Je ne sais pas depuis combien de temps je suis plongée dans le noir. Un jour, une minute, une semaine, un mois ? Je ne sais pas. J'attends. Je ne sais pas quoi, mais j'attends. Est-ce ça la mort ? Ne plus rien voir et entendre mais continuer à penser ? Je n'ai pas l'impression de respirer. Je pensais qu'en mourrant je reverrais mon père. Mais je ne le vois pas. Où est-il ? J'aimerais l'appeler, le chercher, mais je ne peux ni parler ni avancer. S'il vous plait, tuez-moi pour de bon, faîtes quelque chose. Je ne veux pas rester dans le noir sans pouvoir faire quelque chose. Comme si quelqu'un avait entendu mes paroles, je perçois des sons. J'essaie de me concentrer sur eux, mais je ne sais pas ce que c'est. Je n'arrive pas à mettre quelque chose, un nom ou une action, sur ces bruits. Le noir commence également à disparaître. J'essaie d'ouvrir mes yeux et à mon grand étonnement, j'y arrive. La lumière forte me fait fermer les yeux. Je cligne des yeux pour m'habituer à cette lumière. Je bouge mes jambes et mes bras.
- Elle est réveillée ! cri quelqu'un.
La première question qui me vient en tête est : où suis-je ? De retour au Centre ? Les commandants sont-ils venus me récupérer ? Non, ça ne peut pas être ça. Je ne veux pas que ça soit ça. Mes yeux se sont habitués à la lumière et je peux enfin voir où je me trouve. A ma gauche se trouve une dizaine de personnes qui me fixent. A ma droite, il y a une dame qui me sourit. Qui sont ces gens ? Je me redresse en vitesse, mais deux garçons qui se trouvaient à ma gauche se précipitent et me tiennent les bras.
- Lâchez-moi ! Je veux partir ! Qui êtes-vous ? Lâchez-moi !
- Appelez le chef !!
Une personne s'en va, sûrement chercher le chef. Je continue de me débattre, mais les deux garçons sont beaucoup plus forts que moi. Quelques minutes plus tard, alors que je gigote toujours, le chef arrive. Je ne le vois pas très bien parce que je gigote.
- Qu'y a-t-il ? demande-t-il.
- Elle n'arrête pas de bouger, lui dit un des deux garçons.
- Et alors ? Qu'est-ce que j'y peux ?
- Elle va s'enfuir !
- Apportez-moi des cordes !
D'autres personnes présentes à ma gauche font ce que le chef leur dit. Qui est ce chef ? Pour qui se prend-t-il pour parler comme ça aux gens ? Il les dirige, comme les Commandants me dirigeaient. Je suis sûre qu'il a quelque chose à voir avec les Commandants. Il faut que je parte ! Je ne veux plus être avec les Commandants ! Je redouble de force et me débats plus fort, mais ça ne suffit toujours pas. Les gens qui étaient partis reviennent et donnent les cordes au chef. Celui-ci les passe autour de moi et m'accroche au lit. Cependant, je n'arrête pas de me débattre. Il serre les cordes tellement fort que je n'arrive plus à bouger. Les deux garçons qui me maintenaient se lèvent et rejoignent les autres à ma gauche. Le chef tourne les talons et s'en va, non sans avoir donné un ordre. Les autres s'en vont aussi. Ils soulèvent le tissu et sortent. Je suis donc dans une tente. Un garçon qui est resté s'approche de moi et commence à me poser des questions. Je ne réponds à aucune d'elles. Je ne le connais pas, pourquoi devrais-je lui répondre ? Il continue quand même à me poser des questions, dans l'espoir que je vais répondre à une. Il peut toujours poser des questions, je ne répondrais pas ! Finalement, il abandonne et sort de la tente. Pensant être maintenant seule et au calme, je ferme les yeux. Mais quelques minutes plus tard, j'entends des pas. J'ouvre les yeux et vois une fille entrer dans la tente. Elle s'assoit et me pose exactement les même questions que le garçon. Vraiment ? Il m'on envoyé une fille pensant que je vais me confier à elle ? Je ne lui répondrais toujours pas. Je ne leur fais pas confiance. Elle abandonne elle aussi cinq minutes plus tard et s'en va. Tard dans la nuit, alors que j'étais sur le point de m'endormir, j'entends de nouveau des pas. J'ouvre les yeux, mais comme il fait noir, je ne vois rien. La personne s'approche, tourne autour du lit, pour se retrouver à ma droite et allume une petite lampe. Il ouvre grand la bouche et les yeux.
- Amber ?!
Je plisse les yeux pour essayer de mieux voir cette personne qui m'a appelé par mon prénom. Comment me connaît-il ? J'aperçois ses yeux. Ses yeux qui n'ont pas changés. Ses yeux qui appartiennent à une personne que je ne pensais plus revoir. Ses yeux qui m'ont quitté il y a des mois de cela. Ses yeux que je n'avais pas pris le temps de regarder en détail avant, car nous n'avions pas le droit. Ses yeux avec qui je n'étais pas proche. Ses yeux que je ne considérais que comme des yeux appartenant à quelqu'un de ma classe. Ses yeux qui ont déclenché le réveil de mes sentiments. Ses yeux qui ont changé ma vie.
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