| Chapitre 2 |

Je suis enfermée dans ma chambre et c'est à peine si ma mère m'autorise à sortir pour aller manger...

J'ai l'impression d'étouffer, j'ai tellement l'habitude d'être dehors, dans la ferme ou dans le champ que je me sens comme un oiseau en cage. Je ne fais que dormir, lire, dormir, regarder par la fenêtre, dormir... En plus, c'est totalement injustifiée ! J'ai agis pour rester en vie... C'est crime de vouloir vivre maintenant ?


Je jette un œil par la serrure pour vérifier que ma mère est occupée et je mets des vêtements sous ma couette pour lui faire croire que je dors. J'enfile un pantalon que mon frère m'a donné, une vieille veste et des bottines. Les filles qui portent des pantalons sont très mal vus mais au point où en est la société actuelle, je me dis que les pantalons ne sont pas ce qui devrait choquer le plus. De plus, je n'ai jamais compris pour qui se prenaient les types qui disent "Les femmes portent des robes et des jupes. Un point c'est tout."

Si ma mère me voyait habillée comme ça, elle me tuerais c'est sûr ! C'était un secret que j'avais avec mon père...

Je me hisse sur le rebord de la fenêtre et saute de l'autre côté. J'atterri dans les herbes hautes.


La brise dans mes cheveux, le soleil qui caresse ma peau, pouvoir courir sans s'arrêter, s'allonger dans l'herbe, l'odeur des fleurs... C'est ça la liberté les gars !


Je marche quelques temps dans les champs qui recouvrent le village quand je décide d'aller voir Ethan. Je traverse plusieurs terrains et j'arrive enfin devant chez lui. J'aperçois sa mère et son frère derrière une fenêtre. Je m'approche encore plus quand soudain, deux mains se posèrent sur mes épaules. Je sursaute en laissant échapper un cri et me retourne, prête à me défendre.


- Tu voulais me cambrioler ?

- Roo le vieux, tu m'as fais peur !

- Désolée ma vieille, ria mon ami.


Il ébouriffe mes cheveux et je lui tire la langue. Nous marchons ensemble jusqu'à s'allonger entre des coquelicots. Ethan ferme les yeux et écoute. Je le sais parce qu'il a un don pour entendre. Il arrive à percevoir chaque petit bruit et a ressentir chaque vibration. Ça m'impressionne toujours.


- Alors, il se passe quelqu'un chose d'intéressant en Asie ? le taquinais-je.

- Bess... Cours !


Il se lève brusquement et me tire par le poignet pour m'entraîner dans sa fuite. Il m'entraîne jusqu'à l'orée d'un bois et nous nous cachons derrière une souche. Mon coeur bat trop vite et je n'ose même pas respirer. Je risque un regard vers le champ de coquelicots et je n'ai même pas le temps de voir quelque chose, j'entend un coup de fusil. Je sursaute et m'accroche au bras d'Ethan.


- C'est des soldats ? murmurais-je la voix tremblante.


Il hoche légèrement la tête et m'entoure de ses bras pour que j'arrête de trembler. Autant les soldats ne me font pas si peur que ça, j'ai l'habitude d'en voir à chaque coin de rue... Mais les bruits d'armes à feu, ça me rappelle les pires moments de ma vie.

J'entends les pas se rapprocher. Ils approchent.


- On cours ? demandais-je apeurée.

- Non. Bouges pas, murmure mon meilleur ami.


Je fermes les yeux très fort et soudain j'entends un autre coup de feu. Un coup tellement proche de moi que je ne pu retenir un hurlement. Je plaque la main sur ma bouche immédiatement. Ethan me resserre contre lui et les pas des soldats se stoppent un instant. Non pitier... Mais trop tard. 


- Qu'est-ce que vous faites là ? hurle un soldat britannique en nous pointant avec son arme.


Ethan et moi levons les yeux vers lui et nous levons lentement. Je reste accrochée à son bras.

Le soldat nous fusille du regard et rapproche son arme de nous visages.

Mon pouds part à toute allure et je panique.


- Noms ! ordonne le militaire.

- Ethan Wilson... répond mon ami.

- E.. Elisabeth... Diana Johnson, bredouillais-je.


Le soldat vérifie nos noms dans son registre. Il lève de nouveau ses yeux vers nous et aboie :


- Vous n'avez pas le droit de traîner aussi loin de chez vous !

- Depuis quand c'est interdit ? demande Ethan.

- C'est moi qui pose les questions Wilson !


Je resserre son bras pour lui dire de se taire. On a déjà de la chance d'être en vie.


- Baissez votre arme, demande Ethan.

- Je te demande pardon ? s'étonne le soldat.

- Baissez votre arme ! C'est bon, on a 16 ans, on va pas poser une bombe dans un champ de fleurs pour le fun !


L'homme baisse lentement son arme tout en nous fixant.


- Tu devrais faire attention... le préviens-t-il.

- Merci pour le conseil... crache Ethan.


Il s'en va et je le suis, complètement fébrile.


- Oh Seigneur... bredouillais-je tout bas.

- Ça va t'inquiète pas... essaie-t-il de me rassurer.

- J'ai cru...


Il se met en face de moi et me prend dans ses bras. Je pose mon front sur son épaule et j'essaie de caler ma respiration sur la sienne. Il me caresse mes cheveux et me répète d'une voix apaisante :


- Je suis là, t'inquiète pas.



Après avoir repris une partie de mes esprits, je pris le chemin du retour. Ethan a proposé de m'accompagner mais j'ai refusé. Je me sens déjà terriblement bête d'avoir réagis comme ça ! Je ne suis pas si froussarde d'habitude... D'habitude c'est moi qui rassure les autres, et je trouve ça humiliant d'être dans cette position de faiblesse qu'est la peur.


Une fois dans ma chambre, j'essayais de me persuader que tout allait bien, que c'était normal en temps de guerre d'entendre des soldats tirer... Mais non. Tout n'allait pas bien...

Je ferme la porte et j'allais me changer pour remettre ma robe quand je vis ma mère dans un coin de la chambre.


- Où étais-tu ? s'exclame-t-elle.

- Dehors. Je m'occupais de... Ding ! mentis-je.

- Depuis quand tu portes des pantalons ? s'étonne-t-elle effarée.

- C'est... plus pratique. Sinon, on se coupe les jambes avec les orties.

- Arrête de mentir Elisabeth ! Je t'avais interdit de sortir.

- Mamaaan ! soupirais-je. Je vais bien.

- Comment veux-tu que je sois sereine quand je sais que ma fille est peut être au milieu de nul part, peut être enlevée par des américains...

- Maman calme toi, il ne m'arrivera rien.

- Ah non ?! Et tous ces gosses qui meurent tous les jours ?

- C'est la guerre maman.

- Elizabeth tu ne m'apprends rien ! hurla ma mère.

- Qu'est-ce qui se passe ici ? demande ma grand-mère en arrivant.

- Rien du tout ! disons-nous ma mère et moi en chœur.



Je remet ma robe et attache mes cheveux en un chignon lâche. Maman m'autorise à sortir de ma chambre en me faisant promettre de ne plus sortir sans prévenir. Nous dînons en silence et mon frère ne cesse pas de me lancer des regards inquiets. A la fin du repas, il m'entraîne dans la cuisine et me dit franchement :


- Je vous ai entendu. Je crois pas à ton histoire.

- Bravo inspecteur Jason...

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien... Juste, un soldat qui... nous a contrôlé avec Ethan.


Le visage de mon frère devient livide.


- Qu...quoi ?

- T'as bien entendu. Rien de bien méchant. Plus de peur que de mal.

- Bess ! Quand un soldat prend ton nom... Il te note.

- Et ?

- Et quand ils ont besoins d'enfants à mettre en tête de ligne pour les combats, ils prennent les enfants les plus notés... Ceux qui n'obéissent pas.

- Et les têtes de lignes c'est...

- La mort.



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Le chapitre vous plait ?

Moi je le trouve moyen et un peu court mais bon, ce n'est que le début de l'histoire !

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