| Prologue |
J'ai toujours cru que les histoires n'étaient écrites que pour que les enfants ne sachent pas tout de suite dans quel affreux monde ils sont nés.
Je l'ai cru jusqu'à ce que je comprenne que certaines histoires sont le reflet exacte de notre humanité. Et jusqu'à ce que je comprenne, que certaines histoires, méritent d'être racontées.
Je me souviens encore de ce 21 Décembre, il y a 10 ans de cela. Ce jour là, il faisait gris, le vent glacial vous fouettait le visage et la neige craquait sous vos bottes. C'était le jour de mes 6 ans. Ma mère était enceinte de ma petite sœur, mon grand frère m'apprenait à faire un avion en papier et mon père lisait son journal.
Mes grand-parents étaient en chemin vers Londres pour passer les fêtes avec nous.
Un feu crépitait dans notre petite cheminée, une bonne odeur de pain d'épice s'échappait de la cuisine, la lueur des chandelles éclairaient de vieilles photos noires et blanches.
Mon coeur d'enfant était si joyeux et si innocent que je ne compris pas tout de suite quand tout à coup vers 20h, j'entendis des cris, des sirènes, des pleurs...
D'ailleurs je crois que je n'ai jamais compris comment on pouvait penser que la guerre pouvait donner la paix. Je trouve ça juste absurde.
Le premier bombardement fut le jour de mes 6 ans.
Ma mère éteignit toutes les bougies qui nous éclairaient, mon père nous attrapa, mon frère et moi. Nous courrons tous les quatre jusqu'à la petite porte qui donnait accès à la cave.
Nous sommes restés toute la nuit, serrés sous une table. J'entendais des fenêtres se briser, des hurlements stridents qui s'estompaient au bout d'un moment pour laisser la place à un autre, les bombes qui se fracassaient sur le sol britannique et dont les secousses me retournaient le coeur. Je tremblais de peur et d'incompréhension. Je voulais comprendre ce qui se passait dehors. Mais que voulez vous expliquer à une enfant de 6 ans qui a encore l'âge de lire des contes et de penser que le monde est beau, que les humains sont tendres.
Grand-maman arriva le lendemain matin, elle avait été hébergée par une jeune fermière qui habitait Cambridge. Elle nous apprit que grand-père était mort. Tué par une bombe américaine. Il fut l'un des premiers à mourir. On les appelles les Épargnés maintenant, parce que la seule chose qu'on leur envie d'être décédé au premier bombardement, c'est de ne pas avoir eu le temps de voir tout ce qu'on a vu ni d'avoir appris tout ce que l'on a su...
Le 13 Janvier, la deuxième date qui me marqua à jamais... Mon père reçut une lettre tôt le matin. Quand ma mère posa les yeux sur ce courrier, j'ai bien cru qu'elle allait s'évanouir de douleur. Mon père avait reçu une conscription...
Le jour suivant, j'étais sur le quai de la gare, tenant la main de mon frère. Papa nous souriait faiblement, le regard douloureux. Il embrassa ma mère sur le front, prit mon frère dans ses bras et lui ébouriffa les cheveux. Quand il s'arrêta sur moi, il me dit une phrase qui me hante maintenant depuis 10 ans. "Quand on commence une guerre, il vaut mieux savoir pour quoi on se bat. Ou pour qui." Il m'assura que lui, il savait parfaitement pour qui il allait se battre et que je devais être courageuse.
J'aurais pu lui faire promettre de revenir, lui faire promettre de m'écrire des lettres le plus possible... Mais dans mon ignorance, je savais au moins une chose. Mon père reviendrait. Je n'avais pas besoins de mots, de promesses pour m'en convaincre.
Il monta dans le train et mon coeur se serra tellement fort dans ma poitrine que j'eu peur qu'il ne cesse de battre.
C'est pendant cet hiver froid et terrible, que l'histoire commença. Mon histoire.
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