Noir et Bleu
Elle presse son poignet entre ses doigts. Le visage tordue dans une expression d'incompréhension. Une épaisse ligne bleue lui barre la peau. Elle ne comprend pas. Elle est perdue. L'ascenseur s'ouvre. Ses sœurs, plaqués contres les murs, lui jettent des regards horrifié. Les chuchotements et les murmures s'entremêlent autour d'elle alors qu'elle claudique dans le couloir. Elle cherche du regard un soutiens, de l'aide. Elle a froid, ses muscles peinent à la soutenir. Trempé de la tête aux pieds, Laura se sent à deux doigts de pleurer. Elle est observée telle une bête de foire par ses propres sœurs.
Elle ne comprend plus.
Ne contrôle plus.
Ne se contrôle plus.
Elle inspire et expire au rythme d'une panique saccadé qui lui saisit la gorge et le cœur. Que faire ? Que dire ? Que signifiait ce bleu . Pourquoi, pourquoi ce bleu ? Trop calme pour être apaisant, trop clair pour être bienfaisant. Trop bleu. Bien trop bleu. Elle trébuche. Ses pieds accrochent le tapis et elle tombe sur le sol, le bruit mou de son corps humide coupant nette à la rumeur qui glisse le long des murs. Elle a mal. Elle se sent blessée. Elle sens sa peau s'ouvrir et saigner. Elle observe ses bras. Pas de rouge, pas de sang. Seulement ce bleu toxique. Il glisse le long de sa peau, s'écoule sur son corps, imprègne ses cellule, empoisonne son épiderme. Ça se répand, le long de ses bras, le long de ses doigts, le long de son cou, le long de ses genoux. Elle devient bleu, toute bleu. Elle s'agite, elle panique. Elle frotte sa peau pour le faire partir mais rien n'y fait il est là, en elle. Entêtant, insistant, indélébile. Que se passe-t-il ?
- Monstre...souffle une sœur
- Qu'as-tu fait ?
- Que nous as -tu fais ?
- Monstre !
- Laura !
Ses sœurs crient, ses sœurs hurlent, elles l'injurient. Laura lève les yeux. Sa gorge se bloque brusquement. face à elle, ses sœurs se sont regroupés, serré les unes aux autres. Elles coulent. Oui elle dégouline sur le tapis telle des statues de cires. La chair beige de leur peau se mélange à une substance noirâtre qui s'écoulent de leurs orbites. Leurs yeux ne sont plus que d'immense globe noire et poisseux qui pleure de grosse gouttes d'encre sur leur peau qui fond. Elles se déforment, se collent les unes aux autres, agglutinants jusqu'à ne former qu'une masse de chair informe, beige et noir. Elle psalmodie son nom...Laura...Laura...Laura... entrecoupé d'injure et de hurlement lointain. Cette chose. Ce n'ai pas ses sœurs. C'est un monstre sortie tout droit de l'enfer ! Laura veut hurler, s'enfuir. Mais son corps refuse de bouger. La masse beige et noir coule jusqu'à elle et lui englue les pieds. Sa peau bleu se déverse dans la créature, Laura se sent fondre en elle. Elle hurle, se débat, s'agrippe au tapis, cherchant à fuir. Mais son corps entre peu à peu dans le corps de la créature tandis que la plainte de ses sœurs résonne de plus en plus fort.
Monstre....Monstre...Monstre...
Laura pleure. Elle pleure de toute ses forces. Ferme les yeux. Elle ne veut pas voir ça. Soudain la plainte se tait. Plus rien ne bouge autour d'elle. Ouvrant les yeux, elle voit ses sœurs. Elle sont là, face à elle, normal, elle ne coulent pas. Elle sont statique, le visage froid et sombre, chacune portant à son cou un foulard coloré. Leur mains, à l'unisson, brandissent un doigt accusateur vers Laura. Elles la désignent. Elle baisse les yeux. Son corps n'est plus qu'une masse infâme. Noire, bleu, poisseuse. La créature c'est elle. C'est elle le...
- Monstre !
Le sursaut bloque le cria au fond de sa gorge. Laura se réveille, en sueur et le cœur battant. Un cauchemars, bien sûr...mais quel cauchemar !
Il fait encore nuit par la fenêtre. Après être sortit de l'ascenseur, elle avait couru dans sa chambre, sans même cherche à voir l'expression que pouvait avoir ses sœurs. Elle s'était endormit, blottit sous son bureau, près de la trappe menant à son atelier. Il devait être plus de 2h du matin. Laura risqua une œil vers la porte close de sa chambre. Les pot de peinture qu'elle avait demandé étaient empilé près de son bureau. Mais il y en avait deux qui avaient été déposé plus en avant. Deux qu'elle n'avait pas demandé.
Un pot noir.
Un pot bleu.
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