Amour et Passion


PARTIE 1 : Les Talismans

Vie fulminait. Elle écumait de rage, elle lança ses instructions comme des menaces de mort, et Temps était partit sans même en profiter un peu, voyant bien qu'elle n'était pas en état d'être taquinée. Elle savait, elle savait que cela aurait finit par arriver !!! À force de laisser Mort sortir tout le temps, à force de la laisser travailler sans surveillance dans sa chambre ! Elle n'aurait jamais dû ! Désormais, elle était libre, et plus rien de l'empêchait d'aller raconter ce qu'elle avait apprit n'importe où et à n'importe qui. Et si, et si, et si elle le faisait ! Si elle allait tout raconter, la prendrait-on au sérieux ? Elle frappa rageusement un meuble du pied ce qui en fit tomber l'énorme vase de porcelaine bleue qui se brisa au sol en éclatant des petits morceaux partout dans la pièce qui glissèrent sur le dallage de marbre. Mais cette fois aucun Elfes ne sortit de l'ombre pour tout nettoyer, il n'y en avait plus un dans le domaine, ils étaient tous à la poursuite de Mort.
Elle se blessa en voulant sortir de la pièce et hurla quand elle dû s'arrêter pour retirer l'éclat de son pied.

Qu'allait faire Mort, qu'allait-elle faire ? Où allait-elle ? Que voulait-elle ?
Oh Vie s'en doutait bien de ce qu'elle voulait cette cette cette.... Peste !
Elle se mis à tourner en rond dans un petit salon aux parquet brillant. Chacun de ses pas lui faisait mal et laissait une petite trace poisseuse de sang sur le bois vernis, mais elle ne sentait même plus la douleur tant elle était plongée dans ses pensées rageuses et tourmentées.

Elle ne pouvait rien faire d'autre que de donner des indications à ses créatures, et pour l'instant, elle n'avait aucune nouvelle d'eux, donc rien à décider... Elle réfléchit un instant, et soudain elle réalisa que si, il y avait bien quelque chose qu'elle devait faire, qu'elle devait même absolument faire ! Punir ce fichu Temps, cet imbécile heureux, ce pauvre débile qui l'avait laisser s'échapper ! Mais comment... elle ne pouvait rien contre lui... Pas un seul de ses pouvoir n'agissait sur lui. Ses créatures n'était pas non plus influençable... Elle colla sans application un pansement sur son pied encore humide de désinfectant. Ah comment il avait put se faire avoir à ce point ?! Était-il tombé sur le charme de Mort ? Non, parfaitement impossible, du charme elle n'en avait aucun ! Cette pauvre chose au bord de la mort, aux joues creuses, au teint cadavérique, aux yeux trop noirs et immenses sur son visage banal, à ses cheveux ébouriffés et ternes, sa voix éteinte et dénudée d'émotions, ses petites épaules un peu voûtés par sa discrétion exagérée. Il n'y avait rien d'attirant en elle.
Et surtout, jamais, au grand jamais, Temps ne s'abaisserait à ressentir un quelconque sentiment amoureux envers qui que se soit, ce serait briser sa fierté. Être amoureux rimait avec être dépendant et vulnérable face à quelqu'un d'autre, et ça, n'était même pas la peine qu'il s'y laisse aller.

Tout d'un coup, une idée la percuta avec tellement de force qu'elle s'arrêta net dans sa ronde frénétique. Elle sourit.
Oh elle savait exactement ce qu'elle lui ferait. Et il regrettera, ça c'est certain.

Temps était rentré chez lui sans se soucier de quoi que se soit. Il était après tout invulnérable face Vie, il n'avait donc pas à s'en faire. Mais tout de même, il était un peu perturbé par la réaction de Vie, il n'en avait même profité comme il aurait voulus. Jamais elle n'avait été aussi furieuse, et sa dernière menace... Il avait beau ne pas la prendre au sérieux, il ne pouvait s'empêcher de revoir l'étincelle meurtrière dans son regard, et de se souvenir du sifflement de rage à peine contenue dans sa voix. Il marchait entre les haies de son immense jardin. Des centaines de fleurs de centaines d'espèces différentes y était plantés. Les fleurs fanent vite, elles sont éphémères, incroyablement vulnérable au temps, et pour ces raisons, Temps aimait particulièrement les exposer dans son labyrinthe de haies et de buissons disposés aléatoirement sur les champs d'herbe délicate et encore tout arrosée de rosée du terrain entourant son domaine.

Non, décidément, plus Temps y réfléchissait, plus il réalisait qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans cette histoire. Jamais Vie n'avait manifesté un tel comportement envers l'une de ses morts. De plus, la situation de Mort, choisie parmi les humains et mourant régulièrement sous le poids de son propre pouvoir, était déjà un mystère en soi.
Temps ne se souvenait pas de ce qui remontait à trop longtemps, alors il n'aurait su dire combien de mort avait déjà été élu par Vie, mais peut-être elle-même ne s'en souvenait plus. Après tout, tous les Immortels étaient dans le même état que lui, tous les souvenirs remontant à un peu trop loin étaient inexistants, effacés, juste du vide et du noir.

Il retournait les récents événements dans tous les sens, essayant de trouver la source de l'étrange comportement de Vie ainsi que celui de Mort car après tout c'était aussi étrange de sa part de vouloir s'enfuir comme elle l'avait fait, avec autant de supplication et d'espoir dans les yeux et la voix, mais il ne voyait rien.
Petit à petit une évidence finit par éclore dans son esprit : cette Mort-là était spéciale, et Vie avait une raison très importante de souhaiter la contrôler et la surveiller sans cesse.
Oui, Vie craignait quelque chose de Mort.
Et la fuite de Mort la mettait en péril.
Mais pourquoi ?

Vie poussa doucement le grillage d'or qui venait de s'ouvrir avec un délicat cliquetis. Elle entra ensuite dans le domaine et remonta l'allée de gravier blanc qui crissait sous ses pieds exceptionnellement chaussés de ballerines blanc crème brisant le silence ambiant. Elle rentra un peu ses épaules et ramena les pans de son manteaux bien trop léger pour la température hivernale du lieu. Elle atteint enfin la porte, en bois sombre et massive, et toqua quatre petits coups secs. Une petite minute plus tard, un enfant rondouillard presque entièrement dévêtue un carquois à la hanche et un arc passé sur une épaule, lui ouvrit sans un mot. C'était l'un des chérubins, les créatures d'Amour, comme ses fées ou ses Mange-cauchemars. Tous les immortels avaient en revanches des Elfes, mais elle n'en vit aucun. Elle n'hésita pas à entrer, après tout elle était toujours la bienvenue ici, et se dirigea directement vers la pièce meublée de confortables fauteuils où elle savait qu'elle trouverait son amie. Au moment où elle entra dans la pièce, une voix l'accueillit

- Vie ! Ça faisait si longtemps que tu n'étais pas venue me voir ! Enfin je comprend tout à fait, il y a beaucoup d'Immortels et je ne te demande pas de passer tout ton temps libre avec moi ! Enfin ça me fait plaisir de te revoir.

Devant elle venait de se lever une femme vêtue d'une longue robe rose pâle. La femme la fixait d'un air très doux et réjouis, d'un regard à la singulière couleur rose bonbon. Ses cheveux teinte sable lui tombaient comme une cascade jusqu'aux hanches. Elle portait autour du cou une chaîne d'or presque aussi fine qu'un cheveux au bout de laquelle reposait une pierre aux reflets rose, accordée au reste de la personne, aux surface irrégulière et polies, visiblement du quartz rose ou ce qui s'en approchait. Au fond de la pièce un grand feu brûlait dans la cheminée et réchauffait l'endroit. Vie enleva son manteau et le posa sur le dossier d'un fauteuil puis prit la parole

- Amour, il est vrai cela faisait longtemps. Désolé de n'être pas venue depuis longtemps, surtout que je suis ici aujourd'hui pour te demander service, à toi et à ton frère.
Elle haussa légèrement les sourcils.

- Bien sûre que je t'aiderai, nous le faisons toujours. Et mon frère sera d'accord si je le suis. Que veux-tu que je fasse ?

Vie prit poussa un long soupir

- C'est un peu compliqué à vrai dire...

Soudain Amour écarquilla les yeux et s'exclama

- Mais je ne t'ai même pas invité à t'asseoir ! Prend un siège voyons ! Tu veux boire quelque chose ?

Déclina la proposition et s'assit sur le premier fauteuil qu'elle trouva. Elle s'installa bien au fond du siège et se déchaussa avant de ramener ses jambes contre elle. Elle savait qu'avec Amour elle pouvait se comporter comme elle le voulait, elle ne lui en tiendrait jamais rigueur. Elle et Amour était très proche, même si cela faisait quelque temps qu'elle l'avait un peu  délaissée. Enfin elle rassembla ses idées et tria ce qu'il y avait à dire et ce qu'il fallait cacher ou déformer

- Eh bien vois-tu, Mort travaille très doucement, et a, en définitive, peu de temps libre. Je comprend qu'elle puisse en a avoir assez, mais il faut bien qu'elle le fasse, tu en connaîtrai les conséquences désastreuses si elle ne le faisait pas, des corps ne fonctionnant plus, toujours habités de la vie, des cadavres vivants, peuplant petit à petit la terre, perdant la raison au fur et à mesure que Raison les quitterait, laissant place à Folie. Malheureusement, Temps a jugé drôle de, lors d'une de ses "invitations" que j'ai été contrainte d'accepter suite à un pari, laisser partir Mort qui le lui avait demander. Mort n'est plus chez moi, elle n'a plus son globe, ne peut plus travailler, et sa maigre avance se réduit petit à petit, à vrai dire il ne reste qu'une semaine avant que plus aucune mort ne se produise sur terre.

Elle fit une pause. Amour la regardait avec incrédulité et inquiétude, elle lui demanda

- Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Il ne savait pas ?

Amour était presque aussi Naïve que Naïveté elle-même. Elle ne voyait que ce qu'elle voulait voir, soit un monde sans haine et conflits. Vie fit un petit sourire attristée.

- Ce n'est pas qu'il ne savait pas... Il le savait très bien. Mais...

- Mais quoi ?

Elle soupira

- Temps me haie. Et il sait qu'elle importance je donne à Mort et à ce qu'elle accomplisse à temps son travail. Il pensait que la laisser s'enfuir serait une bonne idée pour me fâcher...

- Mais qu'attends-tu de moi ?

L'interrogea Amour. C'est là tout se jouait. Vie savait à quel point Amour ne cherchait pas à nuire. Elle pouvait être dévastatrice, et pourtant, elle ne faisant jamais rien qu'elle juge blessant. Vie devait donc lui exposer le problème de sorte à ce qu'elle ait l'impression qu'elle agissait bien.

- Et bien vois-tu, Temps à fait quelque chose de très grave. Et je veux le lui faire comprendre. Mais tu sais, je ne peux rien contre lui, seul vous, les Émotions, peuvent avoir prise sur les autres Immortels comme Temps, et plutôt que de faire appel à Colère, Solitude, Peur, ou encore Haine, je préfère lui apprendre une leçon par toi Amour ainsi que ton frère Passion. Tu comprend ce que je te demande ?

Elle hocha la tête, un air soudain un peu plus réservé sur le visage.

- Tu veux que je le fasse tomber amoureux ? Je... Tu sais à quel point je t'apprécie mais... C'est juste que je... Je ne force personne à ressentir de l'amour pour quelqu'un d'autre contre sa volonté...

Vie reprit alors

- Je sais, et je ne compte pas le punir ainsi, comme ça, pour une simple erreur, je veux lui laisser une chance de se rattraper. Je vais donc lui demander de rechercher Mort. Il aura une semaine, passé ce délais, alors seulement je te demanderais, ou plutôt je demanderais à ton frère et toi, de le faire aimer Mort. Qu'en dis-tu ? Ce n'est pas... Mal ! Tu vois ? C'est une seconde chance suivit d'une juste réprimande pour sa propre bêtise. C'est tout de même mieux que d'user d'une autre émotion non ? Si ce n'est pas toi, je devrais demander à Peur... Alors ?

Elle resta un instant silencieuse. Puis enfin elle se redressa et lui lança simplement

-Je... Je vais demander à mon frère ce qu'il en dit. Excuse-moi un moment.

Puis elle se retourna et sortit de la pièce.
Vie se retrouva seule. Elle était assez sûre d'elle. Après un si long moment sans se voir, elle revenait avec un service à demander, et elle était certaine que Amour voudrait lui faire plaisir. Ajouté à ça que Vie avait clairement laissé entendre que de toute façon elle le ferait que ce soit avec elle ou quelqu'un d'autre. Avec cette technique, elle faisait d'une pierre deux coup, à la fois elle se vengeait de Temps, mais en plus elle avait une nouvelle personne qui se joignait à la chasse de Mort, et pas n'importe qui, le Temps lui même ! Une nouvelle voix, masculine cette fois, la sortie de ses pensées.

- C'est d'accord.

Elle releva les yeux pour apercevoir Passion. Le jeune homme aux yeux fuchsia et à la tenue décontractée se tenait dans l'encadrement de la porte nonchalamment appuyés contre le panneaux de bois déjà poussé au maximum bloqué par un profond divan. Autour de son cour, une chaînette d'or retenait une pierre violette et ronde comme une bille.
Il se redressa et s'avança vers Vie, suivit de Amour.

- Amour ne pense qu'au fait que cette... Manière de procéder, est la plus douce. Moi je vois surtout un moyen de me défouler sur Temps. Nous n'avons pas de très bonne relation lui et moi, et si je peux lui nuire ne serait-ce qu'un peu, ce serait avec plaisir !

Vie sourit largement. Elle savait déjà que Passion et Temps ne faisait pas bon ménage et comptait sur ça pour finir de convaincre Amour. Elle se leva et tendit sa main à Passion qu'il secoua sans hésiter.

- Dans ce cas, une petite visite chez lui me semble être une bonne idée.

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