Four

Je n'arrive pas à dormir, mon esprit étant trop tourmenté pour cela. Il est plus d'une heure du matin et ni Roxanne ni Liam ne sont revenus après être partis. Il se passe quoi au juste ? Roxanne doit sûrement être encore avec ses amies, mais pourtant c'est la rentrée demain alors pourquoi elle ne vient pas dormir ? Liam aussi doit être avec des potes. Ils sont tout les deux irresponsables ou quoi ? Mais bon après tout eux ne dorment pas mais s'amusent sûrement. Moi je ne dors pas mais suis seule. Je décide d'envoyer un message à Roxanne. Elle ne me répond pas...super.

Lorsque l'horloge s'apprête à indiquer 1h45, je me lève de mon lit. Je veux savoir ce qu'il se passe. J'enfile un long gilet étant donné que je suis en débardeur et short de pygama. J'ouvre la porte afin d'aller chercher mon amie. Je reste pieds-nus, après tout je ne risque pas de croiser grand monde. Les couloirs sont déserts et je ne sais absolument pas où chercher. Ce campus est énorme je risque de me perdre, il fait nuit, je suis seule...mauvais plan en vue. Malgré cela je parcours quelques couloirs aux alentours que je connais. Et heureusement pour moi je n'ai pas besoin de m'aventurer bien loin pour retrouver mon amie.

- Ooooooh Shirliiii tu es là je te cherchais justement ! Tu ne devrais pas traîner dans les couloirs à cette heure-là siiiiiii....tardive. Il faut faire dodo ! Articule avec difficulté mon amie.

Ok...elle est bien attaqué. Je ne comprendrais jamais les personnes qui prennent une cuite la veille de la rentrée. Quoiqu'il en soit je vais l'aider et la ramener dans la chambre. Pas question qu'elle reste dans cet état à vagabonder seule dans les couloirs.

- Viens Roxanne, on rentre, dis-je doucement en l'aidant à marcher car sa démarche n'est pas très stable.

- Tu es gentille Shirli. Je t'aime.

- Oui, oui moi aussi. On va aller dormir hein.

- Ouiiiii dodo, rigole t-elle.

En la voyant dans cette état je me promet de ne jamais boire jusqu'à être saoule à ce point. Je relève la tête afin de me diriger vers la porte de notre chambre et...merde. Ce n'est pas la bonne porte. En fait ce n'est pas le bon couloir. Je me suis perdue. Et ce n'est sûrement pas Roxanne qui va m'aider vu la situation.

- On est perdu ? Prononce une voix grave qui semble venir du bout du couloir.

- Euh...Oui je-je cherche la chambre 309. Vous pourriez m'aider ?

- Oh pas de vous entre nous ma chère demoiselle. Et ça dépend...j'ai quoi en échange ? Dit-il en s'approchant.

L'obscurité m'empêche de voir totalement son visage, ce qui me perturbe, et m'effraie. Il a l'air grand et baraqué. Chance où es-tu ?!?

- Luc. Laisse-la elle n'a rien d'intéressant crois moi.

Cette voix par contre je la reconnais, ainsi que le doux compliment qui va avec.

- Ouais mais la blonde est super jolie quand même ! Riposte le grand gars se nommant apparement Luc.

- Elle est surtout déchirée. Réplique Liam.

- Raison de plus.

Je vois le sourire de Luc s'agrandir. Mais c'est qui ce psychopathe. Et que fous Liam ici ?

- Bon on arrête ce petit jeu. Va trouver d'autres filles avec qui jouer, celles-là ce sont mes deux pauvres colocataires paumées.

- Sérieux ? Tu en as de la chance !

- Ah tu trouves ? Bon allez on y va. Ordonne Liam en me regardant.

Il commence à marcher rapidement. Entre rester avec le psychopathe ou suivre le type bizarre qui me sers de coloc' et qui va sûrement me reconduire à ma chambre, le choix est vite fait.

- Oh merci Liamounet ! Je crois qu'on s'était perdues ! Rigole Roxanne.

Liam souffle, agacé. Pourquoi est-il énervé ?

Je tente de suivre son rythme de marche soutenu tout en aidant Roxanne à se déplacer. Autant vous dire que j'ai bien fais de ne pas être endormie et d'avoir encore de l'énergie. Nous arrivons dans un couloir que je reconnais.

- C'est notre chambre ! M'exclamai-je en voyant le numéro 309 sur une porte.

- Sans dec', lâche Liam en levant les yeux au ciel.

Bon d'accord je me suis peut-être un peu trop réjouie pour si peu mais au moins je suis de nouveau dans ma chambre, et avec mes deux colocataires. Bon l'une est totalement déchirée et l'autre énervé pour une raison inconnue mais c'est déjà ça non ?

- Dodo Shirli ? Demande Roxanne en articulant difficilement.

- Oui c'est ça dodo. Et mon prénom est Shirley en passant.

- Ah oui pardon Shirli.

Bon j'abandonne pour ce soir. Je l'amène jusqu'à son lit et l'aide à se coucher. Elle s'endort presque immédiatement. Quant à Liam, il est assis sur son lit et me regarde faire.

- Merci pour ton aide. Le remerciai-je avec un sourire.

- Pourquoi tu as fais ça ? Me demande t-il presque simultanément.

- Pourquoi j'ai fais quoi ? Froncai-je les sourcils.

- Décider de t'aventurer seule dans les couloirs à 2h du mat'.

- Peut-être parce-que Roxanne n'était toujours pas revenue, et toi non plus mais toi c'est autre chose, et que justement il était 2h du mat !

- Et alors elle fait ce qu'elle veut c'est une grande fille ! Haussa t-il le ton.

Mais pourquoi il s'énerve comme ça ?!?

- Si c'était une grande fille je ne l'aurai pas retrouver seule à errer dans un couloir dans cet état ! Haussai-je moi aussi le ton. J'ai aidé une amie c'est tout. Repris-je plus calmement.

Il ne répond rien mais continue de me regarder en serrant la mâchoire. Il est toujours assis sur son lit et moi debout au milieu de la chambre, nous scrutant l'un et l'autre.

- Et pourquoi es-tu énervé comme ça ? Si c'est parce-que je suis sortie seule dans la nuit je ne comprends pas. Tu es loin d'être mon père et puis ça va ce n'est pas comme si je sortais dans la rue ! On est dans une cité universitaire pas dans un endroit rempli de violeurs et de psychopathes.

- Peut-être, mais certaines personnes ne sont pas forcément très fréquentables. Tu l'as bien vu tout-à-l'heure. Repond-il plus calmement.

- Et qu'est ce que ça peut te faire qu'il m'arrive quelque chose ? Lancai-je, à cours d'argument pour contrer sa précédente remarque.

- Je ne suis pas un monstre Shirley. Dit-il en contractant un peu plus sa mâchoire.

Je ne réponds rien et m'assois sur mon lit en soufflant. Après quelques petites minutes de silence, je décide de reprendre.

- Qu'est ce que tu veux que je fasse ? Que je m'excuse pour avoir été irresponsable ? Dis-je en mimant des guillemets sur ce dernier mot afin de montrer mon désaccord quant à l'emploi de ce terme.

- Que tu me dises que tu ne recommencera pas.

- Je ne le ferai pas. Et tu sais pourquoi ? Parce-que si la situation se représente j'irai de nouveau aider mon amie. Sauf que j'espère ne pas me perdre cette fois-ci. Repondis-je en baissant ma voix sur cette dernière phrase.

Ma réponse a l'air de l'agacer puisqu'il souffle et passe sa main dans ses cheveux. Tant pis.

- Je ne vois pas pourquoi ça te préoccupe autant.

Il relève sa tête vers moi suite à ma remarque. Il n'a pas l'air d'avoir de réponse à me donner. Sûrement parce-qu'il y en a pas. Il est bizarre c'est tout.

Comme la conversation semble être finie, je me lève éteindre la lumière. Il ne reste désormais que ma petite lampe que j'ai placé près de mon lit qui nous éclaire faiblement. Il n'a pas l'air de vouloir continuer de parler mais une interrogation reste en suspens dans ma tête.

- Qu'est ce que tu faisais à traîner dans les couloirs à 2h du mat' ? Tu cherchais aussi un pote saoul à ramener dans sa chambre ?

Il rigole suite à ma deuxième question et ne semble pas vouloir me fournir de réponse précise.

- Rien de particulier ni d'intéressant.

- Tu es bizarre. Concluai-je, ce qui le fait rire légèrement.

- Tout le monde l'est d'une manière ou d'une autre.

- Pas faux.

Je m'allonge sur mon lit en fixant le plafond. Lui est toujours assis sur le sien.

- C'est plutôt cool de te parler tranquillement comme ça. Admis-je.

- Tu es plutôt sympathique c'est vrai.

- Tu compte recommencer ton petit jeu comme la dernière fois ? Demandai-je avec humour.

- Comme la dernière fois ? Dit-il sans comprendre.

- Ma tante ne m'avais pas menti en me disant que tu es vraiment jolie....Tu as un beau sourire Shirley...Si tu n'avais pas de belles lèvres je ne pourrais pas d'envie de t'embrasser à chaque fois que je les regarde...Prononcai-je avec une fausse voix enjoleuse. Ou autre connerie du genre. Finissai-je avec un petit rire.

Il rit légèrement lui aussi.

- Tu te rappelles de tout ce que j'ai dis. Évite t-il.

- C'était il n'y a pas si longtemps je te rappelle. Me defendai-je.

Il ne répond rien et se contente de rire. Puis, après quelques minutes il reprend.

- Tu as raison ce n'était qu'un jeu. Lâche t-il simplement.

Même si je m'attendais à ce qu'il réponde cela ma gorge se sert.

- Une distraction si tu préfères. Continue t-il.

Je ne préfère aucun des deux idiot. Je ne sais pas s'il s'en rend compte mais ses paroles sont blessantes. Mais il en a sûrement pas grand chose à faire puisqu'il me le dit avec une grande simplicité comme si c'était tout à fait normal.

- Et cela a quelque chose à voir avec le fait que tu as été distant et froid avec moi ?

Et que tu l'es toujours un peu soit dit en passant.

- Tu es intelligente. Remarque t-il.

Je ne vois pas vraiment pourquoi il dit ça. En plus j'ai prononcé cette phrase au hasard afin qu'il ne continue pas à trouver d'autres termes pour désigner le fait qu'il se soit foutu de moi. Je ne répond rien et attend qu'il continue.

- Je ne voulais pas que tu t'imagines que tu m'intéressais ou une connerie du genre. Tu sais les filles il suffit de leur dire deux trois mots doux et elles sont persuadées qu'on a craqué sur elles.

Il se fout de moi là ?

- Alors je me suis dis qu'il valait mieux être froid et distant pour te faire comprendre que tu n'étais en rien importante.

- Tant de belles paroles ça me fait chaud au coeur. Et pour ton information non je ne m'étais pas dis que tu avais craqué pour moi comme tu le dis tel le mec arrogant que tu es.

- Si tu le dis, rigole t-il.

Je ne répond rien, agacée. Il a réussi à retourner la situation. C'est désormais moi qui suis énervée par son arrogance et lui qui rigole de la situation. Afin de mettre fin à cette conversation j'étais ma petite lampe, espérant lui faire comprendre que je vais dormir. Je me rend soudainement compte qu'il est bientôt 3h du matin...super.

- Mademoiselle serait-elle vexée ? Rigole t-il de plus belle.

- Tais-toi. Lachai-je sèchement.

Il rigole un peu plus. Ne va t-il jamais s'arrêter de se moquer de moi ? Je me glisse dans mon lit et je l'entend faire de même. Après quelques minutes de silence dans le noir, sa voix résonne doucement dans la pièce.

- Et au fait... ce n'est pas parce que je m'amusais que je mentais sur tous les points. Avoue t-il doucement.

Hein ?

- De quoi ? Demandai-je afin de m'assurer d'avoir bien compris.

Il rigole et ne répond pas. Puis après un petit temps, il prononce quelques mots encore plus doucement que les précédents.

- Bonne nuit Shirley.

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