Chapitre 16

Comment ça un changement de programme ? Que veut-il dire par là ? Je regarde par le hublot. Cinq minutes que nous sommes repartis de Georgia et je n'ai pas aperçu la Frontière. Je ferme les yeux.

- Comme vous le savez, nous avons pris notre décision par rapport à votre sanction.

J'hoche la tête. Je suis fatiguée.

- Vous deviez la recevoir demain, mais étant donné votre tentative de fuite ce soir, je vous annonce que vous la recevrez ce soir.

- Vous allez me tuer ?

- Non, cette sanction là est trop douce.

Trop douce ? J'ai donc une sanction plus grave ? Si ce n'est pas la mort, je me demande ce que cela peut-être, et en quoi ça peut-être pire. D'un côté je panique, car je ne sais pas ce qu'il va m'arriver mais d'un autre côté, je suis contente. Contente car je ne vais pas mourir et que je pourrais faire ce que m'a demandé mon père. La douleur à ma cheville a empiré. Je sens des picotements, elle me brûle et je ne peux plus la bouger. Je ne sais pas comment faire pour la soigner. Comme nous ne courions pas, nous ne nous blessions pas.

Voilà une heure que nous avons décollé de Georgia. L'avion ne s'est toujours pas posé. Je ne connais toujours pas la destination. Je ne sais toujours pas en quoi consiste ma sanction. Je ne sais rien. Je me suis endormie une demie heure. Je regarde par le hublot. Je sens l'avion amorcer l'atterrissage.

- Bienvenue dans votre nouvel environnement, me dit le Commandant.

Comment ça mon nouvel environnement ? Je vais habiter là ? L'avion se pose et le Commandant me demande de le suivre. Je ne bouge pas. Pas parce que je n'ai pas envie d'aller là, bon, d'accord c'est un peu pour cette raison, mais c'est plus parce que je ne peux pas me lever à cause de la douleur. Le Commandants répète son ordre et je me fais violence pour me lever. Je pousse des gémissements et me mord la lèvre inférieure. Je boîte, mais j'arrive près du Commandant. Il me dit de descendre les escaliers, ce que je fais. Je suis tellement concentrée sur ma douleur que je ne fais plus attention au paysage. Une fois arrivée en bas, je me retourne face à l'avion. L'escalier se rétracte et je tombe au sol en criant. Je lève la tête et vois la porte de l'avion se fermer. Que fait-il ? Ils ne vont quand même pas me laisser là seule ? Visiblement si. L'avion s'envole et bientôt, je ne le vois plus. Je souffle et m'assois. Résumons la situation. Je suis seule, dans un endroit inconnu et l'avion est reparti. Comme c'est la nuit, je ne vois absolument rien. Je ne sais pas où je suis. J'essaie tant bien que mal de m'asseoir, mais c'est peine perdue. La douleur est trop forte pour que je puisse me lever. Je touche le sol et sens une petite pierre. Je la prends et la fais tourner dans ma main. Je touche de nouveau le sol et sens d'autres pierres. Je sens aussi des sortes de fissures au sol. Comme si le sol était un assiette que l'on venait de faire tomber d'une petite hauteur et qu'elle s'était fissurée. Où suis-je ? D'après le sol, je suis dehors. Je suis une fisssure avec ma main. Quand mon bras arrive trop loin pour que je puisse continuer, je soulève mes fesses et me déplace. Ce mouvement me fait mal à la cheville, mais c'est supportable. Je continue ainsi jusqu'à ce que je sois fatiguée. Je suis sur le point de m'endormir, quand un bruit se fait entendre. J'ouvre les yeux et me redresse brusquement.

- Il y a quelqu'un ? je demande.

- Il y a quelqu'un ? répète une voix.

- S'il vous plaît, répondez-moi.

- S'il vous plaît, répondez-moi.

- Qui êtes-vous ? Et pourquoi répétez-vous tout ce que je dis ?

La voix répète ce que je dis puis je continue de parler, en espérant qu'elle arrête de répéter mes phrases et qu'elle y réponde. C'est peine perdue. Après plusieurs questions, elle continue toujours de répéter ce que je dis. J'arrête puis me rallonge. J'espère que la personne à qui appartient cette voix ne me veut pas de mal. Je ferme les yeux puis m'endors quelques minutes après. Je m'endors dans un endroit qui m'est inconnu. Je m'endors seule, en dehors du centre.

Je suis chez moi, dans mon lit. Je fronce les sourcils. Pourquoi suis-je ici ? Hier, je n'étais pas chez moi. Je décide me lever et de sortir de la chambre, puis de descendre dans le salon. Rien n'a changé. Les meubles sont à la même place que quand je suis partie. Je sens une odeur de pancakes. Ma mère est dans la cuisine, en train de préparer le petit-déjeuner. Stayley et mon père sont assis à table.

- Papa...?

Il ne lève pas la tête. Ma mère et ma soeur non plus. Ils ne m'ont pas entendu. J'entre dans la cuisine et prends place sur une chaise.

- Puis-je avoir une assiette ? je demande.

Comme tout à l'heure, personne ne lève la tête. Soudain, ils lèvent la tête et saluent quelqu'un. Je suis leur regard qui est posé derrière moi et me vois. Pourquoi y a-t-il deux moi ? La deuxième moi entre dans la cuisine et va aider sa mère. Quand ma famille a terminé de prendre le petit-déjeuner, Amber bis se lève et va faire la vaiselle. Moi quand je ne ressentais rien, je pense. Je me lève et essaie d'attraper le bras de mon père. Le revoir m'a fait comme un choc. Est-il toujours vivant ? Mon bras passe à travers celui de mon père. Que se passe-t-il ? Pourquoi je ne peux pas l'attraper ? Je me tourne et vais voir ma mère. Même chose pour elle, je ne peux pas la toucher. Je sors de la maison. Tout est normal, la rue, la gare. J'aperçois les étudiants monter les marches de la gare. Deux d'entres eux attirent mon attention. Un blond et une rousse. Hugo et Harley. Que font-ils là ? Hugo n'est-il pas censé être au Combat ? Et Harley, elle a été punie. Soudain, une évidence me vient en tête. Si Harley a été sanctionnée, elle est donc morte, comme mon père. Je marche rapidement vers mes camarades. J'essaie de les toucher, de leur parler, mais je n'obtiens aucune réaction de leur part. J'aimerais tellement pouvoir leur reparler. Ne serais-ce que pour leur dire "bonjour". Ils montent maintenant dans l'aérotrain. Subitement, tout s'arrête. Les gens ne bougent plus, plus rien ne bouge. Cependant, je peux toujours bouger. Je tourne sur moi même et regarde ce qu'il se passe.

- Bonjour.

Je me retourne et découvre un Commandant. Je recule de quelques pas. Que me veut-il ? Pourquoi est-il là ? Je ne veux pas le voir.

- Partez...

- Si vous deviez choisir, à qui voudriez-vous parler pour la dernière fois ? Vos camarades ou votre famille ? Le choix vous revient. Choississez bien, dit-il avant de disparaître.

Je regarde l'aérotrain où se trouve mes camarades puis ma maison. Si je pouvais leur parler une dernière fois, qui je choisirais... ? Je regarde Hugo et Harley.

- Désolée, dis-je même s'ils ne peuvent pas m'entendre.

Je tourne les talons puis me dirige vers ma maison. C'est à eux que je voudrais parler une dernière fois. Leur dire quelque chose que je n'ai jamais dit. Le monde se remet en marche. J'entends les portes de l'aérotrain se fermer, puis ce-dernier démarrer. J'ouvre la porte de ma maison, ma famille se trouve devant la porte, comme si elle m'attendait. Je souris.

- Je...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase. Ma famille disparait, puis ma maison, Georgia, pour laisser place à du noir.

Je me réveille brusquement. Que s'est-il passé ? Je regarde autour de moi. Plus de maison, plus de Georgia. Je suis trop fatiguée pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé. Je me rendors.



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