Twenty-five

- Shirley tu es là ? Demande Roxanne en rentrant dans la pièce.

Je met mes cheveux de sorte à cacher les marques sur mon cou.

- J'arrive ! Dis-je de la salle de bain.

Je me regarde dans le miroir et essuie les quelques larmes qui coulent le long de mes joues. Mes lèvres forment ensuite un beau faux sourire, puis je sors de la salle de bain.

- On va être en retard en cours dépêche ! Me préviens mon amie en prenant son sac.

Je ne dis rien, prends moi aussi mes affaires et suis mon amie en train de se diriger d'un pas rapide vers le bâtiment des cours.

- Tu es sûre que ça va Shirley ? Tu l'as pas l'air dans ton assiette, remarque Roxanne.

Je répond positivement d'une petite voix. Les événements d'hier ne cessent de repasser en boucles, et lorsque j'essaye de ne plus y penser la légère douleur au niveau de mon cou me le rappelle.

Je ne croise pas Liam de toute la matinée. A l'heure du déjeuner, nous allons à la cafétéria avec Lucy et Roxanne. Depuis la scène catastrophique avec Marc, je ne l'ai croisé qu'une seule fois, et il m'a ignoré. A quoi joue Liam sérieux ?

Je souffle silencieusement et m'assois aux côtés de mes amies. Roxanne et Lucy parlent ensemble et le repas se déroule dans la bonne humeur. J'essaye de mettre de côté tout mes tracas et me concentre sur le récit de Roxanne. Seulement, au bout de quelques minutes, je commence à avoir du mal à entendre mon amie. Je baisse le regard vers le sol puis je le relève quelques poignées de secondes plus tard.

C'est alors que mon souffle se coupe et que je me fige. Je vois les lèvres de mon amie bouger mais je n'entend absolument pas le son de sa voix. Je n'entend plus le brouhaha des autres élèves, ni le bruit des fourchettes qui raclent les assiettes, ni le bruit de pas des gens qui viennent de passer à côté de moi. Je commence à paniquer et des larmes perlent aux coins de mes yeux. Je vois mes amies me regarder d'un air inquiet. Je devine à son expression et en lisant sur ses lèvres que Roxanne me demande si ça va.

Non ça ne va pas. Je me lève soudainement et me dirige d'un pas rapide vers la sortie de la cafétéria sans oublier de prendre mon sac. De l'air, il me faut de l'air. Les larmes coulent le long de mes joues tandis que j'avance d'un pas rapide vers l'internat. Je respire l'air frais de l'extérieur et tente de stopper mes pleurs. Je relève le regard et vois Marc avec un groupe d'amis. Il m'aperçois et fronce les sourcils en me voyant, le visage baigné de larmes.

Je pousse la grande porte d'entrée et monte les escaliers qui sont pleins de monde. Je passe à côté de tout ces étudiants, marchant, rigolant, parlant, sans rien entendre. Le silence absolu. J'arrive enfin dans ma chambre et me pose sur mon lit en mettant ma tête dans mes mains.

"Il se peut qu'à certains moments, tu n'entendes plus très bien voire plus du tout."

Je sais que ce n'est que temporaire et que je vais retrouver l'audition dans quelques dizaines de minutes. Seulement, cette perte temporaire me rappelle que bientôt, il y a une forte probabilité qu'elle devienne permanente, et cela définitivement. J'essuie mes larmes et m'allonge. J'aimerais tenter de m'endormir mais je sais que je n'y arriverai pas. D'habitude quand je ne trouve pas le sommeil j'écoute de la musique douce car cela m'apaise. J'ai l'autorisation d'en écouter si ce n'est pas avec un casque ou des écouteurs et si le volume est faible. Seulement pour l'instant je n'entend plus rien... Je prend mon oreiller et me couvre le visage en hurlant. Je ne peux même pas savoir si je crie fort ou pas. Mon coeur se sert de plus en plus. Je ferme les yeux et tente tout de même de m'endormir après m'être calmée.

Je me réveille environ une demi-heure plus tard. J'ouvre doucement les yeux et me redresse dans mon lit. Le bruit de la couette qui se froisse parvient à mes oreilles. Même si cela paraît invraisemblable et totalement bizarre, je souris en entendant cela. Ne plus être dans le silence le plus total est on ne peut plus rassurant. Lorsque l'on n'entend plus aucun son de l'extérieur, une solitude sans fin s'empare de nous. Je redoute le jour où cette solitude me rongera jusqu'à ma mort. Je chasse cette idée de mon esprit et me lève. Je décide d'aller à la pharmacie afin d'aller reprendre quelques boîtes de médicaments que je vide beaucoup trop vite.

Je ne fais pas attention aux regards sur moi lorsque je travers les couloirs. Je sors de l'internat les joues séchées mais les yeux toujours rougis et brillants de larmes. Une fois dans la rue direction la pharmacie, je respire l'air extérieur calmement. Je ferme les yeux et me concentre sur les bruits des voitures, des oiseaux, du vent sur les feuilles. Je redoute le jour où cette solitude me rongera.

Je suis presque arrivé à la pharmacie lorsque la vision d'une ruelle ralentit ma marche. Cette ruelle où j'ai vu un Liam violent et sans aucune pitié. Un sentiment de peur commence à grandir en moi alors je décide de détourner mon regard et de reprendre ma route.

Une fois mes médicaments achetés, je les range dans mon sac à main et sors de la pharmacie. Je repasse devant cette maudite ruelle d'un pas rapide. Je continue ensuite mon chemin en me baladant et regardant les vitrines. Absorbée par la vitrine d'un bijoutier, je relève la tête après quelques minutes et sursaute lorsque je m'aperçois que quelqu'un se trouve juste à côté de moi, regardant lui aussi la vitrine. Malgré sa casquette, je le reconnais très bien. Mon coeur se sert à sa vision. Je repense à ses mains serrant avec rage mon cou jusqu'à ce qu'il ne me reste plus d'air dans mes poumons. Je ne sais pas comment agir avec lui, je ne sais plus.

Liam regarde à plusieurs reprises vers ma gauche, comme s'il observait quelqu'un sans vouloir se faire remarquer. Je ne cherche même pas à lui demander ce qu'il fait ici et reprend mon chemin sans faire attention à lui.

- Fait chier ! Grommelle t-il entre ses dents avant de me suivre.

Il marche juste à côté moi avec un air très sérieux et me saisis fortement le bras.

- Qu'est ce que tu fais Liam ? Lui demandai-je en tentant de me défaire violemment de son emprise.

Il la ressert et regarde rapidement derrière lui.

- Putain arrête de te débattre comme une fille kidnappée. Fais comme si tout était normal et laisse moi faire. Me dit-il sérieusement d'un ton dur.

- Et pourquoi je t'écouterai ?!? M'enervai-je.

- Parce-que sinon tu es morte pauvre idiote !! Dit-il soudainement en s'arrêtant et en m'obligeant à le regarder dans les yeux.

Sa réponse me stoppe net. Il reprend sa marche et je le suis, mon bras étant toujours sous son emprise. Ses mots me font peur, je ne comprends pas ce qu'il se passe, et son expression dure et absolument sérieuse me fait comprendre que ce n'est pas une blague.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Demandai-je d'une petite voix.

- Tu vois la librairie là-bas ? Ignore t-il ma question en regardant droit devant lui.

- Euh..Je...Oui.

Je suis troublée par la situation que je ne contrôle absolument pas, je ne comprend pas ce qu'il se passe et je suis obligée d'écouter Liam en fermant les yeux. Je suis de nouveau sous son contrôle, sans rien pouvoir faire

- Il y a un panneau juste derrière. Tu le vois ? Continue t-il sur le même ton.

- Oui.

- Juste derrière il y a une toute petite ruelle. On peut y aller sans se faire repérer. Tiens toi prête. Explique t-il d'un sérieux déroutant.

- Sans..se faire repérer ? Mais repérer par qui ? Commencai-je à paniquer.

- A trois. Un.

Mon coeur tambourine fortement sans ma poitrine. Cela paraît bizarre mais désormais l'emprise de la main de Liam sur mon bras est rassurante, comme si elle me permettait de tenir debout.

- Deux.

Ne pas se faire repérer par qui ? Les gens qu'ils veulent me tuer ? Il y a des gens qui veulent me tuer c'est ça ? Et si je n'arrive pas à aller dans cette ruelle discrètement que va t-il arriver ?!? Une grande panique s'empare de moi tandis que le brun affiche un calme absolu.

- Trois.

En une fraction de seconde, Liam se faufile dans la petite ruelle avec une grande vitesse. Sachant sûrement que je n'allais pas réagir aussi vite, il m'a emporté avec lui, d'où sa forte emprise sur mon bras. La ruelle est minuscule et sombre. Je suis plaquée contre le mur et le torse de Liam est collé à moi. Une de ses mains est placée derrière mon épaule et l'autre sur ma tête. Je la pose dans le creux de son cou et tente de ralentir mon rythme cardiaque et de calmer ma respiration paniquée.

- Liam qu-

- Chhh. Fait-il en posant sa main sur ma bouche et en regardant vers la rue principale.

Il pose son regard sur le mien et enlève ensuite sa main. Il jette un coup d'oeil discret vers la rue. Il reporte ensuite ses yeux vers moi.

- On attend encore un peu. Chuchote t-il.

Je ne dis rien et pose ma tête contre son torse qui se soulève d'un rythme plus rapide que d'habitude. Dans quelle situation suis-je de nouveau...

Après quelques minutes, la tension dans les épaules de Liam se relâche et il souffle de soulagement.

- Liam...Tu peux m'expliquer s'il te plait. Demandai-je d'une petite voix.

Il relève son regard vers le mien et me prend soudainement dans ses bras. Ce geste totalement inattendu me laisse sans voix.

- Tu n'es vraiment qu'une idiote, murmure t-il.

Nous nous détachons puis il me regarde et se décide à m'expliquer.

- Tu as été reconnu par les deux gars de l'autre soir.

- Les deux...Tu.... Balbutiai-je totalement troublée.

- Non je ne les ai pas tuer, je ne suis pas un putain de meutrier. Dit-il en serrant ses dents de colère en sachant ce que je pensais de lui.

Je ne réplique rien et attend sagement qu'il continue.

- Ils pensent sûrement que tu es un moyen de me retrouver. Et pour cela ils n'auraient pas hésiter à te torturer, voire même à te laisser pour morte.

Mon souffle se coupe sous cette révélation. Me torturer et me...tuer.

- Je n'ai rien demandé, je n'ai rien fais... Pononcais-je faiblement en sentant les larmes couler.

- Tu as signé ton arrêt de mort en laissant ta curiosité aller dans cette putain de rue. Dit-il durement en contractant sa mâchoire sous la colère.

Je ne répond rien et baisse le regard. Malgré cela je sens que le sien continue de me scruter.

- Tu n'es qu'une idiote. Lâche t-il. Je devrais être très en colère contre toi, tu agis toujours sans réfléchir.

Je relève faiblement ma tête vers lui. Son visage est très proche du mien. Ses iris ébènes me fixent, et malgré son ton dur je ne vois pas de colère dans ses yeux

- Mais tu ne l'es pas. Dis-je d'une petite voix.

- Non. Prononce t-il doucement.

- Pourquoi ? Demandai-je quasiment dans un murmure.

- Parce que j'ai eu peur. J'ai eu peur de ce qu'ils étaient capables de te faire. Je sais de quoi ces ordures sont capables et j'avais peur qu'ils s'en prennent à toi. Avoue t-il d'un ton sincère.

Je ne comprend plus rien, je suis de nouveau perdu face au comportement de l'homme qui se trouve devant moi. Hier, il a faillit me tuer pour me donner un avertissement, et là il me prend dans ses bras car il a eu peur de ce que pouvaient me faire deux tarés. Cependant, je décide de ne pas lui demander d'explications sur cela pour le moment. Il vient quand même de me sauver des mains de deux grands malades et ces derniers sont peut-être toujours dans la rue donc ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour hurler des reproches à Liam.

Une autre chose me traverse l'esprit. Je n'ai même pas vu les deux hommes en question me suivre. Et même si c'était le cas, qui me dis qu'ils me veulent du mal, qu'ils sont dangereux ? La scène à laquelle j'ai assisté m'incite plus à avoir peur de Liam que d'eux. Et moi, je suis et écoute aveuglement le brun au détriment des deux autres hommes tabassés. Je souffle. J'espère que je n'ai pas, encore une fois, fais le mauvais choix.

Mon regard se porte sur le brun qui me regarde. Il reprend la parole lorsqu'il voit que mon attention est de nouveau sur lui et non dans mes pensées.

- Je te demande seulement une chose...

- Qui est ? L'incitai-je doucement à continuer.

- À l'avenir, préviens-moi quand tu sors dehors, surtout dans ces environs. S'il te plait. Demande t-il d'une voix calme et douce tout en continuant de me fixer.

Je le regarde, et l'entoure de mes bras afin de me serrer contre lui. Mon étreinte le surprend, puis il passe ses bras autour de moi afin de me serrer un peu plus fort. Autant le remercier non ? Je n'ai pas envie de prendre le risque que la situation tourne encore une fois aux cris et aux pleurs....Et aux coups.

- C'est promis, lui dis-je doucement.

Ma tête dans le creux de son cou, je respire son parfum enivrant. Je suis toujours en colère contre lui. Mais malgre cela, je voudrais rester comme ça, dans ses bras, les yeux clos, avec comme seul bruit sa respiration sur ma joue. C'est comme ça avec Liam. Il se montre désagréable, violent, parfois carrément détestable et pourtant je sens que tout mon être est attiré vers lui. Mon esprit s'attache aux moments où il est attentionné et adorable avec moi en délaissant ceux où je devrais me dire qu'il ne faut plus que je le fréquente.

Je profite encore quelques instants de notre étreinte et me détache du brun. Je sais que ces moments à peu près calmes sont très rares avec Liam, et que la situation peut déraper à tout moment.

- On rentre princesse ? Propose t-il d'un ton doux.

J'acquiesce et me détache de lui. Il dépose un léger baiser sur mon front. Je commence à marcher pour rejoindre la rue principale mais Liam m'arrête afin de passer devant moi.

- Je passe devant. Dit-il d'un air méfiant.

Je ne bronche pas et le suis de près. Il me saisit ma main dans un geste rassurant et avance vers la rue. Sa présence me rassure dans ces moments-là. Me voilà désormais main dans la main avec ce brun qui rend mon esprit constamment flou et qui a le pouvoir de me faire passer du bonheur aux pleurs en un instant.


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Hey Guys !

Les choses commencent à se corser pour notre petite Shirley ! J'espère que ce nouveau chapitre vous plait !

Qui sont ces deux hommes ?

Shirley va t-elle finalement demander des explications à Liam ?

Hope you enjoy ! A la semaine prochaine ! 💖


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