Chapitre 36.
*PDV Aaron*
_ Aie ! J'ai trop mal putain !
Je me réveille en sursaut. J'ai failli faire une crise cardiaque, merde. Il est genre quoi ? 5 heures du matin ? Camille se tord dans tous les sens. Elle saute du lit pour... sautiller ? Le long du lit.
_ J'vais mourir.
Elle s'écroule alors et lève la jambe en l'air. Je ris devant le cirque qu'elle m'offre. Je ne sais même pas pourquoi elle se comporte ainsi.
_ Ça va ?, ricané-je.
_ Non, ça va pas ! Ma jambe !
_ Quoi, ta jambe ?
_ J'ai... Aie ! Une crampe au mollet !
Ah.
_ Fais quelque chose !, s'écrie-t-elle se roulant en boule. Appelle les pompiers, ch'ais pas moi !
_ Arrête de crier, grogné-je.
_ Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ?! Je suis en train de mourir merde !
_ Mais non, dis-je en me levant.
_ Où est-ce que tu vas ?
Je vais me placer face à elle.
_ Assis-toi au bord du lit.
Elle obtempère après quelques secondes d'hésitation.
_ Où est-ce que tu as mal ?
J'essaie de parler le plus posément possible afin qu'elle se calme.
_ Au mollet.
Je prends délicatement sa jambe et la tends devant elle. Je commence à masser son mollet de bas en haut. Elle grimace et serre les dents.
_ Tu penses que tu peux continuer le temps que j'aille chercher de l'eau froide ?
_ Oui.
_ Bien.
Je retire mes mains qu'elle remplace par les siennes. Je me relève et pars dans la salle de baisn pour imbiber un gant de toilette d'eau froide. J'ai l'habitude d'avoir des crampes nocturnes. Ça m'arrive souvent après avoir fait du sport intensif à la musculation.
Je le rejoins dans la chambre. Elle ne s'est pas arrêtée.
_ Tu as encore mal ?
Elle hoche la tête. Je sais que c'est douloureux, je la plains d'avoir à subir ça. Lentement, je pose le gant de toilette à l'endroit où elle souffre. Le point positif, c'est qu'elle a arrêté de crier.
Quelques instants plus tard, elle pose doucement sa jambe au sol.
_C'est fini ?
_ Oui. Mais j'ai mal.
_ Tu vas sûrement avoir une gêne pendant quelques heures. Ça s'appelle une crampe nocturne. Tu n'en avais jamais eu ?
_ Non.
_ Tu verras, demain tu iras mieux.
Elle hoche faiblement la tête.
_ Merci.
_ De rien, P'tit cœur.
Elle se rallonge avec précaution dans le lit. Je fais de même. Je glisse mes mains sur ses hanches et l'attire contre mon torse. Elle pose son front sur mon épaule.
_ Désolée d'avoir crié comme ça.
_ C'est pas grave. Je sais ce que c'est.
_ Hm.
Elle place aussi ses mains sur ma taille et resserre son étreinte.
_ Je ne veux pas rentrer tout à l'heure, avoue-t-elle faiblement.
_ Tu sais que tu peux rester ici autant de temps que tu le souhaites.
_ Je sais. Mais je ne pourrais pas éternellement éviter la confrontation avec Isaac.
_ Tu as le temps de réfléchir à ça. Pour le moment, repose-toi. Tu dois être fatiguée. Et tout à l'heure, s'il le faut, tu iras chez les mecs et si ça se passe mal, tu m'appelleras. D'accord ?
_ Hm.
_ Maintenant dors, P'tit cœur. On parlera tout à l'heure.
_ Oui.
******
PDV Camille
_ Cami'.
_ Ouuaais.
_ Il est midi.
_ Quoi ?
Je me redresse vivement. Midi ?! J'ai dormi tant que ça ? Je devais être sacrément épuisée.
_ J'ai préféré te laisser dormir un peu... Tu en avais besoin.
_ Isaac va me tuer.
_ Mais non, il ne va rien dire...
Dans la précipitation, je sors du lit brusquement et perds l'équilibre en sentant cette foutue douleur au mollet. Je l'avais oubliée, celle-là. Aaron me rattrape avant que je ne tombe.
_ Wow... Ça va ?, me demande-t-il.
_ Aie.
_ Tu t'es levée trop vite. Vaudrait mieux que tu y ailles doucement aujourd'hui.
_ C'est ce que je comptais faire.
Il me relâche lentement. Je fais un pas. En fait, ça va. C'est juste que si je plie la jambe, celle-ci me tire fortement et ça créé une douleur. Je marche alors, enfin je me traîne, très lentement jusqu'à la salle de bains. Merde. Je n'ai pas de vêtements propres.
_ Aaron ?
_ Ouep ?
_ Est-ce que je peux te prendre des vêtements ?
_ Oui, pas de soucis. Tu veux mon sweat Batman ?
_ Ouais !, m'enthousiasmé-je car je l'adore.
Il rit en le prenant dans sa penderie. Il me le tend ainsi qu'un autre de ses joggings. Celui-ci est noir. Il en a tellement... Je le remercie puis pars me changer.
Je sors de la salle de bains vers 13h moins le quart. Aaron est dans la cuisine et me tend un sandwich alors qu'il mange le sien.
_ Poulet.
_ Merci.
Il sait que c'est mon préféré. Je l'engloutis rapidement. Il vaut mieux que je rentre le plus tôt possible. Après mangé, je vais chercher ma veste. Ma jambe me fait toujours aussi mal alors je la traîne. J'ai l'air d'un canard boiteux mais je m'en fous.
_ Merci pour tout, Aaron.
Il me rejoint à l'entrée.
_ Tu n'as pas à me remercier. Tu es chez toi ici.
Je hoche faiblement la tête. À mes yeux, cet appartement est le sien à présent. Il ne m'appartient plus depuis le jour où je suis partie vivre avec les garçons.
_ Tu veux que je te raccompagne ?
_ Non, ça va aller. Je vais rentrer à pied j'ai besoin de prendre l'air.
_ Tu es sûre ? Et ta jambe ?
_ Ça ira. Ne t'en fais pas.
_ D'accord.
Nous nous fixons longuement. Je ne sais pas comment je dois lui dire au revoir. Je crois qu'il se pose la même question. J'esquisse un sourire, gênée. En souriant, il fait un pas vers moi et glisse ses mains sur ma taille avant de déposer ses lèvres sur les miennes. L'une de mes mains saisit son biceps alors que l'autre se loge dans son cou. Comme si elles étaient attirées l'une par l'autre, nos langues se retrouvent et dansent ensemble. Une boule de bien-être se créée dans mon bas-ventre. C'est une chose inévitable et naturelle qu'est l'amour que j'ai pour lui.
Lentement, notre briser se finit. Nous sommes tous les deux essoufflés.
_ À bientôt, p'tit cœur.
_ À bientôt, Aaron.
Je me recule et ouvre la porte. Son regard est ancré sur moi. Je ne veux pas partir. Je veux rester avec lui mais je sais que je dois aussi affronter mon frère. Alors je referme cette porte et mon cœur se fissure un peu plus.
Il me faut plus d'une demi-heure pour arriver à la maison. Comme si ce n'était pas déjà évident, j'ai marché délibérément lentement. Et puis, ce n'est pas ma douleur au mollet qui allait me faire accélérer. J'ai repoussé au maximum mon arrivée. Mais maintenant que je suis devant la porte, je ne peux plus m'enfuir. Hésitante, je toque. C'est Cole qui m'ouvre. Sa première réaction est de me prendre dans ses bras. Je ne refuse pas cette étreinte amicale.
_ Ça va ?, chuchote-t-il à mon oreille.
_ Je pense que oui. Et toi ?
_ Si toi ça va, je vais bien.
_ T'es mignon, ris-je.
Il me répond par un faible sourire puis se décale pour me laisser rentrer.
La maison est déjà rangée. Je suppose qu'ils ont eu le temps de le faire ce matin. Isaac se trouve dans le salon. Il me jette un regard de marbre. Comme s'il n'en avait rien à faire de moi. Je vais dans la cuisine chercher à boire.
_ Vu comment tu marches, tu t'es bien fait sautée cette nuit, crache-t-il.
Je ne relève pas. Ne dis rien rien, Camille. Il cherche juste à me pousser à bout.
_ Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?, me demande Cole.
Lui, au moins, me parle gentiment. Cela s'entend dans sa voix qu'il s'inquiète.
_ J'ai eu une crampe nocturne. C'est affreux.
_ Traduction, commence Isaac, l'autre connard m'a poussée dans les escaliers, je me suis niquée la jambe. Mais c'est juste une crampe nocturne hein.
Respire, Camille. À ce que je vois, il n'a pas l'intention de bien me parler. Ni de s'excuser. Ça tombe bien, moi non plus. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Cole s'accoude au comptoir.
_ Tu as mis de l'eau froide dessus ?
_ Aaron l'a fait.
_ Ça va alors. Ça devrait passer d'ici ce soir.
_ Oui, il m'a dit la même chose.
_ On voit qu'il a du vécu dans ça, sourit-il.
_ Ouais, ris-je. Sinon, ça a été hier soir ?
_ Tranquille, t'étais pas là. L'endroit était neutre. Aucune salope à l'horizon, quoi.
_ Ne l'écoute pas, me dit Cole.
_ J'essaie.
_ Tu sais, ce n'est pas parce que vous êtes en froid que tu ne peux pas dormir ici. Les gars sont d'accord avec moi.
_ Comment veux-tu vivre en te faisant critiquer tout le temps ? J'ai grandi avec lui, je sais très bien ce que ça fait. Et c'est insupportable.
_ Alors tu vas faire quoi ?
_ J'en sais rien.
_ Ça ne va pas mieux avec Aaron ?
_ Si si. Ça va très bien.
_ Alors retourne avec lui.
_ Je ne peux pas. J'ai peur que qu'une autre dispute éclate encore. Je préfère prendre le temps, continuer de le voir plutôt que de prendre le risque de retourner là-bas.
_ Si tu attends éternellement, vous ne vous mettrez plus jamais ensemble.
_ Je sais, soupiré-je. Ces temps-ci, j'ai la tête pleine de problèmes. J'en ai marre, Cole.
Je m'assieds sur une chaise haute en face de lui.
_ Ce n'est pas en fuyant qu'ils se régleront et tu le sais, p'tite. Il faut que tu fasses face, tu verras tout ça sera terminé plus vite que tu ne te l'imagines.
_ Je ne vois pas comment les choses avec mon frère pourraient s'arranger...
_ En t'excusant.
Je sursaute en attendant sa voix plus proche que je ne le pensais. Je me tourne alors vers mon frère qui est à l'entrée de la cuisine. M'excuser ? Vraiment ?
_ Bon, intervient Cole en se levant. Je vais aller... Me branler, tiens. Ça fait longtemps.
Sur ce, il sort de la cuisine. Pff. Quel lâcheur.
_ Tu veux vraiment que je m'excuse ?, rétorqué-je. Alors que c'est toi qui ne fais que traiter Aaron.
_J'avais de bonnes raisons de le faire. Et tu les connais très bien.
Il parle d'un ton sans reproche envers moi, pour une fois.
_ Ouais. Sauf que c'est à moi de gérer mes histoires toute seule. J'adhère le fait que tu lui en veuilles, mais tu n'as pas à juger mon couple. Tu crois que j'ai oublié tout ce que tu as dit ?
_ Je ne le pensais pas.
_ Ah mais ça change tout alors !, répliqué-je sarcastiquement. C'est faux. Tu le pensais. Et tu as réussi à me faire du mal. Tu es censé être mon frère et me protéger, là tu t'es comporté comme un vrai connard.
_ Le fait est que t'ai protégée, Cami' ! Qu'est-ce que tu crois que ça me fait à moi de voir que mon meilleur pote frappe ma sœur ? Dès le début je t'avais prévenu de tout ça. Mais tu as fait ta têtue et tu as foncé droit dans le mur, qui s'avère être Aaron. Tu penses que j'étais content d'apprendre que ce pourquoi je te tenais éloignée de lui a fini par t'arriver ? Alors tu as tort sur toute la ligne. Ne dis pas que je ne t'ai pas protégée parce que je l'ai fait plus que tu ne le crois. C'est toi qui t'es mise dans ce bordel là toute seule.
_ Au début, je savais très bien que tu étais sérieux. Mais le problème est que j'avais déjà des sentiments pour lui. Et en deux ans, il ne m'a jamais frappée. À part l'autre soir mais comme je te l'ai dit, je l'avais cherché. Ça ne l'excuse pas, loin de là, mais si j'avais fermé ma gueule, rien de tout ça ne se serait produit. Alors oui, tu m'as protégée à l'époque. Mais hier, tu m'as traitée comme une moins que rien. J'espère que tu t'en rends compte parce que je ne sais plus quoi faire pour que tu le comprennes. Tu m'as comparé à une salope ! Et tu as osé parler de Maman ! Est-ce que tu imagines comment ça m'a fait mal ?
_ J'étais énervé, Camille.
_ Et c'est censé réparer tes paroles ?
_ Oui.
_ Aaron l'était aussi, tu sais. Quand il m'a frappée. Et toi tu me demandes de te pardonner toi, mon modèle depuis que je suis petite, qui au final est tellement imparfait, alors que lui, je dois lui en vouloir toute ma vie ? C'est complètement insensé.
Il ne répond pas et fixe le carrelage.
_ Ah. Et pour ta gouverne, je ne me suis pas fait sauter par le bâtard. Pour une bonne salope, je sais écarter les cuisses quand il le faut.
Je descends de la chaise et le contourne pour monter dans la chambre d'ami. Il me retient faiblement par le bras. Je trésaille.
_ Quoi ?, craché-je.
_ Je suis désolé.
_ C'est bien pour toi.
Je dégage mon bras de son emprise et me dirige vers la chambre de Cole. Une fois en haut, j'ouvre sa porte...
Et la referme aussitôt.
_ Putain Camille !
_ C'est pas vrai, Cole ! Mais t'es dégueulasse !
Je ne sais pas ce qui est le pire entre le fait qu'il ait trouvé comme excuse tout à l'heure qu'il allait se branler, ou le fait qu'il le fasse vraiment.
_ Apprends à toquer avant d'entrer, merde !
_ Mon Dieu, mes yeux...
Je me les frotte dans le but d'effacer toute trace de cette horreur de ma mémoire. Mais à mon avis, cela y sera gravé à jamais. Beurk.
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