neuf : devine-tête


-Pourquoi on fait ça, déjà ? demanda Julian, tandis qu'Amel essayant de faire coller le post-it rose sur son front.

-Pour t'aider à améliorer ton français, répondit cette dernière le plus sérieusement possible, ce qui était compliqué étant donné qu'elle aussi avait un post-it sur le front. Voilà ! elle s'exclama avant de s'asseoir sur la chaise face à lui.

Comme ils avaient tous les deux l'après-midi de libre, Amel avait décidé que pour une fois, ils n'allaient pas se plonger dans le monde de leurs appareils électroniques, mais allaient jouer à Devine-tête. Même si Julian faisait semblant de trouver cette idée stupide, il était content de passer un peu de temps avec Amel, même si ce jeu était vraiment débile. Et puis, il était curieux de savoir qui elle comptait lui faire deviner. Il n'avait pas pu résister à l'envie de lui faire deviner un footballeur, et c'est comme ça qu'elle s'était retrouvée avec « Manuel Neuer » sur le front.

Ce qu'il ignorait complètement, c'est qu'Amel avait eu la même idée. Ils avaient tous les deux le nom du gardien de but allemand sur leur front sans le savoir.

-Tu commences, déclara Julian, et Amel réfléchit.

-Très bien. Je suis footballeur.

-Comment tu sais ?!

-C'était logique, elle sourit narquoisement. Je suis allemand.

-Oui, répondit Julian, un peu déçu qu'elle trouve aussi vite. Bon, en même temps, il avait fait un choix prévisible.

-Je joue en Ligue 1.

-Non, il sourit, content qu'elle ait enfin fait une erreur. Mmh, je suis un footballeur moi aussi.

-Oui.

-Et je joue au Paris St Germain.

-Non. Est-ce que je joue la Liga ?

-Non. Et moi ?

-Non plus.

Julian s'apprêtait à lui dire qu'elle avait fait exprès de choisir un joueur qu'il ne connaissait pas quand son téléphone se mit à sonner, et qu'il se mordit la lèvre en voyant le numéro.

-C'est ton ex ? demanda Amel, et il hocha la tête avant de tendre la main pour pouvoir raccrocher. Il n'eut cependant pas le temps de le faire, car Amel le devança. Elle attrapa le téléphone et, contrairement à lui, répondit.

-Allô ? Peux-tu arrêter d'appeler ce numéro ? elle lança en anglais, et l'agacement était clairement audible dans sa voix.

Julian la regarda avec des yeux ronds. Il ne pouvait pas entendre la réponse d'Annemarie, mais la connaissant, elle allait s'énerver. Beaucoup.

-Tu n'as pas besoin de savoir qui je suis, tu as juste besoin d'arrêter d'appeler ce numéro, c'est clair ? Si tu essaies encore une fois d'appeler, je n'hésiterai pas à aller donner ton nom à la police pour leur expliquer que tu nous harcèles. Je me fiche bien de ta vie. Arrête d'appeler. Compris ? Au revoir, elle lâcha avant de raccrocher, et de poser le téléphone sur la table comme si de rien n'était.

Julian était toujours en train de la fixer, attendant qu'elle explique.

-Je pense qu'elle a compris, elle dit nonchalamment, et Julian ne put s'empêcher de sourire. Seul léger problème, elle pense que je suis ta copine.

Pas un problème, il pensa, avant de froncer les sourcils. Quoi ? Non, il n'avait pas pensé ça. C'était une hallucination, rien de plus.

-C'était mon tour. Est-ce que je joue la Bundesliga ?

-Oui, répondit Julian, essayant de se concentrer à nouveau sur le jeu.

-Ah-ah ! elle s'exclama, triomphante. Donc, Bundesliga...Bayern.

-Oui, soupira Julian, blasé.

Amel fronça les sourcils.

-Me dis pas que je suis Neuer ?

-Tu es Neuer, répondit Julian, et Amel décolla son post-it avant d'éclater de rire et de se pencher pour décrocher celui de l'allemand et de lui tendre. Oh non, il rit à son tour en voyant qu'ils étaient tous les deux Neuer.

Elle regarda les deux post-its, souriant devant l'écriture d'enfant de Julian.

-Amel ?

Elle redressa la tête, surprise qu'il prononce son prénom pour la seconde fois. Peut-être que ça allait enfin devenir une habitude pour lui.

-Merci, il lança. D'avoir répondu à Annemarie. Tu n'étais pas obligée.

-Il fallait que quelqu'un lui réponde pour qu'elle lâche l'affaire, elle haussa les épaules.

Julian sourit en voyant Amel entrer dans l'appartement. Il ne l'avait pas vu depuis son départ hier après-midi pour le match contre Lille, étant donné qu'elle dormait encore quand il était rentré du Parc, et qu'il dormait encore ce matin quand elle était sortie il-ne-savait-où. Cependant, son sourire s'évapora quand il la vit s'asseoir face à lui sans même enlever son manteau et son écharpe, l'air énervé.

-Ça va ? il demanda bêtement, parce que forcément, non, ça n'allait pas.

-J'ai croisé la concierge. Je lui ai dit que j'avais oublié de te parler du loyer et que je lui ramenais demain au plus tard. Elle m'a dit que tu avais déjà payé le loyer.

Julian se mordit la lèvre. Il avait oublié avoir fait ça. Il aurait dû le dire à Amel, parce que même si ça ne lui aurait pas plu...elle aurait probablement mieux réagi.

-Pourquoi ? elle lâcha en voyant que l'allemand n'avait aucune prévu de lui expliquer de lui-même.

-J'ai croisé la...comment tu dis ?

-Concierge.

-Concierge, j'ai croisé la concierge en bas, et elle m'a demandé qu'on ramène le loyer, alors j'ai fait un chèque, il haussa les épaules.

-Tu ne pouvais pas lui dire d'attendre quelques minutes, le temps qu'on en parle ? Je vais te faire un chèque pour te rembourser ma part.

-Non, il répondit, et elle soupira.

-Julian, je t'aime mais tu ne peux pas faire ça.

Le cœur du milieu de terrain rata un battement. Est-ce qu'elle venait de dire « je t'aime » comme ça ? Au milieu de la phrase ? Alors qu'elle était énervée ?

-Ah bon ? il dit bêtement, et même lui ne savait pas si c'était un « ah bon, je ne peux pas faire ça ? » ou un « ah bon, tu m'aimes ? ».

-On est en colocation, tu paies ta part, je paie ma part. Je sais que tu gagnes beaucoup plus d'argent que moi mais tu te mets le doigt dans l'œil si tu penses que je vais profiter de ça et te laisser tout payer.

-Le doigt dans l'œil, il fronça les sourcils, et elle rit.

-C'est une façon de parler. Ça veut dire que tu te trompes. Maintenant, je sais que si je te fais un chèque, tu vas le déchirer ou quelque chose du genre, alors je vais simplement payer le loyer entier le mois prochain.

-Très bien, il répondit, même s'il n'était pas très d'accord. Il savait que si jamais il s'opposait, il aurait affaire à une Amel encore plus énervée. Et il voulait éviter ça. Même si sous le coup d'énervement, elle lui avait dit qu'elle l'aimait. Il savait très bien qu'elle voulait dire qu'elle l'aimait en tant d'ami, mais il ne pouvait s'empêcher d'être ravi d'avoir entendu ces mots de sa bouche. Pour me faire pardonner...il sourit.

-Ah non, je veux pas savoir ce que tu as pour te faire pardonner, tu vas encore dépenser de l'argent et-

-Donc tu ne veux pas venir au Parc des Princes pour voir PSG-Barça ?

Amel ouvra sa bouche, dévisageant l'allemand qui avait un grand sourire aux lèvres.

-Mais Julian, bien sûr que je veux venir ! C'est mes deux équipes ! Oh mon Dieu, je-t'es sûr que tu peux m'avoir une place ? T'es pas obligé de faire ça, c'est-

Julian secoua la tête, toujours souriant. Il n'avait jamais vu Amel aussi heureuse, et savoir qu'il était la cause de sa joie lui remplissant le cœur.

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