Chapitre 17
Je suis éblouie par ce que je vois au réveil. Jamais je n'aurais imaginé voir un tel endroit. Il est tellement différent de Georgia ! Il est également vide. En effet, il n'y a rien. Pas de maison, pas de gare, ni de poteaux... Et puis, ce n'est pas blanc. Je n'arrive pas à mettre un nom sur la couleur de ce que j'ai en face de moi. Je regarde le sol. Hier, j'avais pu sentir les fissures, maintenant je les vois. Il y en a beaucoup, partout sur le sol. Je lève la tête et observe de nouveau ces énormes parois. Elle doivent mesurer plusieurs mètres de haut et sont de la même couleur que le sol. Elles m'entourent. Il n'y a qu'en face de moi qu'il n'y en a pas. Il n'y a aucune végétation. Le ciel est bleu et le soleil est éblouissant. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Ici, il fait plus chaud qu'à Georgia. J'essaie de me lever mais je tombe en poussant un cri de douleur. J'avais oublié ma cheville. Je soulève ma blouse pour pouvoir observer ma cheville. Cette-dernière est rouge et gonflée. Je la compare à mon autre cheville qui n'a rien. La cheville qui me fait souffrir est trois fois plus grosse que l'autre. Je passe ma main sur celle douloureuse, mais je l'enlève aussitôt. Je ne peux même pas effleurer ma cheville. J'abaisse la blouse puis regarde la parois à ma gauche. Il faudrait que j'arrive en bas de cette paroi pour que je puisse prendre appui sur elle et avancer. J'évalue la distance qui me sépare de là où je suis assise jusqu'au pied du mur. Trente mètres nous séparent. Je souffle. Je n'arriverais jamais à parcourir ces trentes mètres. Pas avec ma cheville. Je m'allonge au sol et regarde le ciel. Comment vais-je faire pour avancer ? J'ai besoin d'avancer si je veux trouver la sortie de cet endroit. C'est la première fois que je regarde le ciel aussi longtemps. D'habitude, je n'y fais pas attention. Je n'ai jamais su de quelle couleur est le ciel. Je ne connais que deux couleurs, le blanc et le noir, et le ciel ne correspond à aucune de ces deux couleurs. Je ferme les yeux. Ma cheville ne me fait pas mal, je ne pense plus à elle. Ma cheville ne me fait plus souffrir quand je suis allongée... Il faut donc que j'atteigne la paroi en étant allongée. Si je rampe, je devrais arriver à avancer. J'ouvre brusquement les yeux et tourne sur moi-même pour être sur le ventre. Une fois sur celui-ci, je tend les bras, rentre mes doigts dans les fissures du sol, puis je tire pour avancer. Ma blouse se déchire, mettant mes jambes à nu qui, de ce fait, frottent au sol et me fait grimacer. Cependant, je ne m'arrête pas. Je réitère les mêmes mouvements et avance encore de quelques centimètres. Je continue, jusqu'à ce que la nuit tombe, en faisant quelques pauses. Quand je ne vois plus rien, je m'arrête. Je suis épuisée, mes jambes me brûlent, je sens quelque chose de liquide couler sur celles-ci. Je roule pour me retrouver sur le dos, puis m'assois. Je soulève la blouse puis touche mes genoux. Mes doigts touchent la chose liquide. Je mets mes mains devant mes yeux et essaie de voir ce qui est liquide. Je n'arrive pas à voir grand chose. Cependant, j'arrive à voir que le bout de mes doigts est plus foncé que le reste de ma main. Je mets mes doigts à la bouche. J'ai soif, et peut-être que le liquide apaisera ma soif. Le goût que j'ai dans la bouche est bizarre. Ce n'est pas de l'eau, ni une autre boisson. C'est un goût de fer. Du sang. Mes jambes sont donc en sang. Le fait d'avoir rampée sur le sol, les jambes non protégées par la blouse, les a ouvertes. Je n'ai rien à ma disposition pour essuyer le sang. Je pourrais utiliser la blouse, mais je n'ai pas envie qu'elle se retrouve mouillée par le sang. J'essuie mes doigts sur le sol puis m'allonge. J'ignore combien de mètres j'ai parcouru en une journée. Le ciel est plus foncé que ce matin et, est parsemé de petites tâches blanches. Quelles sont ces tâches ? Malgrè le fait que j'ignore ce que c'est, je trouve cela très joli. Je m'endors sur cette image.
Quand je me réveille, il fait jour. Je m'assois et la première chose que je fais est de voir combien de mètres il me reste à parcourir. Il me reste une vingtaine de mètres je dirais. Je n'ai parcouru que dix mètres en une journée ! Il faut absolument que je reparte. Cette fois, pas de pause, elles me ralentissent dans mon avancée. Comme hier, je me mets sur le ventre et rampe. Le sang qui avait coagulé et formé des croûtes sur mes égratinures, se remet à couler. Je souffre plus qu'hier. Je rampe, rampe, rampe, mais je finis par lâcher. Mon ventre gargouille et ma bouche est sèche. Je transpire tellement le soleil est chaud. J'attends quelques minutes puis me remets en route. Je m'arrête quand la nuit tombe.
Le troisième jour, je ne perds pas de temps non plus. Dès que je suis réveillée, je rampe. Il me reste environ dix mètres avant d'atteindre la paroi. Je ne suis plus très loin de mon but. Mon ventre gargouille plus fort que la veille et ma bouche a du mal à s'ouvrir car mes lèvres collent. Mes jambes saignent toujours. Hier, quand je m'étais arrêtée, j'avais regardé l'état de mes jambes. Des petites cailloux du sol étaient rentrés dans mes plaies. J'avais essayé de les enlever, mais la douleur m'a vite fait arrêter. Je sors de mes pensées. Il me reste environ cinq mètres. Je continue de ramper. Quand la nuit tombe, j'arrive au pied de la paroi. J'ai réussi. Je suis au pied de mon but. Je touche la paroi. Elle est bien réelle. Comme le sol, il y a des fissures. Je m'allonge et continuerais demain.
Quand je me réveille, il fait toujours nuit. Deux options s'offrent à moi. Me rendormir ou essayer de me lever. Je choisis la deuxième option. Si je me rendors, j'ai peur de me réveiller tard dans la journée et de ce fait, perdre du temps pour essayer de trouver la sortie de cet endroit. Je mets mes deux mains sur la paroi, dans des fissures, puis de ma jambe intacte, je pousse afin de me lever. Je retombe sur mes fesses, mais je ne me laisse pas abattre, je réitère. Je recommence cinq fois avant d'arriver à me lever. Une fois que je suis debout, je laisse ma main gauche sur le mur. Ma jambe douloureuse se trouve du côté de la paroi. Le mur va remplacer ma jambe gauche. Je commence à avancer en sautant à cloche pied. Plus les heures passent, plus je me dis que ça ne sert à rien. Y a-t-il une sortie ? Combien de mètres me reste-t-il avant de la trouver ? Vais-je la trouver un jour ? Je souffle et commence à baisser les bras. Je suis peut-être comdamnée ici. Si les Commandants m'ont déposée ici, c'est sûrement parce que je n'ai pas beaucoup de chance de trouver la sortie. Je pose ma main droite sur le mur, enlève ma main gauche et regarde mon poignet. CAS. Je ferme les yeux. Je remets ma main gauche contre la paroi. Je dois continuer, persévérer. Pour eux, pour ma famille. Pour mon père qu'on m'a enlevé et qui m'a demandé quelque chose que je lui ai promis. Pour ma mère que je n'ai pas eu la chance de connaître normalement, ressentant des sentiments. Pour ma soeur que j'aurais aussi aimé connaître normalement. Et aussi pour les Commandants. Pour leur montrer que je suis toujours là, que je résiste et que j'ai l'intention de rester. Qu'ils ne se débarraseront pas de moi, des Immunisés. Je me remets en marche plus déterminée que jamais. Puis, comme d'habitude, à la nuit tombée, je me couche.
Cela dure plusieurs jours, peut-être une semaine. Je continue d'avancer, sans voir de fin. Plus les jours passent plus je ralentis considérablement ma vitesse. Mon énergie me quitte progressivement. J'ai de plus en plus soif et faim. J'ai également chaud. Mais je n'abandonne pas. Je continue d'avancer. Même s'il il faut que je rampe de nouveau, je le ferais. J'avancerais jusqu'à ce que je n'ai plus de force. Si je dois mourir, je veux m'être battue jusqu'au bout. Je crois que je suis au bout aujourd'hui. Mon bras gauche me lâche ainsi que ma jambe droite. Je m'écroule au sol, me cognant violemment la tête par terre. Mon ouïe disparaît ainsi que ma vue. Je ne vois plus que du noir. Malgré cela, je suis toujours en vie. Je respire. Mais cela ne dure pas. Mon souffle devient de plus en plus faible, jusqu'à disparaître totalement. Je me serais battue jusqu'au bout. Maintenant, je vais aller rejoindre mon père. Au revoir maman et Stayley.
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