Je n'ai vraiment plus de doute. Ce sont mes parents. Je suis cette fille plongée dans un état végétatif. Ça fait des heures, en tout cas je crois, que j'y repense, ça me semble évident. Comment ai-je réussi à oublier ce détail de ma propre vie?

Si je fais un récapitulatif de ce que j'ai appris, voici ce que j'ai :

Je m'appelle Alina et j'ai une famille. Je sais que je suis assez vieille pour être détentrice d'un permis de conduire. J'ai été victime d'un accident de la route au beau milieu de la nuit. Je suis en ce moment même dans un coma. Je suis la seule qui a le pouvoir de me faire réveiller.

C'est tout ce que j'ai. Il y a d'autres choses que je dois maintenant déterminer :

Qu'est-ce que je pouvais bien foutre sur l'autoroute à une heure aussi tardive?

Qui étais-je réellement?

Comment dois-je m'y prendre pour me sortir du coma?

Trois questions. Je suis sûre qu'il est facile d'y répondre rapidement quand la réponse est connue, comme lorsqu'on a étudié pour pouvoir passer un examen. Dans mon cas, je n'ai jamais étudié pour ça. Je n'ai aucun moyen de connaître la réponse. Pour passer cette épreuve, il faut que je devine. Ce qui est assez dur à faire puisque je n'ai aucune piste de réponse. Je suis complètement laissée à moi-même. Ça fait chier, j'ai jamais demandé d'être comme ça!

— Écoute, je sais que c'est difficile, mais il faudrait peut-être qu'on rentre se reposer...

— Je ne veux en aucun cas manquer son réveil!

— Moi non plus, mais selon le docteur, ça pourrait prendre plusieurs jours. Ça ne sert à rien que nous restions ici alors que nous ressemblons à deux zombies. 

—Non! 

Ils ne vont quand même pas me laisser complètement seule! Je ne veux pas qu'ils s'en aillent, ils n'ont pas le droit de me laisser!

—Vous n'avez pas le droit de partir! Pas sans moi! Vous devez m'aider! 

— Je pense que tu as raison... Rentrons chez nous pour nous reposer et nous laver. 

Je ne sais pas quoi faire. Je me sens paniquer. Je ne veux pas qu'ils m'abandonnent. Je veux leur faire signe, pour leur faire comprendre que je suis là et que je cherche un moyen pour me sortir de cette situation.

Mes parents se penchent à tour de rôle sur moi pour embrasser mon front, je sens un point de chaleur à l'endroit où leurs lèvres ont touché ma peau.

— Repose-toi bien, ma belle. 

Ils s'éloignent et je tente de les suivre. J'essaie d'attraper leurs mains pour les faire arrêter d'avancer.

—Arrêtez! Ne me laissez pas ici! S'il vous plaît! 

Je finis par heurter une sorte de mur invisible qui me repousse et me fait perdre l'équilibre. Je n'abandonne pas, me relève et commence à courir vers la silhouette de mes parents qui s'éloignent. Seulement, je me reprends la paroi inexistante pour l'œil de plein fouet et tombe une seconde fois sur les fesses.

—Non! 

Je me sens respirer lourdement. Je me sens complètement impuissante au fur et à mesure que la silhouette de mes parents s'éloigne.

—Tu sais que tu ne peux pas faire ça?

—Hein? 

Je relève la tête et je vois ma copie conforme. À cet instant, j'avoue ne plus comprendre ce qui se passe.

—Viens, je vais t'expliquer quelques choses. 

Elle me tend sa main et m'invite à l'attraper.