Chapitre 7


À la lecture du funeste message de son compagnon, Terrence lâcha sa tasse de café et composa le numéro de l'hôpital. On lui confirma que Sebastian avait fui, que cela était très dangereux dans son état et qu'il risquait une septicémie à cause de sa perfusion arrachée. Il leur demanda de ne pas prévenir la police et leur affirma qu'il allait leur ramener au plus vite. Le photographe raccrocha et se jura de demander des explications au personnel vis-à-vis de ce manque de surveillance. Il balança violemment sa lampe contre le mur. Après une rapide réflexion, aux alentours de l'établissement, seul le parc, celui de leur rencontre, offrait un lieu de cachette mais aussi de suicide accessible à pied. Il attrapa ses clés et partit en courant jusqu'à sa voiture. S'il n'arrivait pas à temps, il ne se le pardonnerait jamais.

Terrence courrait dans les allées du jardin et se maudit de fumer depuis si longtemps. Il atteignit le pont qui surplombait le fleuve. Sebastian s'était assis sur le rebord, le regard fixé vers le bas ; du sang dégoulinant le long de son avant-bras gauche. Éclairé par un unique lampadaire, son teint hâlé semblait être devenu diaphane, comme s'il avait déjà un pied dans l'autre monde. Le photographe dû se faire violence pour ne pas hurler et ne pas se précipiter vers son compagnon. Il inspira profondément avant de prendre la parole, de sa voix la plus douce, bien que tremblante.

-Seb ? Hé, mon ange ...

Le jeune homme sursauta légèrement et tourna la tête. Son regard, vide de sa joie habituelle, déchira le cœur de Terrence. Le brun attrapa son téléphone afin de communiquer avec son petit-ami.

«Je me doutais que tu me retrouverais. Malheureusement, je n'ai pas eu le courage de me tuer. J'ai trop attendu et maintenant tu es là. Je ne suis même pas capable de faire ça.»

Des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues creusées par la fatigue.

-Je ne t'ai jamais fait de grande déclaration d'amour, je n'ai jamais exposé notre couple sur les réseaux sociaux ou ailleurs, je n'ai jamais été le compagnon idéal. Je peux comprendre que tu veuilles partir mais je ne peux pas l'accepter. Je ne suis sûrement qu'un putain d'égoïste, mais je ne veux pas te voir disparaître. Je ne peux même pas l'envisager. Sebastian, je ne veux pas continuer sans toi.

Les pleurs du brun s'étaient accentués et le sang coulait toujours doucement de sa plaie, qu'il s'était refusé à comprimer.

-Ne m'abandonne pas, je t'en supplie. Je ne veux pas me réveiller sans toi. Tu m'as offert une chance de tout recommencer, une chance d'être heureux malgré mon maudit passé. Tu m'as supporté. Tu m'as aimé. Tu m'as fait confiance. Alors, pour l'amour du ciel, ne t'en va pas.

Sebastian réalisa que s'il mourait, il emporterait avec lui la vie de ses parents mais surtout le bonheur et l'espoir de Terrence.

«Je t'aime Terry. Je t'aime plus que tout. Mais j'ai peur de mon avenir détruit, peur de peser sur toi.»

-Je râle beaucoup, mais jamais tu ne seras un fardeau à mes yeux. Jamais. Laisse-moi te reconduire à l'hôpital, je ne supporterai pas de te perdre. S'il te plaît.

Une larme s'échappa de ses iris verts, ce qui finit de décider le streamer. Il n'avait pas le courage d'abandonner son compagnon, il ne voulait pas devenir une blessure supplémentaire à son âme. Doucement, il se leva et fit quelques pas en direction du photographe, qui le rattrapa de justesse.

Sebastian ne se réveilla que le lendemain après-midi, sous le regard inquiet de ses parents et de sa meilleure amie. Sa mère avait beaucoup pleuré, comme en témoignait ses yeux encore gonflés.

-Bonjour mon poussin. Le docteur a dit que tes examens étaient bons et que tu n'aurais pas besoin d'un traitement supplémentaire. Seul un suivi de contrôle tous les six mois sera nécessaire. Par contre, à cause de ton escapade , tu vas être contraint de consulter une psychologue quelque temps. Tu devras également rester ici trois jours en plus, histoire de récupérer. Tu as perdu pas mal de sang par rapport à ton gabarit et tu risques de développer une infection. Il faudra surveiller ça quelque temps.

«Ok. Maman, papa, Lizzie ... Pardon. Ne causez pas de problèmes au personnel, c'est entièrement de ma faute.»

Lizaette lui donna une petite tape sur le bras.

-Ne refait jamais ça. Jamais. Quand Terrence nous a appelé, j'ai cru faire une attaque. N'oublie pas que tu es comme mon frère. Je ne veux pas te perdre. Toi et moi, c'est pour la vie.

«Pardon. J'ai craqué. Où est Terry ?»

-Ton homme a dû retourner chez vous pour terminer ses commandes dans les délais. Il nous a demandé de veiller sur toi en son absence.

Marie sourit tristement.

-Le pauvre avait l'air épuisé. Tu lui as fait une belle frayeur à lui aussi. Heureusement qu'il était là.

«Oui. Terry est toujours là pour moi.»

Bien que personne ne soit au courant, cette affirmation s'était déjà vérifiée dans le passé.

Neuf mois auparavant.

Sebastian avait été invité à une importante soirée consacrée aux jeux vidéos et, comme à son habitude, Terrence l'accompagnait. Ce dernier, bien qu'asocial et anxieux au milieu d'une foule, ne laissait que très rarement son compagnon sortir seul, une fois l'obscurité tombée, ayant bien trop peur qu'il se fasse agresser. Cette nuit-là ; comme à l'accoutumée, le photographe se contentait de siroter un cocktail en attendant que le brun ait terminé de s'amuser. De temps à autre ; des invités étaient tentés de lui adresser la parole, mais son regard noir et son air hautain les faisaient fuir sur le champ. Jusqu'à présent, aucun problème particulier n'était à déplorer , juste une abonnée un peu trop collante deux mois auparavant. Ce soir pourtant, Terrence avait un mauvais pressentiment quant à l'interlocuteur de son petit-ami. Depuis près d'une demi-heure, il discutait avec un homme, probablement trentenaire, et ce dernier devenait un peu trop tactile au goût du blond. Il s'aperçut que l'inconnu tendait un verre au steamer. Très inquiet, il se précipita vers eux.

-On rentre Sebastian.

Le brun sursauta, ne s'attendant pas à une interruption si soudaine.

-Pas encore Terry. On discute d'un projet intéressant que je pourrais faire en live et qui permettrait à mes abonnés de participer. Mais si tu es fatigué, n'hésite pas à rentrer te coucher, je me débrouillerai pour retourner à la maison.

Le photographe l'attrapa par le poignet et serra avec douceur.

-J'ai dit, on rentre à la maison. Tout de suite.

Sebastian se dégagea de la poigne de son amant et saisit le verre offert par l'autre homme.

-Tu abuses là, Terry ! Moi je ne me mêle jamais de ton travail, alors fais de même.

-Tu es vraiment un sale gosse têtu.

-On en reparlera plus tard. Va t-en.

Terrence n'ajouta rien, sachant qu'un scandale nuirait à sa relation avec le chanteur. Il serra les poings et tenta de retenir au mieux sa colère grandissante.

-Tu me fatigues.

Il tourna les talons et Sebastian, bien qu'irrité, sourit à son futur collaborateur.

-Désolé pour ça, Terry est parfois un peu jaloux.

L'homme rit.

-Ce n'est rien. À notre futur contrat !

Ils trinquèrent. Le brun ne tarda pas à sentir sa tête tourner et la dernière chose qu'il vit avant de s'évanouir, ce fut le sourire narquois de l'autre.

Sebastian se sentit reprendre peu à peu connaissance, bien qu'il n'osait pas ouvrir les yeux. Sa naïveté lui avait souvent joué des tours, mais il avait l'impression que lors de cette dernière soirée, elle l'avait mise en danger. Il était certain d'avoir été drogué à cause de ce maudit verre qu'il avait accepté, et maintenant il redoutait d'ouvrir les yeux. Il avait peur de se retrouver dans un lit inconnu, dans les draps de cet homme qui lui avait promis une collaboration. Et plus que tout, il craignait que ce dernier l'ait violé. S'il n'était pas aussi borné, il serait rentré avec Terrence. Au lieu de ça, il avait eu la brillante idée d'accorder sa confiance à un étranger. Son compagnon avait bien raison de le traiter d'imbécile. Le brun entendit une porte s'ouvrir et se força à garder ses paupières closes, peu enclin à découvrir l'horreur de sa situation.

-Seb, je sais quand tu fais semblant de dormir. Ramène tes fesses dans la cuisine, le petit-déjeuner est prêt.

Le streamer s'assit d'un coup, surpris d'entendre la voix familière de son homme. Comment et surtout pourquoi se trouvait-il dans leur chambre ? Pas encore rassuré, il se dépêcha de se lever afin de rejoindre le photographe.

-Terry ...

Le blond ne daigna pas le regarder et continua à pianoter sur son téléphone.

-Je m'excuse pour hier soir, mais sache que je n'ai pas aimé ton attitude. Tu es beaucoup trop possessif. Par contre, j'aimerai savoir ce qu'il s'est passé. Je suis sûr de m'être évanoui après avoir bu ce verre.

Terrence posa son portable et lui jeta un regard glacial.

-Je ne suis pas possessif, je contrebalance ta bêtise. Je me demande parfois par quel miracle tu es toujours en vie. Tu es plus facile à berner qu'un enfant devant un marchand de glace. Tu es juste un gosse débile et trop têtu. Et pour répondre à ta question, je n'étais pas parti, je continuais à vous observer. Quand tu t'es évanoui, je suis venu te récupérer. Et oui, je l'ai frappé au visage, mais il n'osera pas s'en plaindre, puisqu'il t'avait drogué.

Vexé, Sebastian se planta devant le blond, les bras croisés.

- Je n'ai peut-être que vingt et un an, mais je ne suis plus enfant, bordel ! Pourquoi tu me rabaisses tout le temps comme ça ? Et puis pourquoi tu es resté me surveiller ? Je te suis reconnaissant de m'avoir sauvé, mais je n'aime pas l'idée que tu te méfies ainsi de moi. Toi aussi tu me fatigues.

Terrence se leva et contourna le brun, avant de s'installer sur le canapé.

-Ne te méprend pas, Seb. J'aime ton côté naïf et un peu enfantin. Hormis mon frère, tu es la seule personne en qui j'ai une absolue confiance. Toutefois, tu me fais peur à être si insouciant et sociable. Je crains qu'on te fasse du mal ou qu'on abuse de toi et de ta bienveillance.

Il posa sa tasse de café et baissa la tête.

-Je suis terrifié à l'idée qu'un jour, tu te fasses droguer puis violer. Je ... Je ne veux pas que l'homme que j'aime subisse l'enfer que j'ai vécu il y a si longtemps. Et si pour ça je dois participer à chacune de tes soirées et te surveiller, je le ferai.

Sebastian fut choqué par cette révélation. Il connaissait les grands chapitres du sombre passé de son amant, mais il ne lui avait jamais fait part de celui-ci. Il s'assit aux côtés de son compagnon et l'enlaça.

-Pardon Terry, je ne voulais pas te blesser. Je n'étais pas au courant et ...

Le photographe posa sa tête sur le torse du brun, signe qu'il se sentait mal.

-J'avais seize ans, mais pourtant, même vingt ans après, ça me hante encore. Ce n'est pas pour rien si je n'arrive pas à lâcher prise quand on fait l'amour. C'est à cause de ça, que je t'interdis un certain nombre de choses. Tu sais, je me sens coupable que ça affecte notre intimité, surtout que je ne t'en ai jamais parlé. Je ne voulais pas que tu aies à écouter un récit si sordide.

Sebastian se mordit la lèvre pour s'empêcher de pleurer et resserra son étreinte.

-Terry, sache que si notre intimité reste toujours ainsi, ce n'est pas grave. Je suis avec toi parce que je t'aime et que mon bonheur est à tes côtés. Mais si je peux t'aider à aller mieux, n'hésite pas. Ton passé, même les pires évènements font partie de toi, de cette personne dont je suis tombé amoureux. Alors oui, je suis prêt à t'écouter si tu le souhaites.

Le photographe, contrairement à ses habitudes, se blottit davantage contre son petit-ami. En cet instant, il n'avait pas la force de lutter face à son besoin de réconfort.

-Tu sais, je n'ai jamais raconté cette histoire, surtout les détails, à quiconque. Mon frère sait qu'il s'est passé quelque chose à cette époque, mais j'ai toujours refusé de lui dire la vérité. Je n'ai jamais réussi.

-Merci de ta confiance mon amour, je sais à quel point la tienne est précieuse.

Le blond garda le silence pendant quelques minutes avant de commencer son triste monologue.

- Å cette époque-là, on était en famille d'accueil le temps que mon père soudoie de nouveau quelqu'un pour nous récupérer puis libérer ma mère, encore arrêtée pour consommation de stupéfiants. Je me suis rendu à une soirée organisée par la fille la plus populaire du lycée, lycée qu'on m'avait forcé à fréquenter. Elle avait la réputation d'être facile. J'avais seize ans et j'avais peu d'expérience. Je n'avais connu que deux personnes, des premières fois dans un coin sombre du foyer. Quand elle m'a abordé et m'a proposé de l'accompagner chez son frère pour pouvoir picoler, j'ai accepté. J'ai été assez stupide pour croire que je coucherais avec elle après qu'on se soit soûlés. Ce n'est que plus tard que j'ai appris qu'elle servait de rabatteuse pour le compte de son aîné, en échange de grosses sommes d'argent.

Il stoppa un instant son récit et se repositionna dans les bras de Sebastian, qui lui caressait les cheveux.

-Cette nuit là, il a réussi à me droguer car je n'ai pas fait attention à mon verre. Toutefois, il n'en était pas à son coup d'essai, et il avait mis la dose exacte pour que je reste conscient tout en étant incapable de me défendre. Il m'a forcé à rester sur le dos et m'a contraint à le regarder. Il aimait pouvoir se plonger dans le regard de sa victime. Il n'a pas attendu longtemps avant de me violer avec une brutalité malsaine. Dans mon malheur j'ai eu de la chance, car il n'a fait ça qu'une seule fois et ne m'a pas frappé. Je pensais vraiment que mon calvaire s'arrêterait là. Le lendemain matin, je l'ai menacé de porter plainte. Il a ri. Longtemps. Il m'a ensuite rappelé qu'aux yeux de la police je n'étais qu'un petit délinquant avec des parents dégénérés. Personne ne me croirait face à la parole d'un adulte de vingt-cinq ans respecté. Il m'a ensuite menacé de dire que j'avais sexuellement agressé sa sœur et surtout ...

Le photographe frissonna.

-Et surtout il a menacé de s'en prendre à mon frère, qui lui n'avait que huit ans. Ce type était prêt à violer un enfant. Alors, bien sûr, j'ai accepté ses conditions. Je n'avais aucune autre solution pour éviter de retourner en prison et protéger Dyron. Je n'avais pas le choix. Je te le jure Seb ...

Le brun déposa un baiser de réconfort sur le front de son compagnon.

-Je n'en doute pas Terry. Il est évident que je te crois. Le monstre c'est ce type. Pas toi.

Terrence soupira.

- Après ça, trois fois par semaine, je devais me rendre chez lui pour réaliser ses moindres désirs. J'étais devenu son esclave alors que je n'avais que seize ans, putain. Je ne voulais pas qu'il me touche et encore moins le satisfaire. J'avais beau me laver, j'avais toujours l'impression que ses mains étaient partout sur mon corps. Je crois que si j'avais pu, je l'aurais tué avec joie. Cet enfer a duré six mois, avant qu'on ne déménage loin de cette ville. Ce fut l'unique fois de mon existence où j'ai été heureux de partir avec mes parents.

-Six mois ?

-Oui, six longs mois, interminables et douloureux. Après ça, tous mes autres partenaires, hommes ou femmes, ont dû s'adapter à mon égoïsme au lit et surtout à mon besoin de tout contrôler. Beaucoup ne m'ont jamais rappelé à cause de ça, mais je m'en moquais. Certains sont partis en plein milieu, mais ça n'a jamais eu d'importance. Je refuse de te raconter les détails de ces nuits passées avec ce monstre, mais tu connais suffisamment mes manies et mes refus dans notre intimité pour te douter de ce qu'il a pu me faire.

Le streamer ne put retenir quelques larmes silencieuses, tant il était choqué qu'un tel monstre puisse exister et surtout face à la douleur de son compagnon.

-Terry, merci de m'avoir raconté tout ça. Bien sûr, je ne peux rien te dire qui soit à la hauteur pour te réconforter, mais sache qu'avec moi tu n'as jamais été égoïste. Et surtout, si je peux faire quoi que ce soit, n'hésite pas à me le dire. J'aimerai posséder le pouvoir d'effacer tout ça de ta mémoire.

Terrence se redressa et embrassa son petit-ami sur le front.

-Je suis certain qu'avec le temps, tes caresses seront capables d'effacer tous les fantômes qui hantent mon corps.

Après quelques jours supplémentaires de convalescence, d'examens de contrôle et de rendez-vous avec une thérapeute aigrie, Sebastian put enfin quitter l'hôpital. Malgré l'insistance de ses proches, il avait tenu à quitter seul l'endroit, afin de pouvoir réfléchir à cette nouvelle vie qui l'attendait. Caché derrière ses lunettes de soleil et une casquette dissimulant sa cicatrice, il déambulait lentement à travers les rues bondées. Après plusieurs minutes, il eut le courage d'allumer son smartphone et de consulter les réseaux sociaux. Lizaette avait parfaitement accompli son travail et avait amené l'annonce avec douceur. Il avait des centaines et des centaines de messages non lus et de notifications. Quand il irait mieux, il devrait poster un communiqué de remerciement et organiser un adieu digne de ce nom pour ses abonnés .

Malgré son pas lent, il arriva à l'entrée de leur immeuble vers les midis. Il ouvrit la porte et monta les escaliers avec une tristesse évidente. Il ne lui fallut guère plus de cinq minutes pour atteindre leur appartement. Il toqua. Il entendit un grognement puis des bruits de pas, avant que son amant ne lui ouvre en souriant. Bien que n'ayant pas encore le cœur à ça, il lui rendit son sourire et lui sauta dans les bras, cachant son visage dans son cou.

Le sourire de Terrence dissimulait pourtant de la nervosité et de l'inquiétude. Debout aux aurores en dépit de sa nuit blanche, le photographe était devenu obsédé par le tic-tac incessant de l'horloge du salon. Il fut incapable de se concentrer sur son travail, tant une myriade de questions dansait dans son esprit épuisé. Quelle allait être leur vie désormais ? Parviendrait-il à nier son inquiétude et à agir comme avant ? Il avait peur... Tellement peur de blesser son amant ou de lui causer de la peine sans le vouloir. En deux ans, ce dernier avait bien trop pleuré par sa faute et le blond ne souhaitait plus jamais voir des larmes couler de ce regard océan. La mort avait tenté de s'emparer de ce qu'il lui était le plus précieux, signe, à ses yeux, qu'il devait s'améliorer et chérir le trésor que la vie avait mis sur sa route chaotique.

Sebastian n'était de retour que depuis quelques minutes, mais le photographe avait l'impression que son appartement avait déjà repris vie. Ils restèrent un long moment enlacés dans l'entrée, avant que le blond se décide à préparer le repas.

-Installe-toi, on rangera tes affaires plus tard.

Le streamer, connaissant la maniaquerie de son homme, fut très surpris par cette proposition.

Le jeune homme s'installa sur l'une des chaises en bois et observa son petit-ami. Ce dernier lui avait terriblement manqué. Dormir seul, sans sa chaleur et loin de ses bras s'était révélé être une véritable torture pour le brun. Il se sentait coupable de l'avoir inquiété et surtout d'avoir tenté de se suicider. Pourquoi son esprit s'était-il brisé, alors que son cœur l'attendait ici, dans cet appartement ? Il quitta sa chaise et enlaça Terrence, se collant contre son dos.

-Toi aussi tu m'as manqué. Plus vite tu me laisses terminer le repas, plus vite on pourra aller faire une sieste ensemble.

Rien qu'à l'idée de dormir contre son homme, Sebastian esquissa un sourire et resserra son étreinte.

-Ne te colle pas autant, tu sais bien que pour ce genre de câlins il va falloir encore patienter un peu. Le médecin a insisté sur le fait que tu dois t'abstenir de tout effort pendant encore une semaine.

L'ancien chanteur se rassit, les bras croisés sur sa poitrine. Terrence ne put s'empêcher de ricaner.

-Ne boudes pas. Je te promets qu'on rattrapera autant de câlins que tu le souhaites.

Le jeune homme attrapa son ardoise.

-«C'est parce que j'ai maigri à l'hôpital? À cause de ma cicatrice ? Tu ne me désires plus ?»

Le photographe leva les yeux au ciel et remplit leurs assiettes en soupirant.

-Crois-moi, rien a changé et après ces quelques semaines, j'ai terriblement envie de toi. Mais je t'aime trop pour mettre ta santé en danger. Alors cette semaine, tu as intérêt à te reposer.

Vaincu, le brun capitula et commença à manger.

Le repas se fit dans le silence, un calme bien trop étrange pour Terrence. Les bavardages de son petit-ami lui manquaient déjà.

-«Terry, pourrais-tu mettre tout ce qui concerne le groupe dans un placard s'il te plaît ? Moi je vais me promener un peu.»

-Ok. Non, non, tu ne sors pas ! Repos, tu te souviens ?

-«Je vais juste en bas, dans le jardin de la résidence.»

-Vraiment ? Tu ne vas pas partir et faire quelque chose de stupide ?

-«C'est promis. Je ne souhaite plus mourir. J'ai juste envie de réfléchir un peu.»

Terrence semblait hésiter, ne sachant pas s'il pouvait le croire ou non.

-«Terry, je resterai à tes côtés. Ne t'inquiète pas.»

-Très bien, mais ne reste pas trop longtemps dehors, il fait bien trop chaud.

Sebastian hocha la tête, embrassa son homme et quitta l'appartement. Pour avancer, il devait dorénavant réfléchir sérieusement à son avenir.

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