Chapitre 46.

*PDV Camille.*

Après avoir reçu un appel d'Aaron en plein cours, puis un second, et encore un troisième. Je me suis dit qu'il y avait un problème. Il ne m'appelle jamais quand je suis à l'université. Ce à quoi je ne m'attendais pas en décrochant, c'est d'entendre une voix qui n'est pas la sienne pour m'expliquer qu'il est aux urgences. Evidemment, mon sang n'a fait qu'un tour et j'ai foncé jusqu'à l'hôpital.

Une fois à l'accueil, une infirmière me montre du doigt le box où il se trouve. Je me dépêche de le rejoindre.

Quand je le vois, tout le stress cumulé lors du trajet s'envole. Il est en vie. Il va bien. Ou presque... Je comprends vite pourquoi il est à l'hosto... Une infirmière lui met une attelle au poignet droit et sa jambe gauche est dans un plâtre. Sans parler des points de sutures qu'il a à l'arcade droite

_ C'est pas vrai ! Mais qu'est-ce que t'as encore fait ?!

_ Camille ?

Je me mets à côté de lui et embrasse son front tendrement ce qui le fait grimacer et jurer.

_ Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Tu m'as fait la peur de ma vie !

_ C'est le doc' qui t'a appelé ?

_ Je crois oui. C'était un homme. Mais là n'est pas la question. Dis-moi comment tu t'es fait ça.

_ Je lui avais dit d'appeler personne..., grogne-t-il.

Voyant qu'il ne me répondra pas, je me tourne vers l'infirmière qui a fini de poser l'atelle à son poignet. Elle devine que c'est à elle que je pose ma question à présent.

_ Votre petit-ami est tombé des escaliers dans l'immeuble où il réside. Il a descendu deux étages et à vrai dire, il ne s'est pas loupé...

_ Vous savez que je peux porter plainte contre vous ? Et le secret médical merde !, intervient Aaron.

Je fais un signe à la femme pour lui faire comprendre qu'il ne faut pas faire attention à ce qu'il dit.

_ Et... C'est grave... Ce qu'il a ? Il peut rentrer quand ?

_ Ce n'est pas à moi de vous parler de ça. Je vous suggère d'attendre le médecin qui vous expliquera la situation.

_ C'est moi la situation ?!, s'offusque-t-il.

_ Aaron..., je râle. Tais-toi.

_ Quoi ?!

_ Euh... Oui, ajoute l'infirmière. Il était énervé en arrivant et ce ne sont sûrement pas les médicaments qu'on lui a administré qui vont arranger son cas. Il est encore plus énervé qu'à son arrivée.

_ C'est moi le cas ?!

_ En tout cas, merci beaucoup pour tout. Pour lui surtout.

Je lui souris et elle me rend mon sourire avant de partir s'occuper d'un autre patient. Je me tourne vers Aaron.

_ Tu n'allais pas m'appeler ?!

_ Noooonnn, grogne-t-il.

_ Pourquoi ?

_ Parce que. Aller on rentre maintenant.

Il se redresse mais je l'empêche de se lever en posant mes mains sur son torse.

_ Qu'est-ce que tu fais, Cami' ?

_ Tu restes ici. Je n'ai pas encore vu le médecin et tu n'as pas eu ton autorisation de sortie.

_ Et tu me demandes pourquoi je ne t'ai pas appelé, hein ?

Je ne relève pas. Il est de mauvaise humeur et c'est compréhensible quand on a dévalé deux étages la tête la première.

_ Ça va ta tête ?, tenté-je en posant mes doigts en-dessous de sa blessure.

_ Ouais, grimace-t-il. Les médocs font effets.

_ Et ta jambe ? Tu ne t'es pas loupé sur ce coup là, je constate.

Il s'agite en bougeant dans le lit.

_ Ouais, c'est bon je sais merci.

_ Tu pourrais me parler autrement, Aaron.

_ Pourquoi ?

_ Parce que je te le demande et que je ne suis pas ton chien.

_ Ouais ouais.

_ Mr Anderson ?

On se tourne tous les deux vers la voix du docteur. C'est un homme qui a sûrement la cinquantaine. En me voyant, il jette un coup d'œil sur le dossier qu'il tient dans les mains.

_ Madame Anderson, je présume.

_ Mais nan, c'est ma copine, le rectifie le blessé.

Je lui adresse un faible sourire.

_ Vous pouvez attendre dans la salle d'attente si vous voulez, mademoiselle.

_ Ouais, c'est une bonne idée ça. Vas-y, bébé.

Je lance un regard noir à mon soi-disant petit copain qui me pousse doucement vers la sortie de son bras libre.

_ Non, je reste.

_ Tu pars.

_ Arrête ça, tranché-je.

_ Vous souhaitez peut-être que je revienne plus tard ?, propose le docteur.

_ Non, restez. Qu'est-ce qu'il a ?

Il jette un bref regard à Aaron qui hausse les épaules innocemment.

_ Votre petit-ami a chuté dans les escaliers de son immeuble...

_ Ouais, on le sait ça, râle le concerné en levant les yeux au ciel.

_ Laisse parler le docteur, Aaron !

_ Non, ce n'est pas grave, mademoiselle. Ce sont les médicaments qui le rendent si irrité. Ça passera d'ici une heure. Pour répondre à votre question, en arrivant ici, le patient ici présent a passé deux radios et un scanner...

Il se met ensuite à utiliser un langage de médecin auquel je ne comprends que quelques mots. J'ai l'habitude d'être la fille dans la salle d'attente. Quand on a un frère auquel il manque la moitié du cerveau, la partie intelligente de celui-ci, les passages aux urgences sont fréquents. Surtout quand, en plus d'être con, il est très maladroit et qu'il a le sens du risque. C'est un très mauvais mélange.

En résumé, si je ne me trompe pas, Aaron a reçu un coup au poignet donc il doit garder une attelle durant une semaine voire deux si la douleur persiste. Il a une fracture suscitant la pose d'un plâtre, à surveiller ces deux prochains mois. Pour son arcade, il faudra retirer les points de sutures dans quelques jours.

_ Super... Merci doc', vraiment, ironise Aaron en se renfrognant dans son lit.

_ Bien sûr, tous les sports sont déconseillés jusqu'à ce que votre médecin traitant vous donne le feu vert.

_ TOUS les sports ?, s'écrie le malade en se redressant vivement.

_ Oui.

_ Même le sport de chambre ?

_ Aaron..., grogné-je, gênée de sa remarque non-appropriée.

_ Si vous sous-entendez le sexe, dans votre état, oui même le sport de chambre.

Son visage est décomposé. Il exagère vraiment...

_ Pendant combien de temps, docteur ?

_ Une voire deux semaines serait conseillée.

_ C'est une blague..., soupire-t-il.

_ C'est pas la fin du monde, Aaron, commenté-je, agacée par son comportement.

_ Tu rigoles ou quoi ? Ça fait déjà bientôt un mois qu'on n'a pas baisé et il faut encore attendre deux semaines ?! Je n'y survivrai pas.

Je suis certaine d'être rouge tomate. Premièrement à cause d'Aaron et de ce qu'il dit mais aussi car tout le monde peut l'entendre.

Le docteur tousse pour montrer qu'il est toujours là.

_ Excusez-le, il est..., cherché-je un mot approprié, spécial comme garçon.

_ Spécial de rien du tout, ouais.

_ Ferme-la, ordonné-je exaspérée. Et pour son traitement ? Il y a quelque chose de particulier à faire ou à savoir ?

_ Une présence semi-permanente est le mieux dans son cas. Puisqu'il ne peut pas utiliser de béquilles ces deux prochaines semaines suite à son attelle au poignet, nous pouvons vous prêter un fauteuil roulant son assurance santé réglera ce détail ci. Je peux vous donnez des noms d'infirmières très expérimentées qui pourront le soigner à votre place si vous n'en avez pas le temps.

_ Non, non. Ça va aller. Je vais le faire.

Il ne manquerait plus que des femmes viennent le dorloter. Et puis quoi encore !

_ Comme vous le souhaitez.

_ Est-ce qu'il peut rentrer maintenant ?

_ Oui, je vais remplir les papiers de sortie.

_ Merci.

L'homme s'en va tandis qu'Aaron saisit mon bras.

_ T'as vu comment tu m'as parlé, là ?

_ Tu te fous de moi ? C'est toi qui me traites comme une chienne, Aaron. D'ailleurs, tu vas vite redescendre sur terre sinon je me casse sans toi et tu passes la nuit ici.

_ Pars alors.

_ Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? C'est ton coup sur la tête qui te rend con ou quoi ?

_ Tu crois que j'ai besoin de toi pour me débrouiller ? Je suis grand, je peux gérer tout seul, Camille !

Ah. Sa fierté. Toujours là quand il faut celle-là. Dans ce genre de moment, il faut le caresser dans le sens du poil pour ne pas qu'il se braque. Oui, dompter Aaron Anderson est un vrai travail.

_ Ça ne me dérange pas de t'aider, Aaron, rétorqué-je plus doucement. Au contraire, ça me fait plaisir.

_ Mais moi ça me fait chier. Je n'ai pas besoin de ton aide.

_ Hé bien tu devras t'y faire. Mon grand.

Cette fois-ci, mon ton est sec. Adieu la gentillesse. Je ne le laisserai pas me marcher dessus jusqu'à ce qu'il aille mieux.

_ Non.

_ Ah. Je vois. Tu préfères que j'appelle ta mère peut-être ?

_ Non !

_ Alors tu te tais et tu me laisses m'occuper de toi. C'est non-négociable.

Le médecin réapparaît et me signale qu'on peut y aller. J'expire. On peut enfin rentrer à l'appartement.

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