Chapitre 3

Je raconte à Lisa toute l'histoire avec ma rupture avec Tom et comment je ne suis plus amie avec toute la bande. Elle m'écoute sans broncher, devenant de plus en plus ahurie au fil de mes paroles. Quand j'ai fini, nous commençons à entamer nos plats. J'ai pris des spaghettis bolognaises qui valent le détour. Ils sont succulents. Lisa a pris un steak grillé avec des pommes de terre rôties et des haricots aux oignons qu'elle dévore en un rien de temps. On a une réduction sur nos plats car la jeune femme connait très bien le patron de cet endroit. Apparemment, elle vient souvent ici depuis sa plus tendre enfance. Le restaurant a été rénové récemment, c'est beaucoup plus moderne que sur la photo affichée au mur sur ma droite. Avant, tout était vieillot et rouge.

- Tu rigoles ? Ils t'ont tous menti comme ça ? J'en reviens pas. C'était pas des amis ça Rafaëlle. T'as bien fait de les laisser tomber. Tu t'es vengée ?

Je prends une bouchée de mon plat et la savoure. Absolument délicieux. Je reviendrai plus souvent là mais pas seule. J'ai vraiment peur d'aller seule dans un restaurant, peur d'être jugée par les gens. Je ne devrais pas me soucier du regard des autres, ça pourrie la vie.

- Pas encore. Je ne sais pas si je compte le faire un jour. En attendant, j'essaie de passer à autre chose mais c'est compliqué, je lui explique.

Mon regard est attiré par la porte qui s'ouvre sur ma gauche. Laissant apparaitre...Tom et Jessica qui se dirigent vers le fond du restaurant, loin de moi. Et dire que le campus est sensé est gigantesque. Je vais sincèrement à ce rythme, changer d'université. 

- Oui, concentre toi sur le plus important. C'est-à-dire toi. Se recentrer sur soi-même après autant d'années de couple, va te faire le plus grand bien. Tu vas te redécouvrir. Trouver une nouvelle facette de toi-même. Peut-être aimer le crochet ou la couture, ou encore les courses de voitures. Je n'en sais rien mais être seule te fera du bien.

Je hoche la tête. J'y compte bien. Lisa se met à me raconter sa dernière relation. Un sombre abruti qui l'a laissé tomber pour jouer dans une équipe de football à deux milles kilomètres d'ici. Apparemment maintenant, il a été blessé et ne peut plus jamais jouer. Sa carrière est terminée. Elle est douée pour me détourner des deux abrutis derrière elle.

- Après lui, j'ai eu John, très gentil. Mais je n'étais plus amoureuse de lui. C'est bizarre. Je me suis réveillée un matin et je me suis rendue compte que mes sentiments avaient disparu. C'est dommage parce qu'il était adorable. C'est mon dernier copain. Depuis, c'est le néant.

Je l'écoute avec attention. Elle aussi doit se sentir en confiance pour me raconter tout ça ou alors, elle sait se confier à n'importe qui. En tout cas, je suis contente de m'être fait une amie dès le début des cours. Et ça me fait du bien de me confier à elle. Elle me comprend et ne juge absolument pas. Et bizarrement, nous nous découvrons des points en communs.

- Et quoi ? Tu devais prendre un appartement avec ton chéri à la base ?

J'opine en réalisant que maintenant, Tom et Jessica habitent sans doute à deux dedans.

- En effet. Je lui ai laissé avec plaisir. En tout cas, j'ai trouvé autre chose pour quelques semaines et après, l'assistante du directeur de l'université va me trouver un autre logement pour toute l'année. Ma chambre n'est que provisoire. J'ai eu de la chance de trouver un studio disponible sur le campus à la dernière minute.

Je demande l'addition, après que le serveur ait débarrassé nos assiettes. Il est déjà presque deux heures de l'après-midi et il faut que je fasse des courses si je veux manger ce soir et les jours suivants.

- Je suis désolée pour toi. Tu es ballottée de là à là, c'est pas facile. Appelle moi si tu as besoin d'aide, que ce soit pour déménager ou autre.

- Merci Lisa. Merci beaucoup, tu es adorable.

Elle me sourit, consciente que ça représente surement énormément pour moi. On paie chacune notre part et on se sépare. Je suis contente. J'ai une amie ici. Chose que je ne pensais pas espérer.

- Tu es bien installée, ma chérie ? me demande maman tandis que je range un peu la vaisselle dans les étagères.

Trois jours se sont déjà écoulés depuis la rentrée. Je contemple un instant le petit studio que j'ai en attendant. Il est minuscule mais j'ai tout ce qu'il faut pour vivre. Je ne suis pas très matérialiste donc j'ai peu d'affaires. Le strict minimum. Mais j'avoue que j'ai hâte qu'on me trouve un autre logement.

- Oui, j'ai bientôt fini. J'ai été acheté un mug et quelques produits de douche en urgence l'autre fois. Mais j'ai tout ce qu'il faut.

- C'est bien Raf. Les cours te plaisent ?

Je soupire et retiens un sourire.

- Maman, ça ne fait que trois jours que j'ai commencé. Je ne me suis pas encore fait un avis.

Je l'entends rire au bout du fil et ça me fait remémorer un tas de souvenirs. J'ai hâte de rentrer chez moi et de passer quelques jours avec elle. Prendre son indépendance est compliqué. Tout me manque. Ma maison, ma chambre, mon père, mon chien. J'ai bientôt dix-neuf ans mais l'université nous force à nous jeter dans le grand bain. Qu'est-ce que ce sera à la fin de mes études ? Je serai sans doute prête à entrer dans la vie active, à travailler, à habiter seule. J'aurai muri certainement.

- Je sais, ma Rafou. Tu me promets que s'il y a le moindre problème, tu me le diras ? Que ce soit par rapport à l'unif, ou à tu sais qui ?

Je décèle la nervosité dans sa voix. Elle a sans doute peur que je saute sur Tom et que je le kidnappe pour me venger. Je plaisante. Mais elle sait que j'ai un sacré caractère et que je ne vais pas en rester là.

- Reste forte et sois toi-même. Je t'aime fort.

- Moi aussi je t'aime, je lui dis avant de raccrocher.

Je me laisse tomber dans mon lit. On toque à la porte d'entrée. Je me relève et l'ouvre, m'attendant à voir Lisa. Elle doit arriver dans peu de temps. Mais ce n'est pas elle sur le pas de la porte. C'est un type habillé comme un postier. Il porte un immense bouquet de roses rouges.

- Vous êtes bien mademoiselle Montreen ?

- C'est moi.

Je comprends qu'il ne sait pas tromper de personne. Qui m'a donné ce bouquet ? Il me le donne et me demande ensuite de signer sa feuille.

- C'est de qui ? l'interrogé-je surprise.

Il consulte rapidement son téléphone.

- Un certain Tom Brower.

Je tombe des nues. Je signe et l'homme s'en va. Je referme la porte et fixe le bouquet dans mes mains. Pourquoi Tom m'offre ça ? Il est fou ou quoi ? Je ne veux plus rien de lui. Je ne lis même pas la carte accrochée aux fleurs et les jette dans ma poubelle.

Je retombe par accident sur le site des Colombia Boys en navigant sur internet. J'appelle Arnaud sans réfléchir. Je vérifie l'heure au dernier moment. Il est un peu tôt pour l'appeler, sans doute. Contre toute attente, il répond immédiatement.

- Allo ? fait la voix masculine que je reconnais.

- Salut, c'est Rafaëlle.

S'il est étonné, il n'en montre rien.

- Salut Rafaëlle. Comment ça va ?

Je sors un plat déjà tout fait de mon mini frigo et le mets dans le micro onde. Je sais à peine cuisiner, je brûle tout ce que je touche. Une horreur.

- Ca va plutôt bien, en fait. Les cours sont assez passionnants, j'ai rencontré une fille dès le premier jour. Elle est super gentille.

- Tu vois ? Je savais que tu allais y arriver. Et avec ton ex, tu l'as revu ?

Je soupire pour bien lui faire comprendre. Il rit et c'est vraiment un son agréable à entendre.

- Donc c'est un oui.

- Exactement. Il vient à l'instant de m'envoyer un énorme bouquet de roses rouges que j'ai jetées. Je sais pas ce qu'il a exactement dans la tête, mais je ne vais pas le laisser entrer dans ma vie de nouveau. En trois jours, je l'ai vu cinq fois. 

- Si tu n'as pas envie de lui, rappelle toi toujours que tu choisis. Ne fais rien en fonction de lui. Ne t'interdis rien.

- Justement, je vais à une fête ce soir. Chez les Delta, un truc du genre. Je me suis dit que sortir me ferait du bien, et je rencontrerai de nouvelles personnes.

- J'y vais aussi, m'annonce-t-il. Je te promets de ne pas chercher à savoir qui tu es. Je respecte ton anonymat. Au fait, amuse-toi mais pas trop de folies, hein ?

Le micro-onde sonne. Je sors mon plat brûlant avec les maniques, coinçant le téléphone entre mon oreille et mon épaule.

- Je ne te promets rien. Merci beaucoup Arnaud, de m'écouter et tout ça.

- Avec plaisir. Bye.

Je raccroche et me mets à manger. J'en suis qu'à la moitié de mon repas, quand Lisa m'annonce qu'elle est là. De toute façon, je n'ai pas très faim ces temps-ci. Je mets le reste au frigo pour demain.

Lisa va m'aider à m'habiller pour ce soir. Je la vois débarquer avec des tonnes de fringues. Elle ne dit rien en voyant mon jean trop large et mon pull à capuche. Elle n'est pas du genre à faire des réflexions même si je sais ce qu'elle en pense. Je m'habille comme un sac à patate depuis quelque temps. Voilà peut-être encore une autre raison pour laquelle Tom m'a largué. J'ai grossi et je ne me suis plus rachetée de vêtements qui soient à ma taille. Mais je m'aime comme je suis. Mes nouvelles rondeurs me plaisent. J'ai attrapé de bonnes hanches et porte à présent un 42. Même ma poitrine a grossi et c'est la chose la plus positive. Je me suis toujours plainte d'être trop fine mais là, je m'adore. Il faudrait juste que je change de style vestimentaire.

- Voilà, je t'ai pris quelques robes mais je me suis dit que ce serait peut-être trop tôt. Sinon j'ai des beaux jeans à ta taille et des petits hauts très beaux qui devraient te convenir si tu ne te sens pas trop à l'aise. On a quasiment la même morphologie, ça tombe bien. Mais hors de question de mettre ce sweat immonde !

Je la remercie en la prenant dans mes bras. Je ne suis pas super tactile mais ça s'est fait naturellement. Lisa n'est pas comme mes anciennes amies, me forçant à mettre des robes à chaque occasion parce que sinon je ferais "tache". Elle me rend mon étreinte puis étend les tenues sur mon lit.

- Tu as pris toute ta garde-robe ? lui demandé-je en avisant les paires de chaussures qu'elle vient de sortir de son gros sac de sport. Si tu m'avait demandé, je serais venue t'aider à monter tout ça Lisa.

- T'inquiète pas Raf. Je suis une force de la nature. Alors voilà, tu vas te doucher ?

Elle me pousse littéralement vers ma salle de bain et ferme la porte. En dix minutes, je suis propre. Je sèche mes cheveux et ajoute une touche de mascara à mes cils pour les rehausser. Quand je sors de la pièce, Lisa lit le mot que j'ai reçu avec les roses.

- Il est débile ton ex ou c'est comment ?

Je hausse les épaules. Je regarde chaque habit qu'elle a amené et jette mon dévolu sur un jean clair taille haute et une petite blouse blanche décolleté. De toute façon, je vais à une fête, pas à un mariage. Je ne resterai sans doute pas très longtemps si je tombe sur Tom en train de galocher Jessica.

- Tu es parfaite Rafaëlle, me complimente mon amie qui a lissé ses cheveux pour l'occasion. Aucun mec ne pourra te résister ce soir.

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