Sur le trajet, Emilie m'a répété une bonne dizaine de fois à quel point elle était heureuse que j'ai pu venir. Évidemment, je n'ai pas trouvé primordial de lui dire ce que ça m'a coûté de venir avec elle.

L'endroit où se déroule la fête est une maison de ville. Un peu comme celle du film Baby-Sitting. Je ne sais pas ce que fait ce garçon mais putain, il réussit bien sa vie.

Beaucoup de personnes sont déjà présentes. C'est un DJ qui fait la musique. Il se débrouille vachement bien. En entrant, nous arrivons tout de suite dans le séjour. Il y a un étage voir plusieurs. Nous retrouvons la bande dans une chambre. Les gars roulent des joints alors que les filles m'accueillent toutes joyeuses.

_ Bah tiens. Ton copain t'as laissé sortir ?, me lance Zachary.

_ La ferme.

Ce n'est vraiment pas le moment pour me parler d'Aaron.

Alexia me tend une bouteille que je saisis et que j'apporte à mes lèvres. Lorsque les joints sont roulés, Zachary tire le premier avec Thomas puis ils font tourner. Les filles tirent aussi puis c'est à mon tour. J'hésite. Je ne consomme que très rarement les drogues.

_ Tu n'en veux pas ?, me demande Laura.

_ Ton copain ne sera pas content ?, me cherche l'indien.

Il fait le malin et ça m'énerve. La tête haute, je prends le joint entre mes doigts et le place entre mes lèvres. La fumée brûle légèrement la gorge. Ce n'est pas si désagréable en fin de compte. Zachary sourit discrètement.

La soirée se passe bien. Je bois avec les filles et nous faisons des parties de bière-pong. Evidemment j'ai perdu. Je n'ai jamais réussi à jouer à ce jeu, de toute manière.

Une musique entraînante retentit dans la maison, les filles se mettent à danser et je les suis. Je ressens nettement l'alcool dans mon organisme désormais. On est toute saoules et pour ma part, j'ai bien l'impression que le joint et l'alcool font un mauvais cocktail. Alexia doit aller aux toilettes alors Emilie l'accompagne. La musique change et je continue de me déhancher sur celle-ci. J'oublie tous mes problèmes. Rien ne compte. C'est comme si je n'étais plus dans mon corps. J'étais loin, très de loin de là.

Je sens des bras glisser sur ma taille. Puis je suis attirée contre un torse. Je me retourne pour faire face à Zachary. Ses yeux sont injectés de sang. Malgré ça, il a moins bu que moi donc il est plus conscient. Ses mains empoignent mes fesses et me plaquent contre son bassin. Un gémissement s'échappe de mes lèvres. Il sourit puis dépose ses lèvres dans mon cou. Je n'ai tout simplement pas la force de le repousser. Il suçote ma peau alors que ses mains promènent sur mon corps. Elles passent sous mon t-shirt pour toucher ma poitrine. Je ne ressens rien. Je ne fais rien. Je suis juste le spectateur de cette scène. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

_ Putain Zachary !, s'écrie Alexia.

Subitement, j'ai froid. La chaleur qui émanait de son corps n'est plus là. C'est Alexia qui l'a repoussé loin de moi.

_ Nan mais t'es pas bien toi j'te jure ! Elle a un mec et ils s'aiment, merde !

_ Ouais bah elle m'a pas repoussé. Si elle aime ça, on va pas la priver.

_ Mais elle est déchirée ! Elle ne sait même pas ce qui se passe là !

Des points noirs viennent me brouiller la vue. Je suis prise de vertiges. Ça sent pas bon ça...

_ Les gars...

Ils sont tous trop occupés par l'embrouille qu'il y a entre Alexia et Zachary pour m'entendre. Je titube. La paume de ma main se plaque contre la table pour m'équilibrer.

_ Je me sens... Vraiment pas bien là...

Je m'écroule au sol. Une vive douleur se fait ressentir à ma tête.

_ Merde ! Emi' aide moi !

Puis le trou noir.

*****

_ Qu'est-ce qui s'est passé ? Elle va bien ?

Soudain, des bras me portent. Je n'ai aucune idée de à qui ils appartiennent.

_ Oui. Elle a juste trop bu. Demain elle aura sûrement une sale gueule de bois mais elle va bien.

_ Je lui avais dit de pas aller à cette putain de fête, grogne cette voix.

_ Je suis désolée.

Je pose ma tête contre son torse et inhale son odeur. C'est celle d'Aaron. Elle sent si bon...

_ Nan c'est bon. Tu n'y es pour rien.

_ Mais je l'ai forcée à venir, gémit une voix féminine.

_ Elle aurait pu te dire non mais elle y est allée quand même. Ecoute, le principal c'est qu'elle aille bien. Enfin, ça ira sûrement mieux demain soir quand elle aura dessaoulée.

_ Ouais.

_ Merci de l'avoir ramenée. Je lui dirai de t'envoyer un message demain.

_ D'accord. Euh... Bonne fin de soirée alors.

_ Ouais, merci à toi aussi.

Une portière de voiture claque. Je suis ballottée dans les bras d'Aaron.

_ Un de ces jours, tu causeras ma mort Camille Clayton.

_ Hm.

Sa poitrine se gonfle et s'affaisse alors qu'il rit doucement. Le son des portes de l'ascenseur me font comprendre qu'on y entre. Je bouge légèrement pour être mieux contre son torse. Je n'ai pas la force d'ouvrir les yeux. Ma main empoigne son t-shirt. Nous sortons de l'ascenseur et il me porte jusqu'à la chambre. Mon dos touche délicatement le matelas. Celui-ci se creuse lorsqu'Aaron s'assied dessus.

_ Je retire tes vêtements ou pas...?

C'est plus une question qu'il se pose à lui-même. Mais j'y réponds quand même.

_ Hm.

_ Je vais prendre ça pour un oui alors.

Ses doigts saisissent l'ourlet de mon top et me le retire. Puis il déboutonne mon jean et le fait glisser jusqu'à mes chevilles avant de le retirer. J'essaie d'ouvrir les yeux mais je retombe dans le sommeil. C'est comme un rêve éveillé. Je somnole. Il recouvre mon corps du drap et caresse doucement ma joue de son pouce.

_ Dors, bébé. Demain va être une très longue journée pour toi.

_ Bonne nuit, murmuré-je.

Il dépose ses lèvres sur mon front tendrement. Puis il s'immobilise.

_ Attends... C'est quoi ça ? Un suçon ?

Oh merde. C'est Zachary tout à l'heure.

_ Camille..., grince-t-il. Qui t'a fait ça ?

Oh putain. Dors, Camille. Dors.

Je me tourne sur le côté et essaie d'avoir une respiration régulière malgré mon cœur qui bat à 100 à l'heure.

_ Ouais..., crache-t-il. Tu n'échapperas pas à cette discussion demain. Dors bien.

Il se lève puis je sombre une bonne fois pour toute dans le sommeil. J'ai failli me faire prendre ce soir. Je ne peux pas lui avouer ce qui s'est passé. J'ai beaucoup trop peur de sa réaction, surtout après ce qui s'est passé il y a quelques heures. Mais comme le dicton le dit si bien, demain est un autre jour.