Chapitre 2
Ce roman est divisé en 15 chapitres.
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Bonne lecture!
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Terrence se sentait coupable d'avoir terrifié ainsi son compagnon. Il ne comprenait même pas comment ce dernier avait pu lui pardonner si aisément. Il se dégoûtait d'avoir hurlé de la sorte sur la personne qui comptait le plus à ses yeux. Pour la première fois de sa vie, il était en couple avec une personne à laquelle il tenait, un être qu'il aimait et pour lequel il s'était amélioré. Parfois, il se demandait encore comment un homme si innocent et bienveillant que Sebastian avait eu la patience et le courage de demeurer à ses côtés. Par le passé, Terrence n'avait jamais offert de cadeaux à qui que ce soit, excepté à son jeune frère. Aujourd'hui, il se surprenait à aimer couvrir son petit-ami de présents, lui qui ne voulait jamais rien. Le blond avait d'ailleurs préparé une nouvelle surprise pour ce dernier et il avait plus que hâte de voir son doux sourire illuminer leur appartement.
-Seb ? Je peux te parler une seconde ?
Le jeune homme posa son casque et leva les yeux de son écran.
-Bien sûr ! Mon live ne commence que dans une heure. Si c'est pour t'excuser encore une fois, c'est inutile.
- Non, j'ai bien compris que tu m'avais pardonné, même si je ne le mérite pas. Je me demandai simplement si tu avais des choses de prévues début mai ?
Sebastian attrapa son téléphone et vérifia son agenda.
-Non, notre prochain concert ne sera qu'en juin et mon nouveau partenariat est le 30 mai. Pourquoi cette question ? Tu as un truc de prévu ?
Terrence lui tendit une enveloppe bleue.
-Parce que toi et moi, on part en vacances.
Le brun ouvrit de grands yeux étonnés et sauta au cou de son amant ; lui offrant un long baiser passionné.
- Terrence, tu es définitivement le meilleur petit-ami du monde.
- Ah oui ?
- Oui. Si tu savais comme je suis heureux de partir quinze jours seul avec toi ! C'est fantastique ! Merveilleux ! En plus, il paraît que l'Écosse est un pays extraordinaire. Je t'aime tellement mon amour. Merci !
Il sauta de nouveau dans les bras de son photographe adoré, sous le regard amusé de celui-ci. Bien que parfois épuisant, le caractère jovial et expansif de Sebastian avait su réchauffer son cœur beaucoup trop froid, glacé par les fantômes d'un passé maudit par les ombres de la malveillance et de la violence.
-Tu pèses ton poids, tu sais.
-C'est faux. C'est la vieillesse qui t'a volé ta force et qui te fait mal au dos.
Terrence posa son fardeau sur le canapé mais ne le rejoignit pas, à la déception de ce dernier.
-Le vieux que je suis, va continuer à travailler. Un câlin me fatiguerait bien trop.
Sebastian rit et laissa son compagnon retourner dans son bureau. Il avait été tenté de l'embêter davantage, mais il ne savait que trop bien que le photographe croulait actuellement sous les commandes ; comme en témoignait ses cernes et sa barbe de cinq jours. Il s'étira et lui prépara un café, avant d'annoncer à ses abonnés que son stream allait commencer.
À l'abri de son bureau, Terrence écoutait le nouveau live de son compagnon et termina ses chocolats de Pâques. Il n'avait jamais été un grand adepte de jeux vidéos, mais la voix de Sebastian l'aidait à se concentrer sur son travail ; fait qu'il ne lui avait jamais dévoilé et qu'il ne dévoilerait probablement jamais. Bercé par sa muse, il acheva de confectionner deux bracelets et emballa minutieusement les lots déjà terminés.
Le photographe poussa un soupir de soulagement lorsqu'il posta enfin toutes ses commandes. Il ne savait par quel miracle, il avait réussi à respecter ses délais. Ainsi, il pouvait enfin souffler et profiter pleinement de leurs vacances en amoureux. De bonne humeur malgré la queue au guichet, il se sentait capable, pour une fois, de déjeuner dehors. Il composa le numéro de Sebastian.
-Seb ? Ça te dirait de me rejoindre au restaurant italien ?
Sa proposition fut accueillie par un long silence et un reniflement.
-J'adorerais, mais je viens à peine de rentrer. Je ne me sens pas de sortir. Désolé Terry.
Terrence fronça les sourcils. La voix de son compagnon semblait étouffée et son manque d'enthousiasme l'inquiétait.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Je me suis de nouveau disputé avec mes parents.
-J'arrive.
Le blond était certain d'être, une fois encore, la cause de leur désaccord ; et cela le contrariait. Une fois rentré, il se dirigea vers la chambre, sachant qu'il y trouverait son compagnon caché sous la couette. Il s'installa sur le bord du lit et lui caressa les cheveux.
-Mon ange, ça va aller ?
-Je suppose, oui. C'est mes parents et je les aime. Je voudrais juste qu'ils t'apprécient. J'en ai assez de les entendre te dénigrer à chaque fois. Ça me fait de la peine. Ils acceptent que je préfère les hommes, alors je pensais que tout irait bien le jour où je serais enfin en couple. Lizaette, elle, au moins, a compris que je t'aimais et que tu me rends heureux.
-J'imagine que ton père, en tant qu'ancien policier, a une certaine idée de qui mérite de fréquenter son fils. Avec mon passé, il est évident que je sois sur sa liste noire.
-C'est injuste.
Le jeune homme émergea de sa cachette et laissa Terrence lui caresser la joue.
-Je suis désolé, mais je ne peux rien y faire. Notre unique rencontre a été un désastre et je refuse de réitérer cette expérience. Mais sache que si un jour ils sont prêts à ne pas m'insulter si je franchis le seuil de leur maison, je serais heureux de faire des efforts de mon côté.
-Oui, je comprends. J'espère juste, qu'un jour, on pourra être tous ensemble. Tu sais, si je pouvais fêter mon anniversaire ou Noël avec vous tous réunis, ça serait mon plus beau cadeau.
Le photographe enlaça son compagnon et préféra garder le silence face à ce vœu insensé.
Une semaine plus tard, en ce matin plus ou moins printanier, Terrence s'adossa contre la porte de la chambre, et observa son petit-ami qui préparait sa valise.
- Tu me surveilles ?
- Oui.
- Je ne suis pas un enfant, tu peux aller t'occuper de tes affaires.
- Premièrement mon sac est déjà prêt. Deuxièmement, j'ai mes raisons pour te surveiller.
Le brun fit la moue.
- Vraiment ?
- Je te connais. Tu risques de mettre un tas de choses totalement inutile dans ta valise et tu finiras par la trouver trop lourde. Ensuite, tu me demanderas de te la porter et comme je refuserai, tu vas bouder.
Sebastian leva les yeux au ciel, face à cette triste vérité.
- Très bien, très bien. Je vais faire attention, c'est promis.
-J'ai du mal à te croire. As-tu réellement besoin d'un bonnet ? Et ... Sérieusement ? Trois plaids ?
-Au cas où. Tu sais bien que j'ai souvent froid.
Le blond marmonna quelque chose et poursuivit son inspection.
-On part en Écosse, pas au fin fond du cercle polaire. Et hors de question que tu emportes ces menottes. Je ne veux aucun objet qui puisse nous faire risquer une fouille de nos sacs.
-Tu n'es pas drôle, Terry.
-Oui, oui, je sais. Sors tout de la valise, on va la refaire ensemble.
Le jeune homme ne protesta pas, ne sachant pas quoi sélectionner parmi ses affaires.
Fatigué de sa courte nuit, Sebastian avait dormi pendant tout le trajet les menant à l'aéroport, permettant au photographe de lire leur guide de voyage dans une tranquillité aussi rare qu'appréciable. Ce calme fut toutefois de courte durée.
- Terry ? Terrence ? Mon amour ?
- Arrête de me gueuler dans les oreilles !
- Mais...
- Tais-toi ! Je n'ai aucune envie de voir tes abonnés s'agglutiner autour de nous et encore moins de nous faire remarquer. Je veux juste passer un moment aussi calme que possible.
- Ok.
Vexé, Sebastian tourna le dos à son homme qui enregistrait leurs bagages auprès d'une hôtesse antipathique, à demi dissimulée derrière un comptoir noirâtre. Une fois cette formalité effectuée, le blond attrapa son amant par le bras et le tira vers la douane.
- Où tu m'emmènes ?
- Au contrôle de sécurité. J'espère que tu as lu les consignes et que tu n'as rien d'interdit dans ton sac.
-Je ne suis pas stupide, Terrence.
Ils prirent donc place dans la longue file menant aux vigiles et aux détecteurs de métaux. Accrochées au mur, plusieurs petites télévisions diffusaient en permanence ce qui était interdit d'avoir sur soi dans l'avion. Par précaution, le chanteur vérifia son sac à dos et fut soulagé par son contenu. À peine cinq minutes plus tard, ils atteignirent une grande pièce à l'odeur désagréable, qui fit grimacer le brun. Le photographe empoigna vivement un panier en plastique et y déposa tous ses biens, ainsi que sa veste en cuir. Son compagnon fit de même et regarda distraitement ses affaires disparaître dans le détecteur à rayon X. Ils passèrent ensuite entre les deux barres des détecteurs et, pour leur plus grand bonheur, aucune sonnerie ne retentit, pas même les piercings du plus jeune. Ils récupérèrent ce qu'il leur appartenait et empruntèrent un gigantesque couloir menant à la porte 62.
Après une centaine de mètres environ, Terry remarqua un fait assez inhabituel : son petit-ami était totalement muet. Inquiet, il se retourna et constata que le chanteur affichait une mine triste. Où était passé sa bonne humeur et son beau sourire ?
- Seb, qu'est ce que tu as ? C'est parce que je me suis énervé tout à l'heure ?
- Si tu commences à me parler ainsi, ce n'est pas la peine qu'on s'en aille.
- Seb...
Il prit avec délicatesse la main du brun dans la sienne.
- Je suis désolé. Toutes ces formalités m'ont tapées sur les nerfs et il y a beaucoup de monde. Beaucoup trop. Et tout ce brouhaha est en train de me rendre dingue.
- Excuses acceptées.
- Allez viens, nous avons encore quelques mètres à parcourir.
Terrence fut certain d'avoir aperçu son âme s'envoler, quand, une heure auparavant, leur vol avait été annoncé avec du retard. Lui qui n'appréciait guère les aéroports et qui détestait la foule, ne se sentait ni le courage ni la patience de supporter l'excitation grandissante de son petit-ami.
- Terry, pourquoi l'avion n'est pas là ? Ils exagèrent, tu ne crois pas ?
- Je ne sais pas. Les retards sont fréquents et sont indépendants de notre volonté.
- Terry, tu crois qu'on va attendre encore longtemps ?
- Je ne sais pas. Va voir le tableau d'affichage.
- Terry, tu crois que la nourriture est bonne dans l'avion ?
- Je ne sais pas. Tu verras en temps voulu.
- Terry ...
- Stop ! Arrête avec tes questions, par pitié. Si tu t'ennuies tu n'as qu'à aller observer la piste à travers les vitres. En silence si possible.
- Mais, je veux rester avec toi...
Alors que le blond, dont la patience avait disparu, s'apprêtait à lui répondre méchamment, une annonce salvatrice résonna dans le hall.
- Le vol 7897 à destination de Glasgow partira à seize heures. Veuillez vous diriger vers la porte d'embarquement. Merci.
- Allez viens Seb, c'est l'heure. Dieu merci.
Terrence n'avait jamais pris l'avion avec Sebastian et il se demandait sérieusement s'il se sentirait capable de réitérer l'expérience un jour. Seule la puissance de son amour pourrait lui en donner la force et la motivation. Son amour et une bonne dose de tranquillisants.
- Terry, j'ai faim.
- Tu devras patienter encore une demi-heure.
- Terry, je m'ennuie.
- Regarde par le hublot et contemple le paysage.
- Terry, tu fais quoi ?
- Je tente de lire le roman que je tiens entre les mains.
- C'est bien ?
- Je le saurais si tu me laisses lire en paix.
- Pardon Terry.
Des pleurs résonnèrent. Un bébé venait, semblait-il, de se réveiller, au grand dam de Terrence. Il détestait les enfants et haïssait le bruit.
Les pleurs s'intensifièrent à la vitesse de la lumière.
- Elle va le faire taire son mioche ?
Le blond serra avec hargne le pauvre livre, dans un vain espoir de ne pas créer un scandale.
Les sanglots devinrent des cris, narguant le maîtrise de soi du photographe.
- Je vais le buter !
Il voulut se lever, et une poigne douce mais ferme le retint. Il se tourna vers son amant qui lui jetait un regard inquiet.
- Terry, ce n'est qu'un bébé. Il va finir par se calmer. Ne fais pas d'histoires, s'il te plaît.
Terrence soupira et renonça à insulter la mère de famille, par respect pour son compagnon.
- Il a plutôt intérêt, sinon il y aura un meurtre avant la fin du vol...
Une heure plus tard, alors qu'il avait enfin pu découvrir ce nouveau polar, le calvaire du blond recommença.
- Terry, j'ai faim.
- Encore ?
- Mais c'était tout petit ce qu'ils nous ont servi ! Ils sont vraiment radins.
Terrence se demandait souvent comment son amant pouvait être si mince en ingurgitant d'aussi grande quantité de nourriture.
- Tu n'es qu'un ventre sur pattes.
-Tu es juste jaloux.
Le blond n'eut rien à répondre, devant cette dérangeante vérité. Bien qu'il fasse attention, son corps, bien conscient qu'il était désormais bien plus proche des quarante ans que des trente ; lui offrait un petit ventre dont il ne parvenait plus à se débarrasser.
- Terry, tu me fais un bisou ?
- Pas ici.
- S'il te plaît !
- Non. Inutile de nous faire remarquer. Tu devrais dormir, ça te ferait passer un moment.
- Bonne idée, je n'ai pas encore récupéré de mon long stream de la nuit dernière.
Sebastian ferma les yeux et cala sa tête sur l'épaule de son homme, qui ne put s'empêcher de sourire. Son amant, bien qu'épuisant, était adorable. Si son énergie était convertible en électricité, il n'aurait plus à payer une seule facture jusqu'à la fin de ses jours.
Ils ne tardèrent pas à atterrir à Glasgow, où l'impatience de Sebastian reprit le dessus.
- Terry, où sont nos valises ?
- Là-bas, sur le troisième tapis roulant.
Sebastian trottina joyeusement jusqu'à destination et scruta avec attention les bagages qui défilaient lentement.
- Terry, comment on va faire pour les reconnaître parmi toutes celles-là ?
- Pour la tienne, ce ne sera pas un problème. Je ne pense pas qu'une valise Nirvana et verte fluo se trouve à tous les coins de rue. Quant à la mienne, j'ai accroché un bout de tissu à la poignée.
- Bien pensé.
- Mais oui, mais oui...
- Elles sont là ! Hurla le chanteur, sous le regard plus que désapprobateur des autres personnes qui attendaient.
- On y va.
- Où ça ?
- À la navette menant à notre hôtel. Je te rappelle que tu as choisi un circuit. Nous changerons donc tous les soirs d'hôtel.
- Je sais, mais au moins on va voir tout plein de chose ! J'ai hâte !
- Oui, oui. Je suis trop vieux pour ces conneries.
L'hôtel, situé un peu à l'écart de la ville, ne bénéficiait que d'une superbe vue sur un chantier et sur la route. Toutefois, cela ne gêna guère les deux amoureux, trop épuisé par leur voyage.
-Je suis heureux d'être à l'étranger avec toi. Merci Terry pour ce cadeau.
-Je t'en prie. Il était grand temps que l'on prenne des vacances digne de ce nom ; rien que toi et moi.
Ils n'eurent à marcher que quelques mètres pour admirer le Palais des Congrès à l'architecture semblable à celle de l'opéra de Sydney et ainsi profiter de leur première soirée. Dès le lendemain, ils pourraient entamer les visites sous un ciel gris de pluie mais lumineux de leur bonheur.
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