Chapitre 6
Je m'inscris le soir même au groupe de lecture. Sachant que je suis une grande lectrice, c'est l'idéal pour moi et au moins, je sais que je serais occupée quelques soirs par semaine. Je fais mes cv pour pouvoir postuler dans plusieurs cafés, cinémas et bars. J'ai l'intention de mettre de l'argent de coté et ça me permettra d'acheter quelques livres pour remplumer ma bibliothèque. J'envoie mes cv une fois terminés. Plus qu'à attendre leurs réponses.
Je révise encore un peu, de toute façon, je n'ai que ça à faire. Si je ne veux plus penser à Arnaud, c'est un bon moyen d'y arriver. Sauf qu'il revient sans cesse dans mon esprit. Je réentends sa dernière phrase en boucle.
Il serait vraiment prêt à jouer mon faux mec ? Sérieux ? Comme dans les livres que je lis, ça en deviendrait presque hilarant vu les similitudes qu'il y a. Mais nous ne sommes pas dans un livre. Je n'ai pas envie de jouer, au risque de tomber de nouveau amoureuse. Je ne veux plus connaitre ce sentiment pour le moment. Je dois apprendre à vivre seule. Je viens de passer des années à imaginer un mariage avec un connard et à réfléchir aux prénoms que je voudrais donner à nos enfants. C'est terminé tout ça. Plus que je me le répéterai et plus ça s'ancrera dans mon cerveau.
Je n'ai pas besoin d'être en couple pour être heureuse ou pour montrer à mes anciens amis que j'ai refait ma vie et que je ne suis plus détruite.
On est au 21ème siècle, je suis indépendante.
Mon téléphone vibre sur ma table de chevet. Tant pis, la personne attendra. Je termine de corriger les exercices et suis entièrement satisfaite. Je commence bien l'année, c'est un bon point déjà.
Je me relève, j'ai l'habitude de travailler à même le sol et me dirige vers mon portable. Je consulte rapidement mes messages. C'est Lisa qui me demande si elle peut venir. Je lui réponds que bien évidemment.
♦
Le lendemain, Lisa est un peu malade. Je constate que je n'ai pas qu'un cours en commun avec Arnaud malheureusement. J'entre dans l'amphithéâtre et le trouve déjà assis, là ou je pose mes fesses habituellement. Je soupire et le rejoins. Il se tourne vers moi lorsqu'il s'aperçoit que je me dirige vers lui. Un grand sourire orne son visage, comme s'il avait remporté la plus grosse médaille du monde. Je le fusille du regard et son sourire s'agrandit encore plus. Je suis forcée d'admettre qu'il est magnifique comme ça. Il a mis un beau t-shirt qui semble montrer ses muscles à la terre entière. Je m'efforce de détourner les yeux.
- Tu me suis ? je lui demande en sortant le cours que je pose devant moi.
- Absolument pas mais vu qu'on est là tous les deux, autant discuter.
Je réprime un rire. Il est incroyable. Le cours commence et Arnaud ne m'embête pas comme je le pensais. Il est entièrement concentré sur les paroles du prof. Il prend même des notes, j'en reste comme deux ronds de flanc. Bon ok, ce n'était pas ce que j'imaginais. Je n'arrive pas à me concentrer tant son comportement m'intrigue. Je m'attendais à ce qu'il passe encore à l'attaque.
- Tu es sérieux ? Je croyais que tu voulais discuter ?
Arnaud fait son étonné en cessant enfin d'écrire. Il se tourne afin que nos regards s'accrochent. Aussitôt, une nuée de papillons envahissent mon ventre.
- J'ai obtenu ce que je voulais Raf, m'annonce-t-il et je comprends.
Il m'a eu ! Je suis tombée dans le panneau. Je tape dans son épaule très musclée, me faisant mal par la même occasion mais je ne lui dis pas. Il fait un "ohhh" mémorable et n'a visiblement pas mal.
- Tu tapes bien mais pas assez fort, ma belle. Je peux t'apprendre si tu veux ?
Je lâche un petit rire ironique. Il me fixe, très sérieux.
- Je ne rigolais pas. Et si tu veux toujours m'appeler, fais le. N'importe quand, ok ?
Son regard me met mal à l'aise, il m'a percé à jour malheureusement. Sa main attrape la mienne qui s'est mise à jour avec mon stylo à bille. Sa chaleur perce ma peau et fait accélérer mon cœur comme une jeune gamine qui n'a pas encore connu l'amour. Il ne la lâche pas.
- Ok, réponds-je simplement.
Pourquoi me fait-il cet effet-là ? Ce n'est pas mon genre habituellement. Tom était geek, sans muscles. Même lui ne m'a jamais autant causé de frissons et de sensations à la fois.
♦
Lisa a des mouchoirs partout autour d'elle dans son lit. Son nez est rouge et elle parle de ce dernier tellement il est bouché. Elle est arrangée, surtout qu'il fait encore chaud à cette période. Elle me sourit avec ses yeux rouges, elle est adorable. Je lui tends des gouttes pour la soulager et d'autres médicaments pour le rhume. Je crois qu'elle a une sinusite.
- Je vais jeter ton tas de microbes là, t'en mets partout dans ton lit.
J'ai une moue dégoutée en attrapant du bout des doigts les papiers plein de morve que je balance à la poubelle. J'aère sa chambre qu'elle partage avec une fille qui n'est pas là pour l'instant.
- Elle ne veut même plus dormir ici, se plaint mon amie. Elle est en médecine mais elle a peur des microbes, je te jure que j'ai jamais vu un spécimen rare comme ça. On dirait Paris dans Gilmore Girls, la même fille.
- Ben je te plains alors, lui dis-je en repensant au personnage dans la série qui a marqué mon adolescence. T'es sure qu'elle va avoir son diplôme au moins ?
Lisa grimace et secoue la tête. La pauvre. Elle est dans un sale état. J'ai enfin ouvert en grand toutes les fenêtres. L'air s'engouffre aussitôt dans la pièce.
- Couvre toi avant que tu n'attrapes encore plus la crève. Tiens, les cours.
Elle les feuillette après que je lui ai donné et elle s'immobilise. Elle relève lentement la tête vers moi, choquée.
- Ce n'est pas ton écriture Raf.
Elle est beaucoup trop maligne pour moi. Je pensais qu'elle me remercierait et puis ni vu ni connu.
- C'est celle d'Arnaud, je lui confie.
Je prends la chaise du bureau de sa colocataire et le fais rouler jusqu'à son lit, ou je m'assois pour lui faire face.
- Ohmondieu! Ohmondieu, ohmondieu.
Elle met ses deux mains devant sa bouche, ses sourcils remontés jusqu'à la moitié de son front. Je rougis sans m'en empêcher. Ses réactions me gênent encore plus.
- C'est hyper sexy.
Je ne vois pas en quoi c'est sexy. Il m'a juste prêté ses notes vu que je n'ai pas suivi le cours.
- C'est surtout très gentil et je t'en fais profiter, ne suis-je pas l'amie idéale ?
Elle me fait ses yeux noirs et me pointe du doigt.
- Il ne fait pas ça par "gentillesse" Rafaëlle. Tu lui plais, c'est tout simple.
Je ne peux m'en empêcher, j'éclate de rire. Je ne parviens qu'à me calmer cinq minutes plus tard.
- Je ne lui plais pas Lisa. Tu as vu les filles avec qui il est sorti ? Je ne leur ressemble pas.
Elle ne comprend visiblement pas.
- Ses ex ?
- Oui. Il y a un compte instagram avec les filles avec qui il était et je peux te dire que je ne ressemble à aucune d'elle. J'ai rien en commun avec elles et avec lui. Donc c'est sur que je ne lui plais. Parlons d'un autre truc.
Sa bouche s'ouvre en grand en comprenant.
- Tu as espionné ?
Elle se met à rire et bientôt, elle pleure tellement qu'elle doit s'essuyer les yeux avec les manches de son pyjama. Je la réprimande, vexée.
- Je n'avais que ça à faire de toute façon.
Elle secoue encore la tête, apparemment sure d'elle.
- Il te plait aussi, Raf. C'est mignon.
Non et non.
- Allez montre moi ces filles. Je ne connais que la dernière en date, elle allait souvent aux soirées de Cal et je l'ai croisé de nombreuses fois. Emilie, je pense.
J'acquiesce, c'est bien la dernière de ses copines. Il n'en a pas eu des tonnes, moins de dix et ça a duré en moyenne un an. C'est déjà pas mal. Bon après, je suis bien restée cinq ans avec le même type. Je lui montre une à une les filles et ce que la personne a écrit sous les photos. Elle explique comment ils se sont rencontrés, les problèmes de couple, la rupture etc. Une vraie encyclopédie. Je vois qu'en effet, les filles l'ont trompé. Toutes sans exception. C'est triste et ça me rappelle ma propre histoire.
Etrange que je décide de l'appeler lui, alors que je ne connaissais pas son histoire si similaire à la mienne.
Je raconte tout à Lisa, les appels que je lui ai passé. Les confidences que je lui ai faites. Elle m'écoute sans jamais m'interrompre, attentive. Et elle me console encore une fois, alors que les larmes me montent.
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