Chapitre 30.

_ Irresponsables ! Voilà ce que vous êtes ! Je pensais pouvoir vous faire confiance et passer du temps avec ma nana mais non, c'était trop vous demander. Et toi, Cole, ce n'est même plus la peine de me demander quoi que ce soit. À 21 ans, t'es même pas foutu de surveiller ma sœur, qui au passage a 19 ans, merde ! Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous, moi ! Bande de gamins ! Des gamins, j'vous dis ! Les sorties, c'est terminé ! Et vous viendrez pas vous plaindre qu'on sorte jamais après ça !

Voilà ce que nous rabâche Isaac durant tout le trajet de la boîte de nuit à la maison. Cole et moi restons silencieux et affichons une mine grave sur le visage. Jusqu'à ce qu'on monte, non sans difficultés, dans sa chambre. Là, on ne peut s'empêcher de s'écraser sur le lit en riant comme des baleines. C'était trop drôle de le voir nous gueuler dessus comme ça. Je crois que je n'ai jamais autant ri de ma vie.

_ T'étais obligée de te faire remarquer toi hein, se marre-t-il à moitié.

_ Ouais. Toujours moi.

_ Je vois ça. J'ai perdu mon coup d'un soir par ta faute.

_ Ah merde. C'est con.

Je me fous de lui. J'en ai rien à faire de son coup d'un soir moi.

_ Trop.

Moins de dix minutes plus tard, on s'endort dans le lit, tous les deux affalés comme des phoques.

En me réveillant, je constate que Cole est allongé de tout son long sur mon ventre. Je n'ai aucune idée de comment on a fait pour se retrouver dans cette position... Et je crois que je ne veux pas le savoir. Je jette un œil au réveil pour voir l'heure. Dans un élan de panique, je me lève brusquement, dégageant Cole au passage. Il grogne en se retournant pour dormir sur le ventre. Il est 13 heures.

_ Putain, c'est pas vrai !

Malgré mon affreux mal de tête, je me force à aller jusqu'à la salle de bains et me préparer pour voir Aaron. Je prends ma douche, me brosse les dents, me coiffe et m'habille à vitesse grand V. J'ai des cernes de pandas tellement je suis fatiguée. En à peine quarante minutes, je suis prête. Je descends dans la cuisine et attrape une pomme pour dire de ne pas partir le ventre vide. Pour mon mal de crâne, j'avale une aspirine. Isaac regarde la télé dans le salon calmement.

_ Bonjour.

_ T'aurais pu me réveiller, lui fais-je remarquer.

_ Pourquoi ? C'est dimanche, on dort.

_ Non, je vois Aaron moi ! Et je suis à la bourre.

_ Ah bon ? Tu vois Aaron ?, me dit-il innocemment. Je ne m'en rappelais pas.

_ Ouais c'est ça. Prends-moi pour une conne aussi.

Je sais qu'il a fait exprès de ne pas me réveiller pour ne pas que j'y aille. P'tit con.

_ C'est le cas, rétorque-t-il.

_ Bah la conne te dit d'aller te faire foutre. Même si je devais le voir ne serait-ce qu'une demi-heure, j'irai quand même.

_ Fais ce que tu veux, écoute.

J'attrape mon portable et ma veste. Au moment de fermer la porte, j'entends Isaac ajouter :

_ Et n'oublie pas de lui expliquer comment tu as failli te faire sauter par un inconnu si je n'avais pas été là.

Moi ? Sauter ? Par un inconnu ? Pas possible.

_ C'est ça ouais, répondis-je en claquant la porte.

Je grimpe dans ma Jeep et envoie un SMS à Aaron pour lui dire que je vais démarrer.

Sur la route, je repense à ce qu'a dit Isaac. Je ne me serai pas laisser chauffer... Ce n'est pas possible. Je ne suis pas comme ça.

Pourquoi m'aurait-il menti alors ?

Et là, des bribes de souvenirs me reviennent en tête. Ce mec, très charmant au passage. Notre rapprochement. Moi, lui permettant de m'emmener « dans un coin tranquille, rien que tous les deux ». Isaac intervenant et le menaçant. Les bisounours.

Putain.

Je suis une allumeuse. Une salope. Je suis une salope ?

_ Merde !, grogné-je en frappant mon volant de mes poings.

La voiture derrière moi klaxonne, me signalant que le feu est passé au vert. Je me remets en route plus chamboulée que jamais. Qu'est-ce que je suis en train de devenir... ? Une fois devant la porte de chez Aaron, je toque faiblement. Il vient m'ouvrir quelques secondes plus tard.

_ Hey. Entre.

J'obtempère et dépose furtivement mes lèvres sur sa joue.

_ Ça va ?, me demande-t-il.

_ Hum...? Euh oui. Pourquoi ?

_ T'as l'air blasée.

_ Non ça va, souris-je doucement.

Ce garçon lit en moi comme dans un livre. Ses sourcils se froncent légèrement.

_ Tu es sûre ?

_ Oui oui. Je suis juste... Euh... Fatiguée ?

_ Tu n'as pas l'air très convaincue, rit-il.

Putain Camille ressaisis toi merde ! Tu veux qu'il sache que tu es devenue une salope ou quoi ? Je secoue nerveusement la tête.

_ Non. Ça va, je t'assure. J'ai juste mal dormi. On est rentré tard et je me suis réveillée en retard donc je me suis dépêchée de me préparer.

_ Si tu étais crevée, on aurait pu remettre ça à un autre jour, tu sais.

_ Je voulais te voir. Aujourd'hui. Ne t'en fais pas, ça va. Je vais bien. Et toi comment tu vas ?

_ Moi ? Ça va beaucoup mieux depuis que tu es là, sourit-il.

Mes lèvres se retroussent légèrement. Il est mignon. Nous allons dans le séjour où il me retire mon manteau.

_ Tu veux boire quelque chose ?

_ Non merci. Tu veux que je te coupe les cheveux maintenant ?

_ Ça peut attendre. Repose-toi d'abord.

Il me montre le canapé. Celui-ci m'appelle. Je ne peux que répondre à mon besoin de dormir et aller m'asseoir sur lui. Aaron vient à côté de moi. Je soupire faiblement en rejetant ma tête en arrière sur le dossier. Je ferme les yeux quelques secondes.

Qu'est-ce que j'ai fait ? J'allais coucher avec un inconnu. J'allais tromper Aaron. Rien que d'y penser, j'en ai la nausée. Quelle petite amie remarquable je fais ! Enfin, on n'est plus en couple mais tout de même. C'est fini l'alcool pour moi. J'ai fait trop d'erreurs étant bourrée.

_ Camille ?

_ Hm ?

_ Tu me fais vraiment peur aujourd'hui.

_ Pourquoi ?, répliqué-je en tournant la tête vers lui.

_ Tu es bizarre.

Tout dépend de ce que tu appelles être bizarre. Vouloir baiser avec un inconnu c'est bizarre pour toi ?

_ Je suis normale, ris-je nerveusement.

_ Non.

_ Si.

_ Je ne suis pas con.

Vraiment ?

_ Ecoute... C'est rien, d'accord ? Laisse tomber. Je vais bien.

Je me lève.

_ On va dans la salle de bains maintenant ?

Je m'apprête à partir dans celle-ci mais il s'interpose en posant sa main sur mon bras.

_ Si ça n'allait pas, tu me l'aurais dit ?

Il a parlé tellement durement. Sa voix n'était pas méchante mais... Son intonation était différente. Comme s'il me mettait en garde.

_ Mais oui ! Tu es lourd là. Faut que je te coiffe ou pas ? Si non, je me casse.

Son regard essaie de me pénétrer. De juger le vrai du faux. Puis il soupire en partant dans la salle de bains, moi sur ses talons. Je referme la porte derrière moi.

_ Je te lave les cheveux d'abord ?

_ Ouais.

Il retire son t-shirt et le pose derrière lui. Mes yeux s'attardent un peu trop longtemps sur son torse. Ses muscles se contractent quand il s'abaisse à genoux devant la baignoire.

_ Tu viens ou quoi ?

_ Hum oui. Oui j'arrive.

Je remonte les manches de mon pull puis je prépare le shampoing spécial soin et la serviette. De ma main, j'avance sa tête pour qu'elle se trouve au dessus de la baignoire. Ensuite, je règle la température de l'eau avant de diriger le pommeau sur ses cheveux.

_ Ça va comme ça ? C'est pas trop froid ?

_ Non c'est bon.

Je mouille ceux-ci et mets du shampoing dans sa touffe de cheveux. Ils sont tout doux et la longueur qu'ils ont me permet de les enrouler autour de mes doigts. J'ai presque de la peine de devoir couper tout ça après.

Après avoir tout savonné et lavé, je rince ses cheveux et éteins l'eau. J'attrape la serviette et la passe sur sa tête dans le but de les ressuyer doucement. Il se lève. Comme il est grand et que je suis plus petite que lui, je dois tendre les bras pour avoir accès à son crâne. Un sourire se forme sur ses lèvres quand il s'en rend compte.

_ Viens là, me dit-il en montrant le lavabo.

Je fais ce qu'il me demande. Ses mains glissent le long de mes cuisses et il me soulève pour me poser sur le meuble. Ma tête est au même niveau que la sienne.

_ C'est mieux, tu ne trouves pas ?

_ Oui.

Lorsque ses pointes ne gouttent plus, j'attrape le ciseau et le peigne pour commencer à couper sur les côtés. Son regard m'examine alors que je me bats contre moi-même pour que le mien reste rivé sur ce que je fais. Il est toujours torse nu et c'est très, vraiment très, déstabilisant.

_ Tu devrais utiliser la tondeuse, P'tit cœur. Ça ira plus vite.

_ C'est pas faux, souris-je.

Il ouvre le meuble sur ma droite et en sort le fameux instrument. Il me le donne et branche le fil à la prise à côté de la porte. En revenant, il écarte légèrement mes cuisses pour se mettre entre celles-ci. Je ne relève pas, enfin j'essaie, la proximité qu'il y a entre nous. Il enroule la serviette autour de ses épaules. J'allume alors la machine et rase quelques centimètres de ses cheveux. On ne pourrait pas croire mais c'est super galère. Cependant, je m'en sors plutôt bien.

Quand je finis, je le laisse se voir dans la glace derrière moi. J'ai rasé court sur les côtés et à l'arrière. Sur le haut de son crâne, j'ai simplement rafraîchit un peu. Il sourit comme un enfant en se penchant en avant.

_ Ça va. T'as fait du bon travail.

_ Je suis une vraie pro' !

_ C'est clair.

Il sourit en revenant à sa position de départ. Un silence s'installe entre nous. Nos regards se croisent et ne se quittent plus. Le sien est insistant. Je sais ce qu'il veut.

Mais est-ce que je le veux aussi ? Je crois que, oui, je le veux aussi.

Avec une lenteur à m'en faire mourir d'impatience, il approche son visage du mien. Je ferme les yeux en faisant de même. Nos lèvres se touchent enfin, délicatement. Ses mains se placent sur ma taille alors que l'une des miennes se pose sur son avant-bras. L'autre se loge dans son cou. Ses lèvres bougent doucement contre les miennes. C'est un baiser simple et tendre. Rien à voir avec ceux de d'habitude. Celui-ci est spécial.

Le baiser se rompt tandis qu'il colle son front contre le mien.

_ Dors ici, murmure-t-il. Avec moi.

_ Je ne peux pas, haleté-je.

_ Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?

_ Je ne peux pas.

_ Pourquoi ?

_ À cause d'Isaac. Il ne me laissera pas dormir ici.

_ Ne lui dis pas. Ou mens lui.

_ Mais aussi..., commencé-je.

_ Quoi ?

_ Je t'ai menti, Aaron.

Il recule son visage pour ancrer son regard au mien.

_ Qu'est-ce que je devrais savoir, Camille ?, tranche-t-il.

Je soupire en posant les pieds au sol. Je pars ensuite dans le séjour pour éviter le plus possible de devoir lui avouer ma bêtise. Mais il me suit et se place devant moi.

_ Dis-moi.

Bon... Je suppose que c'est maintenant ou jamais.

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