Sixteen
Liam est parfois très violent, enragé et méconnaissable. Il est également par moment impassible, froid et distant. Et, à certains moments, il est attentionné, doux et protecteur. Cette dernière facette de lui que j'ai observé ces derniers jours le rend encore plus attirant et fait que malgré moi, je m'attache de plus en plus à lui. Je sais pertinemment qu'il peut être violent, mais si je ne lui donne pas de raison de l'être, il est adorable envers moi. Seulement, c'est Liam. Je ne peux pas savoir ce qu'il pense, il est indéchiffrable. Je ne peux pas savoir si tout comme moi il commence à s'attacher à moi, même si cela me paraît assez difficile.
Malgré cela, il reste auprès de moi. Après que je lui ai demandé de rester, on s'est assis sur mon lit et on a parlé. Il a réussi à calmer mes pleurs en me prenant dans ses bras, et je n'avais pas envie de me détacher de lui.
Tout au long de mon récit, il m'a écouté attentivement et respectueusement, sans jamais me couper. Car oui, je lui ai tout expliqué. La raison de mes douleurs, ma maladie, la destruction de mon monde, et la solitude qui suis. Je ne sais pas réellement pourquoi, mais je lui fais confiance. Je sais qu'il pourrait totalement me juger et se moquer de moi à tout moment mais j'ai pris le risque. Et à mon grand étonnement, il n'a fait ni l'un ni l'autre. Au contraire, il m'a prise dans ses bras dans un geste réconfortant sans rien dire. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'il cherche à ce que j'ailles mieux. Se soucierait-il de moi ?
- Tu es une personne forte Shirley, et courageuse. Tu arriveras à passer cette épreuve, je te le promets, me murmure t-il.
Je ressers un peu plus mes bras autour de lui. Quelques larmes continuent de couler, mais un sourire s'étire sur mon visage.
- Pourquoi tu fais ça ? Risquai-je d'une petite voix.
- Tu as besoin de quelqu'un qui puisse être là pour toi Shey. Tu avais besoin de te confier à quelqu'un et de recevoir du soutien. Me repond-il doucement. Et je suis là. Ajoute t-il après un petit temps.
- Merci, chuchotai-je.
Ma tête dans son cou, je respire son parfum enivrant. Il se détache doucement de moi et plonge son regard dans le mien. Il me fait un petit sourire.
- Tu devrais dormir princesse.
- Je ne vais pas réussir à dormir...lui dis-je à voix basse en dirigeant mon regard vers le sol.
Son regard me scrute.
- Couche toi. Ordonne t-il doucement.
Troublée, je me couche malgré la certitude que je n'arriverai pas à dormir. Lorsque je me couche dans cet état d'esprit je ne m'endors pas car je pense trop à toutes ces choses qui me tracassent. Et si par miracle je m'endors, je me réveille quelques heures après et même schéma que pour la première possibilité. Liam s'éloigne du lit.
- Ne me laisse pas... murmurai-je d'une voix à peine audible.
Apparemment il m'a quand même entendu car il me jette un rapide regard avant de continuer à s'éloigner. Son visage était impassible.
Après quelques minutes de silence, j'entends Liam se changer. Je tourne la tête et voit qu'il a vêtu un bas de jogging à la place de son jean. Je fronce les sourcils lorsqu'il se redirige vers mon lit. Il commence à soulever la couette.
- Qu'est ce que tu fais ? Lui demandai-je, surprise.
Il lève ses yeux vers moi.
- Tu as dis que tu ne voulais pas que je te laisse. Alors je ne te laisse pas, me repond-il comme si c'était tout à fait logique.
Il se glisse dans le lit et vient à mes côtés. Je le devisage, incrédule. Il me regarde d'un air interrogateur, se demandant sûrement pourquoi je suis aussi surprise. Gênée, je me retourne soudainement dos à lui. Je l'entend rigoler doucement . Il pose sa main sur mon épaule et tout mon corps se crispe.
- Hey détend-toi princesse je ne vais pas te violer, dit-il d'un ton moqueur.
Je ne répond rien et il retire sa main. Après quelques minutes de silence, je jette un rapide coup d'oeil vers lui. Il est sur le dos, les mains derrière la tête, et regarde le plafond. Il reste vraiment juste parce-que je lui ai demandé ?
Je ferme les yeux et tente de m endormir. Seulement, tout me revient en tête, comme chaque soir. La possibilité que je devienne sourde tourne en boucle dans mon crâne. Je ne sais pas cela fait combien de temps que j'essaye de dormir, peut-être une vingtaine de minutes.
Je me retourne alors et voit que Liam n'a pas bougé. Il dirige ses yeux vers moi lorsque je me retourne. Je baisse les yeux. Il se place sur le côté et me prend dans ses bras. D'abord surprise et troublée par ce geste, je pose, après avoir debeugué, ma tête contre son torse. Il dépose un baiser sur mon front. Ma respiration, qui s'était accélérée, ralentit et je me calme peu à peu. Son étreinte me rassure. Je sens son torse se soulever au rythme de sa respiration et me concentre sur les battements de son coeur réguliers. Après quelques minutes ainsi, je commence à m'endormir. Je ne sais pas comment il fait ça, comment il arrive à faire en sorte de chasser toutes mes idées noires.
Les minutes passent et le sommeil me gagne de plus en plus.
- Je ne suis pas quelqu'un de fréquentable Shey...Articule soudainement Liam d'une voix à peine audible.
Sa phrase me surprend, il était resté silencieux jusqu'à présent. Et pourquoi me dit-il cela tout d'un coup ? C'est comme s'il y avait de la culpabilité dans sa voix.
- Je n'en ai rien à faire, répondis-je avant de m'endormir dans ses bras.
~~~
C'est la première fois depuis l'annonce des médecins que je dors aussi bien. Je me réveille doucement et plisse les yeux, aveuglée par la luminosité de la chambre. Les volets sont ouverts, je suis seule dans la chambre. Je ne sais pas vraiment si Liam est resté dormir avec moi toute la nuit ou s'il est parti dans son lit après que je me sois endormie. En tout cas si c'est le cas il a pris soin de ne pas me réveiller alors que j'étais dans ses bras. Je me lève et vais dans la salle de bain afin de me brosser les dents et me rafraichir le visage. J'ai une mine affreuse. Le maquillage d'hier que je n'avais retiré a coulé à cause des pleurs. Super.
Je pars ensuite m'habiller et met de l'ordre dans mes affaires. Je m'apprête à envoyer un message à Roxanne pour lui demander où elle est mais j'ai rapidement ma réponse lorsqu'elle entre dans la chambre.
Je me dirige vers elle et lui souris. Cest bizarre, d'habitude elle commence directement à me parler quand elle me voit le matin.
- Salut Roxanne ! Lancai-je amicalement.
- Salut, repond-elle rapidement.
Sa réaction beaucoup trop sobre me fait froncer les sourcils.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Demandai-je à mon amie qui est visiblement énervée.
- Ce qu'il se passe c'est que tu es une hypocrite ! Me lance t-elle soudainement en se tournant vers moi.
- Q-quoi ? Demandai-je totalement perdue.
- Tu m'encourage avec Liam etc et finalement tu flirte avec lui sans me le dire. Tu n'avais qu'à me le dire au lieu de me faire des faux espoirs ! M'avoue t-elle, blessée.
- Quoi ?!? Mais non je-
- Je t'ai vu hier soir. Tu dormais dans ses bras, et il est resté avec toi toute la nuit. Je pensais vraiment qu'on était de bonnes amies, et ça ca ne se fait pas vraiment entre amies...continue t-elle.
- Roxanne...Je ne voulais pas te blesser je te jure. C'est juste que j'étais très mal hier, j'ai...j'ai des problèmes de santé qui me détruisent le moral et je ne voulais en parler à personne....Commençai-je, les larmes commençant à monter.
Mon amie me regarde incrédule, attendant que je continue.
- Seulement hier soir j'ai éclate en pleurs devant lui et il m'a réconforté. Et après il est resté dormir avec moi parce- que j'étais incapable de m endormir seule en passant à toute ces choses qui me détruisent un peu plus tout les jours... Avouai-je doucement à mon amie la tête baissée.
Elle me regarde d'un air perdu.
- Des problèmes de santé ? Répète t-elle d'une petite voix.
- Oui je...Je t'en parlerai plus tard c'est promis, lui dis-je. Je suis vraiment désolée Roxanne je-
Je me stoppe lorsque Roxanne s'avance rapidement vers moi afin de me prendre dans ses bras.
- Je ne pensais pas que tu traversais une passe difficile, excuse moi, c'était débile, s'excuse mon amie.
Je la sers un peu plus avec un sourire. Nous nous détachons et nous sourions.
- D'ailleurs tu sais où il est Liam ? Il faut que je le remercie pour hier.
- Aucune idée, il est parti tôt hier et il avait des sacs avec lui. Peut-etre qu'il est déjà rentré chez lui. D'ailleurs je vais bientôt y aller. A lundi Shirley ! Et appelle moi si tu as besoin surtout, le dit-elle en déposant un bisou sur ma joue.
Je prépare mes affaires moi aussi, ma mère venant bientôt me chercher. Mon regard se porte vers l'armoire de Liam et mes sourcils se froncent. La porte de son armoire est ouverte et certaines étagères sont complètement vides. Je décide de reporter mon attention sur mes affaires à moi. Une petite vingtaine de minutes après, ma mère m'envoie un message pour me dire qu'elle arrive bientôt. Je décide alors de descendre afin de l'attendre.
Pendant que je marche dans les couloirs, je cherche Liam sans vraiment m'en rendre compte. J'aimerais le croiser, j'aimerais lui parler. Les escaliers sont pleins de monde à cette heure-ci, et arriver à l'un d'entre eux, la foule fait des bouchons. Je décide donc d'attendre que les gens passent pour éviter de me faire bousculer, surtout avec mon gros sac d'affaires.
Mon regard passe sur les étudiants et chambres qui sont ouvertes. Ils préparent presque tous leurs affaires pour rentrer chez eux pour le week end.
Et c'est là que je le vois lui. Mon regard se bloque, et mon corps se fige. Il se trouve dans une nouvelle chambre, avec sa valise à ses pieds, rangeant ses affaires dans les placards en parlant et rigolant avec deux filles. Deux filles qui sont sûrement ses deux nouvelles colocataires. C'est pour ça qu'il y avait si peu d'affaires dans son armoire et que son bureau était vide.
Je ne comprend pas, je reste figée, ma tête se remplie de questions et d'incompréhension.
Les deux filles discutent et rigolent avec lui. Elles le regardent avec des étoiles dans les yeux. Avant cet instant, mes yeux pétillaient de la même façon. Maintenant ils ne sont remplis que de colère et de déception. Alors il s'est foutu de moi c'est ça ? Il me réconforte, est attentionné avec moi puis le lendemain matin, change de chambre comme par magie.
Liam m'aperçoit et son visage reste impassible. Puis il pose les affaires qu'il avait dans ses mains et se dirige vers moi. Je ne bouge pas. Il arrive à ma hauteur et me regarde d'un air impassible et désintéressé, les mains dans les poches.
- J'ai été voir l'administration et une place dans cette chambre s'est libéré. J'ai profité de l'occasion, tu préviendras Roxanne. Dit-il d'un air détaché.
Je le regarde, totalement perdue. Pourquoi ? Après un temps à me regarder d'un air impassible, il me tourne le dos et retourne dans sa nouvelle chambre pour finir de défaire sa valise.
Les larmes me montent aux yeux. Comment ai-je pu croire qu'il en avait quelque chose à faire de mes problèmes et de ma maladie ? Comment ai-je pu croire un instant qu'il aurait pu vouloir m'aider parce qu'il tenait à moi comme moi je tenais à lui ?
En imaginant cela, j'avais oublié un détail. C'est Liam. Il n'en a rien à faire de moi et de mes petits problèmes. Je partirais sans jamais le revoir, il ne me dirais même pas adieu. Il me regarderait partir en restant impassible, voire même avec un sourire. Alors pourquoi es t-il resté dormir avec moi cette nuit ? On aurait dit qu'il voulait me protéger ou je ne sais quoi. Mais non, ce n'était que pure illusion, il me manipulait.
Et pourtant, quand il m'a dit hier soir qu'il n'était pas fréquentable, je ne l'ai pas écouter, ce qui était une grosse erreur. Il a pourtant été gentil en prenant la peine de me prévenir. Pourquoi serait-il attentionné avec moi alors qu'il n'en a en vérité rien à faire ? Pour s'amuser, se foutre de moi, me faire souffrir.
Menteur, manipulateur, c'est ce que Liam est. Des larmes roulent sur mes joues tandis que je me dirige rapidement vers les escaliers. J'ai vu Liam me regarder rapidement avant que je parte. Il doit être content d'avoir réussi à me faire pleurer, à me faire mal.
Je sors du campus toujours avec cette colère et cette déception. Seulement ce n'est plus envers Liam que je ressens ces sentiments. C'est envers moi-même. J'aurai du le voir, j'aurai du être plus prudente, ne pas m'attacher à cette personne détestable. Mais je l'ai fais. Et désormais je le regrette amèrement.
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