, et j'étais sûr qu'il tendait bien l'oreille.

- Je m'amusais juste un peu avec elle c'est tout !

Il avait vraiment l'air de croire ce qu'il disait... Comment est-ce que tu peux " t'amuser " avec une petite fille, ta propre fille putain !

Andy s'avança et lui mit un coup de poing en plein visage.

- Qu'est-ce que tu lui a fait putain ? Tu l'as violée ?!

C'était la question que je me posais depuis longtemps, mais que je n'avais jamais osé poser à Amber. Ce n'est pas le genre de questions que l'on peut poser comme ça. J'avais peur qu'elle ne me fasse pas assez confiance pour m'en parler, ou qu'elle soit trop traumatisée.

- Non, je n'ai jamais été jusque là ! Je te le jure Andrew! Je te le jure ! Crois-moi !

J'avais envie d'y croire personnellement, mais avec un homme comme ça ... 

- Alors qu'est-ce que t'as fait à ma soeur ?!

- Je ... je ...

Trop c'est trop, il essayait de gagner du temps, de nous faire tourner en bourique. Je sortis mon propre flingue, et le lui  posa sur la tempe, je n'allais pas l'utiliser, mais je voulais lui faire peur pour qu'il parle.

- Non, non, j'vais tout vous dire, ne me tue pas !

- Qu'est-ce que t'as fait à ma copine espèce de bâtard ?!?

J'en tremblais presque, j'avais presque peur de vraiment savoir.

- Je ... J'allais la voir, et je lui touchais juste les cheveux, les bras, les jambes ...

- Et puis ? demanda Andrew

Putain je vais tuer ce fils de pute.

- ... les ... les fesses des fois ...

Je sentis mon sang ne faire qu'un seul tour avant de donner un coup de pied dans le torse de cet immonde personne. Même si c'était le père d'Andrew, j'aurais pû lui casser la gueule. Je rengeai mon arme, et m'éloignai d'eux, de lui, pour penser. Il fallait que je me calme, que je ne fasse pas de bêtises. Pour Amber. Il fallait que je pense à elle . Mais je ne faisais déjà que penser à elle putain ! Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer Amber plus jeunes, la peur sur le visage et un sourire sur celui de cet enculé. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la peur et la honte qu'elle a dû avoir. Elle devait être tellement mal ...

Elle n'en a même pas parlé a Andrew. Elle a dû se sentir tellement trahis quand il l'a laissé avec lui. Je comprends tout maintenant, elle n'avait pas peur de lui parce-qu'elle avait peur de se faire battre, elle avait peur de se faire toucher ...

Rien que d'y penser, j'ai envie de gerber putain.

Je peux pas y croire, même si j'y avais déjà pensé, je peux pas y croire. Comment tu peux faire ça à ton enfant ? Comment est-ce que tu peux être assez tordu pour faire ça à ton propre enfant ? En pensant à ça, je me dis que mon père n'étais pas si taré que ça, et encore il était déjà pas mal dans la catégorie des mecs complétement perchés.

Ma Amber, je ... je peux pas l'immaginer comme ça.

J'ai qu'une seule envie : la prendre dans mes bras, et lui dire que tout vas bien se passer. 
Et j'ai aussi envie de casser la gueule de ce mec, de le faire castrer, de le défigurer, de lui faire tellement mal !

Mais j'avais tellement plus envie d'aller retrouver Amber. Tellement envie de l'enrouler dans ma couverture et de la serrer fort contre moi avant de m'endormir. J'avais envie de l'entendre me raconter tout ce qu'elle avait ressenti, tout ce qu'elle ressentait, et pouvoir enfin tout comprendre.                               



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