Chapitre 9

Deux Commandants se tiennent debout devant mon père. Les Commandants ont vu mon père. Ils l'ont vu réveillé, alors qu'il est censé prendre la pilule du sommeil. Ce n'est pas bon du tout... Il risque d'être sanctionné. Heureusement que je n'ai pas allumé les lumières et que je n'ai pas fait de bruit sinon, je me serais faite remarquer. Je tourne les talons et remonte les escaliers en essayant de ne pas faire de bruit. Je reprends mon souffle. Je ne m'étais pas rendue compte que je retenais ma respiration.

- Mademoiselle Moore.

Je m'arrête. Il me reste trois marches avant d'arriver sur le palier. Est-ce que qu'elqu'un a vraiment parlé ou est-ce moi qui ai imaginé cette voix ? Je n'ose pas bouger de peur de me faire repérer par les Commandants. Je ferme les yeux. J'espère avoir imaginé cette voix. Je réouvre les yeux et monte une marche n'entendant pas la voix m'appeler de nouveau.

- Mademoiselle Moore, descendez.

Je n'ai pas imaginé. Je me suis faîtes voir. Les Commandants m'ont vu. Ma respiration s'accelère tandis que je descends les marches et rejoins les Commandants et mon père. Ce-dernier me regarde puis baisse les yeux. Je me poste à côté de lui et regarde le sol.

- Vous avez désobéi.

Mon père et moi ne parlons pas. Que pourrait-on dire ? Que nous n'avons pas désobéi ? Nous allons être sanctionnés. J'essaie de me calmer comme me l'a souvent dit mon père. Inspire, expire, inspire, expire. J'essaie de ne pas me trahir, de ne pas montrer que je ressens des sentiments. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Les Commandants sont sûrement au courant et puis, ça ne sert à rien.

- Asseyez-vous. Nous avons des questions à vous poser.

Nous faisons ce qu'il nous demande.

- Ressentez-vous les choses interdites ?

Je ne réponds pas. Que dois-je faire ? Répondre par l'affirmative ou répondre par la négative en espérant que nous ne soyons pas punis. Je regarde mon père. Il a toujours la tête baissée.

- Le Grand Maître pensait s'être débarassé des Immunisés, mais il semblerait que ça ne soit pas le cas. Ils sont toujours présents. La menace est toujours présente.

La menace est toujours présente. Parle-t-il de nous ? Nous sommes une menace ?

- Depuis combien de temps ressentez-vous ces choses ?

Comme il y a quelques secondes, personne ne réponds. Papa sait-il que nous sommes en train de manquer de respect aux Commandants ? Sait-il que c'est puni ? En ce moment, il semble l'avoir oublié.

- Je vois que vous ne nous répondrez pas. Nous n'allons pas vous emmener. Du moins, pas tout de suite, nous dit le Commandant.

- Nous viendrons vous chercher ce soir. Visiblement vous ne prenez pas la pilule, ce ne sera donc pas un problème. Aujourd'hui, sera votre dernière journée en tant que citoyens. Vous ne sortirez pas de cette maison jusqu'à ce que l'on vienne vous chercher, complète son collègue.

J'hoche la tête. Mon père ne bouge pas. Que lui arrive-t-il ? Finalement, il lève la tête et hoche celle-ci. Il ne me regarde toujours pas. Les Commandants nous demandent de nous lever puis ils s'en vont. Je me retourne pour la énième fois vers mon père.

- Papa...?

Il lève la tête. Ce que je vois dans ses yeux me serre le coeur. Des larmes. Mon père est triste. Pourquoi ? Pour la sanction ? J'ai peur de la sanction, parce que je ne sais pas quelle est-elle, mais je ne m'inquiète pas plus que ça. Harley a été sanctionnée et elle va revenir. Peut-être que la sanction n'est pas si grave que ça.

- Qu'y a-t-il ? Pourquoi es-tu comme ça ?

- C'est notre dernier jour..., souffle mon père.

- Dernier jour de quoi ?

- Nous allons être sanctionnés Amber.

- Oui, mais la sanction n'est peut-être pas si dure... Harley va revenir donc...

- Ecoute Amber, je travaille au Centre et je peux te dire que nous ne revenons pas. Tous les sanctionnés que j'ai vu passer ne sont pas revenus.

- Nous sommes enfermés ? C'est ça la sanction ?

Mon père ne répond pas. Son comportement m'énerve. Pourquoi ne répond-il qu'une fois sur deux ?! Je devrais être triste de la situation, mais la colère l'emporte sur la tristesse.

- Pourquoi ne réponds-tu pas ?!

- Je t'aime Amber..., me dit mon père en me prenant dans ses bras.

Je réponds à son calin. C'est la première fois qu'il me dit ces mots. C'est bizarre de les entendre. Jusque là, je les avais déjà pensé en me posant des questions dessus, mais je ne les avais jamais prononcé à voix haute. L'amour. L'amour ne se ressent-il pas quand un garçon et une fille sont proches ? D'après ce que m'avait dit mon père, c'était ça. Que dois-je répondre ? Il se sépare de moi.

- Tu as encore beaucoup de choses à apprendre Amber, sourit-il.

- Pourquoi m'as-tu dis ça ?

- Parce que je t'aime.

- Ce n'est pas ce que ressentent une fille et un garçon ?

- Si, mais il existe d'autre sorte d'amour. L'amour que je te porte est paternel, je t'aime comme un père aime ses enfants.

J'hoche la tête et nous allons nous coucher.

Je suis assise sur mon lit, regardant par la fenêtre. Plus que quelques heures avant que les Commandants ne viennent nous chercher. Ce matin, quand je suis descendue dans la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner, ma mère m'a dit: "Tu as un jour de repos. Les Commandants ont appelé pour dire que tu n'avais pas cours". Les Commandants ont menti à ma mère. Ils mentent sur tout. Pour mon père, je suppose que c'était la même chose, il avait un jour de repos et n'avait pas travaillé. Je souffle. C'est dur d'être différente et de ne pas être d'accord avec les personnes qui m'entourent et me dirigent. Je suis obligée de penser comme eux, d'être comme eux. Je ne suis pas libre... Mon père m'a dit que quand nous sommes libres, nous pouvons faire ce que l'on veut. Je voudrais être libre. La porte s'ouvre sur mon père. Il vient s'asseoir à côté de moi et nous regardons tous les deux par la fenêtre.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je sors de la cuisine et me dirige vers ma soeur qui enlève ses ballerines. Je la salue et lui dis que son goûter est prêt.

- Merci, me répond-elle.

Il ne manque plus que ma mère. Je regarde l'horloge digitale. L'heure du départ approche à grand pas. J'aurais voulu profiter de ma mère et ma soeur. Je me dis que je les reverrais quand je reviendrais. Quelques minutes plus tard, c'est ma mère qui passe la porte. Tandis qu'elle se baisse pour enlever ses talons, je me permets de la détailler. Ses longues jambes cachées par un large pantalon blanc. Ses bras fins enlevant sa veste tailleur et l'accrocher au porte manteau. Son débardeur révèle une petite poitrine et un petit ventre. Son visage tout aussi fin, ses pommettes relevés, ses yeux verts, sa bouche pulpeuse et ses taches de rousseur. Ses cheveux bruns sont attachés en chignon. Elle relève la tête et se dirige vers moi.

- Bonsoir. Qu'as-tu fait aujourd'hui ?

Elle me pose la question tout en se dirigeant vers la cuisine. Elle entre dans cette-dernière et salue ma petite-soeur.

- J'ai préparé le repas. Pomme de terre, viande, accompagné d'une sauce à la ciboulette. Est-ce correct ?

- Oui, merci pour ton aide. Stayley, pourrais-tu poser les couverts ?

Ma petit soeur répond par l'affirmative et je monte dans ma chambre. Je vois la porte de la chambre de mes parents ouverte. Normalement, c'est interdit, mais je pousse la porte et entre dans la chambre. Mon père est allongé sur le lit, les yeux fermés. Depuis hier, depuis que les Commandants nous ont informé que nous serons punis, mon père est bizarre. Il ne parle presque plus, j'ai l'impression de voir un citoyen normal, qui ne ressent rien. Je ne veux pas le déranger alors je sors de la pièce et ferme la porte.

Mon père et moi sommes assis sur le canapé. C'est l'heure. Les Commandants devraient arriver. Nous sommes plongés dans le noir, la tête droite. Toc, Toc, Toc... Des petits coups se font entendre. Mon père se lève et va ouvrir la porte. Les Commandants entrent.

- Suivez-nous, ordonne une Commandante.

Je me lève, vais rejoindre mon père et nous suivons les Commandants. Un petit avion se tient dans la rue. L'avion est le moyen de transport utilisé par les Commandants, pour se rendre au Centre, le train ne le permettant pas. Nous y sommes emmenés.

- Montez, ordonne le deuxième Commandants.

Nous faisons ce qu'il dit. L'intérieur de l'avion est très simple. Au fond, se tiennet deux sièges. Juste devant la porte de l'engin, il y a également deux fauteuils. On nous dit de nous asseoir sur les fauteuils de fond. En face de nous se trouve la cabine de pilotage. Les deux Commandants montent en fermant la porte de l'avion.

- On peut y aller, annonce le Commandant aux pilotes.

On entend un vrombissement puis l'avion décolle, direction le Centre.

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Hello, it's me (Blague nulle...--' x)) Je voulais vous remercier pour vos votes, vos vues et vos commentaires. Ils me touchent beaucoup !! :)


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