Chapitre 11

Je me réveille et mon premier réflexe est de voir si ma soeur y est. Mais, je ne suis plus chez moi. Stayley n'est plus là, maman n'est plus dans la cuisine en train de me préparer mon petit-déjeuner. Je sens un vide un moi. Les larmes me montent aux yeux, mais je me ressaisis et les essuie. Je ne dois pas me laisser abattre. Je m'assois en tailleur sur mon lit, le dos collé contre le mur. Soudain, je me rappelle que mon père s'est couché dans cette pièce hier et qu'il doit être dans le lit en face de moi. Seulement, dans le lit, il n'y a personne. Je ferme les yeux. C'est à ça que va ressembler ma vie maintenant ? Toujours être arrachée aux membres de sa famille ? Séparés ? Je souffle et me lève. Le lit de mon père est défait. Je soulève la couverture dans un faible espoir qu'il s'y trouve. Je m'abaisse aussi, pour regarder en-dessous du lit. Comme s'il y était... Je tourne la tête vers le seul moyen de sortie de la pièce, la porte. Devant celle-ci, je me mets à la toucher, espérant trouver un bouton ou je ne sais quoi me permettant de l'ouvrir. Je regarde aussi sur les murs. Sur le mur de droite se trouve un petit bouton avec un micro. J'appuie sur ce bouton, ce qui déclenche un petit bruit. Pensant qu'il ne sert à rien, je marche vers mon lit.

- Que souhaitais-vous ? me demande une voix.

Je me retourne et vois qu'un voyant rouge est allumé sur le bouton que j'ai pressé.

- Où est mon père ?

- Il est pour l'instant au sous-sol.

Je réflechis. Qu'y a-t-il au sous-sol ? La cantine ! Je remercie la voix et lui demande de m'ouvrir la porte, ce que, étrangement, elle fait. Je sors de la pièce, seule. C'est étrange que je sois autorisée à sortir de la pièce sans qu'un Commandant ne sois avec moi. Je ne vais pas m'en plaindre. Je m'appuie sur la rambarde métallique qui nous empêche de tomber. Je regarde en haut et vois qu'il y a encore cinq étages. Le quarante-cinquième étage est totalement clos. Il n'y a pas de trou entre les plaques de verres, comme pour tous les autres étages. Que peut-il bien y avoir à cet étage ? Je regarde en bas ce qui me fait ouvrir la bouche. Il y a des centaines de Commandants qui circulent à chaque étage. D'ici, les Commandants qui se trouvent au rez-de-chaussé sont des petits points. Quelque chose attire mon attention quelques étages plus bas. Deux Commandants tiennent chaque bras d'un homme. Ils se dirigent vers l'ascenseur. Que font-ils ? Où emmène-t-il cet homme ? J'aimerais les suivre, mais je ne sais pas à quel étage ils se dirigent. Une autre idée me vient en tête. Je monte moi aussi dans l'ascenseur et regarde attentivement le panneau métallique qui affiche les numéros des étages. Je clique sur l'étage où je souhaite me rendre.

- Mot de passe ?

Je ne me pose même plus de questions sur l'origine de la voix. Je sais maintenant qu'ici beaucoup de choses possèdent une voix. Je me rencontre sur le panneau métallique. Un mot de passe. Que peut-il bien être ?

- Commandants, je tente.

- Mot de passe inccorect. Accès refusé.

Zut ! S'il faut un mot de passe pour se rendre au quarante-cinquième étage, c'est qu'il s'y trouve quelque chose d'important. J'abandonne l'idée de trouver le mot de passe et appuie sur le chiffre zéro.

- Tu aurais pu m'attendre pour descendre, dis-je à mon père en m'installant à côté de lui. J'ai eu peur.

- Désolé, j'avais très faim !

Je rigole, puis part dans un fou rire incontrôlable. Ca fait longtemps que je n'ai pas ri ! J'aperçois que tous les regards sont tournés vers moi et bizarrement, je m'arrête immédiatement de rire. Je prends mon croissant et croque dedans, comme si de rien n'était, ésperant que j'arrête d'être fixée. Mon père attend que je termine de prendre mon petit-déjeuner puis, quand j'ai terminé, nous remontons dans notre chambre. Dans l'ascenseur, une question me brûle les lèvres.

- Qu'y a-t-il au dernier étage ?

- Je ne sais pas. Mon poste ne me permettait pas d'y aller. En fait, seuls les Commandants Suprême y ont accès, me répond mon père.

J'hoche la tête. Nous sortons de l'ascenseur et entrons dans notre chambre. Comme il n'y a pas de chaise ni de table, nous nous asseyons chacun sur notre lit.

- Je trouve que c'est bizarre le fait que l'on puisse sortir de cette chambre seuls.

- Non. Les pièces sont toutes protégées donc on ne peut aller bien loin, me dit papa.

Le reste de la matinée se passe dans cette chambre. Je me repose un peu, avant que mon père me réveille pour me dire que nous allons manger. Nous descendons et mangeons. Contrairement à ce matin, le Centre est moins bondé. Sûrement parce que la plupart des Commandants sont allés vadrouiller dans les provinces. Quelques heures après être remontés du sous-sol, une Commandante entre dans la chambre.

- Comme vous le savez, aujourd'hui se déroule la première étape. Pour cette première étape, je vais vous poser des questions individuellement puis ensemble.

Nous hochons la tête et elle nous demande de la suivre. Ca m'aurait étonné que l'on ne change pas de pièce... La pièce en question se trouve au trente-cinquième étage. La pièce est composée d'une table et de deux chaises. A ma gauche se trouve une porte et une grande vitre qui nous permet d'apercevoir une deuxième pièce, similaire à celle dans laquelle je me trouve, de l'autre côté. La Commandante me demande de m'asseoir sur une chaise dans cette pièce tandis que mon père s'installe dans l'autre pièce. La Commandate revient dans la pièce où je suis assise. Elle s'installe sur la deuxième chaise et allume sa tablette.

- Votre père nous voit, mais ne nous entend pas. Ainsi, il ne sera pas influencé par vos réponses et vice-versa. Alors, commençons. Quand avez-vous commencé à ressentir quelque chose ?

Je tourne la tête et regarde mon père à travers la vitre. J'aimerais qu'il soit à côté de moi, pour me dire ce que je dois faire. Dois-je mentir ou dire la vérité ? Qu'est-ce que ça changera à ma sanction si je dis la vérité ou si je mens ? Papa, s'il te plaît, dis moi ce qu'il faut faire... Comme s'il m'avait entendu, il tourne la tête à gauche. J'hoche la tête réoriente mon attention sur la Commandante.

- La dernière fois, dans le train, une camarade de classe m'a dit qu'elle avait arrêté de se piquer et m'a demandé de faire pareil. J'ai donc voulu essayer...

La Commandante relève les yeux de sa tablette et me regarde. A-t-elle vu que je mentais ?

- Hum... Intérréssant. Quand vous avez vu que votre camarade a été sanctionnée, parce que cette camarade n'est autre qu'Harley, pourquoi ne pas avoir recommencer à se piquer ?

- J'allais me repiquer, mais quelque chose, dont j'ignore l'origine, m'en a empêché...

- Elle nous a donc menti, chuchote la Commandante.

Les mensonges me viennent tous seuls. Je ne savais pas que j'étais capable de mentir aussi bien. Peut-être que j'apprendrai des choses sur Harley en mentant...

- Savez-vous que c'est Harley qui est venu nous trouver pour nous dire qu'elle était contaminée ? Nous lui avons dit que nous allions la sauver. Elle nous a aussi parlé de vous Amber.

Je suis pendue aux lèvres de la Commandante. Elle est en train de me raconter une partie de l'histoire avec Harley. C'est donc elle qui s'est dénoncée et non pas les Commandants qui l'ont démasqué... Pourquoi a-t-elle parlé de moi ? Qu'a-t-elle dit ?

- Elle nous a dit que tu étais aussi contaminée...

Voilà pourquoi j'ai été demasquée ! Harley m'a trahie.

- Qui dit la vérité, toi ou elle ? me demande la Commandante.

Que puis-je répondre ? Soudain, une idée me vient. Je vais me servir du fait qu'ils pensent que les sentiments sont dangereux pour prouver que je dis soit-disant la vérité.

- Nous savonc toutes les deux que les sentiments sont dangereux. Ils ont rendu Harley folle et elle disait n'importe quoi. Vous l'avez soignée, on peut alors aller lui demander de nous raconter sa version et vous verrez qu'elle aura changé.

- Tu dis donc la vérité, admet la femme.

Je crie de joie intérieurement ! Elle me croit ! Mais, pourquoi n'a-t-elle pas voulu aller voir Harley ? D'après ce que m'a dit mon père, la sanction doit être restée enfermée dans le Centre. J'espérais aussi de ce fait pouvoir voir Harley de nouveau.

- Allons voir Harley, dis-je.

- Non... Nous ne pouvons pas voir les sanctionnés.

C'est étrange, mais je n'en parle plus. La Commandante se lève et de dirige vers l'autre salle.

- Nous nous sommes donc débarrassés des Immunisés. Ton père est le dernier..., dit-elle avant d'entrer dans la salle où se trouve mon père.

Je souris. Qu'elle continue de penser ce qu'elle veut. Je regarde la salle d'à côté. Mon père me regarde et j'hoche la tête pour lui faire comprendre que j'ai fais ce qu'il m'avait dit. Le lien qui nous unis est tellement fort. Nous nous appuyons l'un sur l'autre pour avancer. J'attends encore dix minutes avant que la femme revienne dans ma pièce, accompagnée de mon père pour nous annoncer que la phase une est terminée. Je me lève et nous remontons dans notre chambre.



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